mardi 27 septembre 2022

"La contrebasse m'est tombée dans les mains....": Joelle Léandre en autobiographie sonore! Dans le rétro, dans le viseur, ça fait mouche!


La contrebasse m’est tombée dans les mains à l’âge de neuf ans et depuis je tisse sans cesse des histoires, des liens, des aventures, en totale liberté, avec le feu qui est en moi...

"Son instrument, dit-elle, c’est sa base, son socle, sa colonne vertébrale, une immense boite (à souvenirs), une sorte de tonneau, un radeau… Quel titre pouvait assumer la charge de cette passion musicale vécue à 100 à l’heure, sinon celui, impossible, qui pointerait vers toutes les ramifications, toutes les résonances ? Les mots s’accumulent et s’affolent pour dire un parcours extraordinaire. Une vie qui déborde sur la musique qui déborde sur la vie. Voici donc « la performance » de Joëlle Léandre : un moment brûlant, le concert, mais toujours aussi une façon d’exister, de désirer, de voyager et d’habiter le monde. Avec la liberté qu’on lui connaît, la musicienne livre son autobiographie sur scène aux côtés de la chanteuse Lauren Newton, du guitariste Serge Teyssot-Gay et du batteur Edward Perraud."

Elle apparait en compagnie de deux toutes jeunes interprètes, comme elle vêtues en gamine, soquettes et couettes à l'appui! Image tendre et burlesque pleine de recul et d'humour: retour en arrière dans le rétro pour cette as de la contrebasse, unique personnage désormais légendaire de l'instrument "contemporain". Trois musiciennes, deux clones ou avatars, Ambre et Ode,très scolaires et laborieuses: "elle était difficile"....cette mélodie!Prologue avec le Marius de Marcel Pagnol pour évoquer ses racines de fille du sud, ex-provencale, fille de prolétaire, simple et non destinée à la noblesse de l'apprentissage de la musique....Joelle Léandre se penche sur sa carrière, son parcours à force de verbes, de verve, de rage et de passion! L'écouter, c'est baigner dans un manifeste légitime: la contrebasse, objet musical négligé, non "noble", "oubliée" comme un légume d'autrefois, topinambour ou autre panais,exécutante dissimulée dans l'orchestre, maudite figure de ce qui est "basse" danse de la musique: musique nécrophile en diable.Elle vise, tire là où ça fait mal, dénonce virulente les méfaits du sexisme, revendique la place des femmes, auteurs mais surtout "instrumentistes improvisatrices" pour mieux exprimer comme John Cage: "laissez les sons, ce qu'ils sont"!Nomade, gitane, gipsye du jazz plus tard à force de rencontres inouïes, côtoyant le silence autant que la musique si rare dédiée à la contrebasse solo.Contre les requins d'orchestre qui se taillent la part belle...Free jazz, libérée du jazz académique, liberté revendiquée vers l'improvisation.La musicienne se fait conteuse, actrice, drôle de personnage sympathique, radicale, évoquant ses maitres-Boulez et autres grands de ce siècle passé-. L’invention de soi comme credo, manifeste vivant, vécu d'une femme rebelle, iconoclaste en diable.En bousculant et provoquant les compositeurs négligeant cet instrument trop grand pour une petite fille déterminée à faire de la musique sa vie!Du corps et du geste à l'oeuvre comme pour la danse pour cette utopiste, subversive personne, seule sur scène à nous délivrer son parcours. Et pour l'entourer, l'accompagner, ses trois complices à la guitare et au chant,et aux percussions pour deux morceaux de choix, illustrant à merveille ses propos: surprise, invention, silence, les instruments triturés pour en faire sortir rythme, couleurs et sons inattendus. Hors norme, toujours...Indomptable, insoumise Joelle !

performance musicale
voix | Lauren Newton
guitare électrique | Serge Teyssot-Gay
batterie | Edward Perraud
contrebasse, voix | Joëlle Léandre

Au TJP dans le cadre du Festival MUSICA en coproduction avec JAZZDOR le lundi 26 Septembre 

Loin de Patrick Suskind avec son roman "La contrebasse"!

"La contrebasse est l'instrument le plus gros, le plus puissant et le plus indispensable de l'orchestre, le plus beau aussi, dit d'abord le contrebassiste.
Mais bientôt l'éloge pompeux laisse affleurer les frustrations et les rancœurs du musicien et de l'homme. Et peu à peu la haine d'abord refoulée de cette encombrante compagne s'exprime, se déchaîne et explose jusqu'à la folie..."

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