"Alexandre" de Paula Pi Cie No Drama
Un solo basé une une singulière rencontre: celle d'une voix, d'un indien d'une tribu brésilienne des saxandres, avec sa sensibilité musicale, humaine.Puis elle est réellement allé à sa recherche sur les sentiers et les traces du rituel, du chamanisme
Restent de ce curieux et singulier voyage initiatique, des traces et empreintes, physiques et sonores déroutantes Jouant sur scène, seule de son androgénie, Paula Pi danse l'altérité, la simple différence qui confond les genres et tend à les gommer. Masculin, féminin, qu'importe, le geste "neutre" l'emporte allègrement dans une belle sémantique d'une danse apeurée, fragile, sensible mais toujours audacieuse. De bruits de pas dans le noir, on la découvre peu à peu: elle annone un texte de façon quasi calligraphique à la Apollinaire, musicale à la Aperghis. En colonne ou pyramide, elle hoquette, bouscule les syllabes, déstructure le verbe pour en faire un joyeux bégaiement Et ces mouvements d'accompagner cette verve, tonique, rythmée, musicale, empilée à souhait.
En tenue de sport, relax, elle opère sa propre transformation par l'avènement de ce langage parlé, épiphanie de son écriture: Alexandre, c'est elle, ce seul et unique mot perceptible du discours retrouvé de l'Indien. Inclassable créature, elle offre au plateau toute sa générosité et habite l'espace avec force et conviction.Curieuse vélocité des bras et jambes, du mime, des figures classiques y surgissent comme des rémanences inscrites dans son corps. Elle ote sa seconde peau, dans une séquence au sol, au ralenti, très réussie. Quatre rangées de projecteurs semblent la traquer, en diagonale, comme des oriflammes ou drapeaux, leurs ombres portées inquiétantes.
Un solo particulier, ardu mais empli d'interrogations, de suggestions, de pistes d'inflexions, d'interrogations chère à l'interprète unique en son "genre", Paula Pi !
Au Studio Dominique Bagouet
Deux opus emblématiques et mythiques du chorégraphe démiurge de notre temps, cele ne se "rate" en aucun cas.
Le mythe Forsythe à l'oeuvre
Au programme:The Vertiginous Thrill of Exactitude" et "Artifact Suite": des frissons et de l'artefact, façon Forsythe à coup sûr!
La première en costumes roses et verts, en variations très classiques, sur pointes, désuètes, semble dater un peu sur une musique très "pompier".Codes, structures parmi les pas de deux, de trois qui s’enchaînent pour les danseuses, aguerries à ce vocabulaire, hommage à Petipa ou Balanchine sans aucun doute. Schubert fera le reste pour le côté académique et grandiloquent.
La deuxième pièce plus groupale démarre avec Bach pour satisfaire à une démonstration du savoir faire et écrire l'espace de Forsythe: alignements drastiques et quasi militaires, batteries de corps dansant à l'unisson, dans un vocabulaire stricte et tricotant les codes classiques à l'envi.En rangs serrés comme en bataillon, la force et l'énergie déployée font figure de démonstration de virtuosité, d'écoute et de frénésie, très étranges. Dérangeantes parfois tant la tension, la tenue et la rigidité de l'exécution est prégnante.
La seconde partie d'Artifact au piano, est la partition d'un corps de métier, de ballet féru de technique et de volonté, performance engagée des sublimes danseurs du ballet espagnol.En costumes colorés, bras, coudes, jambes se déstructurent et vont tambour battant vers un chef d'orchestre tout en noir, s'immoler sur l'autel de la perfection.
En ce qui concerne la troisième pièce du programme, "Ennemy in the figure" c'est à un thriller dansé que l'on assiste, épopée inquiétante de personnages précis et perceptibles, dans des décors mouvants, augmentant suspens et halètements d'inquiétude. C'est beau et malin, les objets entrent en scène, manipulés par les danseurs: cordes et projecteur comme une poursuite infernale à la recherche du coupable, détective et agent secret.
Sur la musique tectonique de Tom Willems, la danse électrise les corps, les possède, en fait ses otages et le spectateur médusé, retient son souffle en apnée!Des costumes frangés, noirs virevoltent en spirale et prolongent l'énergie des gestes, évoquant autant de personnages énigmatiques.Un bestiaire fantastique et fabuleux en surgit, pour un conte de faits très contemporain, mais non moins radieux et possédant le spectateur en facteur lui aussi de trouble et de métamorphoses. Du grand oeuvre.
Au Corum, Opéra Berlioz
Patchwork in progress
Une soirée très originale, révélant des interprètes remarquables au sein du ballet du Capitole: une très belle et bonne surprise!Trois chorégraphes pour trois créations!
"Adam" chorégraphié parRoy Assaf
Une belle succession de duos sensuels dans des costumes couleur chair; érotisme et étreintes, prises et entrelacs, où les danseurs s'attrapent, se rapprochent, s’interpellent à l'envi. De savantes manipulations entre eux les emportent dans des figures singulières et non moins étonnantes Question de gravité, d'équilibre, de densité.nu
"Mighty Real" chorégraphié par Yasmeen Godder
Un solo impertinent, musique et mots anatomiques en fond, en décalages humoristique décapant.Elle, danse comme un électron libre, efficace, radieuse, c'est Kayo Nagazato
Sol blanc sur fond noir, des va et vient pour un solo poignant, empli de cris, respirations dans un costume sportif où une danse de sorcière sourd des pores de la peau de l'interprète, rugissante. Animal ensorcelant son monde, cri de Munsch pour évoquer la vie, la peur, l'angoisse. L'écriture sur mesure de Yasmeen Godder va comme un gant à cette femme qui danse la passion d'être au monde, tout simplement! Une révélation d'émotion et de sensation de jamais vu, cela se "pointe" !
"Start and dust" chorégraphié par Hillel Kogan
En tenue de sport c'est à une critique de la compagnie que s'adonne deux interprètes à partir du net.
Présentation hiérarchique des cinq danseurs, vie privée évoquée comme pour une audition, un repérage ou une embauche. C'est drôle et décapant, alors que les danseurs s'adonnent à la pratique de techniques et démonstration diverse de savoir faire.Manèges classiques, et autres effets virtuoses. Des solos pour chacun et la verve et l'humour déjà reconnu de Kogan font mouche: c'est si rare, et si engagé, assumé que l'on y croit laisse libre arbitre à l'auteur de tous ses choix et partis pris!
De l'audace pour ce programme subversif, détergeant, explosif et créatif: oui, la ballet du Capitole lave plus blanc et assure au langage chorégraphique émergeant "un bel avenir"
Au Théâtre Grammont
Quant au Festival, on lui doit toujours cette belle exclamation : "Étonnez- moi"!
Et il y a de quoi!
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