Ils
sont sept tout de noir vêtus. Bras et jambes en torsions. Le sacré
sacre du printemps de Laurent Chétouane prend ses distances avec l’œuvre
d’origine. Sans élue ni sacrifice, la pièce se donne le temps et marque
une grande césure dans la partition de Stravinsky. Comme un vertige.
Plateau nu, trois écrans suspendus pour écrin.
Sept qui ne quitterons jamais la scène, aspirés par le rythme, au départ ceux de percussions, prélude à la partition de Stravinski, comme un appel à la scansion , à la cadence qui reliera tous et chacun dans cette fulgurante poursuite, course pour la vie, pour la survie.
Les gestes y sont fluides, les bras s'enroulent, les corps vêtus de shorts noirs, jupettes et soquettes noires évoquent la simplicité, la sobriété.
Echanges, pulsations, rebonds, choeurs ou solitudes, alignement et éparpillements dans l'espace qui se dessine, se fait et se défait sempiternellement.
C'est beau et émouvant et l'on ne se lasse pas devant le spectacle de la mouvance, née, éclose d'une musique sidérante, surprenante: autant celle de Léo Schmidthals que bien sûr celle du mythique Stavinsky.
Relecture du chef-d’œuvre, simplification des gestes d'origine-les en-dedans, le cercle chamanique, les pauses frustre profilées-...
Et Dalcroze d'y parader, en rythmique frappées des pieds, son des corps habités par le seul objet de la pièce:les percussions et les vents! Souffle salvateur sur cette oeuvre qui fit office d'excercice de style pour beaucoupde chorégraphes qui s'y coltinèrent.
Jérôme Bel en fut un des plus décapants, des plus dépouillés, des plus étonnants.
Chétouane s'y glisse en orfèvre, en joailler de la matière musicale et corporelle pour en faire un espace de jeu, ludique, spirituel, rituels àsouhait!
C’est en allant vers le théâtre qu’il a rencontré la danse. Natif
d’Angoulême, Laurent Chétouane vit et travaille en Allemagne. Cet ancien
ingénieur chimiste, s’est tout d’abord fait remarquer par son approche
non orthodoxe de la mise en scène et des grands classiques.
Depuis le succès de paysage sous surveillance d’Heiner Müller, qui
signe sa première collaboration avec un danseur, il poursuit le travail
qui a contribué à sa réputation d’enfant terrible de la scène
contemporaine.
Parmi ses éléments de prédilection, le corps et sa spatialisation, la
présence et le temps. Ses thèmes : l’acceptation de l’autre et le
partage d’espaces communs. Aussi, lorsqu’à son tour en 2013, année du
centenaire de la scandaleuse chorégraphie de Nijinski, il crée son
propre sacré sacre du printemps, c’est à contre-voie qu’il aborde le
sujet.
Sa version participe de ses propres variations sur la dimension de «
l’ouvert » et le rapport à la musique, autre élément marquant de sa
démarche. L’interprétation musicale retenue date de 1960, elle est
dirigée par son compositeur, Igor Stravinski et irradie ses ondes sur
les corps. Les têtes bougent, les visages se débrident…
Au Maillon ce 28 Mai 20H 30
En collaboration avec Pôle Sud
mardi 27 mai 2014
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