Dans l’installation Figures, titre provisoire Lola Maria Muller retraçait à travers un dispositif entre le livre, le film et la fresque son périple à travers les paysages des roches du Eldhraun, en Islande, formé à la fin du XVIIe siècle par une éruption volcanique qui a englouti les lieux sous des torrents de lave. Cette œuvre poursuivait déjà la recherche de Lola Maria Muller autour de « l’expérience du paysage ».
Cette fois l'exposition "Autobahn" cet été en Avignon à la Galerie du Verbe Incarné poursuit cette aventure singulière d'un corps intégrant le paysage dans son déplacement physique: la photographe est au volant d'un véhicule qui sillonne les autoroutes et saisit le paysage industriel ou "bucolique"dans la vitesse-mouvement de sa circulation. Pas de cliché "harmonieux" ni réfléchi, pas de pause et de cadrage figé, mais une hallucinante course contre la fixité, l'immobilité. Le regard file doux devant cet arrêt sur image dans la prouesse d'une vision floutée, aspirante, qui vire au vertige de la corporéité insoupçonnée de notre perception. "Physique" est son point de vue fugace, futile comme un balayage rémanent d'un ballet de lumière, de traces et signes au service de photographie immatérielle. Pourtant le sujet est "grave" et pesant: le paysage industriel, le no mans'land ou non-lieu qui se profile, indistinct est un territoire magique, ourlé de lignes, de formes évoquant un univers froid, vide, ou seuls les ombres, les matières, les cieux semblent habiter un espace indéterminé, miné d'absence, de désertification, d'abandon.Comme une toile impressionniste contemporaine, nourrie d'une autre histoire laborieuse. Les architectures captées par l’œil à l'affut de l'artiste se métamorphosent, stabiles, mobiles, comme pour un passage, une danse linéaire des formes que la rémanence seule peut provoquer.On y décèle une poésie de l'instant improbable, un soupçon d'onirisme factuel qui renvoie à du rêve, de la magie triviale que ces lieux visités par une voyageuse incongrue provoquent. On chavire réellement devant ces photographies étranges qui prolongent une réalité en œuvre floutée, ou sous l'impact d'un geste d'effacement.Au loin, les formes se transforment puis s'immobilisent dans des postures, attitudes et statures quasi humaines.Le corps de l'artiste impliqué dans ce traçage immédiat d'un état de déplacement perpétuel.
L’exposition « Perspectives XVII » à La Chambre, à Strasbourg, présentait les œuvres des cinq jeunes photographes qui ont bénéficié en 2017 du programme d’accompagnement professionnel « Perspectives ». Les travaux de Morgane Britscher, Mélodie Meslet-Tourneux, Lola Maria Muller, Hélène Thiennot et Amandine Turri Hoelken reflètent la diversité de la création contemporaine émergente.s
Et à la manière de Kraftwerk:"Wir fahren, fahren, fahren auf der Autobahn Wir fahren, fahren, fahren auf der Autobahn Vor uns liegt ein weites Tal Die Sonne scheint mit Glitzerstrahl Wir fahren, fahren, fahren auf der Autobahn Wir fahren, fahren, fahren auf der Autobahn Fahrbahn ist ein graues Band Weiße Streifen, grüner Rand"......