lundi 19 septembre 2022

"Concerto pour clavier en ut mineur": panique à l'orchestre!

 


Tout commence par l'irruption d'un escogriffe qui harangue le public à propos de la musique, de la place de l'interprète au sein d'une formation et plein de petits détails du métier qui semblent n'être rien mais prennent des dimensions énormes! Jusqu'au rideau de scène devenu partition..C'est drôle, décapant, clownesque et plein de charme et Thibault Perriard excelle dans un jeu d'acteur comique très fin et malin qui donne le ton à la soirée! Puis là la manière d’un concert classique. la pianiste Eve Risser et l’orchestre La Sourde tentent d’interpréter un morceau de choix, le Concerto pour clavier en ut mineur de Carl Philip Emmanuel Bach. Mais les choses ne semblent pas aussi simples et prennent une tournure inattendue. Une micro société se constitue et chacun y cherche sa place: le percussionniste tente de dessous le rideau d'installer son dispositif par une savante gymnastique acrobatique de bon aloi et le comique-burlesque l'emporte sur le sérieux de la chose.En s’enchaînant, les mouvements musicaux laissent place à une tribu en pleine concertation : les musiciens se rassemblent et s’éclatent en groupes dispersés, l’improvisation prend le dessus et l’orchestre finit par devenir son propre chef. La musique se façonne, orthodoxe puis désordonnée, quasi anarchique pour mieux retomber sur ses pieds...La boutade est de mise et la formation disloquée, décomposée de ses musiciens en costume de gendarmes uniforme...Encore une marque de fabrique supplémentaire de la Sourde qui ose et nous étonne à chaque prestation!Au bout du compte, peut-être ne restera-t-il plus grand-chose de l’œuvre de C.P.E. Bach, tant elle aura été réduite, gonflée, multipliée, accélérée, ralentie… Un concerto au sens premier du terme — une dispute — dans lequel la musique s’écoute autant qu’elle se regarde.On ne se lasse pas d'observer toutes les péripéties de cette assemblée du désastre qui s’agite devant nous avec bonhomie et humour sans relâche.Tout est dit et "passe ton Bach" d'abord pour ne plus faire la Sourde oreille à la musique et ses secrets de fabrication collective!


musique et conception | Samuel Achache, Antonin-Tri Hoang, Florent Hubert, Eve Risser
d’après le Concerto pour clavier en ut mineur Wq. 43/4 de Carl Philipp Emanuel Bach

Orchestre La Sourde
piano | Eve Risser
batterie, percussions | Thibault Perriard
flûte | Anne Emmanuelle Davy
clarinettes et saxophones | Antonin-Tri Hoang, Florent Hubert
trompettes | Olivier Laisney, Samuel Achache
cor | Nicolas Chedmail
violons | Marie Salvat, Boris Lamerand
violes de gambe | Étienne Floutier, Pauline Chiama
violoncelles | Gulrim Choi, Myrtille Hetzel
théorbe | Thibaut Roussel
contrebasses | Matthieu Bloch, Youen Cadiou
lumière | César Godefroy/Maël Fabre
costumes | Pauline Kieffer
peinture | Benoit Bonnemaison-Fitte



présenté avec l’Opéra national du Rhin et Jazzdor

coréalisation Musica, Opéra national du Rhin, Jazzdor
production déléguée Association R(e)V(e)R – Eve Risser
coproduction La Sourde – Samuel Achache, La Soufflerie à Rezé

Au conservatoire à Strasbourg le 18 Septembre dans le cadre du festival MUSICA

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