Albassama invoque le merveilleux par le prisme des miracles mariaux des Cantigas de Santa Maria. Cette oeuvre nous plonge dans l’Espagne des trois cultures, à l’époque du roi de Castille Alfonso el Sabio (1221-1284). C'est l'empreinte de la musique à travers les temps.
© B. Pichène
Les nombreux miracles engendrés par l’intervention de la Vierge y sont relatés en galaïco-portugais car ces chants n’étaient pas destinés à la liturgie mais à être interprétés par des gens simples, souvent accompagnés de danse, à l’occasion de toutes sortes de festivités. La Vierge miraculeuse, accessible à tous, peut plus que tout autre saint, intercéder efficacement auprès du Christ... Quelques mélodies séfarades et chants de troubadours accompagnent ces Cantigas. En redécouvrant et en interprétant des répertoires de musique ancienne, Canticum Novum tisse des liens entre la musique d’Europe occidentale et le répertoire du bassin méditerranéen, riche de l’union du monde chrétien et d’un Orient marqué d’une double hérédité juive et mauresque.
Babel : y faire un tour en chantant, enchanteur!
C'est "les langues bien pendues" et pas dans leur poche que les artistes du groupe Canticum Novum reviennent au festival "Voix et route Romane" sous les voûtes de l'église néo gothique de Haguenau.On ne donnera pas sa langue au chat pour deviner les contenus des 18 morceaux de musique proposés ce soir là dans une ambiance festive et pleine des charmes de l'Orient inconnu! Un programme taillé sur mesure pour le festival, ça se déguste!
Festin donc en compagnie de quatre chanteurs et un instrumentarium remarquable: de l'inédit au menu!
Une musique d'emblée joyeuse, joviale s'installe, enjouée qui "balance" et tangue à souhait à travers les corps des deux chanteuses et de leur compagnon de route, le directeur de l'ensemble, Emmanuel Bardon en personne.
Suit une sorte de danse arabisante, chaloupée comme l'amble et les balancements et pas d'une caravane de camélidés qui passe. Chœurs et musique pour découvrir les sons orientaux à travers les paysages et moucharabiehs du désert.
Comme un long plan séquence au cinéma, la musique déroule ses sonorités et timbres multiples, enchanteurs, merveilleux!
Puis les trois chanteurs continuent, la belle voix chaude et cristalline de soprano de Hélène Richer et celle plus sensuelle et ronde de Lise Viricel, enrobent les musiciens au diapason.
Ritournelle, routine et ronde fraternelle s'en dégagent. Très dansante, cette partition met sous le signe du mouvement, ce concert atypique remarquable en tout point.
On s'offre ensuite une déambulation sereine, sur les chemins bordés de farandoles, douces cavalcades, parade, défilé et "redoute" champêtre.
Des "babils" singuliers aux lèvres qu'on ne décryptera pas mais qui à eux seuls font le "babel" de cette soirée linguine aux saveurs de l'Orient: on ne perd pas la boussole avec la suite savoureuse, un duo de soprano, merveilleux, onirique, angélique qui résonne sous la nef et les voûtes avec grâce et volupté
Percussions et duo de voix, enchaînent, belle osmose des instruments, ambiance colorée, chatoyante. Arabesques vocales en phrasé spiralé pour cette calligraphie musicale. De beaux déhanchements, bascule et balance des corps et silhouettes des interprètes féminines! Le courant passe et opère à l'unisson des curieux instruments d'époque, lisses et de bois blanc, cordes et flûtes, vièles et harpe.
Les vièles s'en donnent à cœur joie, qui pleurent et se répandent en lamentations mystiques, des grelots font irruption et ponctuent joyeusement le tout, accompagnés de bruissement de paille frottée.Les flûtes en introduction comme tapis sonore pour accueillir les trois chanteurs: Emmanuel Bardon, comédien et joueur en dialogues avec ses deux partenaires féminines, gracieuses et malicieuses, animées de sourire et d'un charme enjôleur caractérisé par les contenus des chants.Ils dansent, vibrent, animés par la cadence et le rythme qui enfle, s'épaissit et donne un caractère fort et subtil aux oeuvres en général.
Suit un mouvement, animé par la harpe, les autres instruments façonnés de bois clairs aux formes allongées et arrondies, très sobres. Superbes percussions résonnantes de l'oud, du kanun....Et voilà l'irruption de la cornemuse et d'une singulière corde métallique pour un festival joyeux, alerte au service des trois voix boostées, pleines d'allant, de verve ascendante et contagieuse! Bouquet final qui propulse en empathie directe avec les artistes, propageant bonne humeur et enthousiasme!
Un magnifique solo de la soprano,Hélène Richer introduit par le chœur léger des cordes, hypnotise et fait décoller l'auditoire au zénith de la félicité. Elle semble raconter des histoires, alors que d'un fruit de catalpa, sortent des pluies de sons de graines. Courtois ou pastoral, ce morceau, cette pièce enchante.
Suit un quasi religieux trio de voix, a cappella..Encore un solo de vièle, très galant comme une fresque de danse baroque à naître... Courtoisie, élégance de la musique, très flatteuse, châtiée, enchanteresse.
Les trois voix, bordées par les cordes résonnent de concert.En chœur, solennelles, mesurées, très habitées de sensations et sentiments subtils...
On reprendra bien un petit solo de voix de soprano, enrobée par la harpe délicate et précise, ciselant le tout à merveille. Très fine interprétation, raffinée, précieuse, pleine d'intimité avec la flûte également.
Morceau de bravoure enchanteur "He Dieux, de si haut si bas"du Codex de Montpellier: des voix veloutées pleines de contrastes et modulations, cristallines, effilées, aiguisées, très résonnantes et pures.Comme dans une volière, porteuse d'élévation spirituelle, de battements d'ailes vers les sphères célestes.
Du grand art vocal et musical sous couvert de modestie et effacement de ses talents incontournables des interprètes aguerris, savants et simples.
Suivent quelques danses enlevées, alertes, virevoltantes, accélérations vives et fulgurantes, apothéose vertigineuse, composant avec la cornemuse entraînante pour lier la danse suivante sans anicroche, ni croche pieds.Les chanteuses tanguent, animées de sourires légers, le ténor, passionné, joueur amoureux, déclame. Les réponses malicieuses des deux femmes en dialogue fameux et alerte donnent le ton communicatif.Le tout rehaussé par les instruments en osmose et symbiose totale avec les timbres et tessitures des voix.
Une grande complicité, une communion règne entre les membres du groupe.
Cette invitation à la danse, très entraînante est communicative et chacun de se sentir ému par cette musicalité si accessible et sensible Par sa fraîcheur et sa complexité aussi!
Empreintes , signes et traces indélébiles
Et puis tout a une fin: un chant arabe, appel de muezzin, prière animée de trémolos ou déclaration d'amour? La voix subtile et tremblante de Bayan Rida opère à merveille et séduit.La confusion des genres se répand en balancements réguliers, envoûtants.
En boucle qui revient, retourne, solo de flûte en contrepoint;
Au final, comme une berceuse alanguie qui s'anime et s'enflamme, surpassant les voix qui se rallient à la verve générale. Chœur au final et rappel pour clore un chapitre inoubliable de diversité, surprise et étonnement magnétique!
On se quitte en esquissant quelques pas de danse sur le parvis de Saint Georges qui en aurait bien lâché son dragon!
Laissant son empreinte dans les mémoires des mélomanes, autant que dans l'histoire de la musique "oubliée" et "retrouvée" comme les légumes d'antan si parfumés de fragrances et saveurs inédites, exhumées pour l'occasion, enchantant, papilles, pupilles et pavillons d'oreilles, assoiffées de beauté!
Al-Basma
à l'Eglise ST Geoerges Haguenau
C'est "les langues bien pendues" et pas dans leur poche que les artistes du groupe Canticum Novum reviennent au festival "Voix et route Romane" sous les voûtes de l'église néo gothique de Haguenau.On ne donnera pas sa langue au chat pour deviner les contenus des 18 morceaux de musique proposés ce soir là dans une ambiance festive et pleine des charmes de l'Orient inconnu! Un programme taillé sur mesure pour le festival, ça se déguste!
Festin donc en compagnie de quatre chanteurs et un instrumentarium remarquable: de l'inédit au menu!
Une musique d'emblée joyeuse, joviale s'installe, enjouée qui "balance" et tangue à souhait à travers les corps des deux chanteuses et de leur compagnon de route, le directeur de l'ensemble, Emmanuel Bardon en personne.
Suit une sorte de danse arabisante, chaloupée comme l'amble et les balancements et pas d'une caravane de camélidés qui passe. Chœurs et musique pour découvrir les sons orientaux à travers les paysages et moucharabiehs du désert.
Comme un long plan séquence au cinéma, la musique déroule ses sonorités et timbres multiples, enchanteurs, merveilleux!
Puis les trois chanteurs continuent, la belle voix chaude et cristalline de soprano de Hélène Richer et celle plus sensuelle et ronde de Lise Viricel, enrobent les musiciens au diapason.
Ritournelle, routine et ronde fraternelle s'en dégagent. Très dansante, cette partition met sous le signe du mouvement, ce concert atypique remarquable en tout point.
On s'offre ensuite une déambulation sereine, sur les chemins bordés de farandoles, douces cavalcades, parade, défilé et "redoute" champêtre.
Des "babils" singuliers aux lèvres qu'on ne décryptera pas mais qui à eux seuls font le "babel" de cette soirée linguine aux saveurs de l'Orient: on ne perd pas la boussole avec la suite savoureuse, un duo de soprano, merveilleux, onirique, angélique qui résonne sous la nef et les voûtes avec grâce et volupté
Percussions et duo de voix, enchaînent, belle osmose des instruments, ambiance colorée, chatoyante. Arabesques vocales en phrasé spiralé pour cette calligraphie musicale. De beaux déhanchements, bascule et balance des corps et silhouettes des interprètes féminines! Le courant passe et opère à l'unisson des curieux instruments d'époque, lisses et de bois blanc, cordes et flûtes, vièles et harpe.
Les vièles s'en donnent à cœur joie, qui pleurent et se répandent en lamentations mystiques, des grelots font irruption et ponctuent joyeusement le tout, accompagnés de bruissement de paille frottée.Les flûtes en introduction comme tapis sonore pour accueillir les trois chanteurs: Emmanuel Bardon, comédien et joueur en dialogues avec ses deux partenaires féminines, gracieuses et malicieuses, animées de sourire et d'un charme enjôleur caractérisé par les contenus des chants.Ils dansent, vibrent, animés par la cadence et le rythme qui enfle, s'épaissit et donne un caractère fort et subtil aux oeuvres en général.
Suit un mouvement, animé par la harpe, les autres instruments façonnés de bois clairs aux formes allongées et arrondies, très sobres. Superbes percussions résonnantes de l'oud, du kanun....Et voilà l'irruption de la cornemuse et d'une singulière corde métallique pour un festival joyeux, alerte au service des trois voix boostées, pleines d'allant, de verve ascendante et contagieuse! Bouquet final qui propulse en empathie directe avec les artistes, propageant bonne humeur et enthousiasme!
Un magnifique solo de la soprano,Hélène Richer introduit par le chœur léger des cordes, hypnotise et fait décoller l'auditoire au zénith de la félicité. Elle semble raconter des histoires, alors que d'un fruit de catalpa, sortent des pluies de sons de graines. Courtois ou pastoral, ce morceau, cette pièce enchante.
Suit un quasi religieux trio de voix, a cappella..Encore un solo de vièle, très galant comme une fresque de danse baroque à naître... Courtoisie, élégance de la musique, très flatteuse, châtiée, enchanteresse.
Les trois voix, bordées par les cordes résonnent de concert.En chœur, solennelles, mesurées, très habitées de sensations et sentiments subtils...
On reprendra bien un petit solo de voix de soprano, enrobée par la harpe délicate et précise, ciselant le tout à merveille. Très fine interprétation, raffinée, précieuse, pleine d'intimité avec la flûte également.
Morceau de bravoure enchanteur "He Dieux, de si haut si bas"du Codex de Montpellier: des voix veloutées pleines de contrastes et modulations, cristallines, effilées, aiguisées, très résonnantes et pures.Comme dans une volière, porteuse d'élévation spirituelle, de battements d'ailes vers les sphères célestes.
Du grand art vocal et musical sous couvert de modestie et effacement de ses talents incontournables des interprètes aguerris, savants et simples.
Suivent quelques danses enlevées, alertes, virevoltantes, accélérations vives et fulgurantes, apothéose vertigineuse, composant avec la cornemuse entraînante pour lier la danse suivante sans anicroche, ni croche pieds.Les chanteuses tanguent, animées de sourires légers, le ténor, passionné, joueur amoureux, déclame. Les réponses malicieuses des deux femmes en dialogue fameux et alerte donnent le ton communicatif.Le tout rehaussé par les instruments en osmose et symbiose totale avec les timbres et tessitures des voix.
Une grande complicité, une communion règne entre les membres du groupe.
Cette invitation à la danse, très entraînante est communicative et chacun de se sentir ému par cette musicalité si accessible et sensible Par sa fraîcheur et sa complexité aussi!
Empreintes , signes et traces indélébiles
Et puis tout a une fin: un chant arabe, appel de muezzin, prière animée de trémolos ou déclaration d'amour? La voix subtile et tremblante de Bayan Rida opère à merveille et séduit.La confusion des genres se répand en balancements réguliers, envoûtants.
En boucle qui revient, retourne, solo de flûte en contrepoint;
Au final, comme une berceuse alanguie qui s'anime et s'enflamme, surpassant les voix qui se rallient à la verve générale. Chœur au final et rappel pour clore un chapitre inoubliable de diversité, surprise et étonnement magnétique!
On se quitte en esquissant quelques pas de danse sur le parvis de Saint Georges qui en aurait bien lâché son dragon!
Laissant son empreinte dans les mémoires des mélomanes, autant que dans l'histoire de la musique "oubliée" et "retrouvée" comme les légumes d'antan si parfumés de fragrances et saveurs inédites, exhumées pour l'occasion, enchantant, papilles, pupilles et pavillons d'oreilles, assoiffées de beauté!
Al-Basma
à l'Eglise ST Geoerges Haguenau
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