"Avec justesse et émotion la danse d’Olga de Soto retisse les fils de son parcours mais aussi de l’histoire de la danse. Après plusieurs années d’immersion dans la recherche, autour d’œuvres célèbres – comme La Table verte de Kurt Jooss (1932) dénonçant la montée du fascisme – la chorégraphe réinvestit la scène en solo. A la façon d’un corps-archive, ses gestes nourris de traces, pensées, sensations issues de ses investigations, son mouvement se déploie : de l’intime aux questions de l’existence et de la mémoire collective.
Les gestes tour à tour graves ou ténus qui naissent de son corps-archive, laissent fugitivement apparaître ce qu’il retient, bribes de souvenirs intimes parfois mais aussi réminiscences d’une mémoire corporelle longuement affûtée au fil de sa démarche, auprès des artistes avec lesquels elle a travaillé, ainsi que par ses expérimentations et son propre travail de création. Sans compter son investissement dans la recherche.
Durant plusieurs années, Olga de Soto a pisté danseurs et spectateurs d’œuvres les plus politiquement engagées de l’histoire de la danse. Mais, bien loin de se confondre avec un musée de la danse, la posture de l’artiste espagnole, s’est focalisée sur les traces invisibles qui rendent si vivantes au plateau l’histoire des corps et leur propre évolution depuis le siècle dernier. Ce sont les questions soulevées par cette quête et le dépôt de ces traces en elle que la danseuse interroge dans Elle (retient) entrelaçant poétiquement l’écriture chorégraphique à l’investigation documentaire. "
"(Elle) retient"....la danse !
Elle est seule sur le plateau du studio de Pôle Sud, pieds nus, habillée sobrement, bleu et noir; au sol un long fil qui s'enchevêtre, filon de la mémoire, fil d'Ariane, trace une spirale: une poulie lentement le ré-enroule....On revient sur le passé, le temps, on fait marche arrière pour mieux retracer la trajectoire des investigations "historiques" d'Olga de Soto sur la mémoire de la danse, celle qu'elle à vu, celle d'autres ont partagé en leur temps. Elle danse au sol, trouve ses appuis, s'essaie à diverses formes et équilibres, tatone, s'élance peu à peu dans l'espace.Ce qui nous relie au sol, avec virulence ou dans la lenteur. Elle s'étire, se mesure au temps se balance, prend le pouls de son corps, tente des équilibres improbables.
"Retiens, la mémoire de la danse".....
"Incorporer la danse" en mémoire, celle de son complice Vincent... L'intelligence émotionnelle guide sa démarche, "effacer" a du bon nous livre-t-elle modestement avec ses mots. "Chasser la danse" dit-elle en semblant rappeler, reconvoquer certains gestes qu'elle façonne et retrouve, à l'aveugle.
"Les trous" laissés par les autres, les manques de mémoire l'intriguent, la titillent, la taraude; le temps, les mots inaudibles sous-texte muet lui font imaginer la danse, avec ces mots là qui ouvrent des espaces.
De sa quête à la recherche des "témoins" et acteurs de "La table verte" de Joos, elle nous livre l'énumération de son périple géographique, de villes en villes à saute frontières. C'est drôle et émouvant. Pendant que lentement, le filon se rétracte se réenroule, symbolisant la remontée du temps, de la mémoire. Elle franchit en diagonale l'espace, frappe du pied, écrase, évacue quelque chose: la danse, les souvenirs, les paroles des autres que l'on entend de la bande son diffusée, témoin en toutes langues des rencontres et des propos échangés avec ceux qu'elle a retrouvé.
Beaux "témoignages" de vie! Le "rituel des crocodiles" qu'elle nous conte est superbe et plein de charme, de vérité: ces "habitants" fantomatiques des divers appartements de son enfance.
"Mes cheveux m'écoutent", "je suis un corps éponge": autant d'aveux fertiles de sens, de poids et de sincérité, parmi ces voix enregistrées qui s’emmêlent, se confondent en un joyeux charivari, qu'elle nous traduit simultanément. Des témoignages sur la mort dans "la table verte" lui donnent un rôle de conteuse, paroles sensibles, récits organiques de vécu. Sur les événements dramatiques concernant le Chili, elle laisse sourde la parole de l'autre, se laisse pétrifiée ou envahir par ce qu'elle recollecte...
Historienne du vécu, elle invente à sa façon, une perspective de réactiver la mémoire de la danse, de la ré écrire.
Du sable s'égoutte des cintres comme un "sablier" dans un halo de lumière avec un bruit de bâton de pluie qui crisse
Au final une marche frontale lente, les yeux fermés la conduit vers nous, puis elle disparaît, sereine, toujours à la recherche d'une danse perdue et retrouvée, quête, enquête incessante sur le devenir des mémoires individuelles ou collectives!
A Pôle Sud les 29 et 30 Novembre
"(Elle) retient"....la danse !
Elle est seule sur le plateau du studio de Pôle Sud, pieds nus, habillée sobrement, bleu et noir; au sol un long fil qui s'enchevêtre, filon de la mémoire, fil d'Ariane, trace une spirale: une poulie lentement le ré-enroule....On revient sur le passé, le temps, on fait marche arrière pour mieux retracer la trajectoire des investigations "historiques" d'Olga de Soto sur la mémoire de la danse, celle qu'elle à vu, celle d'autres ont partagé en leur temps. Elle danse au sol, trouve ses appuis, s'essaie à diverses formes et équilibres, tatone, s'élance peu à peu dans l'espace.Ce qui nous relie au sol, avec virulence ou dans la lenteur. Elle s'étire, se mesure au temps se balance, prend le pouls de son corps, tente des équilibres improbables.
"Retiens, la mémoire de la danse".....
"Incorporer la danse" en mémoire, celle de son complice Vincent... L'intelligence émotionnelle guide sa démarche, "effacer" a du bon nous livre-t-elle modestement avec ses mots. "Chasser la danse" dit-elle en semblant rappeler, reconvoquer certains gestes qu'elle façonne et retrouve, à l'aveugle.
"Les trous" laissés par les autres, les manques de mémoire l'intriguent, la titillent, la taraude; le temps, les mots inaudibles sous-texte muet lui font imaginer la danse, avec ces mots là qui ouvrent des espaces.
De sa quête à la recherche des "témoins" et acteurs de "La table verte" de Joos, elle nous livre l'énumération de son périple géographique, de villes en villes à saute frontières. C'est drôle et émouvant. Pendant que lentement, le filon se rétracte se réenroule, symbolisant la remontée du temps, de la mémoire. Elle franchit en diagonale l'espace, frappe du pied, écrase, évacue quelque chose: la danse, les souvenirs, les paroles des autres que l'on entend de la bande son diffusée, témoin en toutes langues des rencontres et des propos échangés avec ceux qu'elle a retrouvé.
Beaux "témoignages" de vie! Le "rituel des crocodiles" qu'elle nous conte est superbe et plein de charme, de vérité: ces "habitants" fantomatiques des divers appartements de son enfance.
"Mes cheveux m'écoutent", "je suis un corps éponge": autant d'aveux fertiles de sens, de poids et de sincérité, parmi ces voix enregistrées qui s’emmêlent, se confondent en un joyeux charivari, qu'elle nous traduit simultanément. Des témoignages sur la mort dans "la table verte" lui donnent un rôle de conteuse, paroles sensibles, récits organiques de vécu. Sur les événements dramatiques concernant le Chili, elle laisse sourde la parole de l'autre, se laisse pétrifiée ou envahir par ce qu'elle recollecte...
Historienne du vécu, elle invente à sa façon, une perspective de réactiver la mémoire de la danse, de la ré écrire.
Du sable s'égoutte des cintres comme un "sablier" dans un halo de lumière avec un bruit de bâton de pluie qui crisse
Au final une marche frontale lente, les yeux fermés la conduit vers nous, puis elle disparaît, sereine, toujours à la recherche d'une danse perdue et retrouvée, quête, enquête incessante sur le devenir des mémoires individuelles ou collectives!
A Pôle Sud les 29 et 30 Novembre