samedi 1 septembre 2018

" Alpha et Oméga": Voix et route Romane: ouverture polyphonique !


Ouverture du Festival "Voix et Route Romane" ce vendredi 30 Aout à l'Eglise ST Etienne à Strasbourg!

Alpha et Oméga

Frontières de la polyphonie du Moyen Âge

Le Huelgas Ensemble, belge, sous la direction de Paul Van Nevel A proposé un parcours exploratoire à travers la polyphonie médiévale. Il entame celui-ci avec, comme Alpha, une pièce du manuscrit Musica enchiriadis, 9e siècle, qui contient les plus anciennes mentions connues de la polyphonie. L'atmosphère est plantée: recueillement, concentration et écoute du public, nombreux, rassemblé à cette occasion unique.
L’ensemble aborde ensuite l’École Notre-Dame avec une oeuvre de Léonin (vers 1150-1210), pionnier de la polyphonie occidentale. Une voix de ténor s'élève, en soliste: elle sursaute, hoquette et surprend dans ce tissu feutré de voix la portant.L'oeuvre est dansante, rythmée, joyeuse, saccadée à l'envi !

Suivront quelques pièces emblématiques de l’Ars Antiqua,aux accents populaires, bien relevés, avec quelques remarquables duos de voix de femme, une musique dansante, galante, aux balancés langoureux Musique savante, architecturée, parfois proche du profane, enjoué et chatoyant dans les accents toniques: quelques onomatopées, paroles et rythmes incongrus dans la composition, honorent les "Tres dous compains" d'un "Anonyme": comme une course dans des cadences fortes et puissantes!
Des voix d'hommes dans des entrelacs plus solennels aux accents suaves et sensuels "D'ardant desir", double motet à trois voix,  encore un "anonyme" qui fait résonner un chant doux en élévation légère, aérienne, charmante et enjôleuse, enrobante: c'est "Le mont Aon" du XVème siécle......

Le Huelgas Ensemble s’achemine vers l’Ars Nova avec notamment un extrait de la Messe Notre-Dame de Guillaume de Machaut (v.1300-1377). C'est la puissance, le volume,les vibrations des harmoniques qui surgissent dans l'écriture et l'interprétation de cet opus.
D'étranges dissonances, singulières et curieuses immiscent dans le tissu sonore. Les timbres se dérobent, les tessitures se frottent et résonnent diaboliquement....
Suit un anonyme, lent et plaintif pour introduire l'oeuvre magistrale où l’Oméga de cet itinéraire sera une des pièces de Matheus de Perusio (actif 1400-1416) maître rattaché à l’Ars Subtilior époque située entre l’Ars Nova et l’école franco-flamande qui introduit la Renaissance.
Des voix de femmes magnifiées, un ton précieux, raffiné, noble et distingué: dansant, sautillant aussi, le phrasé est relevé et aérien.
Au final,  c'est à Matteo de Sancte avec son "science n'a nul ennemi" que s'achève et se boucle le concert.
 De belles tenues vocales, larges, tissées avec les différentes tessitures qui apaisent la mélodie: comme un paysage, une plaine brumeuse au petit jour naissant. Aurore, crépuscule du matin, l'Alpha du jour. "Au début était le geste vocal" au crépuscule, au prologue de la musique naissante.
L'Oméga en point de mire, épilogue et crépuscule du soir: du commencement à la fin, ce concert inaugural fut un bonheur pour l'écoute très contemporaine que l'on peut avoir sur ces œuvres, courtes, percutantes, surprenantes: le répertoire, l'archive et le passé ont décidément encore plein de secrets à livrer à ceux qui souhaitent les entendre.
Non, les "oreilles n'ont pas de paupières", grand Dieu !




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