mercredi 19 septembre 2018

"La pomme dans le noir": le fruit est mur !



"D’après le roman Le Bâtisseur de ruines de Clarice Lispector Traduction Violante Do Canto Mise en scène, adaptation et lumière Marie-Christine Soma Avec Carlo Brandt, Pierre-François Garel, Dominique Reymond, Mélodie Richard.

 Martin, jeune ingénieur qui a commis un crime, fuit la ville et se fait engager dans une ferme isolée où vivent Victoria et sa cousine Ermelinda. Dans cette adaptation du roman de l'écrivaine brésilienne Clarice Lispector, paru en France sous le titre Le Bâtisseur de ruines, Marie-Christine Soma nous fait vivre la transformation d'un homme qui, pensant avoir tout perdu, retrouve le chemin de son humanité. Un parcours initiatique qui passe par la découverte de la nature et de ces femmes au destin singulier. Comment re-trouver sa place dans le monde ?"

La salle Gruber ouvre la saison du TNS et accueille sur son immense plateau, les pérégrinations physiques et verbales, d'un quatuor hors norme pour une histoire, tissée de récits et de dialogue, judicieusement mise en scène dans cet équilibre périlleux!
Distance ou engagement du jeu? Cela débute par le son d'une voix d'homme, dans le noir et l'obscurité totale, qui nous murmure le récit d'une vie.. Conte à dormir debout, narration des aventures de quatre personnages, campés par main de maître par des comédiens, habités, fébriles et entiers.
Des récits à croquer à pleine dent, où homme et femme se séduisent, se contournent, s'apprivoisent à l'envie. On les suit sur le sentier du péché consommé, de la volupté, du désir ou de l'envie de connaitre ou d'éviter l'autre.
Les mots sont justes, le propos s'égrène plus de deux heures durant à travers une syntaxe musicale qui fait bouger les corps, travailler cet anti héros, Martin, incarné par Pierre François Garel. Travailleur de fond, ingénieur malmené par le sort qui le transforme en ouvrier laborieux mais qui n'a de cesse de servir  sa patronne,Victoria incarnée par Mélodie Richard, plantureuse matronesse, femme de poigne et de fer, qui va bientôt s'adoucir, et remodeler les contours strictes et acerbes de ses paroles!
Amour tendre ente Martin et Ermelinda qui croquent la pomme, Adam et Eve malgré eux, beaux et présents sur le plateau encombré d'ustensiles liés au travail. Sensualité et finesse du jeu de ce couple qui se frôle, se cherche, oubliant le passé de chacun.
Crime commis par Martin dans le passé qui revient hanter la pièce et l'esprit du jeune homme comme une fixation dans ce huis clos de tribunal bucolique: western romantique, avec images cinématographiques à l'appui, ombres et images virtuelles qui suggèrent les fantasmes et objets de mémoire...
La mise en scène révèle ce paradis perdu Eden où gravitent ce petit peuple qui se voudrait libre, mais qui finit, menottes aux mains par se referme sur son destin, inexorablement!

Au TNS jusqu'au 28 Septembre

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