Très belle prestation pour le dernier spectacle du festival estival "Summerlied" à Ohlungen ce dimanche 17 Aout sur la "grande scène de la clairière": un étrange ""Rendez vous des voix sauvages"!
Une création originale signée du talentueux musicien touche à tout "Matskat"
Au centre du débat artistique la "langue" celle qui n'est pas de bois, celle qui pend et se "suspend à une corde à linge, celle qu'il faut tourner sept fois avant d'ouvrir sa bouche: mais pour parler quelle langue, quel dialecte?"Parle comme le bec t'a poussé" et voici de beaux aveux humoristiques sur notre franc parler à partir de l'histoire cocasse d'un homme qui a perdu la voix, "le son": une tête de mule qui ne veut plus émettre nulle parole à cause d'un "blocage": quand le flot de langues fait un bouchon dans sa glotte et ne sort plus rien que des gestes dignes d'un Chaplin.
C'est à Jean Philippe Meyer qu'incombe ce beau rôle de créature sans le son mais avec beaucoup de sensations à transmettre. L'incapacité de communiquer dans ce monde farfelu et agité qui se démène autour de lui fait écho aux bruits de la planète bigarrée qui l'entoure.
Tout dans ce spectacle atypique augure du bon ton, de la joie, de la compréhension!
On y accueille les manouches en faisant connaissance avec leur langue, la musique et la danse.
A noter la très sensible présence sur scène de la très discrète danseuse Charlotte Dambach, douce et sincère gitane, vêtue décemment des atours d'une romanichelle en herbe, fine et forte à la fois.
Formée au conservatoire de région de Strasbourg, puis auprès de Lucinda Childs, rêveuse de cabaret, la voici dans un beau rôle à sa mesure, au devant de la scène très convaincante: regards au public complices sans jamais s'imposer ni se la jouer.
Elle danse et ondule du bout des doigts, parcourt le plateau avec grâce et aisance, prend la scène et brûle les planches avec sensualité, retenue et abandon à la fois. Belle découverte que cette interprète plus qu'au service de la chorégraphie de Richard Caquelin: une dimension au delà de la simple exécution qui franchit le seuil de l'émotion .
A ses côtés, une rivale et complice, Fanny George, athlétique ballerine et gymnaste, pleine d'entrain , de force et de conviction.
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charlotte dambach, deuxième à droite, au cabaret |
Ce couple de danseuses du cru, ponctue tout le spectacle d'interventions ludiques, divertissantes et pleines de clins d’œil à l'art chorégraphique du cabaret et de la comédie musicale.On se régale de cette distanciation du verbe incarnée par tous les autres protagonistes du spectacle.
Ces "Wildi Stimme" en clôture de Summerlied dixième édition, vaudrait largement une tournée pour rôder cette gageure: un show fort intelligent sur les frontières du langage, jamais didactique, toujours poétique!
«
Wildi Stimme »,
une idée originale pour aborder la voix et les langues autrement !
Autrement ? Les voix sauvages peuvent elles être apprivoisées ?
Et puis d’abord, c’est quoi les « Wildi Stimme », ces voix sauvages ?
Et de quelle langue, de quelles langues parle-t-on ?
Et bien de toutes ou d’aucune, c’est au choix.
Les
langues de la musique, les langues qui groovent, celles qui rentrent
dans notre dedans, même dans un concert dehors, donnent envie de bouger,
de danser ou de pleurer…
Peu importe si elles disent oui, yes, ya ou niet… elles vivent et
nous accrochent, sauvages et libres, universelles, sans frontière… et
elles se mélangent, s’amusent : voix de femmes, voix d’hommes, voix du
chant, voix des acteurs, voies lactées dans le ciel forestier de
Summerlied !
Autour de
Maskat (chant, musiques et textes) et de
Raphaël Scherr (scénario, écriture et mise en espace) avec le concours de
Sylvain Marchal
pour la coordination artistique, « Wildi Stimme », c’est avant tout une
rencontre, une histoire humaine, autour de la création d’un spectacle
qui mêle la world music, les textes et musiques à découvrir, le jazz
manouche, la danse et le jeu d’acteurs, feu de joie autour de la
roulotte des mots et des sons…
Avec une pléiade d’artistes, le sauvage des voix vous donne rendez-vous pour un moment fort, unique et plein de partages.
- Patricia Weller
- Virginie Schaeffer
- Cathy Bernecker
- Marie Chauviere
- René Egles
- Claude Loeffler
- Jean-Philippe Meyer
- Richard Caquelin
- Et les musiciens de Matskat et de Di Mauro Swing