dimanche 23 septembre 2018

Quatuor Diotima: musique de chambre : des danseurs de corde raide !


Le Quatuor Diotima aime associer des classiques du xxe siècle à des œuvres récentes . Il ne déro
ge pas ici à ses habitudes, puisque Unbreathed de Rebecca Saunders (2017), en première audition française, côtoie Farrago de Gérard Pesson (2013) et le Quatuor à cordes n° 2 (1968) de Ligeti.

Ligeti fut un régal, un "corps à cordes" remarquable de fines vibrations, cordes pincées, frôlées, le son en apnée, en suspension, puis en respiration libératrice. Le grouillement des notes compactées, isolées procèdent de cet imperceptible son qui succède aux entrelacs, enchevêtrement de tonalités, de hauteur, de densité ou puissance de l'émission sous l'impact des archets.Comme lors d'un métissage des tissus sonore, sophistiqué: quelques silences en contrepoint et l'exploration continue: défrichage, avancée furtive, craintive dans l'univers de ses couches sonores légères, graciles: univers foisonnant, bruissant, vol d'insectes vibratiles Des ruptures, des éclats aussi, brisures de fils ténus du son, frisson!
Des pincements alternés ou à l'unisson pour le troisième mouvement, pizzicato d'horloge, ou de métronome. L’inouï de l'inaudible, audible  à fleur de corde et d'archet, avec une dextérité, un doigté virtuose de la part des quatre interprètes. Rivés à leurs instruments, en osmose, en communion avec un public hyper attentif à la moindre note émise dans cette tension voluptueuse et fragile de l'oeuvre.Comme une bruime infime, des gouttelettes de son émises éparses ou bien "rangées" !
 Le quatrième mouvement dans l'empressement avec un jeu acharné sur les cordes tendues, jeu de funambule en danger. Puis des portées légères, des sons fluides, libérés dans l'éther, étirés dans l'espace.
La finesse, la rareté, la préciosité des touches musicales comme des impressions picturales, à la Signac, Pissaro ou Sisley.
La musique, tableau vivant, composition de notes, d'impacts Comme un essaim d'abeilles au travail qui vibrent, glissent, étirements et spirales, en chorégraphie sonore. frétillements, fébrilité versatile, pulsatile, infimes tensions et détente: de la vraie danse d'Anna Térésa De Keersmaeker!

"Unbreathed" de Rebecca Saunders en création française, succède à ce bijou prestigieux
Des grincements lancinants, disgracieux à l'écoute, de fines prouesses et pourtant peu de nuances dans ses vifs relevés de musique brillante.Lancés, élancés de son dans la hauteur, assez monotone ambiance bien qu'avec des accents vifs et sans interruption. Puis de belles ascensions tonales, des instants d'apnée, des ruptures de mouvements animent le déroulement de l'oeuvre.
Mugissements des cordes, changement de registre au cours de l'interprétation découvrent une ambiance étrange, inquiétante, en dégringolade de sonorités.Sirènes ou accélérateur de moteur automobile, les images surgissent, évocatrices d'univers, d'objets tactiles
Une écoute originale, une observation sonore inédite d'ambiances multiples.

"Farrago" de Gérard Pesson clôt cette rencontre musicale de haute voltige
De l'humour d'emblée, lumineux, gai ponctué et alerte pour une entrée en matière sonore, riche de surprises!
Des contrastes effleurés sur les archets, en ricochet, des balancements insistants, naissent et s'enfuient sur le fil ténu des aigus bordés de soutien et de maintien musical.En équilibre, funambules en bascule pour rétablir le déséquilibre et avancer lentement pas à pas. Halètement du suspens sonore à l'envi !
Beaucoup de maîtrise dans ce jeu, de retenue et d'écoute commune de la part du quatuor, trèfle à quatre feuilles, porte bonheur des portées musicales! Des mugissements ténus, des touches en couverture entuilée et des embryons de mélodies, transportent dans une atmosphère singulière.
 Des glissements ascensionnels en épilogue, quelques échappées belles, envolées et tout rentre dans l'ordre!
Un concert unique, remarquable qui fera date!
A la Salle de la Bourse le samedi 22 Septembre


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