vendredi 28 novembre 2025

Mon tresor est public

 



Le trésor de preuschdorf c est la patronne

Schatz,mein schatz,Monnaie du Pape ou de singe,assignats,billets doux de banque 

Faussaire et autre débiteur distri banque voila du beau monde à la chasse au trésor

ma cassette hurlait l avare et la varice faisait rage...faux monayeur de pacotille,bandit.

Money...j coûte cher et touche pas au grisbi

Le pez,le flous,les pistoles,la Monnaie à rendre,le blé à moudre,les biftons qui pleuvent,les faffios, les dollars,francs et euros,pistrailles et grosse caisse enregistreuses.lingots d or magot pactole pistoles 

A vos porte monnaie pour la rendre en liquide..sonant et trébuchant cordons de la bourse

La bourse ou la vie en porte feuilles à feuilleter faire la planche à billets


A la case à preuschdorf dans le cadre des ateliers ouverts les 16/17 mai et de l exposition "le trésor de preuschdorf,"

Performance

Mon trésor est public

Par genevieve charras le samedi 16 mai 17h


Flammes and Co

 


Dans la cave pittoresque et picaresque de la casbah de Preuschdorf, la collection de la charivarieuse Genevieve Charras,prend place et corps.

Objets divers chatoyants et plein de falbala se côtoient au son des palmas et des zapateados

Sous les palmas,la plaia.. 




A la Case à Preuschdorf

Le Week-end des 29/30 août 

Puis les dimanches  6 et 13 septembre 14h 18h




Performance samedi 29 août 17h

"Espagnolades en balade" par genevieve charras performeuse

Chant et danse de ravel à Bizet..

lundi 24 novembre 2025

"Une ville" Création au TnS École du TnS - Groupe 48 - Noëmie Ksicova : A la chasse à la baleine....nous n'irons pas..

 


C’est l’histoire d’un cirque itinérant qui perturbe inéluctablement les lieux qu’il traverse. Sur une place, la troupe déploie la carcasse d’une baleine, immense caisse de résonance pour les questions surgies en contrebande des entrailles de la ville, comme autant de ferments de sédition qui viendront troubler l’ordre établi, faire dérailler le cours normal des choses. C’est ce moment de bascule, porté par la voix d’un prince-poète hypnotisant les foules, que nous invite à expérimenter Noëmie Ksicova dans cette adaptation du roman de László Krasznahorkai, La Mélancolie de la résistance. La metteuse en scène, autrice et actrice, accompagne toutes les sections — jeu, mise en scène, dramaturgie, régie-création et scénographie-costumes — du Groupe 48 de l’École du TnS dans cette création qui ouvre collectivement la boîte noire de la fiction. Un cirque arrive dans la ville et s’installe sur la place principale. Il apporte avec lui une étrange attraction : le cadavre d’une baleine mais aussi une mystérieuse figure « Le prince » qui semble par ses discours et par ses mots soulever les foules et créer le chaos là où il passe.

La baleine sera l'Arlésienne, celle qu'on ne verra jamais mais qui hante et plane tout au long du récit de cette ville en panique, en danger, soumise aux menaces d'un ennemi fantôme à vaincre absolument. Et ce spectre de malheur, d'insécurité rejoint celui qui actuellement prédomine dans les esprits des citoyens qui voudraient que l'ordre et la propreté règnent à nouveau sur le monde. Cette ville est le lieu pour toute cette équipe théâtrale réunie ici dans un projet généreux, profond , l'endroit ou agir, mettre à vif et à nu des préoccupations pressentes: combattre l'ennemi invisible de la liberté et de la démocratie. Dans un décor évoquant une architecture brutaliste de béton, haute en murailles grises menaçantes, barrant les perspectives, les points de vue, les personnages se heurtent à l'incompréhension, à la fermeture aux idées plus vastes que celles énoncées par Madame Etzer assoiffée de pouvoir. Janos ce personnage empathique rêve à la beauté du monde, de l'humain et fleurit la pièce par sa virginité, sa naïveté au service des autres: missionnaire ou messager, passeur d'informations qu'il ne souhaite ni passer ni révéler. A contre courant de cette journée de 24 heures qui avance ou recule selon le timing voulu par Noémie Ksicova metteure en scène, adaptatrice. Ce sont des images filmées qui rythment la narration,le récit et distinguent en gros plan les personnages. Images saisissantes de pas et de bottes sur les pavés glissants, scintillants des rues assiegées par les bottes du fasciste planant.Films projetés sur deux écrans qui encerclent l'arène de jeu: une plate-forme où évolue ce petit monde étroit, encerclé, pris au piège par sa propre peur. L’apocalypse est proche, la baleine hante les esprits et le cirque qui prend place domine la situation spatiale: l'atmosphère est aux vrombissements, grondements menaçants d'un volcan en passe éruption ou en léthargie feinte.. Tout concourt ici à bâtir une ambiance des plus glaçantes.Apocalypse now, hélas pour ce portrait-paysage d'une ville, cité de la peur qui engloutit le tout et absorbe ses habitants, aspirant leurs désirs de destruction, de terreur et de malveillance. C'est "pas beau une ville, la nuit" et les limelight ne font qu'être gyrophares alarmants et non feux de la rampe

Une oeuvre collective très réussie, rythmée, vécue en toute fraternité et grand professionnalisme. La valeur n'attend pas le nombre des années pour cette "promotion" d'excellence, de prise de risques et d'expérimentation scénographique, très convaincante. 

"À la pêche à la baleine, à la pêche à la baleine,
Disait le père d'une voix courroucée
À son fils Prosper, sous l'armoire allongé,
À la pêche à la baleine, à la pêche à la baleine,
Tu ne veux pas aller,
Et pourquoi donc ? "

Prévert Kosma

Librement adapté de] La Mélancolie de la résistance de László Krasznahorkai 
[Traduction française de] Joëlle Dufeuilly

[Une création de] Noëmie Ksicova  avec les artistes du Groupe 48
[Mise en scène] Noëmie Ksicova
[Collaboration artistique] Sarah Cohen, Elsa Revcolevschi
[Dramaturgie] Louison Ryser, Tristan Schinz

[Avec] 
Miléna Arvois, Aurélie Debuire, Mamadou Judy Diallo, Ömer Alparslan Koçak, Thomas Lelo, Steve Mégé, Gwendal Normand, Blanche Plagnol, Nemo Schiffman, Maria Sandoval, Ambre Sola Shimizu, Apolline Taillieu


Au TNS jusqu'au 26 Novembre 

Marion Lévy Cie Didascalie "Et si tu danses", tu joues au grand Poucet majeur!

 


France Solo 2022

Poucet est devenu adulte et il continue à ramasser des pierres. Il les connaît bien, désormais, il sait leur histoire, à chacune. Un jour, sur un plateau de théâtre, il reconnaît l’une d’elles. Il se rend compte qu’il est revenu là où tout a commencé et se met à raconter son histoire, toujours guidé par ses cailloux. Pour ce spectacle, Marion Lévy s’est assurée le concours de Mariette Navarro qui a écrit un texte direct, fait de situations concrètes dans lequel les enfants dès cinq ans peuvent s’identifier. Mais la réalité a toujours son versant poétique, que transmet le mouvement. Avec la voix se tisse une danse qui prend racine dans quelque chose qui a à voir avec le mime. Danse du vent ou danse des cicatrices, la situation devient l’occasion de faire ressentir le plaisir de l’espace : courir, sauter, voler, etc. Et ce plaisir n’est peut-être pas simplement visuel car il se pourrait bien que Poucet embarque ses petits complices dans la création de la danse


 

"Pouce": on n'y fait ni du stop ni ne jette la pierre a personne!Et pierre qui roule amasse mousse, humour, légèreté en compagnie de cet arpenteur de sentier, sac à doc, chaussures de marche au pied. Un grand gaillard jovial, la mèche sur le front, bon-enfant. De quoi ravir les petits bambins réunis à potron minet dans la grande salle de spectacle de Pôle Sud. Qui deviendra forêt joyeuse retentissante des chants d'oiseaux. Sur sa route, de petits cailloux bien rangés, sur son dos comme un tarmac, il y pose quelques spécimens et s'en fait un plaisir de les transporter. Ces pierres au sol, il s'en empare puis joue dans le vent, le corps balayant l'espace de roulades fougueuses, entrainantes. Comme une chaine de mouvements naturels, légers, évidents: ceux des enfants qui roulent, sautent et se lancent dans l'espace sans appréhension. Et notre bonhomme de nous causer, parler d'orientation, de balises, de repères pour ne pas les perdre: les parents sont loin, il est seul et se débrouille très bien. Rassurant, assuré, notre "rolling stone" va de l'avant sans crainte et dépose ses marques pour mieux se retrouver ou pouvoir se perdre sans crainte. Bel exercice de passation de gestes simples, d"émotions tendres et affectueuses. Stanislas Siwiorek comme un enchanteur, un orpailleur de petits cailloux sur notre chemin de danse. Les enfants invités à monter sur scène y prennent un plaisir sans artifice, sautent, le suivent en ligne pour ne pas perdre leur chemin. Et la danse mène le bal dans cette clairière où abonde le  bon sens, la bonne voie du plaisir de bouger. Et de comprendre au delà des mots, ces gestes mimétiques emprunts au langage chorégraphique, loin d'un exercice de mime traditionnel. Une pierre, deux coups, on  tout semble s'ouvrir vers de nouveaux horizons.Ricochets et jeux de pistes garantis sur le sentier des réjouissances naturelles et qui coulent de source.Marion Levy puise son inspiration au pays de l'enfance avec précision, tact et beaucoup de savoir être ensemble.

texte et dramaturgie : Mariette Navarro
Créé avec la complicité de : Stanislas Siwiorek
Avec : Stanislas Siwiorek et Eric Martin en alternance
Costumes et accessoires : Hanna Sjödin
Création lumière : Véronique Marsy  

A Pole Sud jusqu'au 26 Novembre 


vendredi 21 novembre 2025

"SAHRAVANE" sérail: métissages d'ORpailleurs! Omar Sosa & Souad Asla, félins pour l'autre, pour les autres!

 


Depuis qu’il est imposé au milieu des années 90 comme le grand réformateur du jazz afro-caribéen, le pianiste cubain Omar Sosa n’a jamais cessé de développer son art de la créolisation en multipliant les dialogues transculturels avec toutes les formes de musiques actuelles et traditionnelles. En s’associant avec la chanteuse algérienne Souad Asla, splendide héritière à la tête de son groupe Lemma de l’ancestrale confrérie des Gnawas et de leur musique de transe, il s’aventure en une musique résolument hybride dans un voyage aussi sensualiste que spirituel aux sources du groove. Sahravane fait résonner ces mélopées intemporelles énigmatiques ancrées dans la mémoire populaire algérienne, au prisme du jazz moderne et des formes les plus contemporaines de la musique afro-cubaine.


C'est à capella qu'entonnent nos cinq ambassadrices du désert, perles d'or en parures rutilantes: cinq femmes qui vont se donner, s'offrir et se confronter à une rencontre hors pair : celle avec un pianiste virtuose, sorte de lutin dansant de profil, malicieux en constant grand écart entre piano acoustique et sonorisé. Chaussures rouges et calotte blanche pour ce démon du piano si mobile et mouvant sur la scène.La colonne vertébrale dessinée en oueds colorés sur sa chasuble blanche. Des noeuds qui se défont au contact de Souad Asla, vêtue d'une longue robe pourpre, muscat, mauve-violet de toute beauté.Chevelure de lionne rousse, sourires et expressions tantôt graves, tantôt illuminées. Les bras ouverts, le plexus solaire offert, voici la chanteuse qui danse, tournoie comme une derviche enivrée de rythme et de sagesse.


Assemblée générale extraordinaire: Lemma, des femmes en lutte

Déesse et reine du désert, rose des sables dans une constellation cosmique, un "destin" ourlé de rhizomes, de traces et signes musicaux emprunts de tradition autant que de singularité inventive. Un côté flamenco aussi dans le jeu de poignets et de doigts, de danse orientale chaloupée, sensuelle. Danse serpentine des voiles, regard concentré et ferme sur l'espace musical, le public conquis.De dos, face à ces musiciens, au guitariste Csaba Palotai,discret en fond de scène, avec le percussionniste Gustavo Ovalles qui égrène de l'eau avec des clochettes intuitives. 


Son gumbri, instrument "interdit aux filles" vibre et résonne dans la chaleur de l'atmosphère du concert.Le sud algérien de Bechar très présent dans cette ode au pays et à "tout monde". Le concert fut un régal de partage, de métissage profond fait de trame et de chaine, comme tissé avec des couleurs d'arc en ciel. Le voile dont s'empare au final Souad Asla devient prétexte à une danse sculptée par le flux du tissu, masquant son corps, dévoilant cette cérémonie laïque avec grâce et vélocité. 


Une danse bordée de tendresse, de fureur ou de calme recueilli. Un duo dansant merveilleux entre le pianiste et la chanteuse exécuté avec malice et complicité authentique et pleine de charme. Des instants magnétiques ourlés de la présence fraternelle autant que matriarcale de ces chanteuses et percussionnistes complices.En robes éclaboussantes de dorures, parures des corps et des têtes. Un véritable spectacle qui bat son plein et offre une musique originale, unique pleine de rythmes fulgurants, et d'émotions contagieuses. JAZZDOR, orpailleur de ces pépites d'or à récolter sans modération.Standing ovation dansante lors des trois rappels, bis et autres mélodies "maison" pour ces artistes généreux, courageux, chatoyants.


 
DJ SET
Margarita Tempête pour fêter et partager la danse prolongeait la soirée de ces rythmes très dansants!
Margarita Tempête est une DJ brésilienne qui navigue entre vinyle et digital, du jazz à la disco house, en passant par des rythmes brésiliens, afro-américains et caribéens, avec une curiosité joyeuse. Elle nous offre en clôture de festival un DJ set festif à la hauteur du 40e anniversaire du festival !



Soirée de clôture de la 40e édition du festival Jazzdor-Strasbourg le 21 Novembre à la Briquetterie à SCHILTIGHEIM


(DZ + CU + FR) Souad Asla chant, gumbri, direction artistique | Omar Sosa piano, direction artistique | Csaba Palotaï guitare | Aziza Tahri chant, derbuka, t’bal, bendir, karkabu | Mebrouka Brik chant, bendir, karkabu | Gustavo Ovalles percussions | Rabia Boughazi percussions, pilon, chœurs | Sabrina Cheddad bendir, derbuka, chœurs

 

jeudi 20 novembre 2025

Love Scenes , Tabea Martin : grand méninge à quatre humains : du karst à moudre!

 


Peut-on vouloir aimer ? Décider d’aimer ? Essayer d’aimer ? Qu’exprimons-nous à l’autre, que disons-nous de nous lorsque nous aimons ? Et que ressentons-nous quand l’amour nous est refusé ? Avec ses Love Scenes, Tabea Martin se saisit avec originalité d’un sujet vieux comme le monde certes, mais pourtant loin d’être épuisé. Ses quatre danseurs et danseuses en apportent la preuve on ne peut plus vivante : avec humour et fantaisie, tantôt passionné·es, tantôt mélancoliques, entre émotion et détournement des clichés, ces habitant·es curieux·ses d’un monde qui semble fait de neige et de glace déclinent les multiples scènes de notre besoin d’amour, de nos hésitations et de nos élans, de nos espoirs et de nos déceptions. Puisant à la source incontournable des Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes, la chorégraphe interroge notre rapport à ce sentiment étrange et pénétrant, avec en toile de fond une société empreinte d’individualisme où l’abandon de soi semble être devenu aveu de faiblesse.

Love story is back again..

Mais qui sont-ils ces quatre escogriffes tout de noir gainés: justaucorps, chaussettes haute, sabots de caoutchouc et surtout perruque hirsute, hérissée de longs poils noirs? Des hommes de cavernes croquant des morceaux de pierres blanches qui effritent et se délitent sous la pression de leurs mains et bras d'architectes de pacotille. Ils reconfigurent leur espace de jeu, piste de tapis de danse blanc, carré de néon suspendu et cadre improbable comme base de scénographie.Les blocs de craie ou de karst ,pâte blanche comme des pièces de jeu d'échec et mat! Tribu à quatre corps, trèfle à quatre feuilles nos "humains trop humains" parlent, s'expriment plus ou moins facilement dans des langues étrangères et modulent leur jeu, de la rage à la tendresse, leur danse de bodybuilding, disco, aérobic, ou autre gymnastique tonique..Et la musique de sourdre d'un cassettophone archaïque à l'envi!Danse abrupte presque caricaturale dans les hachés, coupures démantèlements brusques du corps pas trop bien traité. De la verve, de l'humour, un peu de ravissement frôlant la niaiserie ou le ravi de la crèche. Ils font la paire ces quatre espiègles aux yeux exorbités, aux sourires forcés à la dynamique endiablée. Tambour battant "love me, please love me"serait une mascarade des temps nouveaux qui conterait avec les corps, les embrassades, les sauts de joie, les effusions incontrôlées, les ébats autant que la rage, les remords, les interrogations à ce sujet. Deux solos pour exprimer aussi la solitude d'un repenti, en italien décalé bien trempé de haine ou de contentieux amoureux. Un deuxième sur Françoise Hardy et son"tous les garçons et les filles" chanté à capella pour le meilleur et le pire. Quand quatre ados rejoignent cette petite horde sauvage, c'est pour moi faire en miroir, surgir la vacuité de leur sort et des propos de cette génération perdue qui cherche sens et légitimité. L"amour, toujours et sous toutes ses formes abordables sans trop se faire mal, en ne cassant par des briques ni faire de vraies vagues sur un sujet si brulant dans le"genre" et toutes ces possibilités de transgressions perméables au monde. On aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie...ou pas du tout! Pathétique tableau vivant, burlesque, déjanté des amours contrariées, tutoyées, fautives ou perturbatrices. Ces hystériques en goguette fond le tour de piste dans des gravas de ruines blanchâtres déconstruites par leurs actes de sabotage. Et quand les perruques tombent, c'est la fin des hostilités: à vous de choisir entre réalité ou fatalité, entre bain de solidarité ou culpabilité narcissique...Broyer du karst comme de la poudre de perlimpinpin!Poudre aux vertus imaginaires vendue autrefois comme panacée par les charlatans, médicament inefficace, chose illusoire.Poudre aux yeux fardés de la renommée...

 Au Maillon jusqu'au 22 Novembre


mercredi 19 novembre 2025

Robyn Orlin avec Garage Dance Ensemble "How in salts desert is it possible to blossom…": danser sur la terre nourricière !


 Afrique du Sud 5 danseurs + 2 musiciens 2024 

La Sud-africaine Robyn Orlin nous offre le fruit de sa rencontre avec Garage Dance Ensemble, compagnie de danse professionnelle dirigée par Alfred Hinkel et installée à Okiep, ville de la province du Cap-Nord. Sur cette terre vit un groupe descendant des cultures namas et indiennes et parlant une forme réappropriée d’afrikaans. Florissante au XIXe siècle du fait de l’exploitation de son importante mine de cuivre, la ville est aujourd’hui vouée à la paupérisation et installée sur un désert. Mais, après les pluies d’hiver, les sols se recouvrent d’un tapis de 3 500 espèces de marguerites sauvages… Un beau prétexte à célébrer la joie et la poésie. Les motifs d’éclosion et de floraison sont pléthore au plateau, tant dans les boucles chantées et tournoyantes d’Anelisa Stuurman et Yogin Sullaphen, que dans les solos où les corps jouent à entrer et sortir de tas de vêtements chamarrés. Mais la chorégraphe aime à multiplier les points de vue : avec des surplombs vidéo, les corolles deviennent encore plus chatoyantes. 


 Dance-floor garanti pour ce show flamboyant aiguisé par la présence scénique chatoyante des danseurs-marguerite.Autant de pétales, de pistils et de nectar à déguster des yeux en papilles pour un festin sans modération.Ce sont des cordes dénouées qui feront office de prologue, comme des noeuds réparateurs, des traces et signes au sol comme une calligraphie mouvante, serpentine. Les musiciens et danseurs s'installent pour une cérémonie joyeuse de leur terre, leur terroir ou territoire pour une danse inoxydable, celle du cuivre, ce métal cher et convoité. Dans des costumes dignes d'un voguing épatant fort seyant ou débridé, chacun évolue avec son corps animé d'une énergie débordante et communicative. Danseurs et chanteuse de plein poumon, d'une voix chaleureuse, râpeuse au sourire et à l'engagement entier.Garage Dance Ensemble pour manifester l'entrain, la chaleur et la démocratie d'un être ensemble politique, poétique. Comme une agora du verbe, de l'élan vital , de la vie chamarrée du partage assumé. Les tissus toujours emblématiques d'un effeuillage de pétales de fleurs qu'on "aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie"...Les clins d'oeil à des situations parfois dramatiques penchent vers une dramaturgie bigarrée, contrastée , évolutive. Jusqu'à ce miroir en fond de scène qui dédouble et inverse les perspectives et points de vue. Comme une contre plongée cinématographique pour ouvrir l'espace et fendre les volumes de la scène. La joie éclate, éclabousse dans des mouvements chaloupées ou très toniques, comme sauts et gambades alertes, allègres. Non, ils ne sont pas sur une voie de garage, ces corps et cette voix hypnotique qui borde le spectacle d'un côté maternel enveloppant du plus bel environnement sonore. Robyn Orlin en pente douce sur ces sentiers escarpés d'un sujet au coeur d'une géopolitique d'actualité autant que de mémoire.

A Pole Sud jusqu'au 19 Novembre

"Boat People": Marine Bachelot Nguyen : e la nave va ....


On dit que celles et ceux qui ont fui le Cambodge, le Laos ou le Viêtnam après 1975 constitueraient une immigration « exemplaire ». Mais quel est le coût caché de cette exemplarité pour les personnes concernées et leurs enfants ? Marine Bachelot Nguyen, autrice et metteuse en scène franco-vietnamienne, explore la mémoire des exilé·es en provenance du Sud-Est asiatique. Elle donne de la voix aux récits manquants d’une population souvent qualifiée de discrète voire effacée. Elle interroge aussi l’émergence de l’action humanitaire et les effets des générosités ambiguës, en racontant l’histoire d’une famille française qui héberge chez elle des « Boat People ». Exil, pression à l’intégration et traumatismes : en revenant sur les modalités d’accueil des réfugié·es vietnamien·nes dans les années 1970, la forme théâtrale fait émerger des paroles complexes, permettant de mieux conter mille traversées.


Refuge , la scène ne le sera pas...pour cette petite troupe, groupe réuni à l'occasion d'un périple, voyage au bout de la nuit..Ce voyage, c'est celui de ceux qui ont fuit sur des bateaux, des esquifs improbables qui les ont conduits à l'autre bout du monde. Pour se retrouver pour les plus chanceux, adoptés, hébergés par d'honnêtes et compatissants citoyens du monde. Ce sont les récits de ses hommes et femmes que content les comédiens, le premier à s'y lancer, à plonger dans le vif du sujet, un jeune homme, assis. Casque sur les oreilles, avec un accent du Vietnam, des paroles hachées, rythmées par une élocution cabossée, il parle, se raconte. Vont lui succéder, deux femmes, elles aussi rescapées de ce phénomène sociétal de l'époque: les boat people.Le drame se raconte cependant sur le ton de la gravité quasi légère de ces morceaux d'histoire quelque peu oubliés, passés à la trappe de la grande histoire. Et pourtant, ils marquent toute une génération et des mouvements politiques forts, conscients. Cette petite famille "reconstituée" touche et émeut, les personnages s'y détachent dans une sorte de tendresse, de douceur dans l'évocation de leur sort. Dans un décor intime, un salon sobre et anonyme, sur fond de mer et de bruitages marins, ils vivent devant nous: le pouvoir de classes sociales différentes, de codes à enregistrer, d'attitudes à adopter.La cohabitation est possible, nécessaire et chacun semble y mettre du sien sans perdre son identité Les textes, confidences, interviews d'immigrés de force sont de toute beauté, incarnés par des comédiens pétris d'empathie avec le sujet: leurs origines respectives les y conduit.L'orphelin du Biafra, Arnold Mensah y met toute sa conviction dans un jeu entier et passionné. Clément Bigot, le père, le second du couple d'accueillants est généreux et bienveillant. Charline Grand en maitresse de maison est impeccable, parfois drôle et insouciante. Tous intègrent et habitent ces rôles décapants qui traitent d'un sujet négligé, oublié. Un madison endiablé ponctue la narration, histoire de fédérer ceux qui pourraient ne pas s'entendre: les gestes empruntés aux cultures d'Asie du sud est, doigts et poignets mobiles plein de grâce mesurée. 
C'est drôle et touchant.Au final, c'est un jeu de marionnettes de papier qui illustre et résume le sort de ces captifs contraints. Des photographies, comme des collages naviguent sur un écran, filmées en direct par magie. La caméra passe la main pour dominer les uns les autres à tour de rôle.,Un film d'animation prend vie et double les récits, esthétiquement très fort.  Une idée de dramaturgie de Marine Bachelot Nguyen, metteuse en scène et autrice qui signe ici un opus singulier et original, servi par une troupe soudée et métissée, de cultures proches du sujet à vif.

 


[Texte et mise en scène]
Marine Bachelot Nguyen

[Avec] Clément Bigot, Charline Grand, Arnold Mensah, Paul Nguyen, Dorothée Saysombat, Angélica Kiyomi Tisseyre-Sékiné
 

[Assistanat à la mise en scène] Linh Tham 
[Scénographie] Kim Lan Nguyen Thi 
[Vidéo et régie générale ] Julie Pareau
[Lumière] Alice Gill -Kahn 
[Écriture marionnettique] Dorothée Saysombat 
[Son] Yohann Gabillard 
[Costumes] Laure Fonvieille


Au TNS jusqu'au 28 Novembre 

 

lundi 17 novembre 2025

Hugo Meder et Arthur Hinnewinkel avec l’AJAM violon – piano: fougue et intimité automnale.


 Artiste généreux au jeu raffiné, chambriste accompli, le violoniste Hugo Meder vient de graver un disque unanimement salué par la critique avec son Trio Pantoum, dont il est le fondateur. Le pianiste Arthur Hinnewinkel, quant à lui, est lauréat du prix Thierry Scherz en 2024, primé au Concours Reine Elisabeth en mai 2025 et a consacré un enregistrement à l’œuvre concertante de Robert Schumann.


Leur passion commune pour le compositeur allemand prend forme à travers deux œuvres majeures, dont l’énigmatique Sonate no 3, ainsi que la Sonate no 2. Quant à Franz Schubert, autre grande figure de la période, il étendra vers des horizons poétiques la complicité de cette réjouissante collaboration.

Un violon classe et chaleureux. 
Un pianiste imaginatif au toucher ensorcelant. 

Avec pour démarrer le concert une oeuvre de Robert Schumann, "Sonate n° 3 en la mineur WoW027": ce duo de musiciens amoureux et passionnés de musique romantique investit l'église protestante de Bischwiller, nichée aux confins de la bourgade: ambiance crépusculaire du soir qui présage d'un parfum et d'une lumière musicale automnale, romantique, précieuse et nostalgique. Deux interprètes hors pair pour un répertoire audacieux, virtuose qui nous fait voyager dans les contrastes de la musique de Schumann avec doigté, précision et beaucoup de professionnalisme. La dextérité et la technique sans faille aux bouts des doigts voici nos deux "alsaciens" de souche, Hugo Meder et Arthur Hinnewinkel, dans l'arène de la volupté parfois acre et très tonique d'une musique très inspirée: fougue et vitesse, ralentis et douceur pour cette oeuvre écrite dans la douleur par le compositeur atteint d'une longue maladie. Les soubresauts, les écarts des mouvements qui s’égrènent renforcent une dramaturgie musicale puissante et émouvante. Les voir en complices, vivre et incarner cette partition très habitée est un plaisir et une épreuve émotive sans précédent.


De Franz Schubert, "la Sonate en la majeur, op. 162" succède , un choix judicieux pour faire se rejoindre les oeuvres de deux auteurs-compositeurs voisins et quelque part frères d'inspiration et d'écriture. Plus douce et tendre, cette oeuvre semble grandir au fur et à mesure, additionnant les mouvements dans des fractures ou selon, une continuité salvatrice. Le violon murmure ou exulte, le piano frémit, résonne et vibre de tout son corps d'instrument percussif. Les deux complices, toujours aux aguets, pétris de musicalité, attentifs à toutes les nuances de la partition qu'ils maitrisent par corps, par coeur.


De Robert Schumann, la "Sonate n° 2 en ré mineur, op. 121" est au final de ce concert de choix, une oeuvre d'un Schumann éperdu de force quasi brutale dans les entrées en matière, puissance du violon qui même pincé, exprime fragilité et souffrance. Tandis que les mouvements s'enchainent, l'auditeur en apnée, suit ce parcours musical avec l'empathie qu'il se doit. Fougue et virulence à proximité d'une intimité feutrée de l'interprétation de cette vague musicale, houle et accalmie en contrastes saisissants.Une musique "bien chambrée" dans un écrin religieux, sobre et vibrant des ondes très spirituelles d'une musique chatoyante autant que dramatique. Des interprètes généreux et passionnés de haute voltige pour partager "la musique" qu'ils embrassent avec passion et rigueur.

Église protestante 11 rue de l'église 67240 BISCHWILLER le16 Novembre

En partenariat avec la MAC Bischwiller et l'AJAM 

dimanche 16 novembre 2025

"The Brotherhood , Trilogie Cadela Força – Chapitre I"I , Carolina Bianchi et Y Cara de Cavalo : fraternité j'écris et je raie ton nom....

 


Après La Mariée et Bonne nuit Cendrillon, retentissant moment de théâtre, Carolina Bianchi présente au Maillon le deuxième opus de son triptyque Cadela Força consacré aux violences sexuelles et à leur représentation dans les arts. Pour cette exploration, elle adopte avec The Brotherhood un angle nouveau : celui de cette « fraternité » masculine, lien puissant qui innocente les hommes et cautionne leurs crimes à l’endroit des femmes. 

Il berce un nourrisson dans ses bras et lui conte sa vie à venir: plutôt flatteur et encourageant pour ce petit être venu faire ^perdurer la tradition du pouvoir masculin et de ses attitudes formatés à l'égard des femmes: jolie destinée toute tracée pour mieux épier et transmette au bon endroit la la continuité de relations toutes tracées: domination, soumission et acceptation de tout geste, de toute parole engageant la feodalisation des rapports hommes/femmes. Et cela soutenu par la fraternité, la complicité la tribue et ses règles de domination. Puis sur un écran le visage de la protagoniste du "spectacle" Carolina de Cavalo, gros plan en noir et blanc où elle livre sa parole avant de donner un interview à un metteur en scène, histoire de concrétiser ses propos. La femme est en danger permanent dans le mondes des arts et du spectacle vivant.Son visage magnétique raconte la condition des femmes artistes, leur subordination, leurs défaites dans cette course au pouvoir patriarcal archaïque admis dans le déni par des générations d'hommes abusant d'elles. Féminicides, viols dont la définition va être décortiquée et nous apprendre que c'est bien plus qu'une pénétration abusive et obligée. Les mots pour le dire, le raconter dans la bouche d'une femme victime de ces violences aujourd'hui reconnues et dénoncées. A "l"époque" ce sont des Jan Fabre, Polanski et autres sommités qui s'adonnaient sans vergogne à ces pratiques admises, conditionnant la place et la hiérarchie des femmes dans leur carnet de bal...Comme regarder ces hommes, ces artistes démiurges abusant de leur situation dans des endroits bénis par la place de l'Art dans une société.. Le suicide du metteur en scène est l'aboutissement de cet échange alors que notre actrice mène un coït dominateur où elle semble remporte sa revanche...Un corps de ballet masculin vêtu de noir et blanc illustre à la fois la victoire de ces derniers plus que machos ainsi que leur future défaite à venir. Chacun y va de son solo et affiche sa supériorité et son appartenance à la horde, la secte anti féministe et dominante, toxique et psychopathe. La seconde partie de l'opus de plus de trois heures est une sorte de banquet où les hommes réunis, assis vont lire chacun un extrait du livre-enquête de l'autrice sur les phénomènes de viols, tous plus affligeants les uns que les autres.Tous semblent accablés par les faits ici relatés et une sorte de solidarité semble s'installer au regard de la condition féminine bafouée, torturée par des dénis renouvelés de meurtre ou d'humiliation source de désespoir pour les victimes ciblées. Repas qui se termine en danse fracturée, tonique où les têtes et les bustes baissés semblent affligés et coupables. Les légendes et la mythologie dénoncée dans les textes lus et parlés, les analyses savantes des comportements de héros littéraires en apprennent beaucoup sur ces secrets et crimes susjacents. Chapeau à cette artiste, figure de proue de l'engagement de l'expérience performative où elle joue sa propre vie, ses risques et peut-être la rémission de ces sévices faites à son corps et sa pensée. Pensée en mouvement qu'elle nous livre brutalement sans fioriture avec fracas autant qu'avec l'émotion qui engendre la compassion et le partage de douleurs irréversibles, irrévocables de la violence faite aux femmes, aux artistes, aux actrices pour le bon vouloir des hommes dominants.

Au Maillon jusqu'au 15 Novembre


 

samedi 15 novembre 2025

31ème REVUE SATIRIQUE "FAKE l’amour pas la guerre" Lon eich nit FAKE......La Chouc en roue libre! En piste sur le tarmac du vélo cargo à la remorque!

 





Notre 31ème revue satirique se moquera de tout et de tout le monde. Elle passera à la moulinette les politiques locaux, se moquera des Lorrains, parlera du Racing, de l’écologie… et caricaturera l’actualité marquante de l’année. Elle n’oubliera pas non plus d’égratigner au passage quelques phénomènes de société !
Bien sûr, ça va chanter, danser et sketcher. Cette revue se jouera toujours en alsacien dans une salle et en français dans l’autre. Les comédiens continueront de courir de l’une à l’autre pour vous faire rire dans les deux langues.


C'est toujours un plaisir de retrouver en tête de gondole Roger Siffer pour nous brosser un concentré-résumé bien trempé de ce qui va nous tomber sur la tête: une farandole de sketches , alerte, vive et bien menée sur les fausses routes de l'actualité: le "mensonge", c'est quoi, c'est permis de se conduire comme nos  heureux élus, le bracelet chevillé au corps comme Guy Riss le colporteur seul sait le faire, c'est la vélo-cité de tous et d'un seul qui pédale dans la choucroute sur un vélo-cargo à la remorque, fumées polluantes en poupe : un Vetter Jean Philippe incarné par Arthur Gander, à la mèche bien gominée. Mille et un détails, très fouillés pour nous révéler dans une mise en scène de Céline d'Aboukir que "tout est faux, archi faux" et que chacun se débrouille pour sauver la mise de ces faussaires, monte en l'air de la politique qui s’agite dans l'urgence et la proximité des municipales. 


Alors c'est Jeanne qui est l'otage de sa mairie, en vert et contre tous, incarnée par Magalie Ehlinger qui a toujours la banane, la pêche ou la fritte et brûle les planches face à une Trautmann invisible qui hante le plateau avec son retour souhaité par elle seule, cavalière sans selle, à cru et à dia sur la sellette des octogénaires en voie de mutation politique. A droite, à gauche on ne sait plus ou donner de la dynamo ,dans ce fatras où les véhicules sont l'objet de polémique. On recycle comme on pneu....La piste cyclable et les travaux d'Hercule de la Robertsau donnent l'occasion à Susanne Mayer d'être un gamin perspicace à l'arrière d'une auto conduite par des parents foudroyants de nervosité et d'hystérie drôlatique. On reprendra une part du gâteau, une vraie crinoline, telle un entremets plastique de toute beauté évoquant le partage improbable de la vérité. Et puis, vive Airbnd qui offre des possibilités financières calculées pour s'enrichir sur le dos des autres, boite à clefs en collerette pour touristes fascinés par une cathédrale de pacotille dressée pour un qui Trump énormément: Magalie toujours au taquet pour de multiples incarnation de personnages hauts en couleurs dans cette mascarade bigarrée désopilante. Un solo de danse de cigogne magistral pour Sébastien Bizzotto, moitié oiseau , moitié mirabelle pour saluer l'Alsace et la Lorraine: une danse bien relevée, très poétique dans des atours signés Estelle Duriez et Magali Rauch : danse façonnée sur mesure pour ce volatile et tous les autres, par l'oeil et la conscience corporelle de la choré-graphe Charlotte Dambach, désormais maitresse de ballet attitrée, côté cour, côté jardin. Pas facile de faire se mouvoir des tendres rebelles qui de revue en revue peaufinent gestes et agilité, motricité et souplesse inégalées. Les attitudes, pauses et autres gymnopédies bien ajustées aux capacités de chacun, habitant son corps comme jamais!Les comédiens s'en donnent à coeur joie, alors que le pianiste Thomas  Valentin joue et gagne dans tous les registres de chansons revisitées; les "Cornichons" pour un déjeuner sur l'herbe endiablée, un "Ce n'est rien" plein de charme et un "slam"vertigineux de Bizzotto , du Diam's en barre, tambour battant dans un rythme fulgurant. Du bel ouvrage de performeur aguerri à toutes signatures de mise en scène et d'interprétation. La malice et le charme opérant auprès de ses compères, complices de longue date. On se réjouit ici de cette osmose qui donne le meilleur d'une tribu hors pair qui invente et signe des textes fameux, insolites et d'actualité, mordants, incisifs et décapants.Ca fourmille de bonnes idées, en carapaces molletonnées tout de noir pour évoquer les galeries de la supercherie ambiante. La Chouc inoxydable, galvanisée par une équipe soudée et dont le challenge "pédagogique" une fois de plus expose les soucis d'une recteure royale, au "pouf" et costume fascinant: Susanne Mayer au top, discrète et facétieuse dame de coeur et de répartie digne d'une reine de chateau de cartes. Votez pour eux "Élysées" les sur le champ, ces saltimbanques au grand coeur cinglant et lucide. Pour Schlagg, Marie Hattermann et Nathalie Muller, pour la liste la plus déjantée d'objets d'élections à venir! Alors Takata" fera son show sans se dégonfler, Guy Riss ajustant les risques d'absorber les électro-chocs comme des bulles gigantesques de chewing gum sans  mâcher ses mots! On ne perd pas les pédales douces sur son deux roues, sur les chapeaux deux roues dans cette revue où la magie opère comme dans une de ses saynettes où l'on tranche dans le vif du sujet la tromperie et le leurre, le mensonge et la vérité qui font du bien!

Une sucette rose en coeur comme présent, cadeau de sortie de campagne électorale, péché mignon capital à confesser de toute urgence pour bien déminer les grenades et autres fruits défendus de ce spectacle garanti par la belle équipe d'une "institution" du cabaret vivant de notre territoire.Mine de rien sur internet on fait moins bien et les bécanes informatiques ne valent pas le cycle-amen de la Mairie...Et on se met sur son 31 pour saluer le talent et la verve de tous!

 


Avec : Sébastien Bizzotto, Magalie Ehlinger, Arthur Gander, Marie Hattermann, Bénédicte Keck, Susanne Mayer, Nathalie Muller, Guy Riss, Jean-Pierre Schlagg et Roger Siffer
Piano (alternance) : Jean-René Mourot, Thomas Valentin, Sébastien Valle
Textes : équipe de la Chouc’
Mise en scène : Céline D’Aboukir – Chorégraphie : Charlotte Dambach – Costumes et scénographie : Estelle Duriez, Magali Rauch et leur équipe – Lumières : Cyrille Siffer –

Jusqu'au 22 Mars à la Choucrouterie 

 

vendredi 14 novembre 2025

Brigitte Seth & Roser Montlló Guberna "Señora Tentación": Eros et Lesbos enlacées, côté cour, côté jardin....L'épiderme effleuré en état d'ivresse

 


Cie Toujours Après Minuit      France Duo 2024

Señora Tentación

« Il n’y a pas de plus grande joie que de se cacher et de plus grand malheur que de ne pas être découvert » écrivait William Somerset Maugham. Dans Señora Tentación, créée par Marie Dilasser, deux femmes sexagénaires nous racontent le grand secret qui les anime deux jours par semaine : leur amour passionné. Celui-ci est caché par une jungle foisonnante qu’arrose Brigitte Seth, la concierge. Si elles en sortent, c’est pour le clair-obscur de la cage d’escalier, territoire de Roser Montlló Guberna, la femme de ménage. Les deux nous disent cette relation, avec force images allant jusqu’à l’érotisme ; elles le dansent aussi, avec allégresse et timidité. Devant nous, la force de l’âge qui fait récit et la vibration adolescente de la rencontre amoureuse. En creux, il y a le regard des autres, que l’on craint malveillant, insultant, discriminant, mais que l’on espère attentif, soutenu, aimant. 


 Un parterre de plantes vertes, palmiers, youkas...On se croirait dans la cour d'un immeuble parisien soigneusement végétalisé, arboré par une main verte: celle d'une concierge attentive à la floraison, à fleurs de pot, côté cour, coté jardin...? C'est une carte du tendre que vont déployer Roser et Brigitte, compagnes, compères, complices sur la scène comme dans la vie. Un tracé dansé, corps-texte d'une mélodie du bonheur, de l'amour, de la tendresse. Le récit d'une rencontre entre deux femmes, l'une de "ménage", en état d'ivresse épidermique de bonne conduite,l'autre de gardiennage d'un même immeuble. La concierge est dans l'escalier, reine d'un territoire, la technicienne de surface, agent de nettoyage, pleine de grâce et de sensualité. Inévitable frôlement, esquive ou enlacement, tendres évolutions joyeuses de femmes en mouvement. L'une est "pompette", galvanisée par un sens aigu du toucher, de la caresse, de ce sens qui éveille au monde: la peau d'un univers merveilleux, attentif au faits et gestes de l'autre. L'une danse, l'autre aussi, l'une parle et essore les mots, l'autre murmure un texte élogieux, pudique et parfaitement ajusté à une condition pas toujours facile à assumer, à vivre. Aimer une autre femme que soi, partager dans l'ombre ou la lumière un amour "défendu" ou "interdit" aux yeux et au regard d'une société bienpensante. Un penchant tendre et discret pour le même genre que le sien: lune et l'autre comme un soleil cou-coupé,pensant, rayonnant d'une énergie et d'une humanité hors pair. Ces deux danseuses-conteuses-comédiennes évoluent dans ce champ de verdure comme deux fleurs cueillies pour un ikebana plein d'espagnolades car le geste et le verbe claquent haut et fort, la musicalité, la grâce d'une langue fertile, généreuse mais âpre aussi. Les corps délivrent l'audace d'assumer ses choix, ses "penchants" comme des roseaux flexibles et ondoyants. 


Comme les geste déhanchés de Roser Montllo, comme son dos dévoilant la géographie calligraphiée de ses muscles en rhizomes dansants. Et ce concerto pour deux instruments élégiaques de distiller la joie, la douleur, l'égarement, le rêve. Rêve de dancefloor où "toujours après minuit" les corps se donnent, se livrent à l'extase et la douceur de se reconnaitre telles qu'on est. Une danse à soi, pour un endroit à soi sans hégémonie de sexe ou de particularité ni de différence. Pourtant ce que dicte le sociétal convenable ne peut faire intrusion dans ce bel espace de liberté sans affecter ces deux aimantes, dans ce dance-fleur à fleur de peau. Irrésistible parcours mouvant qui fait réfléchir et fléchir la pensée en y ajoutant une once d'irréparable "péché" avouable. L'hyper sensibilité des deux danseuses interprètes des mots du corps comme une irruption cutanée qui touche et fait effet de troubles hérissés et titillant de démangeaisons sensuelles, érotiques. Comme des jambes dissimulées derrière les palmiers , cachant les tendres ébats de ces personnages devenus familiers au cours de la pièce chorégraphiée et mise en scène par nos deux protagonistes de la poésie chantante des corps impliqués, engagés par l'émotion et la vérité de la vie devant soi.

Et le texte de Marie Dilasser sur le "secret" de dévider ses jeux de mots, bascule sémantique de virelangues bien appropriés, qui coulent de source, liquéfiés, fluides et humoristiques.Épidermique peau du monde, "Senora Tentacion" , comme un tango nostalgique, parfum de femme,sans être manifeste ni plaque de revendication féministe est une arène concentrique où la danse prend tous ces droits fondamentaux de médium multiple, alliant le corps, le texte et le jeu dans une magnétique circonvolution, virevolte maline et sensible , partition tonale et tonique de l'expérience du monde sensible. Eros et Lesbos au bal, fuyant Tanatos ou frôlant la mythologie inéluctable du destin. Et l'on fredonne "belle nuit o nuit d'amour, sourit à nos ivresses...", barcarole étoilée , ludique et prometteuse de constellations amoureuses.


A Pole Sud jusqu'au 14 Novembre 


Le terme de lesbienne découle de la poésie antique de Sappho, qui est née à Lesbos. Ses poèmes, à l'intense contenu émotionnel suscité par les autres femmes, expriment l'amour homosexuel.
 

 

"merci pour ce très bel article qui exprime toute l’extrême sensibilité et le tragique de cette amour particulier 
Quand danse et texte s’entremêlent… érotisme du touché à fleur de peau"  Pierre Boileau

 

jeudi 13 novembre 2025

JOANNE LEIGHTON "The Gathering" • Les sylphides de retour

 

jeudi 6 novembre 2025

"Barmanes": pilier de bar parallèle à terre...Kali, Perle et reine du zing

 


BARMANES est une immersion d’une journée dans le corps d’une femme, serveuse, en France.  

D’une commande à une autre, la journée défile, jusqu’à la fin de son service, qui ne va, en réalité, jamais se terminer. Elle aura le temps de passer un casting, de tomber amoureuse, de s’énerver, de donner sa démission, de faire la fête, et de servir toutes ses tables.

Au vacarme incessant du bistrot est opposée la sororité d’une équipe. Grâce à des interviews réalisées auprès de ses anciennes collègues, Marion porte une voix chorale qui poétise la charge mentale et les rapports dominants. Soutenue par une playlist RnB des années 80-90, ce poème documentaire résonne comme un hymne générationnel. 


Marion Bouquet nous accueille au pied de l'estrade de la Salle du Cercle de Bischheim... Nous souhaite une bonne soirée en sa compagnie et regagne le plateau.Et c'est "sur un plateau" qu"elle va nous confier une partie de sa nouvelle vie de jeune et fraiche émoulue barwoman: une petite heure durant on va partager sa vie, son temps et son emploi du temps, du matin au soir, alors que sur le fond de scène tous les mots pour désigner un bistrot, défilent à l'envi: guinguette ou troquet, buvette ou zing? Bref, ou brèves de comptoir, voici conter de sa propre personne les vies et aventures d'un métier peu souvent ausculté ni interrogé. Son expérience est livrée ici à vif oscillant entre récit, autobiographie ou simple évocation d'une destinée livrée au service des autres. Dans un décor peuplé de barriques de bière Perle qui seront tantôt tables, chaises et éléments de la dramaturgie.Elle y connait toutes sortes de situations qu'elle évoque et vit à fond, se donnant comme comédienne, autrice et metteure en scène au mieux de sa forme. Serveuse n'est pas un sacerdoce, ni une vocation: c'est pourtant de la joie et du bonheur qu'elle offre en vivant devant nous des rêves tout éclairés en bleu et une réalité teintée de jaune-orangé. Mathias Moritz en inventeur d'ambiances-lumières très aguerri.Les lumières la révèle dans l'expression des ses humeurs, de ses voeux les plus chers: peut-être celui d'être aimée par un client qui prétexte la mauvaise cuisson d'un onglet pour la voir revenir vers lui...La journée s'écoule, mouvementée autant que fastidieuse, le balais en main au petit matin, les "bonjours" sur tous les tons à une clientèle fidèle ou improbable. C'est ce sourire affable ou sincère, cette attitude bienveillante ou agacée toujours pourtant galvanisée par la course à la tâche à exécuter. Il y a du bonheur dans le jeu et la présence de Marion Bouquet, de l'engagement, de la malice.

avalokiteshvara déesse aux mille bras

C'est aussi Kali, la déesse aux mille bras à tout faire .Un joli morceau de karaoké pour séduire un client de rêve, des bras portant des kilos de bière chorégraphiés en angles et cassures gestuelles fort à propos. Cette chorégraphie signée Nawel Bounar lui sied à merveille, comme une signature corporelle, jeu de gestes du métier qui la transforme peut-être en robot à exploiter..Tout de noir vêtue, tablier au corps, notre "serveuse" se rebelle ou se retient, conte les humiliations ou le mépris de certains clients à son égard. Sans haine ni rage cependant: c'est le lot du métier: "j'arrive" toujours disponible et pourtant rongeant son frein.Ce sera une lettre de démission pourtant qui la révèle à elle-même pour changer de voie, de voix aussi pour ne plus se taire et s'abaisser. Un métier ici évoqué très sincèrement, justement et dans un certain humour ou les courses de garçons de café sont remportées par des femmes! Une aventure scénique à partager avec l'enthousiasme de la belle équipe qui a bordé et accompagné, porté ce projet collectif pour donner naissance à ce "solo" fraichement sorti à qui on prédit un bel avenir: on passe la commande et le message: l'addition sera très digeste et on y retournera . 


Distribution :

Ecriture, mise en scène, interprétation – Marion Bouquet 

Dramaturgie et complicité artistique : Giuseppina Comito 

Scénographie et régie plateau: Alice Girardet 

Chorégraphie : Nawel Bounar 

Création sonore : Ocey

Création lumières : Mathias Moritz 

Co-production : Espace 110 – scène conventionnée d'intérêt national d'Illzach ; La Coupole de Saint-Louis, le Diapason de Vendenheim 

A Bischheim salle du cercle le 6 Novembre 

Le barman, dit également bartender – au féminin barmaid ou barwoman – est un travailleur polyvalent qui accueille la clientèle du bar, prépare et effectue le service des boissons chaudes, fraîches, simples ou composées (cocktails), ainsi que des mets simples voire des snacks, des sandwichs ou et des crèmes glacées. 

mercredi 5 novembre 2025

"Cortex /Dyptique": folie douce et transport en commun inégalés

 


Seuls les fous et les solitaires peuvent se permettre d’être eux-mêmes

« Ça me dérange pas d’être folle, tu sais Michel. Au moins faire une bonne vieille crise de tictacboum, ça occupe le cortex. Au moins ça fait qu’il se passe quelque chose, le réseau de neurones s’active, il y a des étincelles. Tu sais, j’ai l’impression que tout le monde est heureux, sauf moi, et toi. »« Notez qu’un rien pourrait me délivrer, une goutte d’alcool brut, une main pour le bal… et je serais fada fondue frappée.et pousserais les limites et le bouchon…Et allez !! On débouche ! On pétille dans le sens du plafond !Hissez le barjo qu’on rigole,Pour un rien ! Pour cette vie risible et dingue ! »


Il y a Elsie, seule dans la maison de sa mère, qui cause avec un bouquin. Et au fond du bus, il y a ce voyageur mental, égaré dans ses divagations intérieures. Parce qu’un épisode psychotique vibrant et poétique transcende parfois la folie ordinaire de ces personnages atypiques et attachants…Deux textes en miroir écrits tout spécialement pour les acteurs Pauline Leurent et Logan Person par les autrices Catherine Monin et Mélie Néel. Mise en scène la saison dernière avec l’équipe artistique du TAPS, cette création inédite jette un pont entre l’écriture et la scène, entre les artistes et les techniciens, entre un théâtre et son public.


Le public est disposé en miroir, se fait face et l'on observe son semblable comme faisant partie du jeu: je "regarde" l'autre alors que déjà sur la scène de plain-pied une femme se concentre sur ce qui repose à ses pieds.e Le sol est jonché d'objets comme momifiés ou calcinés comme une installation de Kounellis: restes, fragments ou reliefs d'une vie: celle de la mère de Elsie, une femme esseulée perdue dans cet espace désertifié où les souvenirs sont omniprésents. Elle, c'est Pauline Leurent, forte personnalité portant un texte magnifique où les dialogues se confondent avec le jeu d'un autre personnage blessé par la vie. Logan Person sera son compagnon de route, le révélateur de son existence qu'elle crie et qui se déchire au fur et à mesure que le temps du jeu s'écoule. Il est aussi Jeff, l'homme rencontré dans le fond d'un bistrot qui lui tiendra la tête hors de l'eau. Car elle est bien "hors sol" déboussolée, égarée et perdue malgré des apparences séductrices et attrayantes. Les destins se croisent, se calquent, se chevauchent dans une mise en scène très rythmée où les "danettes" se dévorent  pour déstocker les souvenirs. Un grand moment de théâtre où les deux comédiens portent et s'emparent du texte, riche, dense et déroutant. Seconde partie de ce "Cortex" annoncé, l'incarnation de deux personnages dont cet homme qui dort debout dans un bus jusqu'à son terminus. Entre temps un cerveau bien vivant, chatoyant, coloré affrontant l'hiver glacé lui lance des boules de neige pour le réveiller à sa conscience. Il est désemparé, fragile face à cette force de la science qui dicte sous sa moumoute protectrice, les pensées et actes scientifiques d'une potentielle guérison, prise en charge de sa léthargie. Une fois de plus Pauline Laurent surprend, épate et séduit dans un jeu, une élocution et des excès de voix fulgurants. La rage ou la férocité de ses convictions la poussant à fond dans une interprétation physique, charnelle et puissante. Face à elle Logan Person se réfugie dans un jeu habile et subtil de la perte d'identité et de l'absence d'altérité face à ce lion rugissant. Dans un frigidaire dont le contenu sera son corps recroquevillé comme relique oubliée.


"Fermer le livre" de Mélie Néel et "Sous la route" de Catherine Monin donnent lieu à une création théâtrale de toute beauté et grandeur, plongeant au coeur d'un monde de folie, de déséquilibre et de déplacement des corps, exemplaire. Olivier Chapelet, chirurgien et soignant de ces âmes en déroute sur des sentiers jonchés de feuilles volantes ou d'objets mystifiés à la dimension plastique et esthétique fort singulière.

 

Textes Fermer le livre de Mélie Néel / Sous la route de Catherine Monin

Mise en scène Olivier Chapelet Avec Pauline Leurent et Logan Person


Au TAPS Laiterie jusqu'au 7 Novembre