dimanche 5 octobre 2014

Musica:Ateliers, concert, spectacle: prendre le pouls de la musique d'aujourd'hui!

Matinée plutôt édifiante pour la présentation publique des "Ateliers" dirigés par Philippe Manoury auprès de publics non initiés à la musique contemporaine ou à l'écriture.
Ateliers Percustra: ça cartonne!
L'expérience est généreuse, riche et belle: confier une de ses œuvres à un groupe d'élèves du lycée professionnel Saint-Jean de Colmar: "Klag" ce "Schlag" ou "Klang" remodelé devient sous la direction et l'exécution de ces jeunes, une pièce fragile, simple mais où tout le rythme requiert une attention à l'autre, au groupe et à son propre jeu.Sons et chocs à l'appui!
Belle concentration et musicalité de ces jeunes, sensibilisés à la méthode simple et efficace "Percustra" que les percussions de Strasbourg avaient mise au point pour rendre accessible un solfège corporel et percussif "pour les nuls".Les corps et attitudes des interprètes trahissent trac ou maladresse, mais jamais un manque d'investissement ni d'authenticité. C'est troublant et émouvant, et l'oeil et l'oreille du public sont à l'écoute, bienveillante de ce chalenge.
Pari tenu pour ces "professionnels" d'un jour confronté au concert, à la communication d'un long travail!
Même aboutissement pour les six interprètes de la pièce de Annette Schlunz auprès des élèves du lycée professionnel Le Corbusier de Illkirch."Traces" leur permet d'investir écriture et jeu, pratiques des percussions corporelles et instrumentales, mise en scène et jeu d'acteur.Prendre son pouls, c'est aussi sentir la percussion première, organique, sensible et sensuelle, vitale de son corps! Très beau début!
Autour de six cartons, les voilà à frapper la matière de concert avec audace, écoute et musicalité.La prestation est sincère, directe et sans chichi; combat de fleurets, à l'appui.
Ateliers de la création
Toujours avec des élèves de Colmar, c'est l'oeuvre collective "Electro ,what?" qui fait mouche: électroacoustique, née des balbutiements en la matière de ces tous jeunes créateurs, la pièce est singulière, tonique, humoristique. Félicitetions à ces jeunes "apprentis" de la musique d'aujourd'hui qui se frottent avec enthousiasme à la création à partir de leurs nouveaux outils de prédilection:audiovisuel, multimédia, électro-domestique, électronique industrielleembarquée, télécommunication et réseaux.
De quoi faire pour alimenter la musique de demain!
Puis c'est au tour des deux protagonistes de cette expérience, Claude Ferrier et François Papirer de s'y coller dans deux oeuvres ludiques: ""Clash Music" de A. Huber et "Toh" de Minoru Miki.
Duel, duo, sourires et complicité pour ces deux associés des Percussions de Strasbourg: et ceci ne s'invente pas: l'exécution est brillante et sans faille, les corps justement engagés et sereins, sans tension, hormis celles nécéssaires au jeu et à l'interprétation.
Bravo à ces jeunes pousses de la musique, du travail collectif dont l'aboutissement est remarquable par sa qualité et le justesse du pari tenable et tenu: en "ignorant" tout de la fabrication de la musique, on gagne en justesse et spontanéité, cette "virginité" de la connaissance évite ainsi de gommer références, citations et auitre acquis qui parfois plombent la créativité.
Vive la liberté de l'enseignement haute couture de Manoury et des "Percustra"!


Ensemble Linéa
Sous la direction de Jean Philippe Wurtz, les deux oeuvres de Unsuk Chin "Fantaisie mécanique" de 1994 et "Gougalon" de 2009 seraient ici deux coups de coeur!
Musique charmeuse, quasi mélodique et pourtant pleine d'écueils, d'obstacles à franchir pour l'oreille et l'écoute.
Inspirée de la musique foraine, "Gougalon" est un puits de surprises, d'univers évoquant foire et cirque à la Nino Rota. Suspens aussi de la contrebasse qui rappelle quelques bribes fameuses d'"Ascenseur pour l’échafaud" de Miles Davis. Musique, comme autant de saynètes de rue, de sons de ces petits métiers ou de musique circasienne, endiablée, emballante, suggestive.C'est magnifique et plein d'évocation des contrées coréennes de l'auteur:une musique populaire imaginaire, stylisée, déstructurée et seulement en apparence primitive".
Le "Graphein" de Raphael Cendo paraissait entre les deux morceaux, bien radical, complexe, "chose étrange à l'orée de deux mondes".Comme les écritures varient et livrent sons, ambiances et univers singuliers.

"Te craindre en ton absence"
Un spectacle signé Georges Lavaudant sur des textes de Marie NDiaye et musique de Hector Parra et interprèté par l'Ensemble intercontemporain, sous la direction de Julien Leroy, cela ne se refuse pas!
Scénographie lumineuse très pointue, parterre de plumes blanches:un écrin pour Astrid Bas, comédienne qui une bonne heure durant incarne une femme en prise avec son destin. Monodrame de cette voix seule face à la musique, comme un voyage au plus profond de l'âme, de l'inexprimable, de l'étouffement.La femme y porte le poids de la vie et du souvenir.Œuvre intime sans grand éclats, feutrée où la mise en scène sobre de Lavaudant révèle quelques superbes moments chorégraphiques: assise sur un tronc d'arbre, l'actrice se livre à une gestuelle inédite et originale, issue de tout son corps, si "parlant" à ces instants!
La musique, venue du fond de scène protège, entoure et berce l'actrice usant d'une solide science orchestrale et un emploi subtil de l'électronique qui constellent la psyché du personnage!

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