"Ligne de crête" de Maguy Marin, échappe à cette vitrine technologique pour offrir une devanture très performative de l'art de la scène, du spectacle vivant en train de se construire et de s'échafauder. Un thème, le consumérisme, l'engage à fond à visiter les entrailles de la société de consommation. Sur le plateau, déjà, quelques amoncellements d'objets du quotidien, d'emballage de victuailles, cela dans un décor d'alvéoles de bureau, sorte d'open space où le labeur est observé à travers les vitres des box où les employés s'adonnent au travail, ce "martyr" journalier.
Des attitudes fébriles, versatiles émergent de ce chaos, d'abord dans la pénombre, puis peu à peu révélé par des éclairages criant de vérité. La musique démarre en trombe et l'on sait d'avance que sa fin aboutira à la conclusion du spectacle Une heure durant, six danseurs piétinent, circulent vont et viennent dans un rythme endiablé, incessant parcours minuté de déplacements précis et opérationnels. Costumes colorés, bigarrés collé au corps, portables à l'oreille ou simplement civil s'adonnant à ses rituels quotidiens; la fièvre acheteuse fait mouche et tous cavalent, course contre la montre, jamais à bout de souffle. C'est impressionnant, agaçant en diable, oppressant. Les objets et empaquetages s'accumulent sur le plateau, fabriquent des monticules qui vont bientôt submerger les acteurs de cette vie pétaradante, fébrile. Ruche ou fourmilière, grand magasin où foire aux objets, tout concoure ici à fabriquer du superflu, du jetable, du consommable. Les corps véhiculent ardeur, allant, vitesse et précipitation dans un rythme infernal. Usine à broyer les corps et les esprits, sans plage de réflexion ou de silence ni de repos possible .Pas de pause, ni de répit pour cette micro société palpitante qui en fin de course construit un espace esthétique de toute beauté plastique: déchets, objets, paquets s'amoncellent comme un amas de résidus, comme un terril ou crassier multicolore, gai, beau et chamarré.
Notre société aurait-elle le gout de la déchetterie, de la poubelle, du détritus, hélas ici, jamais recyclé sauf en gestes robotiques, répétitifs, oppressant de banalité, de simplicité.
Du made in Maguy Marin, exploratrice acharnée d'un propos, jusqu’au-boutiste d'un acte artistique, posé, fouillé jusqu'à ses moindres détails: une cérémonie rituelle en contre hommage à nos us et coutumes, nos défauts, nos excès à outrance. La maladie du siècle, l'emballage, le nombre et la mal bouffe en poupe!
Au TNP Villeurbane jusqu'au 15 Septembre
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