mardi 13 mai 2014

Buren et Millepied: la main à la patte.



Attendu le ballet de Benjamin Millepied (37 ans) sur la musique de Ravel ? C’est peu dire ! Tous les balletomanes s’y précipitent pour percer les arcanes créatifs de celui qui, à partir du mois de novembre, va succéder à Brigitte Lefèvre à la direction de la danse de l’Opéra de Paris.
La troisième chorégraphie de Millepied pour la troupe parisienne a été accueillie avec transport par une salle de fans. Millepied a tenu son pari, au moins en partie.
Spectaculaire, sa chorégraphie l’est en mode majeur. Elle est soutenue par l’orchestre de l’Opéra sous la direction éthérée de Philippe Jordan, dans des décors remarquablement créatifs de Buren qui se joue des lignes, des carrés et des rectangles et autres figures géométriques auxquelles il donne  de l’énergie, de la saveur… et curieusement de la sensualité!  La couleur y est pour beaucoup et sans doute ce décor restera-t-il comme une œuvre majeure du plasticien.
La sublime musique que Maurice Ravel avait écrite à la demande de Diaghilev entre 1909 et 1912 pour un ballet de Fokine que dansèrent Nijinski et Tamara Karsinova a fasciné des générations. De très nombreuses autres chorégraphies ont été plaquées sur une musique dont l’énergie, la chaleur, le raffinement et les couleurs les ont toujours dépassées. Difficile de rivaliser avec un tel chef d’œuvre!
Millepied s’y est risqué avec détermination, audace et un enthousiasme dynamisé par la beauté des danseurs de l’Opéra dont il dit partout qu’ils sont "de l’or". Sans être à la hauteur de la partition de Ravel, le chorégraphe s’insère dans la tradition académique du ballet français : la fluidité, la beauté gestuelle, l’allégresse. C’est toujours très beau avec des pas de deux languides puis stimulants. Certains danseurs "crèvent l’écran", comme on dit au cinéma, l’émouvante et magnifique Aurélie Dupont (Chloé)  et Elléonore  Abbagnato (Lycénion) qui n’a jamais été aussi apollinienne.
Le ballet qui fait l’ouverture de la soirée est le Palais de Cristal sur la symphonie en ut de Bizet chorégraphiée par Balanchine en 1947. Voici une merveille de chorégraphie, de limpidité et de joie communiquée par les merveilleux costumes de Christian Lacroix avec un joyau, la danseuse Marie-Agnès Gillot qui revient, après la naissance d’un bébé, dans la plénitude : elle a les plus beaux bras du monde aussi bien dans ce ballet que dans Orphée et Eurydice de Pina Bausch qu’elle danse au Palais Garnier.
Tous attendaient Benjamin Millepied. Il est au rendez-vous de la beauté académique et dans la tradition. Pourtant, certains espéraient plus : le coup de poing d’un renouveau. Il n’a pas dit son dernier mot.
(Opéra de Paris. Orphée et Eurydice jusqu’au 21 mai au Palais Garnier et Daphnis et Chloé à la Bastille jusqu’au 8 juin. Tel : 08 92 89 90 90  www.operadeparis.fr)

à l'UGC CITE CINE MARDI 3 JUIN

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