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Pour découvrir les plus belles musiques pour danser!
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• la salsa
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• le hip-hop
jeudi 26 juillet 2018
"Danser contemporain: gestes croisés d'afrique et d'asie du sud de Fréderica Fratagnoli et Mahalia Lassibille
chez deuxième époque
"Un éléphant ça danse énormément" de Arto Paasilinna
"Danse" de Didier Deschamps !
mardi 24 juillet 2018
dimanche 22 juillet 2018
38 ème Festival Montpellier Danse 2018 : "Savoir au fond de soi"
Encore une citation de Jean Paul Montanari, directeur du Festival pour prologue à ces quelques "critiques" sur les spectacles vus à cette courte période A la mi-temps du festival
"Alexandre" de Paula Pi Cie No Drama
Langue étrangère
Un solo basé une une singulière rencontre: celle d'une voix, d'un indien d'une tribu brésilienne des saxandres, avec sa sensibilité musicale, humaine.Puis elle est réellement allé à sa recherche sur les sentiers et les traces du rituel, du chamanisme
Restent de ce curieux et singulier voyage initiatique, des traces et empreintes, physiques et sonores déroutantes Jouant sur scène, seule de son androgénie, Paula Pi danse l'altérité, la simple différence qui confond les genres et tend à les gommer. Masculin, féminin, qu'importe, le geste "neutre" l'emporte allègrement dans une belle sémantique d'une danse apeurée, fragile, sensible mais toujours audacieuse. De bruits de pas dans le noir, on la découvre peu à peu: elle annone un texte de façon quasi calligraphique à la Apollinaire, musicale à la Aperghis. En colonne ou pyramide, elle hoquette, bouscule les syllabes, déstructure le verbe pour en faire un joyeux bégaiement Et ces mouvements d'accompagner cette verve, tonique, rythmée, musicale, empilée à souhait.
En tenue de sport, relax, elle opère sa propre transformation par l'avènement de ce langage parlé, épiphanie de son écriture: Alexandre, c'est elle, ce seul et unique mot perceptible du discours retrouvé de l'Indien. Inclassable créature, elle offre au plateau toute sa générosité et habite l'espace avec force et conviction.Curieuse vélocité des bras et jambes, du mime, des figures classiques y surgissent comme des rémanences inscrites dans son corps. Elle ote sa seconde peau, dans une séquence au sol, au ralenti, très réussie. Quatre rangées de projecteurs semblent la traquer, en diagonale, comme des oriflammes ou drapeaux, leurs ombres portées inquiétantes.
Un solo particulier, ardu mais empli d'interrogations, de suggestions, de pistes d'inflexions, d'interrogations chère à l'interprète unique en son "genre", Paula Pi !
Au Studio Dominique Bagouet
"Une soirée avec Forsythe" de la Compagnie Nacional de Danza de Espana direction Carlos Martinez
Deux opus emblématiques et mythiques du chorégraphe démiurge de notre temps, cele ne se "rate" en aucun cas.
Le mythe Forsythe à l'oeuvre
Au programme:The Vertiginous Thrill of Exactitude" et "Artifact Suite": des frissons et de l'artefact, façon Forsythe à coup sûr!
La première en costumes roses et verts, en variations très classiques, sur pointes, désuètes, semble dater un peu sur une musique très "pompier".Codes, structures parmi les pas de deux, de trois qui s’enchaînent pour les danseuses, aguerries à ce vocabulaire, hommage à Petipa ou Balanchine sans aucun doute. Schubert fera le reste pour le côté académique et grandiloquent.
La deuxième pièce plus groupale démarre avec Bach pour satisfaire à une démonstration du savoir faire et écrire l'espace de Forsythe: alignements drastiques et quasi militaires, batteries de corps dansant à l'unisson, dans un vocabulaire stricte et tricotant les codes classiques à l'envi.En rangs serrés comme en bataillon, la force et l'énergie déployée font figure de démonstration de virtuosité, d'écoute et de frénésie, très étranges. Dérangeantes parfois tant la tension, la tenue et la rigidité de l'exécution est prégnante.
La seconde partie d'Artifact au piano, est la partition d'un corps de métier, de ballet féru de technique et de volonté, performance engagée des sublimes danseurs du ballet espagnol.En costumes colorés, bras, coudes, jambes se déstructurent et vont tambour battant vers un chef d'orchestre tout en noir, s'immoler sur l'autel de la perfection.
En ce qui concerne la troisième pièce du programme, "Ennemy in the figure" c'est à un thriller dansé que l'on assiste, épopée inquiétante de personnages précis et perceptibles, dans des décors mouvants, augmentant suspens et halètements d'inquiétude. C'est beau et malin, les objets entrent en scène, manipulés par les danseurs: cordes et projecteur comme une poursuite infernale à la recherche du coupable, détective et agent secret.
Sur la musique tectonique de Tom Willems, la danse électrise les corps, les possède, en fait ses otages et le spectateur médusé, retient son souffle en apnée!Des costumes frangés, noirs virevoltent en spirale et prolongent l'énergie des gestes, évoquant autant de personnages énigmatiques.Un bestiaire fantastique et fabuleux en surgit, pour un conte de faits très contemporain, mais non moins radieux et possédant le spectateur en facteur lui aussi de trouble et de métamorphoses. Du grand oeuvre.
Au Corum, Opéra Berlioz
"Ballet du Capitole" direction Kader Belarbi
Patchwork in progress
Une soirée très originale, révélant des interprètes remarquables au sein du ballet du Capitole: une très belle et bonne surprise!Trois chorégraphes pour trois créations!
"Adam" chorégraphié parRoy Assaf
Une belle succession de duos sensuels dans des costumes couleur chair; érotisme et étreintes, prises et entrelacs, où les danseurs s'attrapent, se rapprochent, s’interpellent à l'envi. De savantes manipulations entre eux les emportent dans des figures singulières et non moins étonnantes Question de gravité, d'équilibre, de densité.nu
"Mighty Real" chorégraphié par Yasmeen Godder
Un solo impertinent, musique et mots anatomiques en fond, en décalages humoristique décapant.Elle, danse comme un électron libre, efficace, radieuse, c'est Kayo Nagazato
Sol blanc sur fond noir, des va et vient pour un solo poignant, empli de cris, respirations dans un costume sportif où une danse de sorcière sourd des pores de la peau de l'interprète, rugissante. Animal ensorcelant son monde, cri de Munsch pour évoquer la vie, la peur, l'angoisse. L'écriture sur mesure de Yasmeen Godder va comme un gant à cette femme qui danse la passion d'être au monde, tout simplement! Une révélation d'émotion et de sensation de jamais vu, cela se "pointe" !
"Start and dust" chorégraphié par Hillel Kogan
En tenue de sport c'est à une critique de la compagnie que s'adonne deux interprètes à partir du net.
Présentation hiérarchique des cinq danseurs, vie privée évoquée comme pour une audition, un repérage ou une embauche. C'est drôle et décapant, alors que les danseurs s'adonnent à la pratique de techniques et démonstration diverse de savoir faire.Manèges classiques, et autres effets virtuoses. Des solos pour chacun et la verve et l'humour déjà reconnu de Kogan font mouche: c'est si rare, et si engagé, assumé que l'on y croit laisse libre arbitre à l'auteur de tous ses choix et partis pris!
De l'audace pour ce programme subversif, détergeant, explosif et créatif: oui, la ballet du Capitole lave plus blanc et assure au langage chorégraphique émergeant "un bel avenir"
Au Théâtre Grammont
Quant au Festival, on lui doit toujours cette belle exclamation : "Étonnez- moi"!
Et il y a de quoi!
"Alexandre" de Paula Pi Cie No Drama
Un solo basé une une singulière rencontre: celle d'une voix, d'un indien d'une tribu brésilienne des saxandres, avec sa sensibilité musicale, humaine.Puis elle est réellement allé à sa recherche sur les sentiers et les traces du rituel, du chamanisme
Restent de ce curieux et singulier voyage initiatique, des traces et empreintes, physiques et sonores déroutantes Jouant sur scène, seule de son androgénie, Paula Pi danse l'altérité, la simple différence qui confond les genres et tend à les gommer. Masculin, féminin, qu'importe, le geste "neutre" l'emporte allègrement dans une belle sémantique d'une danse apeurée, fragile, sensible mais toujours audacieuse. De bruits de pas dans le noir, on la découvre peu à peu: elle annone un texte de façon quasi calligraphique à la Apollinaire, musicale à la Aperghis. En colonne ou pyramide, elle hoquette, bouscule les syllabes, déstructure le verbe pour en faire un joyeux bégaiement Et ces mouvements d'accompagner cette verve, tonique, rythmée, musicale, empilée à souhait.
En tenue de sport, relax, elle opère sa propre transformation par l'avènement de ce langage parlé, épiphanie de son écriture: Alexandre, c'est elle, ce seul et unique mot perceptible du discours retrouvé de l'Indien. Inclassable créature, elle offre au plateau toute sa générosité et habite l'espace avec force et conviction.Curieuse vélocité des bras et jambes, du mime, des figures classiques y surgissent comme des rémanences inscrites dans son corps. Elle ote sa seconde peau, dans une séquence au sol, au ralenti, très réussie. Quatre rangées de projecteurs semblent la traquer, en diagonale, comme des oriflammes ou drapeaux, leurs ombres portées inquiétantes.
Un solo particulier, ardu mais empli d'interrogations, de suggestions, de pistes d'inflexions, d'interrogations chère à l'interprète unique en son "genre", Paula Pi !
Au Studio Dominique Bagouet
Deux opus emblématiques et mythiques du chorégraphe démiurge de notre temps, cele ne se "rate" en aucun cas.
Le mythe Forsythe à l'oeuvre
Au programme:The Vertiginous Thrill of Exactitude" et "Artifact Suite": des frissons et de l'artefact, façon Forsythe à coup sûr!
La première en costumes roses et verts, en variations très classiques, sur pointes, désuètes, semble dater un peu sur une musique très "pompier".Codes, structures parmi les pas de deux, de trois qui s’enchaînent pour les danseuses, aguerries à ce vocabulaire, hommage à Petipa ou Balanchine sans aucun doute. Schubert fera le reste pour le côté académique et grandiloquent.
La deuxième pièce plus groupale démarre avec Bach pour satisfaire à une démonstration du savoir faire et écrire l'espace de Forsythe: alignements drastiques et quasi militaires, batteries de corps dansant à l'unisson, dans un vocabulaire stricte et tricotant les codes classiques à l'envi.En rangs serrés comme en bataillon, la force et l'énergie déployée font figure de démonstration de virtuosité, d'écoute et de frénésie, très étranges. Dérangeantes parfois tant la tension, la tenue et la rigidité de l'exécution est prégnante.
La seconde partie d'Artifact au piano, est la partition d'un corps de métier, de ballet féru de technique et de volonté, performance engagée des sublimes danseurs du ballet espagnol.En costumes colorés, bras, coudes, jambes se déstructurent et vont tambour battant vers un chef d'orchestre tout en noir, s'immoler sur l'autel de la perfection.
En ce qui concerne la troisième pièce du programme, "Ennemy in the figure" c'est à un thriller dansé que l'on assiste, épopée inquiétante de personnages précis et perceptibles, dans des décors mouvants, augmentant suspens et halètements d'inquiétude. C'est beau et malin, les objets entrent en scène, manipulés par les danseurs: cordes et projecteur comme une poursuite infernale à la recherche du coupable, détective et agent secret.
Sur la musique tectonique de Tom Willems, la danse électrise les corps, les possède, en fait ses otages et le spectateur médusé, retient son souffle en apnée!Des costumes frangés, noirs virevoltent en spirale et prolongent l'énergie des gestes, évoquant autant de personnages énigmatiques.Un bestiaire fantastique et fabuleux en surgit, pour un conte de faits très contemporain, mais non moins radieux et possédant le spectateur en facteur lui aussi de trouble et de métamorphoses. Du grand oeuvre.
Au Corum, Opéra Berlioz
Patchwork in progress
Une soirée très originale, révélant des interprètes remarquables au sein du ballet du Capitole: une très belle et bonne surprise!Trois chorégraphes pour trois créations!
"Adam" chorégraphié parRoy Assaf
Une belle succession de duos sensuels dans des costumes couleur chair; érotisme et étreintes, prises et entrelacs, où les danseurs s'attrapent, se rapprochent, s’interpellent à l'envi. De savantes manipulations entre eux les emportent dans des figures singulières et non moins étonnantes Question de gravité, d'équilibre, de densité.nu
"Mighty Real" chorégraphié par Yasmeen Godder
Un solo impertinent, musique et mots anatomiques en fond, en décalages humoristique décapant.Elle, danse comme un électron libre, efficace, radieuse, c'est Kayo Nagazato
Sol blanc sur fond noir, des va et vient pour un solo poignant, empli de cris, respirations dans un costume sportif où une danse de sorcière sourd des pores de la peau de l'interprète, rugissante. Animal ensorcelant son monde, cri de Munsch pour évoquer la vie, la peur, l'angoisse. L'écriture sur mesure de Yasmeen Godder va comme un gant à cette femme qui danse la passion d'être au monde, tout simplement! Une révélation d'émotion et de sensation de jamais vu, cela se "pointe" !
"Start and dust" chorégraphié par Hillel Kogan
En tenue de sport c'est à une critique de la compagnie que s'adonne deux interprètes à partir du net.
Présentation hiérarchique des cinq danseurs, vie privée évoquée comme pour une audition, un repérage ou une embauche. C'est drôle et décapant, alors que les danseurs s'adonnent à la pratique de techniques et démonstration diverse de savoir faire.Manèges classiques, et autres effets virtuoses. Des solos pour chacun et la verve et l'humour déjà reconnu de Kogan font mouche: c'est si rare, et si engagé, assumé que l'on y croit laisse libre arbitre à l'auteur de tous ses choix et partis pris!
De l'audace pour ce programme subversif, détergeant, explosif et créatif: oui, la ballet du Capitole lave plus blanc et assure au langage chorégraphique émergeant "un bel avenir"
Au Théâtre Grammont
Quant au Festival, on lui doit toujours cette belle exclamation : "Étonnez- moi"!
Et il y a de quoi!
38 ème Festival Montpellier Danse 2018 "Parler de l'Etat du Monde"
Jean Paul Montanari n'a de cesse de se questionner, de voir et regarder se tisser un panorama de "L'Etat du Monde" à travers les transversales des états de corps et de pensées des chorégraphes d'aujourd'hui
En voici un petit aperçu glané comme Agnes Varda au fil de quelques spectacles choisis et rencontres fertiles durant un court mais intense séjour à Montpellier.
"aSH, pièce pour Shantala Shivalingappas" chorégraphié par Aurélien Bory Cie 111
Phoenix
De la rencontre du chorégraphe circassien, metteur en scène et espace avec la danseuse indienne "aux identités plurielles", cette pièce rend hommage à Shiva, dieu( ou ici déesse de la Danse).
Un décor grandiose fait de cendres, de matière consumée, évoquant autant la fertilité que la mort au bûcher de la religion hindouiste.Lieu de crémation, lieu de destruction des phénomènes volcaniques, mémoire et objet de rituel, la cendre va être moteur et matière première pour la danse et la mouvance d'une étoile du Kuchipudi, danse traditionnelle ici refondue dans tous ces aspects contemporains .
Entre Shiva et Dionysos, c'est la danse de Nietsche qui est ici conviée, danse des dieux, danse d'une femme encerclée par un décor omniprésent qui va lui permettre de s'élever, de rencontrer d'autres espaces où faire naître un bougé singulier entre tradition et inventivité.
Traces et signes foulés au sol, empreintes de l'énergie des mouvements qui dessinent au sol un parcours calligraphié, éphémère, sensible.
A son "habitude" Aurélien Bory permet à une interprète de prêter, de céder, d'offrir sa signature, sa gestuelle pour souligner altérité et singulariré
Une atmosphère irréelle, de particules brouillées, éphémères et fugaces pour un "brasier" où la danse telle un phœnix renaît de ses cendres: creuset sensible, fragile, poreux pour une gestuelle raffinée, sereine et inspirée
Au Théâtre Grammont
"Là" de Baro d'Evel chorégraphié et dansé par Camille Decourtye et Blai Mateu Trias
Oiseau de proie
"Pièce en blanc et noir pour deux humains et un cordeau pie" pourrait être le condensé de cet opus saisissant, hybride dialogue entre humains et volatiles, entre croyances maléfiques et rédemption, résurrection du mystère des plus belles légendes.
Dans le white cube, c'est un accouchement d'un passe muraille que naît dans une maïeutique opérationnelle, un personnage dans une pâle clarté, sonorisée par quelques commentaires off et une magnifique voix sonorisée. Suit un délire corporel orgasmique, animal sur ce chant litanique, tétanique, calligraphie de peintre ou pantin : un personnage est né, c'est Gus, grandiloquent, subtil, comique en diable. L'absurde va gagner le plateau avec l’apparition fugitive d'un volatile encombrant, inquisiteur. Une pie, un corbeau, dressé pour s'envoler à son gré dans cet univers à traverser sans vergogne.En noir et blanc, cette pièce entre équilibre et déséquilibre est une ode à la découverte de l'animalité, de l'altérité dans un humour et une rare tonicité Energie des deux compères sur la scène, sur le praticable, circassiens, comédien, chanteur et conteur à la fois: le duo est osmose, fusion, symbiose et cet étrange ambiance à la Hitchcock, séduit, ravit, emporte et capture le spectateur, comme participant à ce monde merveilleux.Un conte de notre temps où tout est possible, ou entendre parler un oiseau serait possible, ou sentir un duo de corps aussi puissant, une correspondance évidente entre deux esprits, bâtisseurs d'empire.
A la Kafka ou Boris Vian. Une descente de paroi désopilante, où les corps se relaient permet d'évaluer toute la virtuosité et la prise de risque des acteurs surdoués.
La calligraphie de noir, tracée au mur par la pression et l'impact des corps fait office d'oeuvre plastique: comme des pinceau à la Pollock, des empreintes à la Klein, du dripping instantané de corps animés.
Au Théâtre de la Vignette
"Canine Jaunâtre 3 " chorégraphié par Marlène Monteiro Freitas pour la Batsheva Dance Compagny
La dent dure !
Un match de collège, en uniformes noir et blanc, pour un rituel de joueurs sportifs qui chantent, pacifiquement plutôt qu'en rebelles surexcités. Une mêlée derrière un filet pour scénographie et le décor, l'ambiance sont posées.
Un bon et truculent tableau d'échauffement plein d'humour et de distanciation fonctionne comme une machinerie, mécanique policée, robotique avec des propositions d'attitudes multiples, passées à la moulinette du regard de Marlène Montéro Freitas !Comme des pingouins verts et bleus, les figures se meuvent, habitent le plateau, la surface de réparation et l'espace: théâtre de carton, d'images animées: des grimaces grotesques sur les visages des joueurs, une danse tétaniue sur fond de samba: c'est un rituel diabolique et satanique qui se déroule devant nous dans une cour des miracles "moche" où les canines seraient jaunes et sales, les bouches ouvertes, grandes et prononçant le chiffre fétiche "3" !
Des petits groupes se constituent hors de la meute, rythment la danse, éparpillent les points de vue. Images de cabaret déjanté pour vampires, cris d'oiseaux et de mouettes: un bestiaire fantastique se dessine, de longues chevelures s'ébrouent, des formes hybrides naissent et s'effacent La métamorphose est reine et resplendit dans cette ode démente à la fantaisie Une pause bananes et un épisode voisin d'une évocation du Lac des Cygnes pour une claque aux signes avant coureurs de repérage.C'est tout cela le cadeau Monteiro Freitas aux danseurs très "perméables" de la danse "gaga" de la Batsheva Dance Compagny de Ohad Naharin! Toute leurs capacité à s'ouvrir et se fondre dans l'écriture et l'esprit d'une autre chorégraphe se révèle ici en majuscule, en majesté.
Et si la canine est jaune ici personne n'a la dent dure pour se brosser des conventions et accéder à la jouissance débordante de la création jouissive d'une pièce oscillant entre match et performance
Au théâtre de l'Agora
En voici un petit aperçu glané comme Agnes Varda au fil de quelques spectacles choisis et rencontres fertiles durant un court mais intense séjour à Montpellier.
Phoenix
De la rencontre du chorégraphe circassien, metteur en scène et espace avec la danseuse indienne "aux identités plurielles", cette pièce rend hommage à Shiva, dieu( ou ici déesse de la Danse).
Un décor grandiose fait de cendres, de matière consumée, évoquant autant la fertilité que la mort au bûcher de la religion hindouiste.Lieu de crémation, lieu de destruction des phénomènes volcaniques, mémoire et objet de rituel, la cendre va être moteur et matière première pour la danse et la mouvance d'une étoile du Kuchipudi, danse traditionnelle ici refondue dans tous ces aspects contemporains .
Entre Shiva et Dionysos, c'est la danse de Nietsche qui est ici conviée, danse des dieux, danse d'une femme encerclée par un décor omniprésent qui va lui permettre de s'élever, de rencontrer d'autres espaces où faire naître un bougé singulier entre tradition et inventivité.
Traces et signes foulés au sol, empreintes de l'énergie des mouvements qui dessinent au sol un parcours calligraphié, éphémère, sensible.
A son "habitude" Aurélien Bory permet à une interprète de prêter, de céder, d'offrir sa signature, sa gestuelle pour souligner altérité et singulariré
Une atmosphère irréelle, de particules brouillées, éphémères et fugaces pour un "brasier" où la danse telle un phœnix renaît de ses cendres: creuset sensible, fragile, poreux pour une gestuelle raffinée, sereine et inspirée
Au Théâtre Grammont
"Là" de Baro d'Evel chorégraphié et dansé par Camille Decourtye et Blai Mateu Trias
Oiseau de proie
"Pièce en blanc et noir pour deux humains et un cordeau pie" pourrait être le condensé de cet opus saisissant, hybride dialogue entre humains et volatiles, entre croyances maléfiques et rédemption, résurrection du mystère des plus belles légendes.
Dans le white cube, c'est un accouchement d'un passe muraille que naît dans une maïeutique opérationnelle, un personnage dans une pâle clarté, sonorisée par quelques commentaires off et une magnifique voix sonorisée. Suit un délire corporel orgasmique, animal sur ce chant litanique, tétanique, calligraphie de peintre ou pantin : un personnage est né, c'est Gus, grandiloquent, subtil, comique en diable. L'absurde va gagner le plateau avec l’apparition fugitive d'un volatile encombrant, inquisiteur. Une pie, un corbeau, dressé pour s'envoler à son gré dans cet univers à traverser sans vergogne.En noir et blanc, cette pièce entre équilibre et déséquilibre est une ode à la découverte de l'animalité, de l'altérité dans un humour et une rare tonicité Energie des deux compères sur la scène, sur le praticable, circassiens, comédien, chanteur et conteur à la fois: le duo est osmose, fusion, symbiose et cet étrange ambiance à la Hitchcock, séduit, ravit, emporte et capture le spectateur, comme participant à ce monde merveilleux.Un conte de notre temps où tout est possible, ou entendre parler un oiseau serait possible, ou sentir un duo de corps aussi puissant, une correspondance évidente entre deux esprits, bâtisseurs d'empire.
La calligraphie de noir, tracée au mur par la pression et l'impact des corps fait office d'oeuvre plastique: comme des pinceau à la Pollock, des empreintes à la Klein, du dripping instantané de corps animés.
Au Théâtre de la Vignette
La dent dure !
Un match de collège, en uniformes noir et blanc, pour un rituel de joueurs sportifs qui chantent, pacifiquement plutôt qu'en rebelles surexcités. Une mêlée derrière un filet pour scénographie et le décor, l'ambiance sont posées.
Un bon et truculent tableau d'échauffement plein d'humour et de distanciation fonctionne comme une machinerie, mécanique policée, robotique avec des propositions d'attitudes multiples, passées à la moulinette du regard de Marlène Montéro Freitas !Comme des pingouins verts et bleus, les figures se meuvent, habitent le plateau, la surface de réparation et l'espace: théâtre de carton, d'images animées: des grimaces grotesques sur les visages des joueurs, une danse tétaniue sur fond de samba: c'est un rituel diabolique et satanique qui se déroule devant nous dans une cour des miracles "moche" où les canines seraient jaunes et sales, les bouches ouvertes, grandes et prononçant le chiffre fétiche "3" !
Des petits groupes se constituent hors de la meute, rythment la danse, éparpillent les points de vue. Images de cabaret déjanté pour vampires, cris d'oiseaux et de mouettes: un bestiaire fantastique se dessine, de longues chevelures s'ébrouent, des formes hybrides naissent et s'effacent La métamorphose est reine et resplendit dans cette ode démente à la fantaisie Une pause bananes et un épisode voisin d'une évocation du Lac des Cygnes pour une claque aux signes avant coureurs de repérage.C'est tout cela le cadeau Monteiro Freitas aux danseurs très "perméables" de la danse "gaga" de la Batsheva Dance Compagny de Ohad Naharin! Toute leurs capacité à s'ouvrir et se fondre dans l'écriture et l'esprit d'une autre chorégraphe se révèle ici en majuscule, en majesté.
Et si la canine est jaune ici personne n'a la dent dure pour se brosser des conventions et accéder à la jouissance débordante de la création jouissive d'une pièce oscillant entre match et performance
Tranversales au 72 Festival d'Avignon 2018: Karelle Prugnaud, Ali Chahrour : d'autres rives.
Des "K" particuliers: des jumelles sur les toits et le deuil en Iran: autant de sujets palpitants pour créateurs singuliers...Voyons, écoutons voir....
"May he rise and smell the fragrance" de Ali Chahrour
Ode à la mère, mémoire vive.
C'est une ode chantée, mouvante, à la mère, à l'Iran, à une culture du deuil, farouche, amère, vibrante qui fait se secouer, trembler , osciller les corps, sourdre des sons tragiques de la voix de la chanteuse, comédienne, éprise de douleur, de sentiments exacerbés. Rituel de mort conduit pudiquement par la danse et la musique qui célèbrent Ishtar, déesse de la vie et de la fertilité. Lamentations en litanies de la Mère, figure prégnante, éperdue dans ce monde de sacrifices et de légendes terrifiantes de la culture des rites funéraires dans le monde arabe. On en frémit, on vibre, on communie avec ce passage obligé dans les enfers et monde des ténèbres.
La musique est un délice et son écoute est renforcée par la présence du danseur, épris de mouvements très intérieurs, laissant percevoir tressaillements, transe, égarement et abandon.La danse parcourue de frissons, d'attitudes et de postures remarquables, issues d'une longue attention du chorégraphe sur les corps votifs, maîtres d'eux-même: la femme, celle qui survit à l'homme et donne la vie, est mère éplorée mais combative dans un rôle fondamental de pilier de vie....et de mort!
Au Théâtre Benoit XII jusqu'au 17 Juillet
"Léonie et Noélie" de Karelle Prugnaud
Enfance superposée: toi émoi à l'abri du monde
Sur les toits, sur des échafaudages périlleux, deux jumelles avalent le dictionnaire, gobent les mots, déglutissent le verbe et s'aiment à tout rompre, à tout vent.Doublées par deux fantômettes masculines, tout droit sorties de la collection "bibliothèque verte", cl^nes ou doubles fantasmés et fantaisistes. Cette pièce utopique-non lieu- de leurs divagations et digressions verbales et physiques. Costume, uniforme scolaire de pensionnaires studieuses en diable, frange et autres atours de rigueur pour une école de vie stricte. Les images vidéo projetées de chaque côté du mur de la chapelle, élargissant le propos: gratte-ciel vertigineux, mère fusionnelle, berceau de poupons jumeaux et autre policier-Denis Lavant- désopilant.
C'est Noélie et Léonie vont en bateau pour une navigation aérienne pleine de charme et de poésie.Les espaces s'ouvrent au dialogue des corps: la ville prend le dessus, les toits surveillent les deux gamines qui font l'école buissonnière, sèchent les interrogations écrites et ne font pas les bons devoirs de vacances! Justine Martini et Daphné Millefoa, sur un texte de Nathalie Papin méditent sur le monde de la gémellité; s'extraire du monde pour réaliser ses rêves et non ceux des parents, s'envoler dans son altérité, grandir sans le joug de l'autre...."Etre Un" sans l'autre, siamois de la société éducative et castratrice.Encore une métaphore d'un "genre" particulier: les jumelles, êtres complexes, rares et trop souvent considérées comme des accidents naturels.
Les images vidéo, fondamentales de cellules qui se séparent, se dédoublent dans le placenta, d'entrée de jeu situent le phénomène et structurent la pensée de ce spectacle tonitruant, bien rythmé, joyeux et grave à la fois où la densité et la gravité font la nique au dogme sur ce bel échafaudage où s'échafaudent les rêves les plus fous: du Larousse au Petit Robert, quel abécédaire construira les corps et les pensées de ces deux funambules de l'utopie?
Tito Gonzales-Garcia et Karelle Prugnaud, créateurs d'images, excellent dans l'évocation de "villes invisibles", de lumières projetées, évoquant des espaces fantasmés. Images vidéographiées, torturées, disséquées comme ces esprits perturbés par des corps non conformes . Le toit du monde où évoluent les deux figures circassiennes, "stégophiles" s'extrait ainsi des turbulences et fonde un lieu, un endroit à l'envers des conventions.Apesanteur et légèreté peuvent s'y nicher à l'abri des appâts et pièges de la différence à assumer. Belle métaphore plastique, toi émoi, deux jumelles et leur double qui volent à leur secours, et les sauvent de leur destinée toute tracée par les adultes: un agent de sécurité en sera tout turlupiné !
A la Chapelle des Pénitents Blancs jusqu'au 23 Juillet
Ode à la mère, mémoire vive.
C'est une ode chantée, mouvante, à la mère, à l'Iran, à une culture du deuil, farouche, amère, vibrante qui fait se secouer, trembler , osciller les corps, sourdre des sons tragiques de la voix de la chanteuse, comédienne, éprise de douleur, de sentiments exacerbés. Rituel de mort conduit pudiquement par la danse et la musique qui célèbrent Ishtar, déesse de la vie et de la fertilité. Lamentations en litanies de la Mère, figure prégnante, éperdue dans ce monde de sacrifices et de légendes terrifiantes de la culture des rites funéraires dans le monde arabe. On en frémit, on vibre, on communie avec ce passage obligé dans les enfers et monde des ténèbres.
Au Théâtre Benoit XII jusqu'au 17 Juillet
Enfance superposée: toi émoi à l'abri du monde
Sur les toits, sur des échafaudages périlleux, deux jumelles avalent le dictionnaire, gobent les mots, déglutissent le verbe et s'aiment à tout rompre, à tout vent.Doublées par deux fantômettes masculines, tout droit sorties de la collection "bibliothèque verte", cl^nes ou doubles fantasmés et fantaisistes. Cette pièce utopique-non lieu- de leurs divagations et digressions verbales et physiques. Costume, uniforme scolaire de pensionnaires studieuses en diable, frange et autres atours de rigueur pour une école de vie stricte. Les images vidéo projetées de chaque côté du mur de la chapelle, élargissant le propos: gratte-ciel vertigineux, mère fusionnelle, berceau de poupons jumeaux et autre policier-Denis Lavant- désopilant.
Les images vidéo, fondamentales de cellules qui se séparent, se dédoublent dans le placenta, d'entrée de jeu situent le phénomène et structurent la pensée de ce spectacle tonitruant, bien rythmé, joyeux et grave à la fois où la densité et la gravité font la nique au dogme sur ce bel échafaudage où s'échafaudent les rêves les plus fous: du Larousse au Petit Robert, quel abécédaire construira les corps et les pensées de ces deux funambules de l'utopie?
Tito Gonzales-Garcia et Karelle Prugnaud, créateurs d'images, excellent dans l'évocation de "villes invisibles", de lumières projetées, évoquant des espaces fantasmés. Images vidéographiées, torturées, disséquées comme ces esprits perturbés par des corps non conformes . Le toit du monde où évoluent les deux figures circassiennes, "stégophiles" s'extrait ainsi des turbulences et fonde un lieu, un endroit à l'envers des conventions.Apesanteur et légèreté peuvent s'y nicher à l'abri des appâts et pièges de la différence à assumer. Belle métaphore plastique, toi émoi, deux jumelles et leur double qui volent à leur secours, et les sauvent de leur destinée toute tracée par les adultes: un agent de sécurité en sera tout turlupiné !
A la Chapelle des Pénitents Blancs jusqu'au 23 Juillet
La DANSE et ses extensions au Festival d'Avignon 2018
Encore quelques "bonnes adresses" pour être au bon endroit, à la bonne heure avec les bons artistes au cœur de cette programmation, tous "genres confondus" de cette édition 2018 des "rencontres " d'Avignon!
"36, avenue Georges Mandel" de Raimund Hoghe
NPAI, n'habite plus à l'adresse indiquée
Raimund Hoghe de retour au Cloitre des Célestins pour une reprise de son hommage à La Callas: est-ce vraiment une bonne idée de "mettre en plein air" une oeuvre intime, mythique et rituelle qui va se heurter à des connotations multiples?
Il est déjà sur scène, enroulé dans sa couverture -de survie- à la Beyus, coyote sur le plateau nu.
La cérémonie peut commencer: un homme en inaugure l'espace, entre les différents objets disposés au sol, qu'il entoure d'un trait de peinture comme pour signaler les victimes d'une tragédie, d'un meurtre.Et démarre les morceaux choisis des interprétations des grands airs de La Callas: choix judicieux, inédit, fouillé: notre petit homme arpente la scène à la recherche de son identité: talons hauts, chemise blanche. Solitude, errance, sans domicile fixe, dans sa maison de carton ou accoudé au mur, le temps passe et lasse, La Callas est partie sans laisser d'adresse et le "tombeau" est vide.
La magie semble ne plus opérer pour cette oeuvre de "répertoire", malgré la présence magnétique finale d'Emmanuel Eggermont qui déchire le plateau de sa beauté sereine, de ses gestes sobres et recueillis
Que s'est-il passé entre-temps pour que l'adresse et l'écriture du danseur-chorégraphe de l'indicible ait disparue au profit d'un long inventaire de mélodies qui lasse; parfois encore quelques touches d'humour, signifiant que Carmen, c'est de la routine et que le tube de Bizet, ça use. Oui, mais on préfère sans doute Raimund Hoghe, pas le fantôme de Callas, épuisé, éreinté, dépassé, exploré une fois de trop. A réchauffer les œuvres, on ne gagne pas toujours.La Diva déchue et reniée, trahie n'émeut plus.Et la recette est connue.
Réveiller les spectres, n'est pas toujours de bon aloi !
Au Cloitre des Célestins jusqu' au 19 Juillet
"La nuit sans retour" de Monsieur K de Jérôme Marin
Reviens, la nuit ! Mis Knife !
Au "Délirium", un espace singulier, de "nuit" à Avignon: 22H 30 : ça démarre pour une longue nuit style cabaret "Chez Michou", une création pour noctambules friands de transes et de "trans-sexualité" non dissimulée, affichée, assumée, joyeuse et insouciante....C'est "Monsieur K pour succéder à Madame Arthur dans le genre cabaret, monde nocturne de la chanson, bordée de comédie, performance de danse et de travestissement.
Le public est nombreux, curieux de s'encanailler sur fond de gravité poétique et politique. Car le cabaret ici, c'est celui de Paris, autant que de Berlin avec son côté "refuge", terrier, abri contre les conventions et la dictature, contre l'homophobie et autre acte d'exclusion ou de discrimination.
Jusqu'à potron minet, l'ambiance va monter, les voix et les corps se glisser dans des personnages étranges, hybrides, créatures androgynes, énigmatiques, provocantes. Ils donnent de la voix sur cette petite estrade, près du piano, comme confiné, serré dans l'espace réduit d'une convivialité et proximité chaleureuse. Les numéros s'y succèdent dans une ambiance tantôt bon enfant, tantôt tendue de part l'évocation de situations ou de contexte politiques farouches et "gênants".
"Mis knife", "j'entend ta voix" avec Olivier Py est c'est la surprise de recevoir ici des invités conviés à partager le ring !Ça dérange, ça décape et dépote joyeusement: Monsieur K en maître de cérémonie, Monsieur Loyal, comme Karl Valentin, paillettes et strass obligent, plumes ou costume de déconfit, comme oripeau ou peau de vache.La proximité , la promiscuité opèrent et le public, un verre à la main, déguste diatribes, vociférations, chansons et clowneries avec avidité. La "mise en public" fait mouche dans ce décor dépouillé où seuls les talents des artistes séduit et fonctionne au quart de tour. Un "genre" de show très interactif où les stars sont des vedettes de pacotilles attendrissantes ou féroces, ogres ou anges déchus, défroqués, hallucinants. La troupe est galvanisée par un répertoire de chansons cinglantes ou tendres dans une déontologie du genre, exemplaire. On est bien chez Monsieur K et nulle part ailleurs!
Au Délirium les 16 et 17 Juillet 22H 30....4H...
NPAI, n'habite plus à l'adresse indiquée
Raimund Hoghe de retour au Cloitre des Célestins pour une reprise de son hommage à La Callas: est-ce vraiment une bonne idée de "mettre en plein air" une oeuvre intime, mythique et rituelle qui va se heurter à des connotations multiples?
Il est déjà sur scène, enroulé dans sa couverture -de survie- à la Beyus, coyote sur le plateau nu.
La cérémonie peut commencer: un homme en inaugure l'espace, entre les différents objets disposés au sol, qu'il entoure d'un trait de peinture comme pour signaler les victimes d'une tragédie, d'un meurtre.Et démarre les morceaux choisis des interprétations des grands airs de La Callas: choix judicieux, inédit, fouillé: notre petit homme arpente la scène à la recherche de son identité: talons hauts, chemise blanche. Solitude, errance, sans domicile fixe, dans sa maison de carton ou accoudé au mur, le temps passe et lasse, La Callas est partie sans laisser d'adresse et le "tombeau" est vide.
Que s'est-il passé entre-temps pour que l'adresse et l'écriture du danseur-chorégraphe de l'indicible ait disparue au profit d'un long inventaire de mélodies qui lasse; parfois encore quelques touches d'humour, signifiant que Carmen, c'est de la routine et que le tube de Bizet, ça use. Oui, mais on préfère sans doute Raimund Hoghe, pas le fantôme de Callas, épuisé, éreinté, dépassé, exploré une fois de trop. A réchauffer les œuvres, on ne gagne pas toujours.La Diva déchue et reniée, trahie n'émeut plus.Et la recette est connue.
Réveiller les spectres, n'est pas toujours de bon aloi !
Au Cloitre des Célestins jusqu' au 19 Juillet
Reviens, la nuit ! Mis Knife !
Au "Délirium", un espace singulier, de "nuit" à Avignon: 22H 30 : ça démarre pour une longue nuit style cabaret "Chez Michou", une création pour noctambules friands de transes et de "trans-sexualité" non dissimulée, affichée, assumée, joyeuse et insouciante....C'est "Monsieur K pour succéder à Madame Arthur dans le genre cabaret, monde nocturne de la chanson, bordée de comédie, performance de danse et de travestissement.
Le public est nombreux, curieux de s'encanailler sur fond de gravité poétique et politique. Car le cabaret ici, c'est celui de Paris, autant que de Berlin avec son côté "refuge", terrier, abri contre les conventions et la dictature, contre l'homophobie et autre acte d'exclusion ou de discrimination.
Jusqu'à potron minet, l'ambiance va monter, les voix et les corps se glisser dans des personnages étranges, hybrides, créatures androgynes, énigmatiques, provocantes. Ils donnent de la voix sur cette petite estrade, près du piano, comme confiné, serré dans l'espace réduit d'une convivialité et proximité chaleureuse. Les numéros s'y succèdent dans une ambiance tantôt bon enfant, tantôt tendue de part l'évocation de situations ou de contexte politiques farouches et "gênants".
"Mis knife", "j'entend ta voix" avec Olivier Py est c'est la surprise de recevoir ici des invités conviés à partager le ring !Ça dérange, ça décape et dépote joyeusement: Monsieur K en maître de cérémonie, Monsieur Loyal, comme Karl Valentin, paillettes et strass obligent, plumes ou costume de déconfit, comme oripeau ou peau de vache.La proximité , la promiscuité opèrent et le public, un verre à la main, déguste diatribes, vociférations, chansons et clowneries avec avidité. La "mise en public" fait mouche dans ce décor dépouillé où seuls les talents des artistes séduit et fonctionne au quart de tour. Un "genre" de show très interactif où les stars sont des vedettes de pacotilles attendrissantes ou féroces, ogres ou anges déchus, défroqués, hallucinants. La troupe est galvanisée par un répertoire de chansons cinglantes ou tendres dans une déontologie du genre, exemplaire. On est bien chez Monsieur K et nulle part ailleurs!
Au Délirium les 16 et 17 Juillet 22H 30....4H...
samedi 21 juillet 2018
La DANSE au festival IN d'Avignon 2018 : indisciplinée, pas "mauvais genre" !
La Danse des orifices
Après les "corps hétérogènes" d'Alain Buffard dans "Mauvais genre", que faire dire de plus à l'art chorégraphique sur la question du "genre"? Et bien encore et en corps, après Sorour Darabi, pétrit de son premier "Farci.e. ", androgyne à souhait, "il-elle" (le masculin l'emporte toujours sur le féminin !) dans ses propos transcrits,voici quelques pièces emblématiques d'artistes performeurs engagés, Phia Ménard, François Chaignaud, Raimund Hogue.....
"Romances inciertos, un autre Orlando"de François Chaignaud et Nino Laisné
Orlando furioso: chansons de gestes
Création pour le Cloître des Célestins, la pièce fait la part belle au chant, à la voix extra-ordinaire de velouté, de nuances et de timbres de Chaignaud dont on découvre ici toute l'amplitude et la facture sonore, matière riche et dense qui sourd d'un corps au souffle de danseur !
Si la cage thoracique et le diaphragme sont fondamentaux pour l'art "lyrique" Chaignaud ajoute ici des qualités de mouvance, d'inclinaison et de déclinaison corporelle singulière. Personnage multiple, oscillant entre le chevalier, guerrier médiéval ou japonais, samouraï arborant une carapace de bois très "plasticienne", designée comme une icône votive et un chevalier sur échasses, il habite le lieu délicieusement.
Entouré de musiciens, tous issus d'univers baroque ou médiéval, viole de gambe, bandonéon, théorbe et guitare baroque, il se fraye un chemin, grave, cérémonial, à travers l'espace, semant gestes et vocalises dans une langueur délectable, un phrasé et une langue parfaitement maîtrisée, par cœur, par corps imprégnée. Des échasses pour mieux arpenter la surface de répartition d'un match contre la montre, celle du temps qui passe, en dernier ressort. Des pointes pour mieux souligner l'origine de l'élévation, du travestissement des danseurs en ballerine dans certain rôle, pointes martelant le sol, amenant à cette très belle évocation d'un Carmen perdue, esseulée qui traverse la salle pour échouer sur le plateau Visage impassible et pourtant, chorégraphie de chaque trait pour une expression voisine de la Argentina ou de Kazuo Ohno....Artaud n'est pas loin, sa "danse et son double" spectre, divaguant, ectoplasme androgyne, ange sans aile qui hante le Cloître. Quand les feux s'éteignent, le chant se meurt et seule Echo résonne en déesse du souvenir, sans matière.
François Chaignaud et Nino Laisné au vif du sujet, entre ballet de cour, précieux et distingué et cour des miracles, peuplée d'être multi-formes hybrides, en mutation. Du bel ouvrage, une romance, un acte artistique inédit du fond des temps resurgit.
Au Cloître des Célestins jusqu'au 14 Juillet
"Saison Sèche" chorégraphié par Phia Ménard Cie Non Nova
Le sexe faible,anti-sèche décapante.
"Je t'éclate la chatte" en préambule et c'est au processus de création de Phia Ménard que va se frotter "l'origine du monde" Autant dire qu'elle a du "clito" et non pas "des couilles" question de genre !
Plasticienne en diable, la chorégraphe livre ici avec des moyens conséquents une vision fertile d'univers habités par femmes et créatures plastiques, singulières.Nymphes, ballet de sorcières, ronde chamanique fédérative pour un genre féminin, apparenté à ce rôle de mâle de tribu, style "Les Maitres fous de Jean Rouch"
Premier acte: sept danseuses, nues, longues chevelures seront ces proies pour brosser des tableaux très esthétiques et signifiants. Se maculer de couleur ou de noir sur le pubis pour faire des corps une monstration vivante du "Traité des couleurs" de Goethe: et surtout jouer sur l'enveloppe, la peau, le costume: des slips noirs qui ont "les boules" de pétanque et les pieds tanqués. C'est drôle et bien pensé, jamais vulgaire ni provoquant. Simplement, le bon sens près de chez vous: elle a des couilles: alors ok, on en met !
L'habit qui fait le moine défroqué: des cintres, descendent des porte manteaux, comme dans une salle des pendus: à l'intérieur, une garde-robe pour chacune qui n'aura de cesse de tout essayer, de s'y confondre car ce sont des vêtements d'homme !
Danse de macho, de footballeur, de VRP ou PDG, tout y passe en terme de poses, attitudes, gestuelle appropriée au sexe fort!Puis toutes( ou tous) en ligne, le bataillon s'anime pour un défilé militaire aux accents de force de frappe au sol, hallucinant: unisson et diapason au poing. En rang serré comme à L'armée, alarmée. Ou mal armée pour ce combat singulier masculin-féminin: on ne restera pas neutre devant cette avalanche de préjugés, mis à nus par la chorégraphe.En batterie de bêtise, d'idiotie ou en simple constat de réalité sociologique.
Suit une gigantesque catastrophe plastique, mue par des rideaux de fer enserrant le plateau, plafond menaçant, sur ce "white cube", galerie d'art où l'on épate ni n'amuse la galerie.
Univers en noir et blanc, en gris après les couleurs chatoyantes du premier acte.
Longues dégoulinades de matière noire, venues d'un autre univers volcanique, lave ruisselante, le long de toiles plissées qui épongent eau et outre-noir.
Magnifique installation plastique au cœur du spectacle vivant, déchirée par les corps maculés des créatures venues tout droit d'un support surface idéal.
Figuration libre de la Danse plasticienne de Phia Ménard est visionnaire onirique d'une planète souillée au delà du non conventionnel et du décalé obligé de ses propos d'intention.
Bien au delà d'un simple constat: encore de longs soulèvement tectoniques pour mettre à bas les conventions sociales et esthétique de la danse.
Une saison bien 'trempée" dans un caractère de feu et de fouge, de poésie et de tendresse aussi !
A l'Autre Scène du Grand Avignon jusqu'au 24 Juillet .
"Kreatur" chorégraphié par Sasha Waltz
Décadanse
C'est aussi très "plastique" et visuel, mutualisation de costumes "mode" signés Iris van Herpen et architecture scénographique: cette pièce appelle à la contemplation, à la dégustation de gestes entravés par des costumes "à danser" qui ne le sont pas -Christian Lacroix ou Sylvie Skynasi ne le démentiraient pas !
N 'est pas créateur-costumier pour la scène qui veut.
Reste que ces cocons de soie, mus par des corps transparents, ces jupettes noires et bleu profond, ajourées font "collection" de saison et agacent les pupilles. Soudwalk Collective pour le son, et le ton est donné.Cette meute ainsi galvanisée offre quelques beaux instants de sculpture, miroir déformant, reflets virtuels des corps immergé dans des plaques réfléchissantes. Ondoiement des formes mécaniques, virtuelles, esquisses éphémères de calligraphie non pérenne.Un escalier blanc qui ne mène nulle part pour échafauder des univers absurdes, des corps malmenés, dénudés en horde, lâchés à l'envi dans des débordements charnels puissants. Les corps s'inspirent d'espaces fouillés, restreints, emprisonnant les gestes pour faire immerger l'étroitesse et l’exiguïté des univers carcéraux.On retrouve l'artiste, démiurge de la catastrophe, du chaos: au bord du gouffre, on se suspend, résiste, survit, groupés ou solitaire et seule "La Décadanse"de Gainsbourg vient rassurer cette ode au magma pour faire douceur et espoir.Sasha Waltz toujours très pasolinienne, traitant les sujets comme des objets de culte ou de désir. C'est beau et agaçant et ça titille comme "la puce à l'oreille" pour chatouiller la sensibilité et les neurones. Maître de l'architectonique des corps, elle figure ici en proue et signe un opus mémorable.
A l 'Opéra Confluence jusqu'au 14 Juillet
Après les "corps hétérogènes" d'Alain Buffard dans "Mauvais genre", que faire dire de plus à l'art chorégraphique sur la question du "genre"? Et bien encore et en corps, après Sorour Darabi, pétrit de son premier "Farci.e. ", androgyne à souhait, "il-elle" (le masculin l'emporte toujours sur le féminin !) dans ses propos transcrits,voici quelques pièces emblématiques d'artistes performeurs engagés, Phia Ménard, François Chaignaud, Raimund Hogue.....
Orlando furioso: chansons de gestes
Création pour le Cloître des Célestins, la pièce fait la part belle au chant, à la voix extra-ordinaire de velouté, de nuances et de timbres de Chaignaud dont on découvre ici toute l'amplitude et la facture sonore, matière riche et dense qui sourd d'un corps au souffle de danseur !
Si la cage thoracique et le diaphragme sont fondamentaux pour l'art "lyrique" Chaignaud ajoute ici des qualités de mouvance, d'inclinaison et de déclinaison corporelle singulière. Personnage multiple, oscillant entre le chevalier, guerrier médiéval ou japonais, samouraï arborant une carapace de bois très "plasticienne", designée comme une icône votive et un chevalier sur échasses, il habite le lieu délicieusement.
Entouré de musiciens, tous issus d'univers baroque ou médiéval, viole de gambe, bandonéon, théorbe et guitare baroque, il se fraye un chemin, grave, cérémonial, à travers l'espace, semant gestes et vocalises dans une langueur délectable, un phrasé et une langue parfaitement maîtrisée, par cœur, par corps imprégnée. Des échasses pour mieux arpenter la surface de répartition d'un match contre la montre, celle du temps qui passe, en dernier ressort. Des pointes pour mieux souligner l'origine de l'élévation, du travestissement des danseurs en ballerine dans certain rôle, pointes martelant le sol, amenant à cette très belle évocation d'un Carmen perdue, esseulée qui traverse la salle pour échouer sur le plateau Visage impassible et pourtant, chorégraphie de chaque trait pour une expression voisine de la Argentina ou de Kazuo Ohno....Artaud n'est pas loin, sa "danse et son double" spectre, divaguant, ectoplasme androgyne, ange sans aile qui hante le Cloître. Quand les feux s'éteignent, le chant se meurt et seule Echo résonne en déesse du souvenir, sans matière.
François Chaignaud et Nino Laisné au vif du sujet, entre ballet de cour, précieux et distingué et cour des miracles, peuplée d'être multi-formes hybrides, en mutation. Du bel ouvrage, une romance, un acte artistique inédit du fond des temps resurgit.
Au Cloître des Célestins jusqu'au 14 Juillet
Le sexe faible,anti-sèche décapante.
"Je t'éclate la chatte" en préambule et c'est au processus de création de Phia Ménard que va se frotter "l'origine du monde" Autant dire qu'elle a du "clito" et non pas "des couilles" question de genre !
Plasticienne en diable, la chorégraphe livre ici avec des moyens conséquents une vision fertile d'univers habités par femmes et créatures plastiques, singulières.Nymphes, ballet de sorcières, ronde chamanique fédérative pour un genre féminin, apparenté à ce rôle de mâle de tribu, style "Les Maitres fous de Jean Rouch"
Premier acte: sept danseuses, nues, longues chevelures seront ces proies pour brosser des tableaux très esthétiques et signifiants. Se maculer de couleur ou de noir sur le pubis pour faire des corps une monstration vivante du "Traité des couleurs" de Goethe: et surtout jouer sur l'enveloppe, la peau, le costume: des slips noirs qui ont "les boules" de pétanque et les pieds tanqués. C'est drôle et bien pensé, jamais vulgaire ni provoquant. Simplement, le bon sens près de chez vous: elle a des couilles: alors ok, on en met !
L'habit qui fait le moine défroqué: des cintres, descendent des porte manteaux, comme dans une salle des pendus: à l'intérieur, une garde-robe pour chacune qui n'aura de cesse de tout essayer, de s'y confondre car ce sont des vêtements d'homme !
Danse de macho, de footballeur, de VRP ou PDG, tout y passe en terme de poses, attitudes, gestuelle appropriée au sexe fort!Puis toutes( ou tous) en ligne, le bataillon s'anime pour un défilé militaire aux accents de force de frappe au sol, hallucinant: unisson et diapason au poing. En rang serré comme à L'armée, alarmée. Ou mal armée pour ce combat singulier masculin-féminin: on ne restera pas neutre devant cette avalanche de préjugés, mis à nus par la chorégraphe.En batterie de bêtise, d'idiotie ou en simple constat de réalité sociologique.
Suit une gigantesque catastrophe plastique, mue par des rideaux de fer enserrant le plateau, plafond menaçant, sur ce "white cube", galerie d'art où l'on épate ni n'amuse la galerie.
Univers en noir et blanc, en gris après les couleurs chatoyantes du premier acte.
Longues dégoulinades de matière noire, venues d'un autre univers volcanique, lave ruisselante, le long de toiles plissées qui épongent eau et outre-noir.
Magnifique installation plastique au cœur du spectacle vivant, déchirée par les corps maculés des créatures venues tout droit d'un support surface idéal.
Figuration libre de la Danse plasticienne de Phia Ménard est visionnaire onirique d'une planète souillée au delà du non conventionnel et du décalé obligé de ses propos d'intention.
Bien au delà d'un simple constat: encore de longs soulèvement tectoniques pour mettre à bas les conventions sociales et esthétique de la danse.
Une saison bien 'trempée" dans un caractère de feu et de fouge, de poésie et de tendresse aussi !
A l'Autre Scène du Grand Avignon jusqu'au 24 Juillet .
Décadanse
C'est aussi très "plastique" et visuel, mutualisation de costumes "mode" signés Iris van Herpen et architecture scénographique: cette pièce appelle à la contemplation, à la dégustation de gestes entravés par des costumes "à danser" qui ne le sont pas -Christian Lacroix ou Sylvie Skynasi ne le démentiraient pas !
N 'est pas créateur-costumier pour la scène qui veut.
Reste que ces cocons de soie, mus par des corps transparents, ces jupettes noires et bleu profond, ajourées font "collection" de saison et agacent les pupilles. Soudwalk Collective pour le son, et le ton est donné.Cette meute ainsi galvanisée offre quelques beaux instants de sculpture, miroir déformant, reflets virtuels des corps immergé dans des plaques réfléchissantes. Ondoiement des formes mécaniques, virtuelles, esquisses éphémères de calligraphie non pérenne.Un escalier blanc qui ne mène nulle part pour échafauder des univers absurdes, des corps malmenés, dénudés en horde, lâchés à l'envi dans des débordements charnels puissants. Les corps s'inspirent d'espaces fouillés, restreints, emprisonnant les gestes pour faire immerger l'étroitesse et l’exiguïté des univers carcéraux.On retrouve l'artiste, démiurge de la catastrophe, du chaos: au bord du gouffre, on se suspend, résiste, survit, groupés ou solitaire et seule "La Décadanse"de Gainsbourg vient rassurer cette ode au magma pour faire douceur et espoir.Sasha Waltz toujours très pasolinienne, traitant les sujets comme des objets de culte ou de désir. C'est beau et agaçant et ça titille comme "la puce à l'oreille" pour chatouiller la sensibilité et les neurones. Maître de l'architectonique des corps, elle figure ici en proue et signe un opus mémorable.
A l 'Opéra Confluence jusqu'au 14 Juillet
72 ème édition du Festival d'Avignon: chemins de traverse: Olivier Py à l'affiche !
Olivier Py s'affiche !
L'histoire du festival en 72 étapes, 72 marches ou n'est pas un chemin de vroix, bien au contraire!
Et entendre Olivier Py raconter cette odysee de l'image affichée fur un régal: une seule fois dans le salon de la mouette de la Maison Jean Vilar, c'est le comédien narrateur qui prend le dessus
Plein de verve et de malice, de sous entendu à décripter, le voici lancé pou 45 minutes de "revue" d'esthétique, de communication, de graphisme et de politique
De la "Première semaine" aux toutes dernières éditions, il navigue dans le graphisme, les polices de caractère, les noms qui vont et viennent (celui de Jean Vilar entre autre, plus présent que de son vivant sur les placards) !
Politiquement incorrecte, joyeuse mais aussi très réflexive, cette présentation, lecture démonstration ou simplement "performance" atteste de son gout pour la décentralisation, l'implication du public et des artistes dans la "confection" de ces "rencontres" plus que festival, ce creuset de coups de pattes de plasticien (Jan Fabre sur sa tortue ou son lapin scarabée fétiche) ou Ernest Pignon Ernest...
Beau moment d'échange, de clairvoyance
Et si les enfants de Claire Tabouret font jaser, lui, n'est pas entre deux chaises et continue son état de siège, se soulevant avec humour et distanciation
Saint Pierre priez pour le festival avec vos trois clefs!
Un miracle financier pourrait avoir lieu pour ces prochaines "rencontres" !
le dimanche 16 Juillet 13H Maison Jean Vilar
vendredi 20 juillet 2018
La DANSE dans le 72 ème Festival d'Avignon 2018 : engendrée par les corps fantasmés !
Ces visages d'enfants, unis par une camisole commune: ils nous regardent, anges ouvrant de leurs trois clefs les portes du Palais....Claire Tabouret nous interpelle, Olivier Py nous secoue....Sur le sentier de la mule, la danse fait ses rondes, ses entrelacs, ses croche- pieds et pieds de nez aux conventions....
Alors, allons direct dans le "vif du sujet" !!!
Sujets à vif
programmes A et B
"La rose en céramique" de Scali Delpeyrat et Alexander Vantournhout
Rrose Selavy
Il est son double articulaire, danseur, clone de ses sentiments, double de son destin; l'autre, c'est un homme "normal" qui se souvient et s’embarrasse de tas de choses pour bloquer son chemin, entraver sa course. Les objets le hantent: serviette brodée ou lave vaisselle contenant souvenirs et passé.Tous deux occupent le plateau du Jardin de la Vierge et l'un questionne le monde: ce qui est "important", c'est de discerner ce qui l'est de ce qui ne l'est pas ! En désillusion, désenchanté, il clame tandis que son ombre, compère le manipule ou se contorsionne savamment dans de beaux engrenages de gestes virtuoses. Torse nu, en short, ils se séparent, se retrouvent dans des entrelacs de corps. Évoque un point noir en cicatrice sur fond de violoncelle. Et si "Rrose Selavy" gardons notre rond de serviette brodée dans nos cœurs et avec eux allons sur les chemins de traverse: le lave vaisselle qui lui servira de tombe ou de cercueil se chargera d'essorer la nostalgie !
"L'invocation à la muse" de Caritia Abell et Vanasay Khamphommala
Eros et Tanatos
Un homme en blanc, masqué de rouge, cloche et panier de fleurs tel un colporteur fait son apparition, quasi aveugle, tâtonnant l'espace. Observé par une gente damoiselle, qui s'installe en partie de pique nique.Il invoque des esprits en litanie religieuse, il sort des objets de culte de pacotille: alors elle se métamorphose en sorcière, le déshabille et s'adonne à un rituel d’envoûtement: docile, il se laisse faire se transformant lors de ces jeux dangereux: ligotage, flagellation, violences au corps consentant: addict au fouet, aux épingles à linge, comme dans un rituel SM. Hommage au soleil et aux fleurs, plumes piquées à même la peau, voici notre fétiche emplumé chaussé de talons hauts révéler son identité: statue christique magnifiée. Ils valsent , lui paon paré pour la parade, elle, déesse de la métamorphose. Tout s’efface sur un chant baroque, Euterpe s'évanouit, Echo demeure et les muses s'amusent !
"4" de Mathieu Delangle Nathalie Maufroy et Claudio Stellato
Le "clou" du Vif
Un panneau en contre plaqué, un établi, des clous et le décor est planté! Un être hybride, mi homme mi cheval à la tête de mule, en slip s'adonne à un savant jeu de clous avec un marteau. Il s'acharne, s'épuise dans un rythme de percussion, de travail, de forge! S'échine à soulever l'établi, fait sa musculation, comme sur un cheval d'arson, Des bruits de scie qui tranchent le panneau vertical l'alarment: un passe muraille s'en libère, déchire la paroi et s'enfuit avec son praticable, en marche. Comique, humour désuet, absurde, ici on scie en cadence sa branche sur laquelle on est assis Accroupi en fakir on échappe à son sort , on se crucifie les pieds pour en faire des chaussures de sécurité de bois pour une danse de sabots, ou un périple en ski de fond.Entrave, handicap et autre facéties pour ces quatre sans clous qui n'ont pas la langue de bois.
"Toc toc en toc" de Sophie Bissantz et Meriam Menant
Très poly-sons !
En écolière, voix éraillé, elle improvise pendant le démontage de l'atelier de menuiserie précédent, harangue et sourit, maline, féline et espiègle. C'est Meriam Menant, clown défroquée qui va se confronter à sa "bruiteuse" en direct: pas un pas sans sonorisation drolatique, issue d'objets hétéroclites pour imiter sons et bruits. C'est un duo tonique et inventif, à fleurs de résonances multiples où l'absurde côtoie le quotidien d'objets détournés de leur fonction pour imiter la réalité. Seulement ça se complique énormément et les situations sont cornéliennes. Une porte ouverte ne peut faire de bruit: alors comment la franchir sans s'affranchir du son du loquet? Ici tout est raccord et la scripte doit tout remarquer pour ne pas faire d'erreur!
Incongru et poétique, cette performance se conclue par la mélodie"Au bord de l'eau" de Fauré, jouée au petit piano mécanique, jouet d'antan pour mieux passer le temps sereinement sans embûche ni casse tête.
Poly-sons à souhait, polisson à vos souhaits!
Programme C
"Le bruit de l'herbe qui pousse" de Thierry Balasse et Pierre Mifsud
L'Instant T
Du larsen, des échos des inventions sonores paternelles Thierry Balasse a conservé des empreintes indélébiles: bidouilleur de son en direct, il nous fait ici avec la complicité de Pierre Mifsud, comédien, une jolie démonstration de savoir non-faire !
Ralenti du son, capture de l'instantané, du silence, invention du son fixe: c'est une obsession salutaire qui les traverse et passe le relais au spectateur. Exposé-conférence cet opus est drôle on y apprend plein de choses sur l'univers, le temps: le passé serait devant nous pour élargir notre espace,un son cristallisé crée de la lumière....L'univers n'est pas silencieux, ses vibrations, pulsations seraient les premières notes de musique!
Que de surprises et de révélations qui éveillent curiosité et âme d'enfant émerveillé par cette science à portée de mains. Un récit magique d'un rêve de petit garçon en pyjama parti pour Alpha du Centaure en compagnie des paons de la tapisserie de la chambre d'enfant, est un instant majeur.
Très belle envolée lyrique au pays du son où au final du haut de la grande fenêtre de la Cour de la Vierge les deux compères regardent le temps passer sans se lasser ni être dépassés: encore une petite "Sérénade" de Poulenc?
"Georges" de Mylène Benoit et Julika Mayer
A tombeaux ouverts
Deux femmes, vêtues de noir racontent l’odyssée de marionnettes usées, revenue d'un long périple de spectacles. L'une raconte et décrit l'anatomie de ces êtres de chiffons ou autre matériaux Six caisses à claire voie en sont emplies comme des fœtus dans des bocaux de formol.
Une voix off, aux accents germaniques évoquent le destin de chacune.Habillées de leur carcasse avec os, atlas, c^tes flottantes et autres abattis.Une est comme une femme nue, manipulée encore devant nos yeux, l'autre est de matière grise et se secoue sur une musique techno. Comme des trophées, des macabés elles nous scrutent puis sortent une à une de leur coffre translucide.C'est jubilatoire ou morbide, peut importe, les images sont fortes et éloquentes: un pilier de deux corps serrant une marionnette fait mouche sur fond de musique médiévale: pilier des anges mouvant sur polyphonies lointaines.
La relique, les ossements et si la tombe de Georges avait les bonnes mensurations pour l'ensevelir comme un humain? Le trou, le cercueil de la mémoire pour tombeau: une "concession" se libère, alors allons y sans concession, libres et sereins
La pièce est étrange et interroge sur notre rapport à l'effigie plastique, reproduction quasi à l'identique du corps humain comme chez les plasticiens Duane Hanson, Toni Matelli ou Ron Muek.
Les deux actrices gisant parmi ces gisants dans le cimetière sous le soleil: le lieu reprend ses droits et la Vierge veille à la paix de cette sacrée scène!
Une fois de plus les "Sujets à Vif" font preuve d'audace et de décalage, mêlant disciplines et acteurs, auteurs et musiciens dans un vaste champ d'investigations indisciplinaires!
Alors, allons direct dans le "vif du sujet" !!!
Sujets à vif
programmes A et B
Rrose Selavy
Il est son double articulaire, danseur, clone de ses sentiments, double de son destin; l'autre, c'est un homme "normal" qui se souvient et s’embarrasse de tas de choses pour bloquer son chemin, entraver sa course. Les objets le hantent: serviette brodée ou lave vaisselle contenant souvenirs et passé.Tous deux occupent le plateau du Jardin de la Vierge et l'un questionne le monde: ce qui est "important", c'est de discerner ce qui l'est de ce qui ne l'est pas ! En désillusion, désenchanté, il clame tandis que son ombre, compère le manipule ou se contorsionne savamment dans de beaux engrenages de gestes virtuoses. Torse nu, en short, ils se séparent, se retrouvent dans des entrelacs de corps. Évoque un point noir en cicatrice sur fond de violoncelle. Et si "Rrose Selavy" gardons notre rond de serviette brodée dans nos cœurs et avec eux allons sur les chemins de traverse: le lave vaisselle qui lui servira de tombe ou de cercueil se chargera d'essorer la nostalgie !
Eros et Tanatos
Un homme en blanc, masqué de rouge, cloche et panier de fleurs tel un colporteur fait son apparition, quasi aveugle, tâtonnant l'espace. Observé par une gente damoiselle, qui s'installe en partie de pique nique.Il invoque des esprits en litanie religieuse, il sort des objets de culte de pacotille: alors elle se métamorphose en sorcière, le déshabille et s'adonne à un rituel d’envoûtement: docile, il se laisse faire se transformant lors de ces jeux dangereux: ligotage, flagellation, violences au corps consentant: addict au fouet, aux épingles à linge, comme dans un rituel SM. Hommage au soleil et aux fleurs, plumes piquées à même la peau, voici notre fétiche emplumé chaussé de talons hauts révéler son identité: statue christique magnifiée. Ils valsent , lui paon paré pour la parade, elle, déesse de la métamorphose. Tout s’efface sur un chant baroque, Euterpe s'évanouit, Echo demeure et les muses s'amusent !
Le "clou" du Vif
Un panneau en contre plaqué, un établi, des clous et le décor est planté! Un être hybride, mi homme mi cheval à la tête de mule, en slip s'adonne à un savant jeu de clous avec un marteau. Il s'acharne, s'épuise dans un rythme de percussion, de travail, de forge! S'échine à soulever l'établi, fait sa musculation, comme sur un cheval d'arson, Des bruits de scie qui tranchent le panneau vertical l'alarment: un passe muraille s'en libère, déchire la paroi et s'enfuit avec son praticable, en marche. Comique, humour désuet, absurde, ici on scie en cadence sa branche sur laquelle on est assis Accroupi en fakir on échappe à son sort , on se crucifie les pieds pour en faire des chaussures de sécurité de bois pour une danse de sabots, ou un périple en ski de fond.Entrave, handicap et autre facéties pour ces quatre sans clous qui n'ont pas la langue de bois.
Très poly-sons !
En écolière, voix éraillé, elle improvise pendant le démontage de l'atelier de menuiserie précédent, harangue et sourit, maline, féline et espiègle. C'est Meriam Menant, clown défroquée qui va se confronter à sa "bruiteuse" en direct: pas un pas sans sonorisation drolatique, issue d'objets hétéroclites pour imiter sons et bruits. C'est un duo tonique et inventif, à fleurs de résonances multiples où l'absurde côtoie le quotidien d'objets détournés de leur fonction pour imiter la réalité. Seulement ça se complique énormément et les situations sont cornéliennes. Une porte ouverte ne peut faire de bruit: alors comment la franchir sans s'affranchir du son du loquet? Ici tout est raccord et la scripte doit tout remarquer pour ne pas faire d'erreur!
Incongru et poétique, cette performance se conclue par la mélodie"Au bord de l'eau" de Fauré, jouée au petit piano mécanique, jouet d'antan pour mieux passer le temps sereinement sans embûche ni casse tête.
Poly-sons à souhait, polisson à vos souhaits!
Programme C
L'Instant T
Du larsen, des échos des inventions sonores paternelles Thierry Balasse a conservé des empreintes indélébiles: bidouilleur de son en direct, il nous fait ici avec la complicité de Pierre Mifsud, comédien, une jolie démonstration de savoir non-faire !
Ralenti du son, capture de l'instantané, du silence, invention du son fixe: c'est une obsession salutaire qui les traverse et passe le relais au spectateur. Exposé-conférence cet opus est drôle on y apprend plein de choses sur l'univers, le temps: le passé serait devant nous pour élargir notre espace,un son cristallisé crée de la lumière....L'univers n'est pas silencieux, ses vibrations, pulsations seraient les premières notes de musique!
Que de surprises et de révélations qui éveillent curiosité et âme d'enfant émerveillé par cette science à portée de mains. Un récit magique d'un rêve de petit garçon en pyjama parti pour Alpha du Centaure en compagnie des paons de la tapisserie de la chambre d'enfant, est un instant majeur.
Très belle envolée lyrique au pays du son où au final du haut de la grande fenêtre de la Cour de la Vierge les deux compères regardent le temps passer sans se lasser ni être dépassés: encore une petite "Sérénade" de Poulenc?
A tombeaux ouverts
Deux femmes, vêtues de noir racontent l’odyssée de marionnettes usées, revenue d'un long périple de spectacles. L'une raconte et décrit l'anatomie de ces êtres de chiffons ou autre matériaux Six caisses à claire voie en sont emplies comme des fœtus dans des bocaux de formol.
Une voix off, aux accents germaniques évoquent le destin de chacune.Habillées de leur carcasse avec os, atlas, c^tes flottantes et autres abattis.Une est comme une femme nue, manipulée encore devant nos yeux, l'autre est de matière grise et se secoue sur une musique techno. Comme des trophées, des macabés elles nous scrutent puis sortent une à une de leur coffre translucide.C'est jubilatoire ou morbide, peut importe, les images sont fortes et éloquentes: un pilier de deux corps serrant une marionnette fait mouche sur fond de musique médiévale: pilier des anges mouvant sur polyphonies lointaines.
La relique, les ossements et si la tombe de Georges avait les bonnes mensurations pour l'ensevelir comme un humain? Le trou, le cercueil de la mémoire pour tombeau: une "concession" se libère, alors allons y sans concession, libres et sereins
La pièce est étrange et interroge sur notre rapport à l'effigie plastique, reproduction quasi à l'identique du corps humain comme chez les plasticiens Duane Hanson, Toni Matelli ou Ron Muek.
Les deux actrices gisant parmi ces gisants dans le cimetière sous le soleil: le lieu reprend ses droits et la Vierge veille à la paix de cette sacrée scène!
Une fois de plus les "Sujets à Vif" font preuve d'audace et de décalage, mêlant disciplines et acteurs, auteurs et musiciens dans un vaste champ d'investigations indisciplinaires!
La belle Seine Saint Denis 2018 : pas de parenthèse, de minuscule ni de pointillés, la DANSE toute en MAJUSCULE !
Police de caractère en majuscule, la danse avance, se produit, se montre et se partage au sein de La Parenthèse avec toujours autant de ferveur et d'engagement de la part de tous les protagonistes!
Premier programme
"Vivace" chorégraphié par Alban Richard
"120 battements par minutes" ! Allegro, non tropo !
Sur tapis blanc, en short et legging, deux danseurs exécutent un duo frontal répétitif sur un panel de musiques de Bach au disco: en variations multiples des jambes, à l'unisson, pince sans rire, Anthony Barreri et Yannick Hugron avec distance et humour s'adonnent à un joli rituel désopilant, tout en couleurs. Baroque, angulaire, carré robotique et défilé de mode en source d'inspiration Ils se déchaînent peu à peu, de façon isolée sur ce patchwork musical désorientant.
Segmentée, binaire, en déclinaison de rythmes infinis, ce sabbat fait pulser les cœurs et le pouls avec joie et enthousiasme. Martelant le sol, hoquetant, face à nous, ce jeu de jambes à la tyrolienne est pétri d'inventivité, agace là où ça fait du bien. On y bat sa coulpe dans l'euphorie, en osmose et pleine empathie avec nos deux marathoniens Vivants et drôles, dans cette mécanique corporelle lâchée tous azimuts, course contre la montre pleine de ressort !
"Les sauvages" chorégraphié par Sylvère Lamotte
Brûler les planches !
Ca planche pour ses forçats du travail à la chaîne, en longues jupes plissées grises On se passe des planches de bois en rythme, on fait des poses, sieste très "picturale", on fabrique des sons sur ces planches comme sur un établi musical, percussif, évoquant un train qui s'emballe...
De l'émulation style danse "trad", un duo sur rythme flamenco et la folie gagne ce corps de métier, menuisiers, charpentiers très bibliques. Le chef s'impose, crie de douleurs, des entrelacs de combat surgissent en prise directes.Regain de tonus pour cette équipe soudée qui épuise doucement ses forces: une architecture de gestes qui s'empilent sur une musique mécanique, des portés acrobatiques, de l'esquive savante dansée avec fougue, verve. Le tyran dominateur chute parmi un amas de corps qui pulsent Encore un petit solo pour s'en relever peu à peu et rejoindre le groupe: débâcle ou fondation, calvaire du travail, mise en croix: les planches feront la métaphore de ce bûcher de crémation, cette tombe ou ce cercueil qui accueille les corps. La pièce oscille entre gravité et humour sans omettre un coté christique, biblique très spirituel. Goya n'est pas loin dans les visions très plastiques de la mise en espace et Les Raboteurs de parquet de Caillebotte apparaissent parfois en filigrane Le pardon sera accordé à chacun malgré ses velléités de surpuissance et de domination; le glas sonne sur ce beau radeau de la Méduse: celle de Paul Valéry, bien sûr !Les cinq danseurs, en poupe ou figure de proue!
"Syn" chorégraphié par Johanna Faye et Sandrine Lescourant
Entrelacs
Un duo calme et serein où deux femmes se cherchent, se frôlent, se dessinent et se contournent.Duo au ralenti, de blanc gris et beige vêtues, les danseuses s'apprivoisent, lointaines, farouches, à la renverse, offertes, abandonnées parfois dans de beaux cambrés. Sur différents niveaux de centre, les corps gravitent, denses et ancrés.Chevelure grise nattée, l'une charme, l'autre provoque Glissades dans les interstices, volutes très rapprochées dessinent une calligraphie dansée fort pertinente.
Puis, reliées, elles explorent la proximité, se calent en siamoises, en silence, en bascule. Une transe épileptique contagieuse provoque dispute, déroute et colère: face à face dans un tourniquet, une ronde éperdue, elles s'effacent.
Deuxième programme
"Pulse(s)"chorégraphié par Felipe Lourenço
Racines aériennes
Un cœur qui "pulse", des percussions corporelles sonorisées, puis en écho technologique, des claquettes? En frontal ou diagonal le danseur, seul joue de ses épaules, lax, en reculades, jeu de jambes discret, anche et bassin méditerranéen très investi. Et sollicite ses effets, jogging et capuche pour incarner un personnage furtif, évasif. Il se raconte en arabe, comme une prière sur fond d'Angélus au loin, en off imprévu ! Cigales et martinets, habitants de la Parenthèse, scène en plein air, l'accompagnent.Le festival bruisse, lui cigale se donne et chante alors que le travail de fourmi est déjà fait . Il s’accommode d'un tambourin pour faire naître une musique hypnotique, transforme la tradition des pas en contre temps, levées et contrepoints, puise de belle échappées au sein du sol, ramasse ses gestes à foison. Comme un animal retenu, module ses gestes répétitifs, joint les mains: tout est déstructuré: un vrai casse tête pour notateur Laban ! Du bel ouvrage, sensible et savant, profondément ancré dans une gravité céleste surprenante.
"Instantanés n° 1" chorégraphié par Christian Ben Aim pour Anne Flore de Rochambeau
La grâce
Tout en noir, blouson de cuir, elle semble traquée, farouche. Chevelure débridée, soquettes, jeune femme traquée. Commence un solo ample, calme, fluide, cambrée en arrière, les mains déliées: chant, guitare et bribes de piano la guident Elle semble errante, perdue apeurée, fragile, le regard dans l'éther, éperdu.Fragile, émouvante, elle déploie dans une large envergure, en offrande comme des invocations laissant apparaître un désir d'introspection. Elle se décharge, s'alanguit au sol, sensuelle: confuse de péché ou redevable de faute? La joie et la rage peuvent s'emparer d'elle, en torsions, étirements, sur demie-pointes : elle se soulève, humble et discrète, apparition vertigineuse d'une interprète hors pair au nuancier d'émotions riche et prolixe.
"Tremor and more" chorégraphié par Herman Diephuis
Tabula rasa
Tout en noir, moustache et cheveux frisé, peau noire Jorge Ferreira s'impose devant une table blanche, objet de convoitise, partenaire d'un solo, duo homme-objet. Son corps s'anime sur des rythmes stridents, un doigt sur la cage thoracique, il se palpe, se caresse, se frotte fait connaissance de toute sa peau. La table est support, barre où il s'offre , se donne quasi autiste. On se régale de ces pulsions interrompues, de ce festin où il foule, pétrit, brasse la matière: on le dévore des yeux, c'est quasi orgasmique quand monte la tension qui se libère.
Comme un mets de choix, il s'offre au regard, cartes sur table. Puis explore les recoins et dessous de table, au sol, en reptations animales , roulades, convulsions et rebonds acharnés . En chutes aussi, en abandon. Ce solo, taillé sur mesure est loin d'être un entremets.
Quand il revient à la source, d'une échappée belle, infidélité à sa partenaire, il s'attable.
Affamé ou rassasié, il s'en fait son refuge, son abri, devient invisible, sdf ou cariatide d'une structure de bois blanc, table des sacrifices ou réceptacle de vie.
Ces trois solos, ode aux interprètes firent de cette matinée estivale dans la Cour de la Parenthèse, un instant de grâce: label danse assuré, de la "belle danse" et pas entre parenthèse !
Premier programme
"120 battements par minutes" ! Allegro, non tropo !
Sur tapis blanc, en short et legging, deux danseurs exécutent un duo frontal répétitif sur un panel de musiques de Bach au disco: en variations multiples des jambes, à l'unisson, pince sans rire, Anthony Barreri et Yannick Hugron avec distance et humour s'adonnent à un joli rituel désopilant, tout en couleurs. Baroque, angulaire, carré robotique et défilé de mode en source d'inspiration Ils se déchaînent peu à peu, de façon isolée sur ce patchwork musical désorientant.
Segmentée, binaire, en déclinaison de rythmes infinis, ce sabbat fait pulser les cœurs et le pouls avec joie et enthousiasme. Martelant le sol, hoquetant, face à nous, ce jeu de jambes à la tyrolienne est pétri d'inventivité, agace là où ça fait du bien. On y bat sa coulpe dans l'euphorie, en osmose et pleine empathie avec nos deux marathoniens Vivants et drôles, dans cette mécanique corporelle lâchée tous azimuts, course contre la montre pleine de ressort !
Brûler les planches !
Ca planche pour ses forçats du travail à la chaîne, en longues jupes plissées grises On se passe des planches de bois en rythme, on fait des poses, sieste très "picturale", on fabrique des sons sur ces planches comme sur un établi musical, percussif, évoquant un train qui s'emballe...
De l'émulation style danse "trad", un duo sur rythme flamenco et la folie gagne ce corps de métier, menuisiers, charpentiers très bibliques. Le chef s'impose, crie de douleurs, des entrelacs de combat surgissent en prise directes.Regain de tonus pour cette équipe soudée qui épuise doucement ses forces: une architecture de gestes qui s'empilent sur une musique mécanique, des portés acrobatiques, de l'esquive savante dansée avec fougue, verve. Le tyran dominateur chute parmi un amas de corps qui pulsent Encore un petit solo pour s'en relever peu à peu et rejoindre le groupe: débâcle ou fondation, calvaire du travail, mise en croix: les planches feront la métaphore de ce bûcher de crémation, cette tombe ou ce cercueil qui accueille les corps. La pièce oscille entre gravité et humour sans omettre un coté christique, biblique très spirituel. Goya n'est pas loin dans les visions très plastiques de la mise en espace et Les Raboteurs de parquet de Caillebotte apparaissent parfois en filigrane Le pardon sera accordé à chacun malgré ses velléités de surpuissance et de domination; le glas sonne sur ce beau radeau de la Méduse: celle de Paul Valéry, bien sûr !Les cinq danseurs, en poupe ou figure de proue!
Entrelacs
Un duo calme et serein où deux femmes se cherchent, se frôlent, se dessinent et se contournent.Duo au ralenti, de blanc gris et beige vêtues, les danseuses s'apprivoisent, lointaines, farouches, à la renverse, offertes, abandonnées parfois dans de beaux cambrés. Sur différents niveaux de centre, les corps gravitent, denses et ancrés.Chevelure grise nattée, l'une charme, l'autre provoque Glissades dans les interstices, volutes très rapprochées dessinent une calligraphie dansée fort pertinente.
Puis, reliées, elles explorent la proximité, se calent en siamoises, en silence, en bascule. Une transe épileptique contagieuse provoque dispute, déroute et colère: face à face dans un tourniquet, une ronde éperdue, elles s'effacent.
Deuxième programme
Racines aériennes
Un cœur qui "pulse", des percussions corporelles sonorisées, puis en écho technologique, des claquettes? En frontal ou diagonal le danseur, seul joue de ses épaules, lax, en reculades, jeu de jambes discret, anche et bassin méditerranéen très investi. Et sollicite ses effets, jogging et capuche pour incarner un personnage furtif, évasif. Il se raconte en arabe, comme une prière sur fond d'Angélus au loin, en off imprévu ! Cigales et martinets, habitants de la Parenthèse, scène en plein air, l'accompagnent.Le festival bruisse, lui cigale se donne et chante alors que le travail de fourmi est déjà fait . Il s’accommode d'un tambourin pour faire naître une musique hypnotique, transforme la tradition des pas en contre temps, levées et contrepoints, puise de belle échappées au sein du sol, ramasse ses gestes à foison. Comme un animal retenu, module ses gestes répétitifs, joint les mains: tout est déstructuré: un vrai casse tête pour notateur Laban ! Du bel ouvrage, sensible et savant, profondément ancré dans une gravité céleste surprenante.
La grâce
Tout en noir, blouson de cuir, elle semble traquée, farouche. Chevelure débridée, soquettes, jeune femme traquée. Commence un solo ample, calme, fluide, cambrée en arrière, les mains déliées: chant, guitare et bribes de piano la guident Elle semble errante, perdue apeurée, fragile, le regard dans l'éther, éperdu.Fragile, émouvante, elle déploie dans une large envergure, en offrande comme des invocations laissant apparaître un désir d'introspection. Elle se décharge, s'alanguit au sol, sensuelle: confuse de péché ou redevable de faute? La joie et la rage peuvent s'emparer d'elle, en torsions, étirements, sur demie-pointes : elle se soulève, humble et discrète, apparition vertigineuse d'une interprète hors pair au nuancier d'émotions riche et prolixe.
Tabula rasa
Tout en noir, moustache et cheveux frisé, peau noire Jorge Ferreira s'impose devant une table blanche, objet de convoitise, partenaire d'un solo, duo homme-objet. Son corps s'anime sur des rythmes stridents, un doigt sur la cage thoracique, il se palpe, se caresse, se frotte fait connaissance de toute sa peau. La table est support, barre où il s'offre , se donne quasi autiste. On se régale de ces pulsions interrompues, de ce festin où il foule, pétrit, brasse la matière: on le dévore des yeux, c'est quasi orgasmique quand monte la tension qui se libère.
Comme un mets de choix, il s'offre au regard, cartes sur table. Puis explore les recoins et dessous de table, au sol, en reptations animales , roulades, convulsions et rebonds acharnés . En chutes aussi, en abandon. Ce solo, taillé sur mesure est loin d'être un entremets.
Quand il revient à la source, d'une échappée belle, infidélité à sa partenaire, il s'attable.
Affamé ou rassasié, il s'en fait son refuge, son abri, devient invisible, sdf ou cariatide d'une structure de bois blanc, table des sacrifices ou réceptacle de vie.
Ces trois solos, ode aux interprètes firent de cette matinée estivale dans la Cour de la Parenthèse, un instant de grâce: label danse assuré, de la "belle danse" et pas entre parenthèse !
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