dimanche 7 décembre 2025

10 eme anniversaire des studios de danse du PNSD: des joyaux prometteurs

 L'excellence,la maîtrise,le travail concourrent à cette présentation des jeunes talents du Ballet Rosella Hightower. Une pépites de jeunes interprètes déjà aguerris à la scène,ce soir là pour interpréter en public quatre chorégraphies.

"L'orchestre" de Jean Sébastien Colau offre la visibilité de toutes sortes de marchés et démarches à l'unisson entre autre.Un exercice cher à la danse contemporaine de Cunningahm à Mathilde Monnier entre autres chercheurs de rythmes, déambulations,divagations savantes de parcours dans l'espace imparti.Au diapason,à l'écoute,les danseurs font  corpus et s'adonnent au mouvement avec  naturel,aisance et très belle présence.De très beaux portés illuminent Mozart en majesté. 

Comment ne pas citer  ce solo"internally unbound" impressionnant et très prometteur de Sofia Naumenko qui incarne une chorégraphie périlleuse,véloce et virtuose signée Thais Fayaubost sur une musique de Robert Ruth.

Suivent deux pièces de Ruben Julliard du Ballet du Rhin "Et là " et "Soudainement ici" pour laisser apprécier les talents confirmés ou en devenir de  ces interprètes au delà d'une technique maîtrisée, vecteurs,passeurs d'émotion,de musicalité et d'intelligence dea danse."Penses à ce que tu danses" édictait Trisha Brown. Et l'architecture lumineuse du grand studio,remarquable outil de travail,de faire rayonner les interprètes au sein de leur école dirigée par Paola Cantalupo.

Au studio de danse de l'PNSD Rosella Hightower le 6 décembre. 


Companhia Paulo Ribeiro & Orchestre national de Cannes - "Louis Lui": musique et danse au diapason"

 


Voici, présenté en création mondiale, le deuxième volet d’une traversée musicale et chorégraphique où le corps - social, politique, sentimental - est le baromètre du temps.
Première mondiale
Coproduction Festival de Danse Cannes - Côte d’Azur

Plus que toutes autres, les cent dernières années auront sacré l’alliance du corps et de la musique. Paulo Ribeiro a ainsi dédié à chacune des époques de sa « Trilogie » - le début du 20e siècle, les années soixante et le monde actuel, une partition spécifique qui nourrit et détermine son inspiration. Ancrée dans les débuts du siècle passé, la Partie I, présentée en 2024 à Coimbra au Portugal, faisait écho aux œuvres de Maurice Ravel et de Luís de Freitas Branco.

Selon le même principe d’alliage entre « un son et corps universels », l’acte II met à l’honneur notre présent en associant les contemporains Louis Andriessen et Luís Tinoco. Le titre reflète la similitude de leurs deux prénoms mais également le mystère de cet autre, « Lui », qui toujours surprend et apporte « le paradis ou l'enfer ». Créant non pas avec mais sur la musique, le chorégraphe se laisse guider par ces deux pièces musicales, interprétées en direct par l’Orchestre National de Cannes.

À rebours d’une époque aseptisée où les émotions sont passées à la moulinette dévastatrice des réseaux sociaux, il s’attache avec ses six interprètes à ce qui nous lie irrémédiablement les uns aux autres. Et affirme, dans les corps traversés du « souffle du temps », le pouvoir salvateur de la danse.


Il faut metre en avant la création musicale de cette pièce issue de la rencontre d"un chorégraphe et d'un compositeur de notre temps.Un challenge fort réussi que cette alliance danse et musique,unique et jouée en live par l'orchestre de  Cannes. Une première qui cherche encore son rythme, mais donc la croisière s'annonce prometteusees .Les danseurs engagés dans cette aventure incarnent solitude et ptesence forte dans une chorégraphie basculant d'une œuvre musicale toute fraîche, pleine de  contrastes, de sonorités inédites,à celle d'une partition connue.Deux compositeurs s'y confrontent avec bonheur.Une seconde partie plus narrative,des costumes rougeoyants,bottines et tuniques carmin et le récit se prolonge en gestuelle us doucement tétanique.On y avance au rythme de la musicalite de la partition à découvrir même sans la présence de la danse. Une œuvre inspirée bicéphale dont le binôme fonctionne dans les harmoniques de la composition.


Création 2025 - Pièce pour 7 interprètes
Chorégraphie et direction artistique : Paulo Ribeiro
Assistante chorégraphe : Ana Moreno
Musique : "Symfonie voor Losse Snaren" / "Symphony for Open Strings" de Louis Andriessen (1978)
"Au fond, la lumière" une création originale de Luís Tinoco 

Avec : Diogo M. Santos, Francisco Ferreira, Liliana Oliveira, Marta Cardoso, Rodrigo Loureiro, Beatriz Correia et Vivian Põldoja
Et l’Orchestre national de Cannes, chef d’orchestre Arie van Beek


le samedi 6 Décembre palais des festivals dans le cadre du festival de danse de cannes

Lorena Nogal:un electron libre

 Elle est danseuse,performeuse,invitée dans le cadre du festival de danse de Cannes pour une série de quatre performances impromptues"the protagoniste". C'est dans le hall du théâtre de Mougins"Scene 55",puis celui du palais des festivals de Cannes,qu'elle s'adonne avec bonheur et délice à cet exercice périlleux.A proximité du public réuni autour d'elle la voici plongeant dans l'arène d'un carré lumineux tracé par des néons fluorescents au sol,immersion totale dans des mouvements incroyables de vélocité  de souplesse proche de l'acrobatie ou du contorsionniste sans jamais s'y perdre.Corps engagé, joyeux, expression mutine d' Bester Keyton ou Jean Louis Barrault dans les"Enfants du Paradis".Cheveux lissés, fardee discretent pour mieux laisser surgir ses expressions diaboliques et malines,son humour à fleur de peau.Les gestes hachés, hachures,morcelés au rythme de choix musicaux en phase avec une narration du corps hors pair.Sans repères ni ornements, bruts, abruptes et pleins d' un charme fou.Les pieds en dedans dans des poses et attitudes invraisemblables,dans une urgence ou dans des ralentis savoureux,la voici à la conquête d'espaces  et de dialogue avec le public.Faune incandescent,brûlant d'énergie et de disponibilité. Brel et sa "Valse à mille  temps"est un bijou d'inventivité sans mimodrame ni illustration du texte.Les gestes souvent en rythme  ou décalés renforcent l'intelligence du corps et d'un récit improbable.Une icône vivante de l écriture chorégraphique est née..

Performances le 6 décembre dans le cadre du festival de danse de cannes.

samedi 6 décembre 2025

Marion Muzac MZ Production - " Le Petit B": histoire de tendresse.

 Aux 


Sensibiliser les enfants dès un an à la danse ? Pari relevé, avec cette courte pièce qui joue avec les corps et les matières pour partager le plaisir de voir, d’écouter et de ressentir.

Création 2022

Pièce de commande destinée à la toute petite enfance, Le petit B se joue devant un parterre restreint de très jeunes spectateurs qui peuvent à tout moment se retrouver à interagir et jouer avec les danseurs.

Il s’agit, pour Marion Muzac, de leur proposer une véritable expérience de la sensation. Avec la plasticienne Émilie Faïf, la chorégraphe a imaginé un espace en transformation, fait de matières, de formes et de sons où les interprètes font corps avec les volumes de la scénographie. Immergés dans le paysage, ils modifient l’installation à chacun de leurs mouvements et la rendent mouvante par des gestes doux, presque comme par magie. Dans Le petit B, les enfants peuvent voir, ressentir, toucher, vivre une aventure sensorielle portée par l’énergie de la musique de Johanna Luz et Vincent Barrau du groupe Jell oO.


Un régal à potron minet que cette berceuse cooconing delicieuse,un spectacle pour bambini tout neuf, à peine gambadant sur leurs deux jambes.Une entrée en matière de Moustafa pour nous mettre à l'aise,training du spectateur à la Feldenkrais..Et c'est le silence de deux corps dansant, graciles,aux mouvements très enrobants,envoûtants,protecteurs.De la grâce,de la fragilité dans cette danse sobre,chaloupee,ouverte aux réactions des enfants.Ce sont des poufs en forme de seins,tout roses,velus qui serviront de pre-texte tactile
Aux danseurs.Tels des totems pyramides de douceurs,de confiseries délicieuses 
,roses,telles des "merveilleux" pâtissiers.Chacun se régale à leur contact et de chapeaux "pouf" à berceau et fat boy accueillants,ces étranges personnages dialoguent avec les danseurs.Et contribuent à une ambiance douce et feutrée. Dans cette confiserie bienveillante,chacun déguste,se détend,se relaxe ou souhaite entrer dans la danse.Ces "petits roberts" comme des apats épatants de tendresse. Une montagne d'inventivité à gravir absolument.


Pièce pour 2 interprètes
Conception et chorégraphie : Marion Muzac
Collaboration à la chorégraphie : Mathilde Olivares
Installation : : installation © Emilie Faïf plasticienne
Création et interprétation : Aimée-Rose Rich, Maxime Guillon-Roi-Sans-Sac, Mostafa Ahbourrou, Valentin Mériot

Theatre de la Licorne Cannes le 6 Décembre dans le cadre du festival de danse de Cannes


Interprètes : Évane Duguet, Florent Brun (en alternance)
Musique : Johanna Luz, Vincent Barrau – Jell-oO
Régie générale : Jérémie Alexandre

Infinite - Performance chorégraphique Cannes Jeune Ballet Rosella Hightower: des étoiles en liberté


 De la danse oui, mais pas que. À la rencontre des arts plastiques, le Cannes Jeune Ballet propose des performances chorégraphiques originales en résonance avec l’œuvre de Jean-Michel Othoniel.
Encore étudiants, déjà professionnels. Après s’être illustrés, lors de la précédente édition du Festival, au cours de la soirée-évènement consacrée aux six écoles nationales supérieures de danse, le talentueux Cannes Jeune Ballet revient avec une nouvelle promotion d’élèves en fin de cursus, enthousiastes et aguerris.

C'est une pluie d'étoiles filantes, 9 jeunes danseurs qui s'emparent des espaces du centre d'art. Déambulation discrète au départ de ce sentier d'anneaux de Janus, qui peu à peu devient solo, duo, mouvements d'ensemble de vagues convergentes. On est en bord de mer et la lecture des installations de Jean Michel Othoniel s'agrandit, de  flux et reflux au-delà de son univers minéral, ou de feu. C'est une chorégraphie très inspirée de méandres, enchevêtrement, spirales, anneaux chers au sculpteur plasticien. De ses totems vibrants de lumière, la danse en fait des joyaux vibrants, magnétiques, animés d'ondes, de faisceaux. Les interprètes impassibles, se frayent un chemin parmi les anneaux de perles rares, les boucles suspendues dans leur regard. Une adaptation,prolongement de l'énergie quasi fossiles de ces colliers enroulés comme des infinis ou des anneaux de Mobius. En rangées très orchestrées,les corps se font et se défont à l'envi et la proximité avec le public fonctionne dans le respect et l'immersion jusqu'à atteindre l'émotion. Les 9 danseurs inspirés, respectueux et en phase avec ce qui n'est pas un décor, mais une œuvre plasticienne mise en scène. Des poussières d'étoiles filantes dans la cosmogonie sacrée d'Othoniel. Dans une chorégraphie originale de la talentueuse L'Oréal Nogal,les chaînes,mailles et points de chaînette des corps façonnent des colliers de perles raresDans un labyrinthe d'orpailleur où l'on perd ses repères mais jamais pied. L'ancrage de la danse pailletée de bleu scintillant comme les pierres précieuses de l'alchimiste Othoniel.

A la Malmaison le 6 decembre
Élèves de l école rosella Hightower 
A la Malmaison le samedi 7 Décembre dans le cadre du festival de danse de cannes

vendredi 5 décembre 2025

Anton Lachky & Eléonore Valere Company - "noVLand": planète Urgence."

 


Dans un futur menaçant, cinq humains privés de parole redécouvrent la danse puis les mots. Un captivant récit en mouvement, qui sensibilise les enfants aux dangers des totalitarismes.

Première française

Difficile d’accès, la danse contemporaine ? Pas pour Anton Lachky qui s’emploie à mettre à portée de tous et en particulier des plus jeunes une danse aussi populaire qu’exigeante, dans son inspiration comme dans sa gestuelle. Après la crise écologique, thème de son précédent opus Les Autres, il aborde ici la crise démocratique dont l’ombre plane sur les sociétés européennes.

Des questions brûlantes d’actualité - c’est quoi une démocratie ? pourquoi est-elle in fine préférable aux autres systèmes politiques ? à quoi sert la liberté ?... - ont nourri un scénario à suspens, écrit en amont par Éléonore Valère-Lachky :



Nous sommes en l’an 3000 sur la Terre, et plus personne ne sait qu’un jour, les humains ont parlé, se sont raconté des histoires…
Plus personne ne se souvient qu’ils ont su rire, danser, aimer…Aujourd’hui, les humains ne savent plus qu’une seule et unique chose : un jour, ils iront à noVLand. Alors ils marchent, encore et encore, même s’ils oublient sans cesse pourquoi ils marchent, même s’ils ne savent plus pourquoi il faut y aller. Mais tout de suite, sur la Terre, il vient de se produire quelque chose de totalement inattendu… Un événement, qui pourrait changer à jamais le cours des choses…

Sur cette trame dystopique, Anton Lachky développe au plateau une écriture riche et complexe fondée sur sa propre technique du Puzzle Work. Chaque motif gestuel initial est développé dans le temps et l’espace en variant les qualités de mouvement, jusqu’à conjuguer précision et musicalité. Le résultat est un véritable « Thriller SF chorégraphique » pour cinq danseurs, qui rappelle aux spectateurs de tous âges combien le monde a besoin d’histoires.


C' est un spectacle hors norme, digne d'un roman de science fiction bien trempé pourtant dans une réalité politique et éthique de notre futur proche. Une voix omniprésente  baigne d'un son monocorde et envoûtant l'atmosphère oppressante qui s'installe très rapidement sur le plateau. Un conte qui n'est pas de fée égrène une histoire de renoncement à la liberté si l'on ne souhaite pas s'affranchir du joug de la dictature de comportement dicté par l autorité. Cinq danseurs vont se frotter à ce récit documentaire de propagande pour la planète Normandie le paradis des humains robotisés et asservis par un régime autoritaire qui les astreint et les contraint de force à se soumettre. La danse prend forme de mouvements tetaniques récurrents.brusques.violents pour les corps jetés dans la bataille.le consentement ou la résistance.Corps hatletiques projetés dans l'espace,mouvements saccadés rompus à un rythme effréné. Dans l'urgence de la perte du don de soi,de l'engagement sans borne des danseurs. La puissance de l'écriture chorégraphique est sans limite et les interprètes galvanisés par la musique tonique et rude se donne sans compter.Une performance sous tension autant pour le spectateur impliqué que pour ces généreux artistes ,danseurs de toute leur énergie solidaire et collective.Un travail en amont avec le chorégraphe.dialogue.suggestions et propositions à l'appui. Pas de paraphrase ni d'illustration du récit,mais une narration très personnelle des corps sollicités. Quel travail remarquable pour cette compagnie aguerrie au partage et à l'entreprise commune d'une œuvre unique et enthousiasmant.Courage et détermination pour lutter contre l'oppression possible et le danger encouru d'une politique de répression et de sabotage de la liberté d'expression.Un "Metropolis" du cinéma 
Très inspiré du rythme,de l'urgence de danser pour se maintenir debout dans la dignité. 

 Création 2025 - Pièce pour 5 interprètes
Chorégraphie et mise en scène : Anton Lachky - Texte : Eléonore Valère-Lachky
Avec : Lysanne Van Berlo, Cassandre Cantillon, Nino Patuano, Yamuna Huygen, Lewis Cooke/ en alternance avec Pjotr Nuyts
Voix : Eléonore Valère-Lachky
Son : Jérémy Michel
Lumières : Jean-François Philips

Vendredi 5 Décembre a Carros dans le cadre du festival de danse de Cannes au centre culturel forum Jacques Prevert. 


jeudi 4 décembre 2025

"MINIMAL Pépin, Reich, Bärtsch, Washington,Song" : vous avez dit "minimal"? Les percussions de Strasbourg "XXL"....

 


Récital pour 2 vibraphones et 2 marimbas explorant le registre minimaliste, par Les Percussions de Strasbourg ⎼ Concert de sortie d’album à Strasbourg.

Un concert sous les signe du "minimalisme" pour une formation unique en son genre: marimbas et vibraphones en majesté.


Le programme (1h15)

Camille Pépin (1990, France) – Avant, pendant, et pourtant* démarrait le récital, oeuvre pleine de finesse, de douceur, de tempérance, aux accents limpides et lumineux comme cet éclairage subtil tombé des douches de lumières, sur cette architecture instrumentale, digne d'une structure urbaine signée Portzamparc..Eclairages signés Claude Mathia, orfèvre en la matière qui souligne chaque morceau de points lumineux de couleurs vert fluo, ou de cercles magiques concentriques, et magnifie la scène musicale percutante.

Au tour de l'oeuvre de Yang Song (1985, Chine) – Ombres* de succéder au morceau inaugural: écriture plus serrée, plus répétitive et enivrante, solide en contrastes inattendus, mêlant douceur et rudesse des percussions : toujours à l'écoute les uns des autres dans une grande jouissance d’exécution collégiale et collective. Comme des carillons flottant dans l'ether, comme des ondes récurrentes de sons qui se répondent, se répandent dans l'espace. Les interprètes tout de noir vêtus, très zen dans des vêtements amples bougent et se meuvent comme des danseurs souples et attentifs. 


C'est Steve Reich (1936, USA) – avec "Mallet Quartet", le morceau à l'origine du projet artistique de "minimal" qui fédère la ligne directrice éditoriale de ce concert unique en son genre. On y retrouve et redécouvre toute la rigueur enchanteresse du grand maitre avec des fantaisies sonores rares et dissimulées sous la virtuosité des musiciens, leur exigence et excellence musicale: marque de fabrique de l'ensemble.

Nik Bärtsch (1971, Suisse) – Seven Eleven enchaine joyeusement, oeuvre sérieuse et rigoureuse, très précise comme l'écriture de celui que l'on connait comme pianiste très inspiré. Perles de pluie, notes égrenées à l'envi dans une atmosphère aérienne, douce autant que parfois vindicative.

Shelley Washington (1991, USA) – avec Sunday fait la clôture du concert en beauté, toujours dans des registres très contrastés de la frappe solide, au touché méticuleux et subtil des mailloches sur marimbas et vibraphones. Le quatuor d'interprètes toujours en mouvements, a l'affut de tous ces changements de rythmes, vibrant d'émotions et de sensations , passeurs de tempéraments et de fougue évidente.

Un concert qui annonçait le "départ" de "Tâm",  Minh-Tâm Nguyen de la direction de l'ensemble, salué par ses pairs, compagnons et complices, tout son fidèle et indéfectible environnement humain. Une intervention de ce musicien-danseur hors pair au service de la musique, de ses amateurs, de son public local autant qu'international! La nouvelle directrice, percussionniste bulgare Vassilena Serafimova, émue par tant d'empathie se présentait, fidèle à l'esprit "maison", maison de la haute couture musicale dédiée à la percussion dans tous ses états!
* commandes Percussions de Strasbourg


 Musicien·nes Minh-Tâm Nguyen, Lou Renaud-Bailly, Thibaut Weber, Hsin-Hsuan Wu

 Jeudi 04 décembre, 20h
Théâtre de Hautepierre, Strasbourg

mercredi 3 décembre 2025

Koen Augustijnen & Rosalba Torres Guerrero Siamese Cie: "Amours aveugles": le lyrisme de la danse

 


Amours Aveugles

Dans Amours Aveugles, Koen Augustijnen et Rosalba Torres Guerrero revisitent deux chefs-d’œuvre de Monteverdi : Orfeo (1607), où le poète perd Eurydice pour toujours aux enfers, et Il Combattimento di Tancredi e Clorinda (1624), où deux amants s’entretuent sans se reconnaître. Ces récits d’amours impossibles et tragiques, traversés de passions contradictoires, deviennent matière à une danse intense et bouleversée. Trois couples se partagent la scène : deux danseur·se·s, deux accordéonistes et un duo lyrique. La musique baroque y est interprétée exclusivement à l’accordéon, un choix inattendu et audacieux. Instrument populaire par excellence, l’accordéon imprime aux œuvres savantes une sensualité nouvelle, entre bal, tango et lyrisme. Cette réinvention musicale ouvre un espace vibrant où le tragique s’enracine dans le désir, où les corps, guidés par leur pulsion vitale, se contournent et se heurtent. Une manière de rendre Monteverdi profondément contemporain, charnel et accessible.


A colin- maillard, Amours Aveugles déambule, divague à loisir sur la carte du tendre en sillon, méandres et labyrinthes musicaux."Ottone, Ottone" de Anne Teresa de Keersmaeker revisitait "le couronnement de Poppée" de Monteverdi avec délicatesse, brio et élégance. Ici Koen Augustijnen brusque la donne en mêlant danse, chant et accordéons pour le plus bel ensemble de musique de chambre minimal et unique en son gente. Avec le mythe de Tancrède et Clorinde, il fait se confronter le lyrisme de la voix, de l'accordéon et des corps dansant avec lucidité et virtuosité. Le couple de danseurs s'y affronte de front avec une vélocité, une allure sidérante, ourlée d'instants de grâce fluide et très sensuelle.

Duo, duel de l'un à l'autre, félin pour l'autre dans des divagations spatiales mesurées et pointées comme le chant lyrique qui soutient et accompagne leurs ébats. Mouvements chaloupés, autant que retenus dans les épaules pour les évolutions de Nicolas Manzoni, fulgurant Tancrède, incarné, vivant, habité par une fougue sans égal.Elle, virtuose de la fluidité, de la sensualité, déborde de lyrisme et de musicalité gestuelle. C'est Meritxell Checa, divine Clorinde qui s'impose dans cette lutte des corps, ces repoussés ou cette attirance irrévocable de l'un à l'autre. Dans un costume qui dévoile ses épaules nues à la sculpture idéale, elle va et vient, fébrile, haletante, aux aguets de la moindre étincelle de danse de son partenaire.

Alors que les deux accordéonistes, Philippe Thuriot et Gwen Cresens se partagent l'univers musical de leur souffle inouï et novateur. Les voix des partenaires chanteurs se fondent littéralement dans le mouvement, rythmant et colorant la danse dans des atours baroques très assurés. Liesbeth Devos, soprano au timbre profond et gouteux dialogue avec la danseuse jusqu'à être son miroir et esquisse des gestes dansés fort appropriés à la quête du personnage.Est-ce son double, son mentor, sa muse ou sa déesse Echo, on s'imagine une époque intemporelle à travers leurs interprétations respectives. Matthew Long tient la scène de sa voix chaleureuse à la tessiture vagabonde et sa présence très charnelle. Un texte traduit les paroles de l'opéra pour nous guider dans la compréhension du livret. Pas de paraphrase ni de mimétisme dans la chorégraphie qui part vers d'autres allusions. Les costumes, tunique noire pour Tancrède le chevalier amoureux fou, longue robe de plumes et de poils au bustier béant pour Clorinde.
 

Deuxième tableau de la soirée avec Orphée, oeuvre passée au crible de toutes les influences jusqu'au flamenco tonitruant et fougueux de la danseuse, accompagnée par les gestes arrondis, précis et très toniques du danseur. C'est un régal de joie et de passion riante, contagieuse sur le plateau et la robe noire plissée fendue de rouge à la Mariano Fortuny est source d'une plasticité féroce. Toute la verve de la danse est sur le plateau nu comme une évidence lyrique sans égal et les corps deviennent passeurs de musique, vecteurs de fluidité inégalé. Koen Augustijnen et Rosalba Torres Guerrero se révèlent ici grands lecteurs de Monteverdi, plein d'audace et de culot face à une oeuvre mythique. "Étonnez moi ", toujours au seuil de l'inconnu de l'écriture chorégraphique ici source de bonheur et de musicalité incarnée.

A Pole Sud les 3 et 4 Décembre 

La robe Delphos est une robe inventée en 1907 par Mariano Fortuny y Madrazo et sa femme Henriette Negrin. Ce vêtement de soie a suscité un grand intérêt, tant par la liberté de mouvement qu'il permet, que pour sa technique de fabrication, rompant avec les créations habituelles des couturiers, plus rigides.

 et l'exposition "parterre" en sus!


A la façon de Jordi Colomer, plasticien performeur qui arpentait les rues muni d'un panneau de revendication, à la verticale,Koen s'impose  lui aussi vagabond de l'espace dans cette exposition miracle de l'apesanteur et du corps par terre.


L’origine de projet photographique porté par le danseur et chorégraphe flamand Koen Augustijnen, se retrouve dans un bar de Bruxelles. Un moment d’impatience et une forte habitude acquise depuis ses débuts aux ballets C de la B. de ne pas craindre se jeter au sol entraînent, un jour, Koen à se coucher parterre de manière inattendue. De cette première expérience, le danseur engage peu à peu une sorte de rituel qu’il transporte dans différents lieux au cours de ses voyages. Il s’allonge ainsi sans but, face contre sol, dans des endroits improbables ou désignés et cette salutation têtue à la terre prend les allures d’une rébellion pacifique, une résistance calme qui avoue son impuissance. A la violence du monde, Koen répond par ce temps d’inertie qui convoque l’étrangeté de la différence, l’audace du non faire dans le mouvement perpétuel du monde. La position rappelle les corps immobilisés au sol dans les violences policières tout comme il peut évoquer la posture finale du danseur dans
« L’après-midi d’un faune ». Ce corps couché dans le bruissement du monde inquiète autant qu’il provoque par son étrangeté.
Cette posture intime rendue publique bouleverse l’ordre ambiant et nous interpelle sur la force d’un corps simplement exposé. Il peut se fondre dans des escaliers, sembler rejeté par la mer sur une plage, honorer humblement le Mont Michel comme les pèlerins savent le faire en se pliant tout entier devant le Christ, chacun y trouvera une interprétation plausible en fonction du cadre.
Ce corps non dansant souligne, dans son immobilité, la beauté d’un paysage ou d’un lieu et en requalifie tout le relief. Il nous invite à un temps d’arrêt, un ralentissement salvateur dans notre course.