dimanche 25 septembre 2022

"Donnez moi une raison de vous croire": Mathieu Bauer et le Goupe 46 de l'école du TNS :crédules mais pas dupes!

 

Mis en scène par Mathieu Bauer, donnez-moi une raison de vous croire est le spectacle d’entrée dans la vie professionnelle du Groupe 46 de l’École du TNS. Partant du dernier chapitre de L’Amérique de Franz Kafka, texte resté inachevé, Marion Stenton, dramaturge, situe sa pièce au Grand Théâtre de l’Oklahoma. On entre ici dans les coulisses du rêve américain, où les déclassé·e·s et les inclassables occupent les couloirs dans l’attente ou dans le refus des rôles qu’une bureaucratie absurde veut bien leur attribuer. La musique occupe une place essentielle dans ce spectacle, avec la présence sur le plateau du guitariste et compositeur Sylvain Cartigny et la création sonore de Jean-Philippe Gross.

C'est un accueil bien spécial, celui d'un hôtesse fort polie destinée à recevoir les postulants d'un casting ou d'un rendez-vous d'embauche du Théâtre d'Oklahoma...Ici on semble considérer tout le monde et chacun qui se présente dans cet univers de salle d'attente très design, reçoit considération et sympathie.Jusqu'à ce que l'on s’aperçoive que c'est dans une arène que l'on se trouve: sorte d'amphithéâtre, bureau d'accueil multi fonction ou couloir que l'on visite en compagnie de la cheffe-guide tenant ce rôle ingrat mais nécessaire.La troupe de postulants suit allègrement, petit groupe hétérogène en diable. Chacun ira de son "solo"parmi ses souffrants du recrutement implacable de participants à ce théâtre fantôme en apparence si exigeant en comédiens et autres fonctions inhérantes à la bonne marche d'une petite entreprise. Un portier, briffé comme un fonctionnaire des sorties et entrées des candidats, "celui qui savait tout jouer", "celui qui voulait rester debout"...Autant de personnages à multiples facettes. Ainsi va le définition des rôle de chacun dans le générique et les comédiens excellent dans ces qualités définies et jouées avec justesse et sincérité.La cheffe du personnel comme principal rôle articulant les séquences, les niveaux de jeu, maitre de cérémonie, Emilie Lehuraux, Pauline Vallé qui accueille et rêve d'être chanteuse...Sela Yeboah qui a perdu l'usage de ses mains et vit son personnage franchement émouvant et drôle, en pleurs artificielles désopilantes Et tous les autres composant un bouquet, florilège des situations et conditions de vie des gens du théâtre ou du monde du, travail. Dans cette antichambre de Pole Emploi, des Assedics ou de la Sécurité Sociale, chacun tente de se faire reconnaitre plus qu'un numéro Mais au baromètre et à l'horoscope du travail, le temps et les astres ne sont pas vraiment de la partie. Beau fixe pour les sept musiciens qui accompagnent texte et gestuelle, déplacements et autres pérégrinations de mise en scène. Des gestes, attitudes recherchées et élaborées sous l'oeil de Thierry Thieu Niang permettent à chacun de se démarquer, d'être soi et dans une altérité pertinente. L'empathie ressentie alors du spectateur à l'acteur se renforce et cette "jeunesse" devient maitrise et maturité: une richesse émotionnelle transmissible et contagieuse dans ce dispositif à la fois accueillant et repoussant de fausse bienveillance.L’hypocrisie ici vaincue par des destins qui gagneront la bataille, on l'espère pour trouver leur "place" et exister pour une utopie. Marion Stenton et Mathieu Bauer en poupe pour restituer cet univers, cette ambiance quasi jubilatoire des salles d'attente où tout semble se jouer entre les protagonistes.Le titre de la pièce  trahissant le doute, la méfiance, l'appréhension que font naitre ces situations sur la corde raide où il faudrait faire ses preuves dans un monde où les dés sont joués, où le sort s'acharne à nous faire douter de nos capacités et ternir nos rêves.

 

 


mise en scène | Mathieu Bauer
texte et dramaturgie |Marion Stenton
collaboration artistique et composition | Sylvain Cartigny
création sonore | Jean-Philippe Gross

avec l’ensemble des artistes du Groupe 46 de l’École du TNS

Jeu
Carla Audebaud, Yann Del Puppo, Quentin Ehret, Kadir Ersoy, Gulliver Hecq, Simon Jacquard, Émilie Lehuraux, Aurore Levy, Joséphine Linel-Delmas, Pauline Vallé, Cindy Vincent, Sefa Yeboah

Orchestre
guitare, claviers | Sylvain Cartigny
batterie et trompette | Mathieu Bauer
euphonium | Jessica Maneveau
claviers | Antoine Hespel
saxophone alto | Ninon Le Chevalier
trombone | Thomas Cany
thérémine et orgue | Antoine Pusch
basse | Foucault de Malet

lumière | Zoë Robert
regard chorégraphique | Thierry Thieû Niang
assistanat à la mise en scène | Antoine Hespel
scénographie, costumes | Clara Hubert, Ninon Le Chevalier, Dimitri Lenin
son | Foucault de Malet
régie lumière | Thomas Cany
régie son | Margault Willkomm
régie plateau | Antoine Pusch
régie générale | Jessica Maneveau

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