mardi 28 août 2018

"Voix sacrées en bord de Loire" au Festival de La Chaise Dieu: "Christus vincit"


"Imagine" ou les chemins d'une messe atemporelle, envoûtante!

Avec son ensemble Sequenza 9.3, Catherine Simonpietri maîtrise à la perfection l’art de relier l’écoute des compositions vocales de notre temps à leurs sources anciennes. Ainsi, non loin des sources de la Loire, cette judicieuse mise en perspective d’hymnes, de psaumes et autres prières d’hier et d’aujourd’hui a atteint la dimension d’une méditation universelle.
A l'église St Gilles de Chamalières sur Loire ont résonné ce Dimanche 26 août les voix de la félicité.De l’abbaye bénédictine qui se trouvait à cet emplacement, il ne subsiste que quelques arcades du Cloître.Edifice roman auvergnat, situé en bordure d'une Loire encore sauvage, l'église est riche de mobiliers et décors d'exception : porte de sapin primitive, bénitier à quatre figures de rois et prophètes, fresques...
L'église Saint-Gilles de Chamalières-sur-Loire bénéficie d'une acoustique idéale pour la musique vocale.
Un concert très attendu , prometteur et enchanteur !
Trois voix d'hommes pour entamer le programme avec le "Salve Regina" de Eric Tanguy
D'étranges dissonances pour un rythme lent et posé, plein de contrastes et de modulations comme une ascension méditative, respectueuse: de la douceur dans l'unisson très mesurée
Une belle entrée en matière....
La "Missa "Mille regrets" pour six voix mixtes, ce "Kyrie" de Cristobal de Morales succède pour une alliance des voix en relais, écho: une messe en canon classique au tempo égal , lent, solennel, comme un bercement salvateur, linéaire dans la composition qui chemine comme une balade sacrée, tranquille.
Au tour de "Abendlied" pour six voix mixtes de Josef Rheinberger: de très beaux aigus, alliage et mélange des timbres et tessitures dans la lenteur: comme la nuit qui tombe et invite à la méditation, au repos éternel.
Le "kirie" de la "Messe en sol mineur" pour double chœur de Ralph Vaughan Williams est sujet à une mise en scène, en espace dans l’abbatiale pour magnifier les harmoniques: belle initiative qui atteste du soucis et de la préoccupation de la chef de chœur de positionner le son pour le faire résonner au mieux de son amplitude , de sa rémanence, de sa réverbération! Les voix se répondent, se couvrent, les dissonances exultent dans une atmosphère de dévotion attentive, recueillie. De beaux solos s'étirent en strates, le son tourne , magnifié par l'acoustique inouïe de l'abbatiale!
 Pour un amalgame savant des timbres et tessitures, hypnotique, doux et contrasté.
"Plebs Angelica" pour double chœur à quatre voix de Michael Tippett prend le relais, naturellement lors de ce programmes ascensionnel, très bien construit, nous guidant peu à peu vers la félicité.Les deux groupes de voix se confrontent, puissants, vifs, enjoués dans de belles modulations: éclats des voix qui surgissent, puis se retirent en flux et reflux, complexité des interventions qui s’enchaînent dans des amplitudes remarquables.
"Northern Lights pour huit voix mixtes de Ola Gjeilo succède, très contemporain: alternance des voix d'hommes et de femmes, longues tenues en plateau infini, beau parterre de basses qui soutiennent les aigus qui glissent à l'oreille, légèrement. Retenue et sobriété, respect et intériorité se dégage de cet opus dans ces nuées de voix, ces tenues discrètes, ce soutien constant du chœur qui résonne comme de la brume sur le chemin matinal du crépuscule naissant;. Une interprétation très subtile en restitue l'âme.
"Laudate pueri" pour six voix mixtes de Guillaume Connesson dans une métrique régulière, un balancement charmant propose d'autres sons interrompus avec une belle ascension du volume sonore. Les aigus en poupe, des vocalises en cascade, du flux, de l'espace se crée, crescendo, en hauteur et inonde la voûte, cul de four résonnant de ses échéas qui répercutent le son à loisir! Tumulte, spirale ascendante, trouble et désordre s'installent pour une "confusion" savante très maîtrisée.
 S’enchaînent sans transition, le "sanctus" de la Missa, mille regrets pour voix mixtes de Christobal de Morales et le "Crucifixus" pour huit voix mixtes de Antonio Lotti: deux compositions anciennes, plus conventionnelles, allègres et de bon aloi!
Place au magnifique et intriguant "Grand Pater Noster" de Christophe Looten pour huit voix mixtes: lent et émouvant mouvement où les basses, magnifiées pénètrent l'espace lentement alors que les autres prennent le relais: un peu d’allant, mesuré en élévation dissonante: des surprises, des mélanges et alliages de timbres et de tessiture, de très belles tenues en marche ascensionnelle: un bijou de composition sacrée et "profane" à la fois dans la composition, non "orthodoxe!
La plus étonnante et singulière pièce du concert, plus ample dans le temps, envoûtante, entrecoupée de bribes de paroles hachurées qui brisent l'uniformité monocorde, quasi monotone du programme.;Des bribes de mots lancés comme des salves discrètes sur un tapis de sons subtils, enjôleurs, enchanteurs. Comme une prière méditative. Au final, un ensemble plein d'ampleur dans un "amen" dissonant.
Dernière oeuvre de ce concert remarquable à bien des égards:"Christus vincit" pour huit voix mixtes de James Macmillan: magistral, ample, avec des aigus sublimes, stridents et magnifiés par des interprètes hors pair. On frôle la chair de poule et le frisson de l'émotion musicale à l'écoute de ces tessitures mêlées.Une sorte d'épilogue, de conclusion, à l'ambiance veloutée, flamboyante en final, plein de promesses et de transfiguration possible pour cette "messe imaginaire", inventée par Catherine Simonpietri. La voix de soprano hallucinante, érigée dans un alléluia cinglant pour conclure!

Un bis en final et le public ressort enchanté par ce dernier "Crucifixus", belle envolée, échappée belle, plainte vivace pleine d'allant!

Cerise sur le gâteau, un buffet convivial offert par la Mairie aux participants: de la belle facture pâtissière du restaurant "Chez Simone" où Elise tient les rênes d'un fameux bistrot vintage aux saveurs d'antan, mêlées à la sensibilité gastronomique d'aujourd'hui: à l'image de l'esprit du concert concocté par "Séquenza 9. 3 " !

A Chamalières sur Loire le 26 Aout 2018


"Suivez la musique": ouverture du Festival de la Chaise Dieu en fanfare à Chamalières sur Loire

Comme à l'accoutumé, le célèbre festival s'est ouvert ce samedi 18 Aout avec son opération "suivez la musique", balade "bucolique" d'un ensemble "léger" à géométrie "transportable" pour inaugurer de façon festive et conviviale la série de prestigieux concerts au programme!
Cet après-midi là, plus de  130 personnes étaient au rendez-vous pour une sérénade d'ouverture du Festival  dans le jardin du prieuré de la belle abbatiale de Chamalières sur Loire.. L'ensemble T4, un quatuor d'instruments à vent, a interprété avec brio un florilège de morceaux allant du répertoire classique "revisité" à la variété. 
Quatre pupitres alignés, au fond, le cloître de l'abbatiale: quelques pinces à linges pour tenir les partitions dans le vent, et voici tout de noir et blanc vêtu, le quatuor: trois musiciens, une musicienne dans "le vent" des instruments: deux trompettes, deux trombones. : Juliette Tricoire (trombone), Hugo Liquière (trombone), Camille Crespin (trompette), Julien Rieffel (trompette). 
Entouré par les espaliers du nouveau jardin médiéval, portant déjà de beaux fruits prémonitoires, "à vous de jouer" est lancé par l'adjoint au Maire Jean Tempere, dynamique relais des affaires culturelles du bourg.Une "royale" introduction, style chasse à cour et la musique du 17 ème siècle prend le relais:c'est à Gottfried Reiche que revient l'exécution d'un morceau vif et tempétueux suivi de près par "Come back home de Joe Dolan et  Fairy filis" de  Farmer. Assez solennelle, en avancée et crescendo, galante et altière, distinguée, la musique tient le haut du pavé ! Un beau quatuor à vent, jovial, ascensionnel!
Puis, place au quatuor N°4, allegro et moderato de Rame William, un compositeur danois.Lente marche chatoyante, dynamique , gaie et et très stylée.Bel unisson des instruments, suivi de quelques solos en question-réponse, en alternance. Puis des souffles entuilés, en échos et en couche résonnent sous les arcades du cloître.Vous prendrez bien un petit "Libertango" de l'argentin Astor Piazzolla, bien connu et transposé pour l'occasion pour instrument à vent! Ca danse, c'est gai avec la mélodie dédiée à la trompette et de belles basses pour les trombones!

Les instruments scintillent sous le soleil et le public accueille chaleureusement ce répertoire convivial, accessible et savant à la fois.
 Un "Carmen" de Bizet, "Toréador" transposé également qui magnifie les vents, la cadence, les timbres et la jovialité du morceau. La "voix" des instruments, leur souffle incarnent la musique et se substituent à l'instrument vocal avec subtilité!
 Allègre, léger, primesautier, c'est vif comme le second "Près des remparts de Séville! On irait bien danser la séguedille chez Lilias Pastia! Cela travaille l'inconscient collectif, émeut et remue les mémoires: valse des vents! Encore un "bis" à la demande du public nombreux et enthousiaste et la fête se termine en plein air sur les bords de Loire.Chaudement applaudis, les quatre musiciens ont ensuite reçu des cadeaux de remerciement offerts par l'organisation du Festival. Merci à eux !
Oui, la musique, c'est pas du vent, et T 4 ne manque pas de souffle ! Souffler, c'est jouer !

mardi 14 août 2018

"Contes de Juillet" : danse en cité U !


De Guillaume Brac
Paris et sa banlieue. Cinq filles, cinq garçons. Deux histoires. Un jour d’été
Premier conte - L’Amie du dimancheMilena et Lucie, deux collègues de travail, profitent d’un dimanche ensoleillé pour aller se baigner sur l'île de loisirs de Cergy-Pontoise. Leur rencontre avec un agent de prévention très entreprenant met à mal leur amitié naissante.



Deuxième conte - Hanne et la fête nationaleTandis que les festivités du 14 juillet battent leur plein, Hanne, une étudiante norvégienne, se trouve successivement aux prises avec trois hommes. Tout ce petit monde passe la soirée ensemble à la Cité Universitaire.

C'est là que ça danse, à la Pina Bausch: le gardien de sécurité est un danseur contemporain charmant, l'invité de la petite bande d'étudiants à qui il dévoile ses talents: chorégraphié , joué et dansé par Sipan Mouradian ! Une séquence qui en dit long sur la danse à deux et la séduction d'un échange chorégraphique improvisé! Quand les sentiments sont dépassés par la danse, ce couple improvisé vise juste et rabat les conventions sur les corps en mouvement qui se rencontrent. Hélas, la jalousie et l'incompréhension regagnent du terrain pour éteindre les vrais feux de la rampe, du cinéma.
C'est charmant et touchant, d'une belle écriture cinématographique et d'une légèreté salvatrice: pourtant le propos est grave et la densité des expressions des visages et des corps qui bougent très bien, en raconte suffisamment. Deux beaux moyens métrages plein de poésie !
Des comédiens pétris de talent et bien dirigés!


Isabelle Wenzel





Arno Rafael Minkkinen !




Xanti Scchawinsky danseur !


Irène Schawinsky