Giacinto Scelsi affirmait volontiers que le son est sphérique, et donc doté d’un centre, qui constitue son cœur. En donnant la parole à ses proches ainsi qu’à ses fidèles interprètes, le documentaire Scelsi, le premier mouvement de l'immobile, deuxième long métrage de Sebastiano d'Ayala Valva, semble procéder de cette même sphéricité : par une approche tangentielle mais multidimensionnelle, il réussit à se focaliser sur un centre vibratoire où se condense l’essence créatrice du compositeur.
Un documentaire, nourri d'images inédites, de propos des uns et des autres sur la personnalité de Scelsi qui ne voulait pas se faire capturer en photo: quelles traces de ce génie, quelles marques, empreintes laisse-t-il chez chanteurs, chefs d'orchestres et musiciens?
Le réalisateur, friand de ses rencontres, mémoires vivantes du compositeur, dont on apprendra pas de petits détails fondamentaux sur son exigence, sa discipline et sa radicalité mais aussi sa franchise de compositeur de l'inoui.
Une occasion de découvrir ses espaces sonores, ses interprètes, Joelle Léandre, Michiko Hirayama, Carol Robinson, Mariane Schroeder, Aldo Brizzi,son entourage-son frère- compagnon de route du réalisateur sur les chemins totueux du musicien du souffle, de l'expiration-inspiration, moteur de la vie mystique et sensorielle
Ce "petit" bougé", cet "immobilisme" fébrile de sa musique, vibrante évocation et transfiguration du monde.
Alwin Nikolais pour mémoire cultivait aussi ce frémissement infime du corps, vecteur de sons et résonances, passeurs d'ondes et de vérités physiques tangibles.
Infime "extime-intime" du corps et de la texture de la peau du monde sonore: celle qui se hérisse, frémit, trmble et aspire dans un soupir au repos éternel.
La mystique maya de Scelsi, offrant un terrain de jeu et d'interprétation incontournable sincérité des émotions, celles qui font bouger, ces é-motions dignes d'une danse vivante et féconde.
L'oeuvre "Uaxuctum" fait ici l'objet d'une réalisation filmique sobre et dépouillée où le son travaillé à l'extrême ne restitue pas cependant les émotions vibratiles de l'univers de Scelsi.
Le son, spatio-temporel, capté de façon très sophistiqué ne parvient pas ici à immerger le spectateur-auditeur: sans doute la réalisation, très sage des cadres et images, du rythme du film y sont-elles pour quelque chose.
Mais le cinéma n'est-il pas aussi rythme, montage, son off et in, musique ou danse, mouvement et passages?
Esprit-es-tu là ?
Rectificatif:
Des conditions techniques non respectées par la projection ce soir là sont responsables de cette frustration: on s'interroge sur le professionnalisme de la technique qui ferait ainsi croire que tout ce fabuleux travail de prise de son, tombe à l'eau et fait flop !
A l'UGC Cité Ciné ce jeudi 20 Septembre
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