samedi 10 septembre 2022

"Requiem" de Verdi: il valait bien une messe !

 


Pour ouvrir la saison, Aziz Shokhakimov réunit l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, deux grandes formations chorales et quatre solistes de haut vol qui interprètent l’une des messes les plus dramatiques qui soient : le Requiem de Verdi, oeuvre d’un compositeur agnostique qui voulut rendre un hommage personnel à son ami le poète Alessandro Manzoni. Dans cette partition de ferveur, Verdi réussit à combiner l’expression de la terreur devant la mort - dans un élan qui rappelle le lyrisme de ses opéras- et la confiance en Dieu qui fait s’abandonner la musique dans une douceur apaisée.
  Des airs, des ensembles, des chœurs : l’opéra fait ici un détour par l’église.

Aziz SHOKHAKIMOV direction, Serena FARNOCCHIA soprano, Jamie BARTON mezzo-soprano, Benjamin BERNHEIM ténor, Ain ANGER basse, Chœur de l’Opéra national du Rhin, Alessandro ZUPPARDO chef de chœur, Chœur philharmonique de Brno, Petr FIALA chef de chœur 

C'est une oeuvre magistrale qui s'annonce et l'on ne sera pas déçu par ce voyage autant mystique qu'angélique qui se profile en cette soirée de "rentrée" de l'Orchestre. En très bonne compagnie pour partager "ce pain" -cum-panis-: une surprenante "assemblée" devant nous: le choeur qui grimpe jusqu'aux cintres, un orchestre déployé à l'envi et quatre solistes pour honorer l'exécution de ce "monument" de Verdi au leitmotiv si connu.Tout commence dans une douceur infime évoquant le recueillement des voix du choeur qui protège, enveloppe par la suite la succession d'entrée des cordes et des voix.Douceur bien trompeuse quand tout s'ébranle dans une tectonique des sons de chaque pupitre, investi dans une tornade, une tempête de motifs récurrents. La messe se profile, doublée d'un soupçon d'opéra naissant, tant la dramaturgie confère aux voix un rôle de personnages théâtralisés. On imagine costumes et mise en scène avec facilité!Tout semble se dérouler dans une fluidité d'exécution exemplaire, une direction tonique et furieuse du chef, alternant en majesté des passages ténus, confidentiels avec un déferlement jouissif et tempétueux de sonorités condensées. Malgré la puissance de cet ensemble magistral devant nous, l'atmosphère est au recueillement.C'est impressionnant et les contrastes, appuyés par une direction sensible et subtile, confèrent à cette opus un caractère unique.La force, la puissance de la musique contraste avec la venue des voix -sublime Serena Farnocchia-en soprano vibrante, très inspirée.Ses partenaires de "jeu", eux aussi portant l'oeuvre avec conviction et brio.

Les silences impressionnent pour cet "opéra en robe ecclésiastique", marquent toutes les variations d'atmosphère de l'oeuvre qui chavire de l'imploration à la bénédiction, sans cesse épousant une diversité surprenante. La soirée "magistrale" conquière le public pour une ovation sans condition qui libère les tensions profondes et intimes que ce requiem ébranle en chacun.....

A l'OPS le vendredi 9 Septembre 

un dispositif scénique digne du ballet de l'opéra de paris!



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