L’Orchestre national de Metz Grand Est s’associe à Musica pour clore le portrait consacré à Kaija Saariaho.Deux
pages orchestrales qui encadrent la carrière de la compositrice
finlandaise sont données sous la direction de David Reiland.Entourées de complices acoustiques inégalées.
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Olga Neuwirth, CoronAtion V : Spraying sounds of hope (2020)
La pièce d’Olga Neuwirth qui ouvre le concert, CoronAtion V : Spraying sounds of hope (2020), fait partie d’un cycle d’œuvres composées durant la période de confinement.C'est en fanfare martiale dissonante que démarrent ces hostilités musicales bienvenues!Aux accents joviaux, sortes d'hymnes nationaux en référence acoustique.Comme une lente marche avec cependant beaucoup d'énergie, de virulence, de clarté des timbres: un brillant solo de trompette comme gageure d'écriture, surprise et enchantement du tympan!En contrepoint, les percussions s'adonnent à faire vibrer le tout.
Kaija Saariaho, Trans (2015)
Son concerto pour harpe Trans composé en 2015 est interprété par l’un des plus éminents représentants de l’instrument, Xavier de Maistre. La rémanence des sonorités tenues de la harpe, reconduites par les cordes profile une atmosphère légère, délicate, subtile manipulation des cordes de l'instrument si beau à regarder aussi!Tout en délicatesse, l’orchestre ouvre des espaces et s’efface pour mettre en valeur la fragilité de la partie soliste.Doigté, virtuosité du jeu de l'interprète qui se balance au gré des impulses de cet instrument, spectaculaire objet de désir, de tendresse Les sons tourbillonnent dans l'ether, enveloppent la divine harpe, lui répondent comme à une muse inspiratrice de l'oeuvre. Fluide subtil, impondérable, remplissant les espaces situés au-delà de l'atmosphère terrestre.Légèreté des flûtes, sons fluides, hauts en couleurs.La harpe se fait frapper, l'ambiance monte en tension dans une atmosphère inquiétante.Les mouvements ondulatoires de la harpe, le xylophone en contrepoint et le paysage sonore s'amplifie, s'élargit, prend corps sonore et visuel. Tout l'art de Kaija Saariaho triomphe ici comme une petite symphonie lumineuse, irradiante, salvatrice.Volière de timbres multicolores et chamarrés en effervescence, ce monde, cette planère musicale enchante et fait voyager très loin au gré des modulations.
Kaija Saariaho, Verblendungen (1984)
Verblendungen, l’œuvre qui l’a fait connaître au
milieu des années 1980 et dont le modèle est une trace de pinceau qui
lentement s’effile. De bruits et de fureur; détonations, ample volume du son, espace habité avec rage et entêtement.Pour une puissance grandiose qui s'installe, se déploie et inonde l'atmosphère.Flux et reflux ascendants submergent, les percussions, délicates, perlent la musique, aérienne, vaporeuse.Tout semble tintinnabuler, fragile composition doublée de sons enregistrés diffusés simultanément. Une infime source de sons minimalistes, des bruissements ténus nous projettent dans un univers sensible.À partir d’un climax initial saturant l’espace
harmonique se déploient des spectres de plus en plus épurés, jusqu’à la
disparition de l’orchestre en un souffle.
Clara Iannotta, Darker Stems (2022) - création mondiale
Commande conjointe de Musica et de la Cité musicale-Metz, Darker Stems
de Clara Iannotta est donné en création mondiale. Musique électroacoustique en premier abord, doublée par l'orchestre en live:flux et déversement de sons, décharge, déraillement sonore comme dans un chantier retourné, malmené. Cet opus plein de bruits, de sonorités identifiables-grues, objets telle une crécelle, des cartons frottés-fait l'objet d'une oeuvre très imagée.D’une portée
autobiographique rare, la pièce a été imaginée durant une longue période
de convalescence. La compositrice italienne dit y avoir transposé son
expérience intime de la maladie : « À la manière d’un miroir intérieur
révélant des pensées, des comportements ou des peurs cachées au fond de
moi, un espace interdit au verbe, mais où le son peut se nourrir avant
de s’écrire sur une page. » Douleur ou rédemption, rémission ou éternelle recommencement d'un grand corps malade, ressuscité par la composition, la création musicale, portée par l'enthousiasme d'un orchestre hors pair, voué à l'interprétation d'oeuvres majeures et inédites du futur répertoire contemporain!
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Orchestre national de Metz Grand Est
direction David Reiland
harpe Xavier de Maistre
Salle du conservatoire Cité de la musique et de la danse le 22 Septembre dans le cadre du festival MUSICA
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