La Brasserie des Haras vient à peine d'ouvrir et fait salle comble, sous les combles de la magnifique architecture restaurée des Haras Royaux de Strasbourg.
La carte est fameuse: d'abord c'est un cheval couronné qui y trône, de profil, le sac à avoine-musette- en guise de serviette et le "rond" de serviette en accord pour vous donner ici envie de pension complète!
Un service jovial, efficace, enjoué joue le jeu de la décontraction "sérieuse" sous l'oeil aguérri de Maxime Muller, directeur d'exploitation, chef de "file".
Autour du convive, au premier étage, la charpente éclairée judicieusement par des spots en forme de "queue de cheval", une alcôve tout de cuir gainée comme la matière emblématique de la selle de cheval, de la botte de cuir du cavalier. Tout est réfléchi en architecture d'intérieur en direction du cheval, l'animal noble, la conquête de l'homme.Des petits "chevaux d’arçon" comme tabourets d’appoint au bar, un "piano" en forme de fer à cheval d'où l'on peut admirer le travail du chef et de sa brigade!
Et dans "l'assiette"? Que du bonheur!
voir www.lerestodusamedi.blogspot.com
Un amuse bouche, rillettes de canard avec un bon muscat aux arômes de rose et de réglisse ou un vere de crémant et le bal commence, comme une ronde folle de mets rares.
Le manège du service est comme une scénographie, mise en scène et circulation des serveuses et serveurs en tabliers longs, plateaux à l'épaule ou laissant admirer dans les magnifiques cocottes Staub, la pièce de boeuf au foin.La danse est proche, le ballet des mets est réjouissant.Quel défilé de classe!Que "l'avoine" est bonne pour le mords aux dents qui s'anime en nous à la vue des anguilles fumées au raifort, des quenelles de poissons gratinées, joufflues, soufflées à point. Et cette timbale d'escargots qui semble s'envoler des mains de Anne, une serveuse au top de l'humour et du répondant!Le bon pain chaud à rompre de chez Westermann dans sa corbeille de tissus fait le reste.
Un cassoulet surprise, un verre de gewurztraminer aux fragrances épicées, ou un riesling aux fragrances minérales bien ancrées....Beaux conseils de Josselin Kauffer, le sommelier!Le festin se poursuit avec des Saint Jacques et la sauce des quenelles vient ravir le palais déjà conquis par les parfums de homard.Chapeau au chef de cuisine François Baur!
Les desserts? Torche aux marrons, légères à la meringue craquante et glace à la vanille de Madagascar, le baba au rhum nappé d'un sorbet et sauce passion, moussus à souhait, le cigare "cuba libre" qui fait un tabac avec sa verrine espuma de coca cola et fond de baba!!!
Le décor tout de bois, plancher, tables, petite alcôves -boxes-bordées de cuir et chaises design contemporain est chaleureux et lumineux.A brides abattues, crinières au vent, un petit coup d'étrier, et c'est une bombe gastronomique, au pas, au trop ou au galop sans harnais qui déferle dans les imaginations des convives attablés pour ce "festin de Babette"!!! Bartabas y ferait bien son "manège"!!!!
Que dire encore d'un choix de glaces et sorbet, chocolat, pistache ....Onctueux, légers pour terminer ces agapes rabelaisiennes!Le chef pâtissier Auguste Christ est notre sauveur, nous pêcheurs gourmands prêts à se damner! Marc Haeberlin peut être fier de tenir les rênes d'un tel établissement, écurie de rêve revisitée par les designers Jouin-Manku.On se ferait "haras qui rit" après de tels instants gastronomiques.
Un rêve éveillé pour les papilles titillées éperonnées par tant de talent...Tous en selle pour un tour de manège insolite dans un écrin ou Pégasse à l'estomac léger serait enchanté et ravi!Ça cravache en cuisine et la rigueur associée à la gentillesse du service est de haute voltige!Pas d’œillère pour cette cuisine inventive de bistrot qui à la crinière en vogue.On ne "croupit" pas dans ces anciennes écuries royales où l'étiquette de la grâce était de mise.Bien dans "son assiette" l'équipe est gagnante et le pari gagné, le défi relevé !
Longue vie à cette adresse de prestige, abordable, conviviale où l'espace permet un voyage nomade, un bivouac qui ravigote les voyageurs, cavaliers qui s'arrêtent au relais pour une pause salvatrice!
Et l'on en sort en chantant l'air de la griserie d'Offenbach: "ha quel dîner je viens de faire et quel vin extraordinaire"....
www.les-haras-brasserie.com