Quel rôle le sida a-t-il joué dans notre relation aux
autres ? La gravité du sujet est ici portée par les corps. Puisant au
cœur de l’intime, ciselant les sentiments, les affections, Thomas
Lebrun entreprend la fresque charnelle de l’histoire d’une génération et
de son évolution dans le temps. Reprises, motifs, points de fuite font
partie de cette composition délicate.
Trois solos et un duo composent la partition chorégraphique de Thomas
Lebrun. Une question entêtante la consume. Quel rôle le sida a-t-il joué
dans la façon de vivre l’amour et la sexualité de toute une génération
qui se trouve être la sienne ? Risques, doutes, peur et solitude
traversent les gestes, lient et délient les corps. Cette traversée du
temps et des sentiments interroge la dimension du plaisir et la
jouissance. En faisant parler les corps, le chorégraphe dissèque sans
concession ni jugement les comportements face aux dangers de l’amour
physique. Chaque mouvement de cette pièce en quatre sections témoigne
des transformations opérées par la crainte du virus sur les façons
d’aimer, de se rencontrer. Le premier solo donne le ton. Il ouvre ce bal
des désenchantés sur une bande son d’archives enregistrées à San
Francisco en mai 1979 lors du meurtre d’Harvey Milk. Sur la scène zébrée
de néons blancs, un homme bardé de cuir, s’apprête à faire la nique à
la mort. Archétypes et passions, distance et abandon, cette pièce choc,
puissante et retenue touche par la justesse du regard et la poignante
humanité bouleversée qu’elle révèle._IF
A Pôle Sud mardi 20 MAI 20H 30
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