Ces deux chorégraphes de l'image qui ont depuis presque trente ans basculé de la scène à l'écran sont aujourd'hui auteurs des plus pertinentes fictions chorégraphiques, écrites pour de nouveaux territoires de la danse.Ils ont inventé sur la page blanche des écrans l'écriture singulière de leur imaginaire, basé sur les plus solides et innovantes techniques du monde de l'image et des signes virtuels. Leur dernière création présentée à l'occasion du Festival de Danse de Cannes 2011 en est la plus impressionnante illustration.
"Mues" est le titre de cette nouvelle œuvre, installation présentée dans l'espace dépouillé de la salle "Miramar" à Cannes.Entièrement dédiée à une réflexion sur la nudité, l'apesanteur et l'extrême virtuosité d'un ralenti du mouvement, cette installation de six écrans de format rectangulaire, posés à la verticale sur des supports, se révèle aux sensations du spectateur, immergé dans une atmosphère d'un calme et d'une sérénité radieuse.
Le corps nu y est exploré à travers la lente chute ou le paradoxal rebond d'un corps dansant. L'illusion du ralenti extrême touche et fait se mouvoir notre pensée au rythme de cet exercice inoui du corps en quasi apesanteur.
Chaque écran est un tableau mouvant qui offre en perspective une approche de jamais vu, de jamais vécu tant le fondu, le flouté est synonyme d'anti-gravité, de rêve non incarné de chute sempiternelle d'un corps léger, diaphane quasi fantomatique.
La texture en semble immatérielle, comme une cire translucide qui fait se renverser les codes, basculer les principes et critères reçus de verticalité, d'horizontalité. On échappe ainsi à la gravité, on s'affronte à l'irréel par l'analyse complexe des données du mouvement passées au crible par la scientificité des outils . La 3D entre autre qui modélise ces corps suspendus, immergés comme dans une eau scintillante de lumières.
Quelques icônes réagissent au passage du spectateur, les mots d'un texte-écran se lovent dans la danse de celui qui fait face à l'écran. Les mots inscrits dansent, se transforment, muent comme des chrysalides, des enveloppes qui se déploient.Une expérience unique de chacun donne vie au corps du texte. Lui permet de prendre forme, volume et volutes au gré de la déambulation.
Une autre image encore: celle d'un corps féminin, gracile posé dans un parterre d'herbes fines, mobiles, stabiles, mues par un mouvement incessant.
Belle rêverie poétique à la lisière de nouveaux horizons pour les Corsino.Une grande sobriété des effets en place confère à cette mise en espace du "ralenti" ,à cette fiction du mouvement qui n'existerait que sur l'écran un caractère fascinant, hypnotique Absorbant aussi, proche d'une méditation, d'une spiritualité de la démarche des eux créateurs dans son acceptation d'intelligence du monde au delà des apparences. "Mues" c'est aussi la métamorphose du corps, sa splendeur virginale, éprouvée ici par son aspect spectral, laiteux, virtuel.
Une fois de plus, cette danse de l'impossible est rendue perceptible, visible comme une expérience des sens en alerte, en éveil. De quoi brouiller les pistes du sensible par une sensualité des médias employés. Et de surcroit revoir la danse comme "médium multiples" qui tisse et conjugue la beauté.
mardi 29 novembre 2011
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