vendredi 28 juillet 2017

Les danseuses vous japent au nez !






jeudi 27 juillet 2017

Le bel été parisien: Festival Paris l'Eté


Une manifestation qui se transforme, fait sa mue sous l'égide de Laurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel, codirecteurs: la Seine est devenue spectacle et la scène de bien belles manifestations estivales, en plein air, si possible.Paris reprend ses "quartiers d'été" sous un jour nouveau, ou plûtot un crépuscule du soir prometteur de lumières singulières!
C'est donc dans les Cours, au sein du Lycée Jacques Decour que fut donnée l'occasion de voir Quatre spectacles de "danse"
"Carte blanche à la compagnie Adhok, de Doriane Moretus et Patrick Dordoigne,sous deux volets: Immortels,"Le nid" (partie 1) et  Échappées Belles"Point de fuite" ( partie 2)
Une sorte de fresque, ode tant à la jeunesse, qu à la vieillesse: on fait le pont et on saute les "adultes" pour entrer directement dans un portrait croisé de deux générations bien différenciées par l'âge, l'histoire, l'apparence physique. Quelle verve et quelle audace pour aborder singulièrement cet état de fait, de corps et d'esprit, dans une approche sereine et ludique, grave et sérieuse à la fois.
Ici on ne se moque ni ne caricature ni les uns, ni les autres.



Dans "Le nid", ils n'ont pas froid aux yeux, ces oisillons, neuf danseurs, comédiens tout frais émoulus, pour incarner innocence, virginité, naïveté et inconscience. Du haut d'un dispositif ingénieux, évoquant le nid de cigognes, ils vont une heure durant, déjouer les embûches de ce micro espace confiné qui s'ouvre vers le ciel et dégringole vers le bas pour ceux qui ne savent pas encore voler de leurs propres ailes. C'est gai, c'est vif, ça pirouette et ça rime avec amourette, tendresse et atmosphère débonnaire.
Charmantes bestioles aux couleurs bigarrées, joyeuses, endiablées comme il se doit d'une jeunesse rieuse et volubile, volatile aussi et futile! De surcroît, ce soir là, malgré la pluie, les ébats de nos oiseaux en proie à l'eau sur leur plumage, furent pugnaces et encore plus vivants que d'ordinaire. Le gigantesque nid, pour mieux les héberger ou les chasser du cocooning parental, en guirlande, redoute ou défilé fraternel à la Pina Bausch, au delà de tout obstacle à franchir!


Quant aux anciens, dans "Point de fuite", ils font la belle et la nique à la camarde qui menace en les appelant au mégaphone pour leurs derniers instants. Comme enfuit d'une maison pour les aînés, voici une bande de trublions hors norme qui défit les lois de l'âge pour retrouver, malice, complicité, audace envers tout ce qui ne leur serait plus permis: l'amour, l'érotisme, le jeu, la joie, la bonne chaire et les plaisirs aussi de la nostalgie. Sous la bienveillance d'un arbre lumineux, ils réinventent leur monde, se réfugient dans l'amitié et les échanges complices pour déjouer l'âge, les plis de la peau et tout le reste!Ils sont tendres et émouvants, touchants et plein de grâce, portant leur âge avec courage et hardiesse: leur mentor préparant amoureusement une véritable pâte à spaghettis devant nous, qu'ils dégusteront, jamais déçus, toujours enthousiastes, même si les obstacles parsèment leurs ébats: une danse légère, une chorégraphie chorale sobre, simple, vivante!Jamais au repos, jamais à la retraite!

Autre pièce jouée dans la grande Cour du Lycée Jacques Decour, "Sideways Rain" de la compagnie Alias de Guilherme Botelho


Une performance haletante de quinze danseurs sur le plateau, une heure durant, faite uniquement de traversées fulgurantes des uns après les autres. Imaginez un écran sur lequel passerait des images d'hommes et de femmes qui rampent,courent, se renversent, roulent soit au ralenti, soit à une vitesse folle, le mouvement d'ensemble allant vers un crescendo dramatique saisissant. Vers qui se dirigent-ils, où courent -ils sinon vers leur propre destin, seuls ou en chorus, isolés ou solidaires...Sur une musique de Murcof, cette vision hypnotique égrène ses variantes comme autant de surprises, de coup de théâtre infime (on songe à "Insurrection" de Odile Duboc, chorégraphie de groupe, incessamment mus par les corps, puis déconstruite par accident successif qui sèmeront la zizanie dans l'ordre établi.)
Ici, pas de révolution, mais une fugue, une fuite sempiternelle, une course contre la montre, une échappée qui n'aura de cesse que le tissage en avant scène une sorte de barrière de fils tendus pour encore mieux guider leurs traçabilité, rémanence fulgurante de lumière vivante sculptée par les corps vecteurs et témoins de la danse dans son état de corps le plus fluide, le plus vêtu et dévêtu de couleurs et de sentiments d'abandon à la vie qui passe et repasse à l'envi devant nous!

En "apéritif" d'une soirée, une petite perle nichée au cœur de la chapelle du Lycée Jacques Decour
"Bach Sonia Shantala"


Une performance singulière entre la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton et  la danseuse indienne Shantala Shivalingappa, entourées par le public réuni pour cette cérémonie étrange en début de soirée
Elle, musicienne fait corps avec son instrument à cordes, le place au milieu de l'arène et entame les suites de Bach, l'autre, danseuse de noir vêtue apparaît et joue de sa gestuelle doigtée, rude, tectonique , brusque et ancrée au sol pour la rejoindre peu à peu, l'apprivoiser, se mettre dos à dos pour mieux épouser les mouvements de son corps en proie à l’exécution de la musique, glissée, sensuelle, intuitive. Qui danse, qui joue, on ne sait plus: les regards se croisent ou s'affrontent, directs, sans concession: le duo-duel se prolonge selon les étapes et stations dans l'espace, de la musicienne face à ses pupitres au sol.L'atmosphère est tendue, suspendue: on écoute la danse et regarde la musique.
Les pas se font bruissants, les notes résonnantes et dans ce décor chaleureux, boisé et vitraux filtrant une lumière chaude et rougeoyante,  Bach s'incarne et croise les genres pour mieux faire frissonner et vibrer les corps des interprètes. C'est beau, émouvant et envoûtant comme leur rencontre, leur complicité, leur interrogation, l'une face à l'autre: toute altérité gardée, toute différence respectée dans une grande musicalité.
Un hommage aux muses de la musique et de la danse!

Autre surprise du Festival dans les jardins du Musée Picasso:
"La Cabane aux fenêtres et La Marche " de Mathurin Bolze, de la compagnie MPTA
Une savoureuse soirée de plein air en plein cœur du Marais


C'est à Karim Messaoudi que revient l'honneur d'être l'habitant rebondissant d'une "cabane" sans fenêtre, digne de la plus belle utopie architecturale d'un Prouvé ou autre rêveur d'espace à conquérir!
Ce jeune homme, circassien-danseur surgit de sa porte donnant sur nul part et ailleurs pour démontrer que les perspectives, le plancher ou le plafond absent sont autant de surfaces de réparations, de rebonds, de pirouettes et autres performances discrètement virtuoses. On se croit dans un univers ou règne apesanteur, magie et autres miracles pour projeter le corps selon des énergies, dynamiques et attitudes singulières Tout lui échappe, rien ne lui tient au corps, il s'amuse et défie les lois de l'apesanteur ou de la pesanteur avec nonchalance et décontraction, dans de superbes ralentis, savoureux, délectables, onctueux. Il est la grâce incarnée, la jeunesse débordante de beauté, de finesse et le regard perdu dans les étoiles, c'est à Chaplin qu'il fait songer. La cabane à secret au sol bienveillant qui propulse notre héros sans effort et sans fin, est bien une demeure de rêves, de courants d'air miraculeux qui hantent l'espace, toujours à construire pour un corps, balle de jeu, épris de légèreté et de liberté.Les agrès de ferrailles, échafaudages de fortune, lui proposent un terrain de jeu vaste, fragile, périlleux d'où ils allume autant d'étoiles, de néons, de lampes où de lumière qui traçant la constellation de ses envolées et évolutions spatiales et célestes!


Quant au célèbre "numéro" de Mathurin Bolze, niché au coeur d'une rour ajourée telle celle d'un petit rongeur domestique, mais surdimentionné, c'est toujours une joie d'enfant que l'on ressent en le voyant évoluer en son sein.
Magnifique sculpture trônant sur une estrade, elle s'anime avec les poussées dynamiques du corps du circassien, mu par une marche de plus en plus audacieuse, périlleuse. De beaux éclairages laissent deviner à claire voie, les mouvements de son corps strictement déterminés par la mise "en marche" de son instrument, prolongeant ainsi une motricité inouïe, jamais encore perçue par les yeux ébahis des spectateurs , assis sur la pelouse du jardin, ce soir là.Les mots de Frédéric Gros, la musique égrenée de Satie pour enrober le tout!

Du magique, de la poésie pour ce festival très réussi, fédérant des talents divers pour la joie de spectateurs très nombreux friands de divertissements éclairés pour un Paris estival réjouissant.
L'été en pente douce, en habits de spectacles de lumières!

mercredi 19 juillet 2017

Mouvements sur la ville N° 9 à Montpellier: Didier Théron crée "Le jeune homme et la mort"

Alors que le festival Montpellier Danse bat son plein, en ville, la périphérie à la Paillade se "manifeste" aussi en organisant "Mouvements sur la ville".A l'Espace Bernard Glandier
Une pièce de Didier Théron a retenu toute notre attention.

"Le jeune homme et la mort"


Derviches coureurs
Pas celui de Babilée, celui de Didier Théron, chorégraphe référent dans la Région
Le mélodrame de Jean Cocteau, la musique de Ravel fondent cette réflexion du chorégraphe sur la jeunesse qui meurt tuée au combat
Trois danseurs, une heure durant vont s'adonner à une course folle dépassant tout "entendement" physique. Course pour éviter les obstacles, enjamber les morts.Courses, sauts et envolées pour symboliser l'énergie folle de la jeunesse, l'insouciance ou l'inconscience.
Derviches coureurs d'un marathon incessant où l'on se passe le témoin, relais ou flambeau de vie, d'espoir . L'endurance ne fléchit pas, d'aucun ne perdent pieds , ni ne relâches les rênes. On 'achève bien les chevaux, mais pas les danseurs, hommes et interprètes brillants de cet opus proche de l'univers d'un Beckett La danse comme dépassement de soi-même, de ce qui nous accable.
C'est beau, impressionnant et le Daphnis et Chloé de Ravel de transporter la montée en puissance narrative: pastorale dramatique pour performeurs, athlètes et artistes pétris d'intensité dramatique.
Michèle Murray comme complice de toujours, regard attentif sur cette "pièce chorégraphique" très aboutie.

37 ème festival Montpellier danse:quelques perles, un hiatus!

"Tenworks (for Jean Paul) de Emanuel Gat


Rencontres fertiles
Déjà une performance, un duo sur la place de l'Hotel de Ville aiguisait les regards: un homme, une femme aux aguets, aux abois qui s'enlacent, se cherchent, s'appellent...Sorte de mise en bouche pour appréhender la pièce au sein du Théâtre de l'Agora
L'expérience est unique: réunir des danseurs de la compagnie d'Emanuel Gat avec certains du Ballet de l'Opéra de Lyon! Gageure et pari tenu pour des rencontres inédites, un partage d'énergies, de mode de travail différent. Toute une histoire de "cum panis" partager le pain en bonnes compagnie!
Chose faite et s'il "fallait faire art comme on fait société" cette pièce en serait illustration, témoin et acte de naissance d'un genre de formation nouvelle.
Dix pièces donc dansées en duo, trio, groupe compact, multiplicité des propositions chorégraphiques en temps réel, simultanées, brouillant les pistes du regard.Danse en ricochet, emboîtée, en écho, en puzzle. Un contage pour sceller l'une à l'autre, du classique sur pointe, des pauses et silences récurrents: toute la gamme et le vocabulaire de Gat fait merveille chez les danseurs du Ballet qui épousent cette écriture et s'en emparent sans faillir. Étirer les corps, se jouer des directions, considérer chacun des interprète comme une identité, un prénom, celui de Jean Paul (Montanari) comme compagnon de toujours, soutien indéfectible et passionné.

"Dança Doente" par la Demolition incorporada" de Marcelo Evelin


Symptômes et troubles
Une "danse malade" pour dix personnages singuliers, hommes, femmes de tous âges et corpulences.
Ils déploient quantité de mouvements absurdes, souffrants, mourants devant nous.Comme autant de portraits d'humanité blessée, atteinte de symptômes de folie, de démence ou de maladies. Un pan de peau plissée jaunie pour dissimuler ou mieux révéler les "parties basses" du corps,: les jambes masquées par des voiles ou des costumes de dépouille: ils gravitent et évoquent espoir, errance, fragilité dans une ambiance trouble et noire.Comme un hommage à Hijikata, longeant les bords d'un canal à Nancy, robe rouge et rose au poing.Une scène bouleversante, un duel à mort , amour entre deux hommes qui se baisent sauvagement. C'est cru et la force et la sincérité, l'engagement physique des interprète, méduse, évoquant Eros ou Tanatos, alors que sons, bruits et musique martèlent le tout en rythme Ces spectaculaires et provocants tableaux d'une humanité aux prises avec un certain théâtre de la cruauté sont impressionnants, forts . Artaud et La Argentina ne sauraient que s'en féliciter.

"Flood" de Daniel Linehan

Souffler n'est pas jouer !
Et voici la pièce qui fâche, "hiatus" dans un dispositif de voilages permettant entrées et sorties, apparitions et disparitions. Trois hommes, une femme pour jouer sur cette architecture là, des néons, des costumes designés, folklorisant, magnifiques mais dénués de sens. D'une riche note d'intentions, il ne demeure que quelques bonnes intentions laborieuses et répétitives. Et des références à la gestuelle taichi chuan ou kung ku inutiles, illustratives essoufflantes ! Pourquoi tant de bavardages?

Montpellier Danse, un voyage au cœur de la densité de la danse, cité de tant de moments de grâce ou de rage. Agora du savoir vivre ensemble, public, artistes , professionnels. Cité en mouvements ascendants!

37 ème Festival Montpellier Danse: bigarré !

Un festival qui ne dénote pas: risque, originalité, valeurs sûres de la danse d'aujourd'hui, paris et gageures, compagnonnage et fidélité, tout ceci mêlé pour une ode à la Danse dans une cité propice aux audaces artistiques. Cette manifestation phare,  phénomène incontournable au succès public garanti s'amplifie et tient en haleine les plus curieux.
  
"Soft virtuosity, still humid, on the edge" de Marie Chouinard



Au plus près des corps
Marie Chouinard fait au corps, du bien, du mal et transforme l'agilité en handicap et claudiquements, fait boiter les os, ronge les angles et raie le tapis de danse dans une chorégraphie à la limite, aux frontière du possible comme à son habitude Ici, plus de prothèses , mais des corps meurtris qui basculent et ânonnent en chorus.Une colonne vertébrale s'inscrit en images, série de corps empilés qui crient grandeur plus que nature, rehaussés par un dispositif vidéo live qui capte en surdimension, les affres d'une petite communauté en proie à l'horreur et au désarroi.
Deux danseuses enlacées, baignées dans un halo de lumière, se suspendent en image au mur, en spirale, en vrille comme un seul corps torsadé, échine siamoise ou jumelée. Atmosphère de proximité avec ses bouches et visages filmés en direct au plus près, marches et démarches singulières, danseurs arpenteurs de plateau: c'est tout cela Marie Chouinard. Fresque du vivant, à la dérive, navire en perdition, images et icônes traversent ses visions cathartiques. Corps cagoulés de noir, habillés juste au corps.Métamorphose et hybridation par le costume contrarié.
Et de "petites" virtuosités comme les "petits bougés", celles des traits d'un visage qui se plisse, qui vibre, qui transpire.La marche comme emblème de travail sur cette "virtuosité douce"
Elle signe tout les lieux et endroits où se fabrique un spectacle, de la danse au costume, de la scénographie à la vidéo et si la musique lui échappe c'est au profit de sa fidélité à  Louis Dufort.
Les images révèlent en gros plans les corps sous toutes leurs facettes, les mouvements viscéraux, musculaires, et focalisent sur les visages: tournées en direct, comme de faux ralentis cinématographiques: le leurre est bien là: c'est de la véritable lenteur dont il est question et non d'un effet mécanique!
On vibre sur les pas ubuesques de Chouinard dans une cour des miracles, toujours renouvelée.

"Tapis rouge" de Nadia Beugré

Sang et sueur
Ce tapis rouge, ce n'est pas celui qu'on déroule pour les stars, mais celui qui dissimule des horreurs, masque la réalité, couvre les erreurs et les drames. La scénographie de cette création est terrienne, terrestre, dévoile la vie et agissements de personnages témoins de ce qu'il se passe en C^te d'Ivoire
Le sol renferme des poupées de chiffon, emblème de génocides, que manipule un danseur alors que tout s'agite fébrile autour de lui.
Sous un dai de plastique transparent, une femme façonne de petites boulettes de terre, cette terre semeuse de révolte d'où jaillira le soulèvement.Un musicien, un "blanc" colon ou envahisseur tente de trouver sa place, un danseur vous offre du chocolat "noir" Nestlé....Le politique gronde dans cet opus, grave et recueilli comme un hommage à la révolte noire.

"Autoctonos" de Ayelen Parolin


Savant désordre carnavalesque
Cinq furies de carnaval, une pianiste autiste frappant une note unique pour ce festival burlesque, enchanteur et enjoué. Un burlesque grotesque et grimaçant où les femmes, en "fraise" ou leggings racontent leur histoire de corps à l'aide d'une mouvance pour chacune, singulière.Beaux portraits, désordre, anarchie et troubles créés par le foisonnement de propositions simultanées.
La musique répétitive en contrepoint de Léa Pétra comme un leitmotiv récurant sur la stupidité du monde. Ça fuse mais ça s'use rapidement hélas comme un gout de répétition qui cherche son aboutissement.

"Nos, tupi or not tupi" de Fabrice Ramalingom


Déplacements
Trois danseurs un peu gênes se présentent en scène, débonnaires, décontractés; quelques silences, des apartés, une attente: les danseurs hip hopeurs vont bientôt se révéler, s'adonner à leur art en toute liberté , leur identité gestuelle rivée au corps, vivante, sereine. Du Brésil, ces rencontres fertiles donnent naissance à une pièce singulièrement libre, fluide qui relève des préoccupations de Fabrice Ramalingom: rester au cœur de l'humain dans la danse, sobre, limpide et juste.Déplacements de culture, de territoires pour générer des échanges fertiles en écriture chorégraphique

"Bacchantes-Prélude pour une purge" de Marlène Monteiro Freitas


Décoction tonique, breuvage d'ambroisie !
Voilà un spectacle digne du plus grand intérêt tant par la mise en scène loufoque, rebondissante et très bien rythmée que par les thématiques qui courent tout au long: bacchanale, cérémonie pour tout un attirail d'accessoires, des musiciens, trombones en bouche, des pupitres qui se transforment à l'envie.
C'est absurde, surréaliste, traversé de multiples référence à l'histoire de l'art: cabaret dadaiste, show en paillettes; c'est vif et rondement mené, accueillant toute une population bigarrée de secrétaires, d'infirmières, de chef de tribu ou d'état Ça fuse dans tous les sens et c'est ébouriffant, salvateur, décapant
Des mimiques aussi pour camper des personnages qui s'emparent de fusils, de perche à selfie, de vélo domestique.... Au final, une chorale burlesque où l'on pédale dans le vide. Une chanteuse à la Nina Hagen fait irruption. Quelques gymnopédies arabisantes pour l'ambiance.
Un étrange film, en "entracte" montre des images d'une femme japonaise, accouchant seule. C'est "relâche"mais pas encore car un "boléro de Ravel" commence pour mieux brouiller les pistes, semer le désordre. On en a pas fini de l'humour décapant de Marlène Monteiro Freitas!

Danse au Festival d'Avignon IN : quand la danse dénonce, elle soulève les corps !

Avec les deux pièces des artistes d'origine africaine "Unwanted" et le triptyque "Tichelbé", "sans repères" et "figninto, l'oeil troué", le festival donne corps à la position politique des artistes chorégraphes engagés sur le plateau à dénoncer le pire dans la plus audacieuse démarche: danser le pire pire pour faire jaillir  le meilleur.

"Unwanted" de Dorothée Munyaneza


Le corps en miettes
C'est un manifeste de toute beauté que cette terrible évocation des viols et atteintes à la personne au Rwanda que nous soumet la chorégraphe, imprégnée, façonnée elle aussi par cette histoire; récits de femmes pour base de travail, tout ici rencontre l'humain, l'horreur, l'inimaginable Les blessures évoquées y sont déchirures et marquage à vie dans les âmes dans les corps meurtris des victimes de la barbarie.Et que deviennent ces enfants de la honte, ces mères porteuses de créatures engendrées par des tueurs....?Une femme raconte, danse dans un décor sobre, une immense image tendue à détruire pour la faire disparaître: celle d'une femme comme une icône sacrée à vénérer pour mémoire. "Faire entendre les silences et voir les cicatrices de l'Histoire" son credo est ici au cœur du sujet qui touche dans une scénographie et dramaturgie tendue, une atmosphère d'attente, de suspens tant l'horreur est proche, menaçante, hélas réalité. On sort bouleversé, sans mot ni commentaire déplacé....

Spectacle triptyque" Danse Afrique Subsaharienne"

"Tichèlbè" de Kettly Noel
Soulèvement.
Dans un décor de tôles ondulées cuivrée, elle apparaît, femme, solide, robuste, belle. Esquisse une danse lovée, fluide, extrêmement virtuose. Enfile des soutient-gorges par gageure, symbole d'un certain asservissement et ornement du corps de la femme, se fait femme objet, tentant.Femme qui rapidement se confronte à la présence d'un homme, celui avec qui commence un combat vigoureux
Elle résiste à ses avances, ne cède pas, ne plie pas: il persiste, insiste frappe les taules, rageur, atteint dans son machisme. Dans des portés très lyriques et fougueux, elle gagne, harcèle, le mène par le bout du corps.Il la crucifie la malmène, la femme jamais soumise, libre au final, ôte ses soutiens gorge, vit, sourit. Ibrahima Camar en rebelle de barricade, campée dans son personnage, sur une musique inventive, tonique comme la danse. Victoire du féminin sur le masculin , elle lui arrache le t-shirt, le frappe, se soulève et gagne en crédibilité et reconnaissance. Elle le porte comme un trophée de chasse et le message est clair!

"Sans repères" de Béatrice Kombé


Chimères
Reprise d'une oeuvre de la chorégraphe disparue, par Nadia Beugré et Nina Kipré, la pièce met en scène quatre étranges personnages, sorcières de carnaval, créatures maléfiques, chapeaux "pointus" et longues chasubles noires.
 A l'unisson commence la danse,dans une rage malicieuse, elles dissimulent une férocité grandissante qui se révèle en se dénudant, laissant apparaître des tenues plutôt sport et jambières protectrices!
Sauvagerie, violence négritude au poing, dans la révolte, elles font corpus, corps massifs sculpturaux, puissants, impressionnants de vitalité La rigueur de l'écriture chorégraphique, danse africaine parfois, danse massive, de poids sur une musique active et pertinente. Ce récit de corps féminin s'inscrit dans le cadre d'une défense avérée revendiquée pour une communauté féminine, noire, libre, libérée de assujettissement et du joug masculin.

"Finito-L’œil troué" de Salia Sanou et Seidou Boro


Retour aux sources
Reprise d'un trio emblématique, toute envergure extatique offerte aux corps canoniques de trois danseurs: cet opus ravive les mémoires et la passation des rôles opère: Aux prises avec l'espace, la chaleur, ce trio basé, inspiré par la terre, le sol, le sable, la fraternité fonctionne à plein.
Aguéris à des performances virtuoses, torses nus, les hommes, matériau brut de la danse se donnent dans des mouvements limpides et fluides. En image finale, une jatte déverse sur le danseur en bord de scène, du sable, éclairé par un faisceau lumineux, bravant l'obscurantisme, l'aveuglement, le noir.
C'est magnifique et apaisant, comme un sablier qui distillerait le temps qui passe sur les corps, les caressant doucement de leurs pépites minérales.

La danse au festival d'Avignon IN 2017 :Ambra Senatore et Israel Galvan: des tempéraments bien 'trempés"

Rien ne les réunit en apparence, sinon le défit à la scène, l'extrême précision de l'écriture, la rigueur musicale de leurs partitions chorégraphiques. Et le hasard du calendrier du festival!

"Scena Madre" de Ambra Senatore


En mode absurde
Une "scène mère", entre théâtre et danse, un creuset de gestes, d'attitudes, de revirements pour cette réflexion percutante sur le vivre ensemble, le groupe dans l'agora politique et poétique de la vie Iles sont en perpétuel mouvements, les interprètes chez Ambra Sebnatore, agiles, versatiles, interrogeant directions, regards, espaces où se glisser, interstices où se nicher un court instant. Pas d'histoire ici pour cette joyeuse tribu: des subtils jeux de regards, des expressions furtives, des placements, des arrêts sur images incongrus: un savant découpage scénaristique, très cinématographique
Rompus à l'exactitude de leur moment d'intervention où tout s’enchaîne sinon se rompt, les danseurs tiennent le plateau, haut et fort, lieu de dramaturgie intense. Là où cependant la parole ne serait jamais nécessaire, la chorégraphe introduit du verbe, du texte, des bribes de phrases qui reviennent en leitmotiv C'est inutile et brise le rythme, scotche les gestes là où évoquent déjà tout un univers indicible....Elle règne en interprète subtile, maligne, cocasse et très attractive; les autres la secondent, l'entourent, prennent le relais. Ces cadavres exquis mis au placard et ces jeux d'enfants, ces histoires absurdes ou insolites de corps magnifiées, serait opération salvatrice de la pièce. Des unissons très fluides, des corps dynamiques, expressifs campant des personnages identifiables au delà des mots, ferait l'affaire à eux seuls. Comme dans un rébus ou jeu de piste, chacun s'y passe le flambeau, témoin de cette course folle , relais de tonicité, de comique: une énigme à découvrir Au début était le geste et non le verbe !

"La Fiesta"

La Sagrada Familia fait sa chasse à la Cour: hallali, curée ou trophée?
Israel Galvan n'en est pas à son premier défi: la danse in situ, c'est son rayon, aussi: à Montpellier Danse dans la Cour des Ursulines, seul sur un sable résonnant, à la Carrière Boulbon, tout droit sorti d'un cercueil....Ils vont habiter le lieu, ces compères de toujours, chanteurs, danseurs pour y faire la traditionnelle "Fiesta", rituel social et familial de grande importance.
Mais que faire de cet immense espace sinon s'y perdre et tenter d'y faire résonner les claquettes infernales du flamenco iconoclaste du maestro? Il partage généreusement l'espace avec ses pairs, attend beaucoup trop souvent, retranché aux abords que chacun s'y retrouve. Lui, démarrant une belle démonstration, rampant dos au sol de résonances sonnantes et trébuchantes: invention du flamenco couché, à l'horizontale: il fallait oser.Il l'a fait, à son accoutumée Mais le temps passe et s'étire en longueur sans véritable rythme. Des estrades comme podium de résonance, des instruments singuliers, des voix magnifiques ne suffisent pas à tenir un propos; même la fête en semble absente; pas assez de délire pour emplir la grosse caisse de la Cour d'Honneur. Tout s'enlise vite dans la routine, les séquences égrenées au fur et à mesure. Et naît l'ennui, à peine relevé par un solo virtuose en finale, du maestro de frappé, du profil et des bras inouïs ! Un chant choral final aux accents médiévaux ne suffit pas pour reprendre le flambeau.
La Cour ne fait pas écho et ne renvoie rien à ses appels ou sollicitations multiples.La furie, la fougue tant attendues y sont absentes et toute tentative retombe comme un soufflé
On n'est pas à la "fête" et c'est bien regrettable. A la chasse à la Cour, on revient bredouilles, sans trophée ni paillettes.

Avignon festial IN : la Danse e-motion. Les sujets à vif. En plein dans le mille!

Que se soit dans "le sujet à vif" où à l'occasion des spectacles venus d'Afrique ou d'autres contrées, la danse est pour cette édition sacrément politique, réactive, intuitive aussi
Voici quelques unes des pièces vues et choisies durant cette période riche d'échanges et de partages

"Le Sujet à vif" A et B
LE A
A potron minet toujours dans le "jardin de la vierge" voici une matinée "à vif" !

"Ezéchiel et les bruits de l'ombre" de Koffi Kwahulé et Michel Risse


Tel père, tel fils !

Il entre harmonica aux lèvres, de blanc vêtu, quasi dandy,au loin une voix lointaine résonne au son de "Ezéchiel", il fait résonner l'espace de tout un petit tas d'accessoires dont il se sert autant pour créer du son que pour se détruire. L'autre aparait faisant craquer de ses doigts l'emballage plastique à bulles qu'il détient. Les deux compères se révèlent vite, l'un fil indigne de son père, l'autre père de ce trublion de fils, Ezéchiel: un amour filial plein de saveurs, de remontrances, de reproches mais de tendresse aussi. Ils échangent sur l'air d'une petite cuisine musicale de fortune. L'air de rien, on se pardonne ou l'on joue à l'offensive ouverte?Enfant gâté, chéri, puéril, boite à musique et gâteries sucrées en résonance, Ezéchiel fait tourner les serviettes, fait la girouette, le lance-pierre ou fait simplement du vent. Son père voudrait bien le menacer de sa matraque, de son archet ou fouet, le mettre au four à micro-ondes! Amour filial au poing, les deux protagonistes sont cruels et tendres à la fois, jouent et gagnent pour une ode à la filiation; c'est drôle et bien mené par Michel Risse, savoureux et futil dandy, Koffi Kwahulé naif et pardonnant à sa créature les pires marques d’irrespect!

"Incidence 1327" de Gaelles Bourges et Gwendoline Robin


Chuter sans s'autodétruire
Le Mont Ventoux, personnage principal de cet opus est tout d'abord décrit en voix off où sont révélées de bien curieuses informations passionnantes sur le mistral noir, le blanc, sur le Mont, sur le voyage de Françoise Pétrarque qui écrivit "L'ascension du Mont Ventoux"
Deux femmes prennent le plateau et commencent un rituel aquatique: de l'eau, de la vapeur sous toutes ses formes: issue de bouilloires bouillonnantes, d'un long bâton troué: le chant de tous ces objets réunis évoque le cliquetis de l'eau, sa présence persistante dans ce désert minéral qu'est la montage magique tant redoutée.Plastiquement, la mise en scène évolutive où sans cesse Françoise et Laure évoluent d'une échelle du ciel, d'une installation de verre à l'autre. C'est magnifique, poétique et inouï, tant brouillard, fumerolles dissimulent les actions, les auréolent pour en faire un dispositif onirique étonnant.Les références à la région, Avignon, Fontaines de Vaucluse rendent le texte proche et familier, le récit haletant : elles aiment l'eau, la chérisse, la transforme dans ce laboratoire buanderie de poésie, floutée, évanescente.Dans un rituel majestueux, l'eau est versée du haut de l'échelle, symbolisant la montagne: son ascension, anorak rouge oblige est superbe!
L'eau brûle sur la glace en nuages de vapeur, inonde la scène: nuages d'un amour impossible entre les deux femmes enlacées qui se bercent, souffrances d'un amour qui se consume dans les feux de la glace. "On est bien, enfin ensemble" dans l'au delà dans kl'eau de la fontaine..Retour en boucle du texte en off, brumes, neige, vent , tout se recouvre, se dissimule , disparaît. Immobilité des deux corps éperdus.

LE B
Au crépuscule du soir....
"La même chose" de Joachim Latarjet et Nikolaus


Un tandem précaire
Deux faux soldats déboulent armés de poteaux bizarres: bazooka ou mats chinois Ils émergent d'un camp de fortune, arborant une poussette vieillotte et déglinguée, fauteuil roulant ,empli d'un singulier bric à brac de fortune.Tout va chavirer, osciller dans cet univers déséquilibré, rencontre entre un clown à bascule et un être plus stable, cet opus est un petit bijou, un exercice de style à la Nikolaus, ce géant jongleur, équilibriste. Radieux portraits et scènes haletantes de cirque alternent, l'absurdité des situations pour trame et chaîne narratives Une lampe, une table, des chaises défoncées seront le socle bancale de cette histoire burlesque et tragique à la fois. Joachim Latarjet en partenaire musical, épaule et soutient notre croquignol de service avec moultes instruments résonnants, soufflants!
Le monde est en ruines, fait de malheurs et de mensonges comme chez Robert Waltzer, cité en référence.Dans sa chambre défoncée tout chavire, se renverse, lui tient par magie dans des positions en plongées fort décalées. Equilibriste de la précarité, fragile et agile trublion des codes circassiens Nikolaus enchante et touche droit au but: l'effondrement du monde, de ses acquis bancals, de ses assises flottantes: planche de salut pour chaussure esseulée, tout concourt à une certaine vision d'un monde lâche, en ruines Alors on hisse ensemble le mats chinois de la solidarité et tout peut recommencer, pas vraiment pareil, pas vraiment "la même chose": on s'est transformé en Ubu roi entre temps!Un joli chantier pour fin de spectacle, casse gueule où tout fou le camp !

"Le rire par-balles" de Julien Mabiala Bissila et Adèle Nodé Langlois


A votre bon cœur ! Salut !
Deux doux et tendres fous pour cet opus, une clown, femme coquette et coquine, musicienne, lui musicien du Congo démocratique épris de l'image de son grand père au village! Interactif et participatif, chacun milite pour de bonnes actions, sauver un centre de formation, sauver l'Afrique!
Ce sera rock et pédale wah wah,concert charismatique, ambiance endiablée pour insuffler du souffle, du vent à une société aigrie, égoïste, essoufflée. Eux, ils ont la pêche, lunettes noires, perruque et autres atours mode pour aguicher les foules, convaincre que rien n'est perdu du sort des leurs amis voisins africains C'est politiquement incorrect, plein de sous-entendus et de saveurs exotiques.
Un bon fil conducteur qui déraille dérape en rap, de la danse africaine en pastiche, du faux cul et des masques pour démasqué les supercheries du colonialisme.De Gaulle en mire pour cette parade comique, désopilante, irrespectueuse en diable!
Et Adell Nodé Langlois en clownesque héroïne de pacotille, l’œil mutin, adorable clown de dieu en quête de bonheur utopique. C'est gai, c'est vif, ça pirouette et ça rime avec girouette.

En prime cette année 2017 pour les 20 ans du "Sujet à vif" un contrepoint tous les soirs au jardin

"Le Sujet des Sujets" animé par Frédéric Ferrer et ce soir là partagé par Phia Ménard


Un sujet gonflé à bloc
Le défi: conter en 45 minutes l'histoire rocambolesque de "sujets à vif"depuis leur initiation à l'initiative d'un petit comité très sérieux de doux dingues, convoquant des artistes qui ne se connaissent pas, sur un sujet de leur choix: d'abord un danseur convoque un chorégraphe pour lui tailler une pièce sur mesure, puis le projet s'élargit aux autres domaines pour enrichir encore propos, esthétiques et expériences inédites.
C'est l'affaire de Frédéric Ferrer de lancer cette machine infernale, marathon des images et des références, Léon Zitrone de l'occasion commentant le plus beau match du monde Un conférencier jamais à bout de souffle, train d'enfer mené tambour battant, truffé d'anecdotes -celle du lion et la gazelle_ métaphore du chorégraphe et de l'interprète restant en mémorable vérité!
Sur la sellette, il conte , course contre la montre, plein de ressort pour remonter les pendules à l'heure du souvenir: pourquoi le "vif", pourquoi le jardin de la vierge, alors qu'elle n'y séjourne que par intermittence: un vrai thriller que cette histoire d’apparition-disparition de Marie, du jardin; et les plantes qui disparaissent du lieu au fur et à mesure...Alors intervient en fin de parcours de ce one man show un jésuite encapuchonné (Phia Ménard) qui aura le dernier mot: ensevelir la cour de matelas pneumatiques jetés des portes-fenêtres au renfort de grand bruit. Tous deux pour sauver le monde sur un radeau de fortune dont ils émergent, bouées autour du ventre, accouchant de petits matelas verts: c'est extrêmement beau et touchant, cinglé, visionnaire et en hommage à tous les "vifs" une ode à ce lieu de création ,terreau de recherche, de joie et de rêves: l'instabilité d'une désormais "institution" dans le IN, les vifs sont le lieu d'avenir, le creuset à ne jamais supprimer: c'est ici, là et nulle part ailleurs que se concoctent les plus vives propositions, vif argent toujours au vif du sujet.
Et ce n'est pas fini, loin de là: longue vie aux "vifs".Phia Ménard et son génie de la situation démontrant une fois de plus qu'une performance, c'est unique, inspiré et à ne pas rater!
Je vous salue, Marie, pleine de naufrages et de résurrections!

La Belle Scène Saint Denis à Avignon le Off 2017: pépites en couveuse !

La Belle scène Saint Denis éclaire nos matinées à potron minet par la richesse des propositions en chantier pour la plupart. Animées avec pugnacité, amour et dévotion par La Parenthèse, réunion des deux théâtre de Tremblay et Saint Denis, cette aire chorégraphique est devenu le territoire le plus couru ou disputé d'Avignon en matière de présentation de recherche et de laboratoire.Une couveuse pour jeunes pousses de la danse d'aujourd'hui.

SECOND PROGRAMME

"mA" de Sachie Noro et Yumi Rigout

Complicités

Un tapi blanc, une roue à carreaux noir et blanc, deux danseuses, mère et fille vêtues de noir, une guitare en direct, celle de Diego Aguirre pour bercer bascules, solo en canon, cheveux au vent des deux femmes complices.Elles s'attrapent, s'étreignent, se repoussent et dévoilent de leur atours, des couleurs qui feront partie de l'assemblage visuel de l'architecture de leurs corps rassemblés.Entrelacs, enchevêtrement des silhouettes, mouvements très animal, alors que la guitare frotte des sons crissants.Fusion hybride des reptations au sol, formes inédites pour métamorphose et manipulations subtiles, les cheveux longs toujours inclus dans la plasticité des images créées.
De beaux portés en équilibristes circassiennes, quelques entraves aussi dans les gestes.Lentement, à la Mondrian, les couleurs de leurs vêtements s'organisent, la roue se déconstruit comme un jeu de dames qui se démonte. C'est déjà fini et la guitare sèche se tait devant une telle grâce.

"Icones" de Sandrine Lescourant


Brut de coffrage
Deux hommes, deux femmes pour exprimer face au monde les humeurs et états de corps quotidiens des êtres furieux, parfois muets, interrogeant le public du regard, se présentant en toute simplicité pour de "vrai" sans chichi ni complaisance. C'est du brut, du dur, parfois haineux, rancunier, aigri par les accidents de la vie, les frottements à un monde aride, celui de la chorégraphe qui ne mâche pas ses gestes!Sans mentir, des mouvements tétaniques au corps,de petits dialogues, des arrêts sur image, une certaine impatience se dégage de cette agitation fébrile. Quelques selfies acrobatiques, féroces, pas toujours de la tendresse dans cette danse robotique, technologique de groupe branché hip hop . Des rouages syncopés, très mécaniques pour une photo de famille caricaturale, électrocutée par l'énergie débordante de la tétanisation.
 Un beau solo vient apaiser cette machinerie organique aux cent mille volts dont la douleur et la souffrance exprimés fait mouche et dérange. Inquiétude et intranquilité au poing, Sandrine Lescourant fait sourdre les histoires de corps, les fait avouer ou parler par la force simulée d'un micro scrutant une colonne vertébrale secouée à vif par la danse. On en ressort ébranlé, violé par ces épreuves non dissimulée et évoquées d'une vie difficile que le corps traverse et déverse.Panique à bord, contagion de la douleur, "icônes" est un coup de poing dans la gueule et ça fait mal, ç a touche et émeut au delà des maux.

"Ruines" de Sylvère Lamotte


Lenteur extatique
Deux hommes vont devant nous évoquer des univers tranquilles, nostalgiques, quasi romantiques, mélancoliques à souhait. Ce serait cet univers de ruines, de restes qui nous hantent les mémoires .
Un porté pour prologue, des vêtements décontractés qui lissent les contacts entre eux: c'est de cet abandon, manipulation gracieuse de l'un par l'autre qui ferme les yeux de quiétude et de confiance.
Un amour tranqille les traverse dans une danse contact,lascive, docile, endormie ou soumise.Presque christique tant des images de piéta ou de tableaux, toile du Greco ou De Vinci apparaissent furtivement. Enchevêtrement des corps , nichés l'un dans l'autre, au creu des espaces, des vides et des pleins des corps relâchés. Puis le face à face s'inscrit dans l'espace, ils se lâchent, se libèrent, se séparent, s'autonomisent pour mieux se re- enlacer Images de chimères criardes, miserere religieux fascinant, on entre en religion dans la saveur de la lenteur et la beauté, puissance divine qui domine les hommes. Ce duo , art du porté,cueille et recueille la méditation dans des déroulés assoupis au final, gisants libérés des contraintes du vivant, de la pesanteur, du poids de la vie. Le mouvement s'éteint, la guitare se tait, les transports bibliques s'épuisent dans une tendre mélancolie Le Louvre devrait  s'enrichir de cette oeuvre picturale émouvante jusqu'aux cimaises de nos pensées dansantes.

 PREMIER PROGRAMME de la belle scène saint denis

"Care" de Mélanie Perrier
Invulnérables
Deux couples d'hommes et de femmes de blanc vêtus vont évoluer sur un tapis blanc, comme endormis debout. La beauté et fragilité du site de la Parenthèse opère à merveille dans le bruissement du mistral.Le lent affaissement des corps en contact vers le sol,en appuis, délicat travail sensoriel, sensitif, intuitif berce l'atmosphère paisible.La fusion, osmose, participe de ses retrouvailles des corps enlacés, décontractés à souhait mais maintenus par une tension , une concentration exemplaire.
De légers portés, infimes écritures dans l'espace changeant, basculent dans des attractions, une attirance fébrile, comme des aimants retenus par une énergie contenue puis libérée.Un tonnerre de bruits de bombardement ne suffit pas à déranger la quiétude de cet ordre des choses.La masse des corps expérimente des surfaces, des emboîtements d'espaces très privés qui se révèlent.Chuter, céder, se relâcher, s'abandonner à l'autre , puissants couples ou individus partageant un savoir être ensemble, à deux qui n'a pas d'égal
La vision de ce manège de couple, sans lasser, est une véritable cure de jouvence et un bain de volupté inégalé.

"Juste Heddy" de Mickael Phelippeau


Heddy Salem à vif
Il est "la vedette" anti star de ce solo en chantier, aveu d'une personnalité fragile qui se raconte; ce "rôle" confié à ce jeune autodidacte par notre trublion chorégraphe s'avère succulent, drôle, attachant, émouvant. Il est bien seul, face à nous avec son corps pour instrument, son histoire en partage.
Il se meut de son bassin "méditerranéen", naif, timide, ce sportif déballant de son sac ses oripeaux, souvenirs ou son histoire de dealer engagé pour un casting dans un film louche...Il est attendrissant et vulnérable, presque trop confiant mais sincère.Il mime son existence par des gestes appropriés: légionnaire stupide aux gestes mécaniques et autres affres de la vie.Une ode à la femme de sa vie dans un tendre" allo maman bobo" et le voici en hip hopeur qui ne dé rap jamais sincère, confiant. Et pourtant il semble capituler, ne s'en relève plus de ce destin à rebondissements pas toujours heureux! Heddy Salem campe un beau personnage et en prime un petit rappel, cadeau de la maison, où il livre l'état de travail de son solo.Son cœur pulse, il se livre et délivre son vécu avec conviction.
Affaire à suivre sous l’œil bienveillant de son parrain chorégraphe à l’œil aigu et attentif!
Son visage à la Tahar Rahim émeut et trouble.

Avignon le Off 2017 Danse aux Hivernales du singulier au pluriel, la danse s'expose.

Un lieu incontournable pour la Danse en Avignon: un cru 2017 excellent, des salles combles et le trottoir qui déborde devant le théâtre: on fait la queue bien avant l'heure pour être bien placé !
En avant pour le bal !

"La mécanique des ombres" de Sylvain Bouillet, Mathieu Desseigne, Lucien Reynès




Bien huilée !
Une pièce singulière fondée sur l'anonymat: celui de trois silhouettes masculines, jean, sweat shirt à capuchons, pieds nus, sobres, banals, urbains en diable! Sur le plateau nu, tapis noir,lumières tamisées, après un vrombissement étranges, ils vont évoluer, à terre, au sol dans une synchronisation hallucinante, faite de ricochet, de passation de tempo.  Dans une précision extrême, les mouvements tétaniques construisent et déconstruisent les corps conducteurs d'énergie.Mouvements hachés, désarticulés, décomposés, en petites touches saccadées. Ils se manipulent avec dextérité, chacun pour soi, contorsionniste à souhait Une unisson s'installe entre eux, ils se jouent d'un espace restreint, réduit à leur trio, qui peu à peu opère son érection vers la verticalité.Les visages impassibles, masqués de voile noir, plaqué sur la peau, tendus comme des faussaires ou braqueurs de banque Jeu de mains, de jambes, électriques, stratifiés et décomposés à l'extrême, c'est un savant mélange de virtuosité, de prouesse au service d'une montée en puissance de la dramaturgie. Trois corps complices dans une ambiance étrange, mannequins sans visage, ni regard, comme les sculptures de Daniel Firman ou les hip-hoper de Denis Darzacq Mécanique, machinerie à chutes, engrenages bien graissés.
On est en apnée, en empathie durant tout le temps de leurs évolutions quasi circassiennes qui donnent à la mouvance hip-hop, dans la musicalité des silences, une profondeur magnétique et palpitante qui tient en haleine et méduse sans concession
Un trio qui au final danse du "trad", comme une pause, un prolongement de leur langage urbain, comme un retour au source à l’enchaînement, au lien, à la solidarité: comme une mécanique bien huilée, celle des "temps modernes" aux rouages tous tracés.


Denis Darzacq


Daniel Firman
"Le récital des postures" de Yasmine Hugonnet


Sculpture en mouvement
Elle est seule sur le plateau, tout en lenteur, elle déploie des trésors de postures, attitudes et pauses, dans le silence recueilli d'une salle hypnotisée par sa présence magnétique. La lumière est son révélateur, son sculpteur qui tel Rodin ou Camille Claudel, transforment la masse organique en formes étranges, inachevées, en devenir constant. Les métamorphoses opèrent comme autant d'actions de sempiternelle évolution de la transformation du corps de la danseuse, bientôt nue, cheveux partie intégrante de la plasticité des images qui se font et se défont à l'envie. La beauté des icônes ainsi engendrée n'a de cesse que sa disparition définitive qui ouvre encore des champs de vision infinis, rémanence de lumière mobile, de fusion des matériaux nécessaires à la modélisation d'une créature hors norme.Corps, instrument privilégié d'une partition silencieuse, exécutée en virtuose par Yasmine Hugonnet.

"Nativos" de Ayelen Parotin


Chaos chamanique
Quand le théâtre de Liège s'accoquine avec les interprètes  de la Koréa National Contemporary Dance Company, ça fait des étincelles que Ayelen Parotin sait très bien provoquer, allumer, pour décaper l'image d'une Corée chamanique passée à la moulinette de son humour décapant. On l'a quittée à Montpellier Danse avec "Autoctonos" pour la retrouver ici avec quatre danseurs, forts en corporéité, une femme travestie les aguiche , le tout sous la coupe des percussions d'un piano préparé où résonnent les notes sempiternelles de Léa Pétra fidèle pianiste aux commandes.Tonitruante prestation décapante où chacun s'ingénie à performer, chanter, créer le chaos sur scène, déplacer sans cesse les regards des spectateurs gavés d'informations visuelles tumultueuses! On apprécie ce vaste chantier mobile pour sa verve, sa plasticité et l'incroyable performance de la pianiste, imperturbable percussionniste pianistique irremplaçable.

"My (petit) pogo" de Fabrice Ramalingom de R.A.M.


Cour de récréation
Un petit bijou précieux pour explorer le processus de création chorégraphique d'une petite compagnie de quatre danseurs qui se présentent comme tels, faisant de nous des témoins bienveillants d'une pièce qui s'invente, se trouve et se construit selon l'inspiration de chacun et l'organisation de toutes des découvertes gestuelles convoquées lors de cette démonstration en temps réeL. C'est gai et ludique, intelligent et rafraîchissant. On sent combien l'inventivité, la responsabilité et l'écoute sont les moteurs d'un travail partagé, vécu comme un vaste terrain de jeu où chacun trouve sa place et considère celle de l'autre. Comme un match performant , singulier, où il n'y a rien à gagner sinon la joie de danser.

"D'oeil et d'oubli" de  Nans Martin des "Laboratoires animés"


Architectonique
Quand la danse se construit comme un cantique, du noir total de la salle à la découverte d'une cathédrale de bois dressée, savamment empilée à la Dépéro et son futurisme italien, elle oscille et crépite en mutation constante. Silence et lenteur des gestes qui s'imbriquent et simulent la construction déconstruction de l'édifice central, cheville ouvrière de la pièce montée devant nous: fragile assemblage qui va subir une métamorphose selon les directives de la manipulation des danseurs, de ses éléments fondamentaux. Chantier en évolution, on déconstruit, déplace les plaques de bois, en même temps que se fabriquent les espaces entre les corps détendus, complices. Au final, c'est un plateau, puzzle de bois qui trace les fondations d'un sol fait pour la danse, alors que la musique en live accompagne tout du long, la pièce à conviction. Un chant choral fédère le tout pour cette agora versatile, plateau de la danse foulé de la verticale à l'horizontale.

"People what people" de Bruno Pradet


Ré-pulsions
Sur la même pulsion, en ouverture sept danseurs tiennent le plateau, nu,infatigables arpenteurs: un travail formidable sur la dépense, la perte, l'unisson avec lequel on entre en empathie de façon irrésistible. Coureurs de fond, les danseurs se donnent, regards et directions en mire,sur une musique binaire répétitive.Le calme fait irruption après cette performance ébouriffante pour tracer quelques belles diagonales animées d’enchaînements inspirés. Un cercle chamanique pour clore ces courses folle en spirales de lumière comme une scène tournante hypnotisante où la lumière court aussi pour rattraper les pas des danseurs La focale se rétrécie, les souffles, rires et jeux cessent et cette communauté engagée corps et âme retourne au calme: on achève bien les chevaux mais pas les danseurs portant exténués par cette représentation physiquement éprouvante pour la beauté empathique que l'on ressent à vivre tout près d'eux.

"The Hole" de Hsiao-Tzu Tien


Feux follets
Des visions spectrales, fantomatique hantent l'univers du chorégraphe de Taiwan: inspiré de ses rêves ou cauchemars, ces spectres ectoplasme en petit groupe serré, naviguent sur la scène comme des images spectrales subliminales. Une femme gigantesque dressée sur un tabouret fait une icône sculpturale de toute beauté et confère une atmosphère étrange, inquiétante à la pièce. Les costumes des cinq interprètes femmes, plissés, designés très contemporain, donnent à ces willis des temps modernes, un aspect onirique, transparent, invisible d'un monde fantasmé, grouillant de petits êtres vivants d'un autre monde.De très beaux éclairages soignés, une musique inventive et tendue vers le suspens, en mouvement perpétuel. Un opus singulier qui transporte vers d'autres cieux, d'autres lieux les vision rêvées de l'inconnu, de l'indicible.


mardi 18 juillet 2017

Avignon le Off :Danse aux Théâtre Golovine: Label "Off Danse 2017" !

"Contrepoint"  de Yan Raballand


Unisson
Un couple de noir vêtu fait chorus, corps et graphie, dans une danse très fluide, à l'unisson. Peu de contact mais une grande complicité s'installe entre les deux danseurs, tranquilles, voluptueux, fragiles esquisses graphiques dans l'espace très bien construit.Magnétique complicité entre eux, débordée par son corps de femme, enceinte, ronde et gracieuse.Ce duo d'une extrême lenteur dégage sérénité et quiétude.Un trio succède plus vif qui peu à peu s'anime, combat, se déchaîne. Corps à corps, amour à mort, à vie, les trois danseurs, excellents interprètes,dont Yan Raballand s'adonnent à leur art avec passion et engagement. La musique inspire le processus de création, le contrepoint de Bach si riche en rythmes et surprises.Elle amplifie la notion d'amplitude, de crescendo et envoûte au fur et à mesure.Comme une danse lyrique, des petits gestes précieux et précis à la Bagouet, lisse, sans histoire, fluide et rassurant.

"Five"

Enjeu !
Un quintet à quatre femmes de blanc vêtues et un homme pour se défendre de cette joyeuse communauté solidaire.Espiègles sportifs, malins, ils tricotent une danse reliée, bien construite et pleine d'humour De la verve, de l'enthousiasme, de la drôlerie, sans virtuosité ni performance mais très convaincants et fort bien joué. Les couleurs du sport s'y portent haut, ses mœurs aussi pas toujours très doux.Vêtements bigarrés pour dévoreurs de chips qu'on gobe en se les lançant comme un ballon, petits sacs portés sur le dos pour délivrer quelques anecdotes narratives: c'est charmant en diable et rondement mené, sympathique et léger, expressif et enjoué! A croquer comme un apéritif émoustillant.4 danseurs de la Batsheva, Vertigo et Kibbutz Dance Company accompagnent la chorégraphe Laura Arend pour cette pièce décapante.

"Identité en crescendo" de Rafael Smadja de la compagnie Tensei


Essai 
C'est un premier essai chorégraphique,  un autoportrait qui oscille entre aveux discrets et confidentiels et verticalité des erreurs ou hésitations de la vie. Comme un murmure  susurré à notre oreille qui n'aurait pas encore son écho . Une corde pour partenaire, des vinyles chéris de Rocé comme nostalgie musicale nourrissant la gestuelle hip hop qui se cherche sans vraiment d'organisation Rafael Smadja tâtonne, délivre son univers qu'il danse fort bien pour tenter la gageure d'être seul sur scène et gagner l'auditoire. 

"Focus" de Olé Khamchanla de la compagnie Kham

Mouvances, errances.
Dans une danse évoquant les tensions et désirs d'une femme, entourée bientôt de deux hommes qui feront irruption dans son univers, l'auteur, calligraphe de l'espace réussit des séquences fluides, qui semblent couler de source.La narration des corps à eux seul, suffit à séduire le regard sur cette danse tonique, habitée. Un solo de Olé lui même  est hypnotique, virtuose et vertigineux. Emeline Nguyen The et Rafael Smadja s'y révèlent lyriques, inspirés, sensuels.Partenaires attentifs, à l'écoute, dans une composition de l'espace bien distribué et très écrite.Une histoire simples qui se déguste des yeux à l'infini, d'inspiration capoeira ou hip hop, au sol, en spirale. Une traque par un faisceau lumineux entraîne le danseur dans une gestuelle de l'urgence très réussie. 

"Ballet bar" de la compagnie Pyramide



Panique au petit bar perdu !
Ils sont cinq pour évoquer les bas-fonds d'un petit bar plutôt louche, peuplé de malfrats,voyous et autres personnages sortis de comédies musicales, roman noir ou films cultes. Un mélange de style hip hop, mime et figures stylées, postures emblématiques d'un petit monde agité en diable.Chacun délivre sa technique au profit d'un mimodrame désopilant, espiègle, plein de suspens et de verve. Une heure de bonheur menée tambour battant sur des choix musicaux, de Garbarek à Comelade: du brio, de la virtuosité, de l'humour à revendre et un engagement physique impressionnant !


"Met me halfway" de Edouard Hue de la  Beaver Dam Compagny


Corps à corps mêlés
Un magnifique duo, trio en contrepoint dansé dans une extrême lenteur envoûtante sur une musique qui va crescendo, s'amplifiant au fil de la représentation. Les danseurs dans une concentration extrême nous tiennent en haleine, puis peu à peu s'animent, combattent, se déchaînent. Corps à corps singuliers, amour à mort, à vif,interprétés par de très bons danseurs aguerris à l'infime partition sensible du mouvement au ralenti ! La composition musicale de Charles Mugel en contrepoint.i