mercredi 28 mai 2014

Soirée "duo" à Nouvelles de danse Strasbourg: partenaires de connivence!


Deux spectacles hier soir au programme de l'avant-dernière soirée du festival"nouvelles".
Deux duos d'hommes, mais de facture si différente!
Quand la danse passe d'une forme à l'autre sans plus de discours: des deux circassiens Alexandre Fournier et Mathias Pilet pour "Nos limites" de Radhouane El Meddeb, on retiendra l'extrême précision des attitudes, gestes mesurés, calculés au milimère près pour mieux s'emboiter les uns dans les autres, s'emboiter.
Pour donner aux corps enlacés une dynamique hors pair, une fusion autant qu'une distance qui en disent long!
Plateau nu, tapis de sol blanc délimité au sol, silence total, sans musique de fond, hormis les sons des corps,les rythmes corporels qui soulignent et animent toutes les situations
On passe du cocasse de ces rencontres improbables, à une légèreté, une complicité redoutable entre le petit brun et le grand blond, vêtus soft, cool.
Du bout du tapis, ils s'observent, se regardent , se scrutent avant de passer a l'offensive de la rencontre, du choc tectonique entre les corps.
Ils activent tous leurs membres, les triturent, les exercent avant de se confronter l'un à l'autre dans une grande curiosité bienveillante.Tout fonctionne dans ce grand contrôle technique et l'on peut alors passer aux roulades, aux glissés, à la reptation commune qui relie les corps et en font de bons engrenages souples, bien huilés.Drôles d'esgogriffes, curieux partenaires de jeux, toujours accueillants l'un vis à vis de l'autre: jubilation des exercices très subtils d'élévation, de portés virtuoses où tout semble possible dans une grande poésie de la tendresse des sentiments
Deux compères qui tentent le tout pour le tout, le plus grand, aspiré par l'éther, le plus petit, malicieux et joueur, très terrien.Jeu de construction des corps en géométrie variable, formes en ronde bosse qui se sculptent dans l'espace scénique: on dirait un légo qui se fabrique à l'envi des humeurs des corps gracieux, déliés, savoureux au regard!
Fondu au noir:on découvre plus tard la virtuosité de la technique du "petit" malicieux: très belle démonstration de savoir-faire physique, performance qui laisse le spectateur en apnée, intrusion de la musique jusqu'alors absente....No limites!

Plus tard dans la soirée nous accueillent au studio, Edmond Russo et Shlomi Tuizer: un duo, deux hommes, tient donc!
Mais radicalement opposé!
Deux hommes, danseurs, vont se frotter à l'écriture poétique de Affari Esteri. C'est "Embrace".
La voix sera le fil conducteur, musical et sémantique des évolutions de ces deux hommes, complices pour une présentation souvent en miroir de leurs évolutions dans l'espace lumineux de rampes de spots, alignés en sculptures plasticiennes.Ils sont neutres, très coulants, fluides et en osmose: portés, relâchés, tiré-poussé très organiques animent leurs diagonales, lisses et sans faille.Musiques de Oren Bloedow pour faire vivre intensément cet "Embrace", évocation de l'étreinte:enlacer, contenir, comprendre dans toutes sortes de situations agrémentées d'objets, d'accessoires, de tissus, gants et autres sujets d'expérimentation.
L'entrave aussi, celle qui lie les corps à leur corps défendant!
L'autre comme partenaire, à l'amour , à la mort, à la vie et ses méandres harmoniques
Ecrire, décrire la danse, la frotter en dissonance ou polyphonie des corps en mouvement: un beau vocabulaire, riche et inventif fait de cette pièce un petit glossaire des risques et périls de la relation danse et verbe:la musique, le phrasé et la calligraphie de l'écriture en sortent bien indemnes!

Belle soirée cohérente, instructive et pleine de digression sur le duo, en apparence car ils'agit bien d'oeuvre collectives, polyphoniques et résonnantes, au delà de la simple présence charnelle des danseurs interprètes.
A Pôle Sud ce mardi 27 Mai.

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire