samedi 23 novembre 2024

Sound Up! #6 Psyché: Hanatsu Miroir en ébullition!

 SOUND UP! #6  > > >

Sound Up! est un cycle de concerts de musiques inclassées qui mêle formats, écritures et écoutes diverses et variées, et s’adressent à toutes les oreilles, à commencer par les plus curieuses. A travers ce cycle, l’ensemble HANATSUmiroir propose un tour d’horizon de la création musicale, avec la complicité d’autres artistes et ensembles français, européens et internationaux : performances, concerts, spectacles, ateliers et autres rencontres parfois insolites sont au programme de ces temps de découverte et de partage.



> > > PSYCHÉ

PHASER en transat
ÉCOUTER des pièces mythiques aux harmonies rondes et aux accents pop
des bandes qui pleurent
des synthétiseurs SOUS LSD
des nappes de guitare HALLUCINÉES
des pots de fleur tribaux INSPIRÉS
un orgue POULPESQUE
et des colonnes de sons…

Tout un programme concocté par HANATSUmiroir pour fêter les 60 ans de la création d’In C de Terry Riley, première œuvre de musique minimaliste. Un prétexte à une exploration tous azimuts à travers un archipel d’œuvres en contraste. C’est comme autant de rivages où résonnent les percussions répétitives, hypnotiques ou tribales de Steve Reich, Terry Riley et Paul Lansky, où s’engendrent les hybridations transacoustiques d’Olivier Maurel et qu’hantent les esprits convoqués par le ouija de Nicole Lizée. 

Chaque étape est marquée par la découverte et la rencontre de l’autre : Jean Nicolas Mathieu déploie ses nappes de guitare électrique, Clotilde Lacroix met en vibration les mots de Mélie Boltz Nasr. François Delamarre convie Stéphane Kozik et le duo Le Plus Simple Appareil à interagir avec MODEMA, la créature instrumentale qu’il a développé au sein du festival L’Ososphère, partenaire de cette soirée événement.

Le 23 Novembre à l'Espace K 18H 01H.....


vendredi 22 novembre 2024

"Le Ring de Katharsy" d' Alice Laloy: Big Brother les manipule. Play time pour pions virtuels capturés.

 


Dans cette partition pour une cheffe d’orchestre, deux chanteurs-acteurs, six circassiens acrobates et danseurs, la metteuse en scène Alice Laloy convoque plusieurs arts au plateau pour créer un dispositif scénique à grande échelle. Plus qu’un spectacle, c’est un tournoi en trois manches avec des « joueurs » prêts à tout pour gagner, leurs « avatars » dotés de plusieurs vies, des « supporters » qui encouragent sur commande grâce à un prompteur où tout est écrit à l’avance. Et aux manettes de ce système de corps-objets-machines dystopique ? Katharsy, entité globale et virtuelle qui se joue des limites du réel et du vivant. Sur le ring on chante, on danse, on s’ébat et on se convainc que les gagnants ne sont pas déjà désignés.

Des personnages en fond de scène, assis semblent se regonflés à vue: tout de gris affublés de collants seyants dans un décor lui aussi grisonnant. Comme au bon vieux temps de la télévision en noir et blanc.  L'écran est celui du plateau, immense où va se jouer une longue séquence, celle des ébats télécommandés par deux tyrans tortionnaire, dictateurs de gestes. Les personnages évoluent sous les ordres et la dictée de ces supporters farouches qui maintiennent un climat de tension, d’obéissance, de soumission vis à vis de leurs comportements. D'abord consignes de jeu, d'attitudes diverses, puis de verbes d'action. Les curieux zombies de service s'adonnant à cette servitude avec consentement et sentiment d'être livrés à un esclavagisme non dissimulé. Cet sorte de "Métropolis" expressionniste est fascinant, sidérant et les robots évoluant ainsi sans désobéissance civile, plein de souplesse circassienne, de performances dansées très réjouissantes. Une bataille de vêtements lors du black friday les force à se soumettre à la loi de cette machinerie de science fiction. Le décor, lui-même évoquant ce monde virtuel insaisissable.Ces créatures guidées par le chant d'une figure gigantesque, cantatrice, chanteuse enrobant le tout de ses mélodies incitant à l'ordre. Domptées par deux organisateurs tyranniques, manipulateurs sans vergogne.Un dressage sans libre arbitre où les accessoires de torture tombent des cintres: chaises, table et tabouret comme objets à surmonter. Deux décompteurs  de performances stressent l'ambiance déjà tendue par une musique omniprésente, hystérique et entêtante. Beaucoup de souffle, d'imagination dans ce spectacle très visuel où pas un mot intelligible ne sort de ces corps confrontés à une chorégraphie drastique et sans appel. Alice Leloy comme un Big Brother saturant les esprits comme aux commandes d'instruments manipulables et dignes d'une dictature pasolinienne: on pense à "Salo" et ses victimes dans une atmosphère tout de gris. Au final c'est une immense toile mauve qui s'abat sur ce petit monde magnétique et recouvre comme un linceul les ignominies de ces barbares sans âmes.

Au TNS jusqu'au 29 Novembre

"Antigone in the Amazon" : le jeu de Milo Rau: super banco gagnant! Colère et rugueuse revendication.

 


Avec Antigone in the Amazon, Milo Rau croise un mythe antique et la brutale réalité d’un combat contemporain au Brésil. En collaboration avec des habitant·es et des artistes locaux, il met en scène la révolte d’une Antigone du XXIe siècle, sur les lieux-mêmes où dix-neuf ouvriers agricoles ont été assassinés par la police militaire en 1996. Là où 10 % de la population possèdent 80 % du sol, le Mouvement des sans-terre (MST) se mobilise contre une tyrannie économique soutenue par l’État. Sur un plateau recouvert de terre, l’esprit de lutte et les émotions prennent forme, tandis qu’à l’écran les activistes, tel un chœur politique d’aujourd’hui, commentent l’action qui se déploie sur scène entre Créon, Antigone, son fiancé Hémon et Eurydice. Par la force des images, la présence des corps et la puissance évocatrice des mots, Milo Rau donne une forme inimitable à la révolte. Face à l’exploitation à outrance des ressources naturelles, l’oppression des populations et la violence du pouvoir, le récit antique donne forme au soulèvement pour un changement global. 

Grand moment d'émotion vive bau Maillon à l'occasion de la venue de ce spectacle "militant", dénonciateur des "monstruosités" faites au peuple brésilien par la dictature au pouvoir. Eloge à la terre nourricière pour démarrer cette ode à la fraternité et solidarité internationale. Cette terre qui appartient à tous sauf ceux qui en prennent soin. Terre qui jonche le plateau, terre battue comme ces militants de MST qui rejouent les scènes hyper violentes de tuerie collective. On y croit de façon saisissante à ces images projetées sur un écran à trois facettes qui témoignent des atrocités faite à une humanité en colère. Colère et prise de paroles, de positions durant quasi deux heures. Antigone et son mythe comme pré-texte et fondement de la narration. Quatre personnages se partagent cette dure tache de remplir l'espace, la lumière. Un récit à quatre voix, en portugais, brésilien, néerlandais que l'on suit des yeux grâce au surtitrage.La tension est grande mais également la "douceur" des propos et du ton d'Antigone, ici petit personnage à la longue chevelure hirsute. Il y a beaucoup d'empathie avec chacun des quatre feuilles de ce trèfle, porte bonheur de cette lutte permanente.On y suit les péripéties de cette famille déchirée par le destin, la fatalité. Mais le moral demeure, façonné par l'authenticité du jeu des comédiens. Un musicien entretient à la guitare une certaine sérénité salvatrice. Le combat est juste, urgent, incessant et le film qui nous éclaire sur les agissements oppressants et criminels de l'armée au pouvoir est saisissant. Cruauté, séquences terrifiantes de meurtres et d'agressions physiques, soulèvement et révolte des protagonistes de la rébellion en marche. Témoignage, récit et action débordante de vérité pour es scènes de violence éprouvantes. On y croit sans leurre, les acteurs se fondant simultanément dans les images. Entre fiction et réalité, cette épopée loin d'être picaresque ou anecdotique demlure dans les corps et les esprits, travaillant sur la mémoire, le partage de l'indicible, du chant du choeur grec qui fait front. Choeur qui bat fédère une énergie combattive et charismatique. Choeur, atout de cette population en soulèvement permanent, jamais hors sol. Alors l'émotion nous prend et fait bouger une conscience vive, partagée. La colère comme flambeau, témoin d'horreurs que nous révèle Milo Rau et toute son équipe, forte de solidarité, de communion, en compagnie solide et indéfectible. Un rituel politique et militant de toute beauté féroce et irrévocable panorama de la bêtise humaine. Un panel vivant et jamais "spectaculaire" des abérrations économico-géo-politiques, manifeste sans fard ni concession pour la liberté.

Au Maillon les 21 et 22 No Paysage 4vembre dans le cadre de "10 jours avec Milo Rau"

jeudi 21 novembre 2024

Alessandro Bernardeschi & Mauro Paccagnella (Wooshing Machine): "Closing party: arrivederci e grazie": kinémato-chorégraphie!

 


Closing Party (arrivederci e grazie)

Comme souvent dans l’univers de la Cie Wooshing Machine, les quinquagénaires Alessandro Bernardeschi et Mauro Paccagnella revêtent perruques et micros pour entonner des airs populaires. De Simon & Garfunkel à Nina Simone, en passant par Marianne Faithfull, le duo déploie son goût du jeu en parallèle des fêlures qui les habitent. Après Happy Hour et El pueblo unido jamás será vencido, ils concluent leur Trilogie de la mémoire avec Closing Party (arrivederci e grazie). Un bal de clôture sans paillettes, absurde et ironique, traversant la fin des utopies dans le même costume noir et barbe de trois jours. Ce passage en revue des souvenirs intimes, mêlés à l’histoire collective, prend corps dans une nostalgie joyeuse. Leur nonchalance naturelle n’enlève rien à leurs qualités de danseurs assumant de vieillir en clowns désabusés, en valse d’adieux reportés. Une dernière danse, front contre front, affranchie de la pression de la performance, entièrement tournée vers l’émotion et le plaisir – partagé – du mouvement.


Ils adorent le cinéma et cela fait partie intégrante de leur culture chorégraphique: de l'imitation des grands titres de films de référence, au décor en noir et blanc scintillant comme sur la pellicule d'antan, ils se régalent. Ce duo intime et séduisant fabrique de la tendresse, du bonheur autant que de la nostalgie. Duel, joute, tête à tête, toujours dans la grâce et le respect de l'autre. En costume noir, chemise, pantalon et chaussures vernies, affublés de perruques bien noir-charbon anthracite pour dissimuler calvitie ou tonsure des années passées, ils disjonctent joyeusement. Couple complice ils dansent sur des morceaux de musique de choix qu'ils ont chéris autrefois et s'adonnent au pur plaisir de danser, de divaguer dans l'espace. Soudain c'est Pasolini et ses multiples visages d'acteurs fétiches qui apparait; un jeune danseur bien chevelu qui leur ressemble avec en plus la vélocité et l'aisance qu'ils ont mis de coté, virevolte à l'envi. Image fugitive et fugace de la jeunesse emportée par les années. La perte, l'usure en moins pour un solo vif et plein de fièvre.  Jeune trublion comme l'ange de "Théorème" pour référence... Renverser un chorégraphe conceptuel dans un rêve éveillé, rire de tout et de rien, décontractés, bon enfants.Des portés majestueux en cygnes noirs comme autant de références-mémoire de la Danse incarnée.Duo en miroir souvent, genoux fléchis, bras enrobant, désarticulés ils évoluent dignement sans fard ni falbala. Les épaules relax, détendues, mouvantes, les regards croisés et malicieux, la parole vive et bien enracinée dans les corps. Quelques blagues inachevées sur le bout des lèvres qui se terminent en fou rire pour impressionner son partenaire de scène.Que voilà bien du charme avant ces adieux pas pathétiques, plein de soleil de la langue italienne qu'ils manient dans la jouissance du partage; depuis bien longtemps sur le plateau de la danse depuis leurs ébats et débuts au Théâtre de la Bastille ou Jean-Pierre Timbaud du temps des Sagna et Jean Marc Adolphe! A bon entendeur, salut!

Essorer en machine tambour battant cette danse de mémoire vive et les couleurs ne s'altèrent pas!

A Pole Sud le 20 Novembre

mercredi 20 novembre 2024

Gaël Santisteva, Saaber Bachir & Antoine Leroy. "Voie, Voix, Vois" : que vois-je sur la voie publique à voix haute? VVV....


Voie, Voix, Vois

Objet scénique pluriel et inhabituel, Voie, Voix, Vois est né d’une rencontre aux Ateliers Indigo. Cette association bruxelloise accompagne une vingtaine d’artistes en situation de handicap, dans des ateliers d’art plastique, de la scène et de la musique. Le musicien Antoine Leroy et le danseur et comédien Gaël Santisteva nouent une amitié et des affinités artistiques avec le plasticien-poète-acteur Saaber Bachir. Leur trio trouble les textures vocales et textiles afin de bouleverser l’ordre établi. La ventriloquie est détournée par modification électronique des voix, mais aussi par la prise de contrôle physique des partenaires de jeu sur scène. En maître de cérémonie, Saaber dirige, manipule, dicte le tempo et oriente les regards pour nous offrir sa propre vision des choses. Sur fond de sound system déstructuré, la normalité et la norme se trouvent questionnées, chamboulées dans leur frottement avec la légitimité, la soumission et le contrôle.

Belgique trio création 2023 

C'est un régal gourmand, ce trio atypique qui mène bon train un show en short de guépard, casquette et baskets de circonstance. Comme des marionnettes ils se manipulent et le son de leur voix n'est autre que celui du manipulateur. Effet de leurre garanti et trouble de surcroit pour ces duos drôlatiques et farceurs. Farce et tribulations de trublions de la scène que ce trio de fortune très riche en répliques, récits et autres histoires de verbe, le tout métamorphosé par des micros amplificateurs et tordeurs de sons. Ça cause et ça discute, ça polémique et ça enchante le plateau. Trois garçons dans le vent d'une balise-drapeau peuplée de chevaux esquissés, d'un tapis orange fluo fait maison, brodé d'une figure de cheval-licorne magnifique. Histoires de chevaux, d'équidés en tout genre pour un voyage chez ces animaux "sauvages" et beaux "Je me voyais déjà" sur un plateau de TV , hanté par des hauts-parleurs très design, façonnés par le musicien lui-même à la recherche de formes et de sons. Mégaphone en céramique rappelant des coiffes ou entonnoirs stigmatisant les fous du roi. Antoine Leroy aux commandes de cette recherche plastique et esthétique très réussie. Alors que ses deux compères, compagnons de route arpentent la scène en bavassant, sautillant, faisant la roue. C'est espiègle et malin, mutin et plein de charme. Les voix sont sur les chemins de traverse et le sentier de l'âne, sur la bonne voie. Et l'on y voit que du feu en empathie totale avec cette évidente simplicité de la représentation. Le pavillon en poupe pour mieux entendre les sons déformés des voix, pavillons de phonographes ou de mégaphone, chapeau, coiffe ou parure fort seyants. Les trompettes de la mort comme instrument de musique où il vaut mieux ne pas souffler! Ce cheval de trois comme une figure de parade, de carnaval. Leurs chansons, c'est pas du pipeau Des éclairages de boite de nuit pour illuminer l'ambiance et faire danser les pupilles rivées sur ce petit monde bigarré et sympathique. Mustang comme égérie et passion pour Saaber Bachir dont l'amour des chevaux transparait sans frontière. Ils semblent indomptables nos héros de pacotille et dotés d'un pouvoir magique: celui de conter fleurette et d’enjôler le public avec trois fois rien d'humain, de fraternel. Émouvant spectacle généreux, cent pour cent pur sang, sans queue de cheval ni tête de mule. Gael Santisteva comme homme orchestre et capitaine, figure de proue d'une formation collective bien individualisée pour qu'aucun ni perde son identité!



Et Georges Federmann et son chapeau entonnoir de fou...pour référence locale....



Le chapeau juif, connu aussi sous les noms de coiffe juive, Judenhut ou hoods en allemand et de pileus cornutus (calotte à cornes) en latin, est un chapeau pointu infamant en forme de cône ou d'entonnoir renversé, blanc ou jaune, devant être porté par les Juifs dans l'Europe médiévale et parfois dans le monde islamique ...
 
A Pole Sud le 20 Novembre

mardi 19 novembre 2024

L'heure joyeuse - Pulcinella: heure exquise qui vous grise...Allègrement!

 


L'Orchestre propose un nouveau rendez-vous ! En formation symphonique, les musiciens interprètent des pièces phares de la musique classique. Un concert d'une heure qui se glisse joyeusement dans le quotidien.Stravinski visite le passé, se penche sur la musique de Pergolèse, écrit Pulcinella et en tire une Suite pour orchestre. Le hautboïste Pasculli brode sur un opéra de son temps et fait briller son instrument face à l’orchestre dans un concerto virtuose. Tisser des liens entre les œuvres, les époques… quelle source de richesse ! Deux pièces à découvrir durant cette « heure joyeuse ».

Le bel hautbois dormant.

Antonio Pasculli
Concerto pour hautbois sur des motifs de l’opéra
La Favorite de Donizetti, arr. G. Silvestrini

De cette oeuvre, l'orchestre et sa chef Emilia Hoving en font une ode à la joie, au tonus et à la malice d'une écriture pleine de verve et de rebonds. Le hauboïste Sébastien Giot se donne en virtuose avec son instrument rivé au corps comme une voix issue de son souffle teintée d'une véritable tessiture. Son chant est celui d'un "bâton de bois mort" que le souffle anime et fait vibrer comme des cordes vocales frappées par la respiration. Un véritable enchantement que ce leurre entre voix et instrument, prolongation du corps. L'homme, l'interprète et son "son" très personnel. Une touche, une rare personnalité invitée bientôt à intégrer l'Orchestre de la Philharmonie de Paris.

leonide massine

Le Polichinelle idéalisé

Igor Stravinski
Pulcinella, Suite pour orchestre

Ce ballet, à l'origine commande de Diaghilev à Stravinsky en version "concertante" est un joyaux de style néo-classique, comme à l'époque la chorégraphie et la danse de Léonide Massine.En fermant les yeux on imagine Tamara Karsavina séduisant ce Polichinelle aguicheur. L'Orchestre, très à l'aise sous la direction très gestuelle, toute en cercles, volutes et arabesques de Emilia Hoving, très vive et pleine d'enthousiasme contagieux. Les sonorités se font inspirées de sources italiennes et revêtent parfois un caractère quasi hispanisant.Épure et grâce d'une musique à danser sous ses plus belles tarentelles, gavottes et autres références rythmiques et chorégraphiques.

Distribution Emilia HOVING direction, Sébastien GIOT hautbois
Lieu
Cité de la musique et de la Danse le 19 Novembre

 

samedi 16 novembre 2024

ONE SONG , Histoire(s) du Théâtre IV , Miet Warlop : en forme olympique!

 


Acclamé par la critique, cette longue chanson est avant tout un morceau de bravoure athlétique et musical, un déferlement d’énergie vitale pour la relecture d’un requiem : en 2005, la metteuse en scène Miet Warlop avait conçu Sportband / Afgetrainde Klanken comme un hommage à son frère décédé. Vingt ans plus tard, elle relit la pièce à l’aune d’une œuvre qui s’est entre-temps imposée sur la scène internationale, et lui donne une teinte nouvelle. ONE SONG
est aussi inclassable que ne l’est son autrice, qui aime mettre à bas les conventions, avec humour et finesse. À commencer, ici, par la différence entre le sport, la musique et le théâtre. Encouragé·es par leurs fans enthousiastes, et accompagné·es par un pom-pom-boy dévoué à la cause du spectacle, cinq musicien·nes sautent, courent, marchent sur une poutre, font des étirements… à moins que ce ne soit cinq athlètes au violon, à la contrebasse, à la batterie ? Dans cet étrange meeting sportif qui mêle le rire au chagrin de la perte, chaque note nécessite un effort. Une performance, dans tous les sens du terme.

Sur une tribune, une speakerine s’égosille dans un mégaphone: arbitre tri-jambiste de handy-sport son discours inaudible se transforme en fou rire alors qu'elle présente les cinq joueurs de la soirée. Une majorette à plumes se dandine alors que sur des gradins, cinq supporters vont peu à peu se mettre en mouvement. Le tableau est brossé, l'échauffement des athlètes peut commencer, offensif, forcené. Petite course de fond aller-retour sur fond de métronome. Une violoniste grimpe sur la poutre et n'aura de cesse de jouer sur une jambe, en arabesque équilibriste. Le violoncelliste adopte la position couchée, à l'horizontale. Un plancher roulant pour le coureur de fond, un trampoline et des espaliers pour le quatrième larron. Alors qu'un drapeau flotte au vent, les hostilités démarrent: cinq places de percussions pour un batteur de choc et ses vibrations tectoniques, comme leur gymnastique tonique: le tout compulsif et hystérique à souhait pour éveiller les consciences, travailler sur la perte, la performance sportive, l'achèvement des héros d'un jour sur la piste aux étoiles. Le rythme s'accélère, démoniaque, hypnotique et nos oreilles "qui n'ont pas de paupières" songent aux bouchons . Un peu de Bach au violoncelle pour calmer les passions et adoucir les moeurs et ça repart. Ceux qui encouragent s'agittent frénétiquement, brandissant leurs slogans sur banderoles. TGV, très grande vitesse pour cette performance épuisante: un voyage virtuel où la course contre la montre dépasse et franchit les bornes de l'entendement. Un peu de ping pong sans filet, balles au bond et c'est une pause salvatrice, gestes au ralenti qui ponctue le show. Une majorette s'épuise à faire le pom pom boy et installer un jeu de scrabble géant. Calme apparent qui cache la future tempête... Des bruits d’effondrement, de salves se font entendre comme une métaphore  de destruction massive des corps en surpuissance. Accalmie de courte durée dans cette météo de cataclysme et tsunami prévisible. Nos anti-héros épongent le sol humidifié par une pluie survenue de nulle part avec leur t shirt, désacralisant le gadget et le produit dérivé de compétition. Les numéros affichés sur les corps en faisant de gentilles bêtes de somme à regarder, observer. Les basses tâches pour tous: très "zen". Horde sauvage, cette tribu, collectif doux dingue évolue dans le stress et la virtuosité, la résistance et l'endurance. Hilarant et agaçant . La percussionniste s'effondre et souffre à vue. Dans du talc ou colophane répandue au sol. Sur les tribunes les spectateurs en transe, en empathie totale avec les athlètes s'adonnent au rituel du frappement des mains pour encourager ce petit peuplé enragé. Elle court, elle court, la dépense et l'on achève bien vite les chevaux dans ce stade intérieur, gymnase ou salle d"évolution pour "martyrs". Tout est blanc, très clinique, clean et assourdissant de décibels et rythmes binaires. Le violoncelle a grimpé sur la poutre, la surdose de percussions explose et maltraite les tympans. Tout s'effondre alors, seul le tapis roulant travaille encore à charrier des fantômes. Le drapeau flotte, pavillon de détresse de mauvaise augure. Essoufflé le major d'homme se rend et capitule. Débâcle et débandade pour tous.Seule l'arbitre est rescapée sur cette arche de Noé désertée, sinistrée. L'hymne international au poing fait se redresser la troupe galvanisée par les ovations du public... Les JO fédérateurs et politiques rappellent à l'ordre les joueurs et supporters. La Cène finale à douze apôtres couronne Terpsichore en baskets avec brio. C'est la lutte finale.

Présenté avec POLE-SUD, CDCN au Maillon jusqu'au 16 Novembre

 

30ème REVUE SATIRIQUE: "Ia d'la joie": ça un cube, ah'voilà la coiffe à Roger ! Parcus Déi !

 


Notre 30ème revue satirique se moquera de tout et de tout le monde. Elle passera à la moulinette les politiques locaux, se moquera des Lorrains, parlera du Racing, de l’écologie… et caricaturera l’actualité marquante de l’année. Elle n’oubliera pas non plus d’égratigner au passage quelques phénomènes de société !
Bien sûr, ça va chanter, danser et sketcher. Cette revue se jouera toujours en alsacien dans une salle et en français dans l’autre. Les comédiens continueront de courir de l’une à l’autre pour vous faire rire dans les deux langues.

Die 30. satirische Revüe zieht wie immer alles und alle durch den Kakao, in einem Saal auf elsässisch, im anderen auf französisch.


Pas de stationnement interdit pour cette troupe qui est loin d'être auto-mobile et se comporte en bonne citoyenne, éprise de bon sens près de chez vous et qui donne le la sur toute chose. Du bon, du bon, de la coiffe! Roger Siffer se fait Weinsanto affublé d'une coiffe rose en tarlatane et joue la star d'n soir, toujours plein de verve et de malice: un prologue qui en dit long sur la suite des offensives.Il i a de l'intelligence non artificielle dans ses propos et ça augure de tout le reste! Un hôpital multifonction en état de crise pour apéritif et mise en bouche, dans un décor design tout blanc avec des cubes fluo comme sièges ou accessoires à détourner. C'est la circulation en biclou qui sera le thème fétiche de la revue, les mobilités douces, de droite ou de gauche: à chacun sa direction. Le trio Trautmann and C° comme fleuron de tout ce qui retourne sa veste, même dans les fonds de l'Ill où demeurent quelques vestiges de pollution.. Des costumes plein d'inventivité, gilets jaunes, coiffes évoquant le bitume marqués de balises franchissables, grâce à l'humour pince sans rire de tous. Jeanne Barséghian en sirène d'eau douce sur fond vert,crevette pailletée donne la réplique à sa chargée de communication -Suzanne Meyer- férue de réseaux-sociaux avec fougue et détermination. Les postulants à la Mairie font la chenille à la queueleuleu, chorégraphiés comme jamais par Charlotte Dambach, adoptée par la "maison"dorénavant. Les comédiens trépignent d'audace dans l'espace, osent les tours et grands jetés classiques, des unissons parfaites, les bras en corbeille bien tenus. Un régal de les voir évoluer dans un si petit espace avec franchise et assurance.  Un capitaine débarque à Gerard-mer pour sauver les baleines, affublé d'une queue de plastique mirifique sur la tête et constate que Gerard-lac eut été de meilleure véracité...On hisse le pavillon noir avec la tête de Siffer, habillé de filet de pêche vert.Les virelangues, jeux de mots, calembours et langage inventé de toutes pièces se bousculent pour notre fidèle et indéfectible Gilbert Meyer sur son nuage bas , l'as de la dyslexie et de la coordination linguistique! C'est Guy Riss qui s'y colle avec brio.Sa comparse, Monique, croyant ferme aux fantômes ou revenant bienvenu. On a la chair de poulpe, on se fait un sang d'ancre, la raie au milieu ou le poisson-scie qui fait la planche, dans les interludes, entremets qui "bouchent" les trous de la rythmique entre les deux représentations française et alsacienne. Le suspens est grand et les improvisations très professionnelles. Un tableau étrange ponctue la revue: sorte de plate-forme à la Oscar Schlemmer sur fond de Bauhaus et Kurt Weill: spirales et costumes expressionnistes ou futuristes-au choix- pour incarner le politiquement incorrect. "Caddie c'est fini" pour bouquet satirique plein de poésie et de nostalgie, "Je l'aide à mourir" pour clou de la représentation: Sébastien Bizzotto, émouvant dans son tricot de grand-mère, évoquant la fin de vie avec douceur et acidité, pertinence et humour noir à la Desproges. Un ministre en maison alsacienne à colombage, pot de géranium et coiffe pour singer la centralisation. Un tétra émouvant qui danse, tout de rose, en solo: beaucoup de belles images scénographiées et mises en scène par Céline d'Aboukir, avec justesse et précision. Les costumes signés Carole Deltente et son équipe rivalisent d'inventivité: couleurs, formes et matières au diapason des thématiques; costumes à bouger, danser, coiffes pour moustiques mobiles, ou avec nid de cigognes et encore bleu de travail pour nos joueurs du Racing qui chantent et hurlent leur bonheur de suiveurs et supporters. 


Arthur Gander y trouvant son rôle sur mesure. Sans compter sur Jean Pierre Schlag fameux alsacien de souche, débonnaire et les trois interprètes féminines qui se collent aux diverses personnalités: Marie Hattermann, Bénédicte Keck, Nathalie Muller, excellant dans la verve et l'audace, l'affirmation d'un jeu "cabaret" avoué et assumé, joyeux et plein de grâce et d'authenticité. Les voix soint bonnes, portes-paroles,les chansons et les textes plein de vérité qui blesse ou enchante. Parcus Déi d'immobilité douce pour cette cérémonie sans sermont, cette messe basse à plein tubes, ce missel plein d'images paiennes glissées entre les pages. Un bréviaire, codex qui brûle les planches de la Chouc': on recevra à la sortie un smylet-emoji ou une hostie, petit rond de jambe et de cuir à avaler ou mettre en vue sur sa veste comme un trophée ou une médaille. Car les spectateurs sont aussi des vedettes, des "ah voilà" comme chez le psy qui atteste et constate..Confession sans concession. Une belle thérapie de groupe qui fait du bien.On n'a pas "fini d'en faire le tour" ni en 33,78 ou 45, limitation de vitesse oblige. Le parking était plein ce soir là de trotinettes et biclous, de SUV... Quand on pense bilingue on est deux fois plus intelligent artificiellement! En voiture, Roger! Les castors juniors au bouleau sur biberschwanz pour un barrage linguistique et politique, des scouts qui donnent le la, un Jean Moulin, j'en moule une, qui résiste, chienlit, chie-en -lit de carnaval parisien, hallali et débandade au menu...Et des petits vestons lécheurs de cul comme queue de pie ou d'hirondelle: c'est la Fête Sauvage au Cabaret! Ca incube au théâtre avec ces cubes fluos qui ponctuent la scénographie, tous ses petits détails qui donnent sens et opportunité. Le pianiste est superbbe, Jean René Mourot au top du rythme, du cabaret, de l'accompagnement complice de cette bande à Bonnot hors pair. La bière aussi amertume bien corsée  fait faire des portés acrobatiques et des manèges dignes du Palais Garnier! Ou de l'Opéra comique....I A d'la joie au bercail, surtout ne les remplacer pas par des clones artificiels venus d'ailleurs. Et l'an prochain, ils vont se mettre sur leur 31...Ca promet! Dressing et panoplie de placard à sorcières à ballet!

Avec : Sébastien Bizzotto, Magalie Ehlinger, Arthur Gander, Marie Hattermann, Bénédicte Keck, Susanne Mayer, Nathalie Muller, Guy Riss, Jean-Pierre Schlagg et Roger Siffer
Piano (alternance) : Jean-René Mourot, Thomas Valentin, Sébastien Valle
Textes : équipe de la Chouc’
Mise en scène : Céline D’Aboukir – Chorégraphie : Charlotte Dambach – Costumes et scénographie : Florence Bohnert, Carole Deltenre, Estelle Duriez et leur équipe – Lumières : Cyrille Siffer – Photographie : Jean-Marc Loos – Production : APCA – Théâtre de la Choucrouterie

Jusqu'au 30 Mars 

DU 15 NOVEMBRE 2024 AU 30 MARS 2025

vendredi 15 novembre 2024

"LA FÊTE SAUVAGE" de FRÉDÉRIC ROSSIF et LUCIE ANTUNES: sauts de biche, grands jetés et grands écarts musicaux pour épopée animalière! Félin pour l'autre.

 

©Le Futur

LA FÊTE SAUVAGE
FRÉDÉRIC ROSSIF, LUCIE ANTUNES

La Fête Sauvage est un film de Frédéric Rossif sorti en 1976, sur une bande originale de Vangelis et des commentaires de Madeleine Chapsal. À la fois ovni et pionnier du genre documentaire, Frédéric Rossif propose une ode à la nature dans une grande fête sauvage. En 2022, Lucie Antunes s’attaque à ce film magistral en composant une nouvelle bande son électro et minimaliste avec les Percussions de Strasbourg et Axel Rigaud en gardant cette idée de grande fête et de contemplation de la beauté animale.


Un film animalier, des percussions et bande électroacoustique, c'est un mix de surprises, de ralentis, de décomposition du mouvement à la Muybridge ou  Marey, de montage et découpage comme une partition picturale à la Kandinsky...Alors le métissage des genres et disciplines est évident et l'on se régales des ébats amoureux de félins pour l'autre, de cous de girafes délectables, de sauts et de courses folles contre la montre et la mort d'animaux à l'affut du gibier. 


Anthropophages par nature ou nécessité, les animaux sont chasseurs et parfois cueilleurs...Les images défilent "tambour battant", les trois musiciens des Percussions s'adonnant sans regarder les icônes à l'écran, sans chef. Olivia Martin, Rémi Schwartz, Enrico Pedicone et Axel Rigaud aux consoles électroniques s'adaptent et transcendent la narration animalière pour une dramaturgie musicale pleine d’élan d'allant, de verve, de ferveur. Cruauté des séquences et acharnement musical pour mieux battre en retraite et vaincre la peur de cette réalité.


Les coups sont bas et les séquences fort belles, les personnages se succèdent , les suricates sont sublimes, debout, les têtes aux aguets, les sonorités percussives les accompagnant pour un accomplissement rythmique, calé, débordant d'humour et de véracité. Les éléphants, oreilles au vent, frémissent, les hippopotames dansent et soufflent, les flamands roses marchent, avancent comme la partition et le voyage est un état de siège permanent. Une navigation terrestre de rêve, un embarquement entre terre et ciel, oiseaux d'envergure ou petit renard affolé. Et si les animaux dansent, en parade nuptiale, en consentement amoureux, en calins ou étreintes, les gosiers s'échauffent et enflent en couleur, les zèbres font une affiche en noir et blanc, rayée, comme la décomposition cinétique du mouvement. Un film chorégraphique, "articulé" plein de anches et ligatures, de coffres, de respirations comme un instrument hybride, un ovni sans qualificatif qui fait du bien. Pas un seul humain à l'écran....

edi dubien

françoise pétrovitch

14.11.2024 théâtre de Hautepierre, Strasbourg

 

mercredi 13 novembre 2024

Haute-Couture | Weinsanto et l'OPS: un jeune démiurge, iconoclaste en diable pour un métissage, des entremets et des hoppla de résistance gastronomique!


 Le 13 novembre, plongez dans une expérience unique mêlant haute couture et musique au cœur de l’Église Saint-Guillaume de Strasbourg.

Sous la nef illuminée, découvrez le premier défilé alsacien de l’étoile montante de la mode internationale, Victor Weinsanto, protégé de Jean-Paul Gaultier et créateur engagé. Ses créations audacieuses, qui habillent même Beyoncé, seront mises en scène sur un podium de 20 mètres, en parfaite harmonie avec un programme musical soigneusement orchestré par l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg. Cette soirée vous transportera à travers quatre tableaux de 15 minutes, chacun accompagnant les pièces uniques du créateur.


Victor Weinsanto a lancé sa ligne éponyme en 2020, après avoir passé deux ans au sein de la maison Jean Paul Gaultier. Avec un parcours de danseur professionnel, Victor insuffle à ses collections la vitalité des arts de la scène. Ses présentations se caractérisent par leur esthétique ludique reflétant sa passion profonde pour le divertissement et l’art sous toutes ses formes.

Ses créations se distinguent par leur exubérance et leur originalité, attirant l’attention d’icônes de la mode et de la musique telles que Madonna, Beyoncé ou encore Lizzo, pour lesquelles il a conçu des tenues sur mesure. Il s’inspire d’une variété de sources, allant de l’histoire à l’architecture, tout en tissant dans ses collections des éléments musicaux et culturels. Ses défilés sont autant des spectacles que des défilés de mode, cette approche dynamique lui a valu les critiques élogieuses de la presse française et internationale comme Vogue, WWD et Numero.

L’Église Saint-Guillaume propose une saison culturelle riche mettant en lumière des valeurs de partage, d’inclusivité et de tolérance. Rendez-vous en ligne pour découvrir les prochains événements. L’Église poursuit également ses travaux de restauration, une levée de fonds est en cours pour pouvoir réaliser ces investissements.

Alors imaginez l'église St Guillaume, temple d'un orgue coulissant magistral, vibrer sous les notes d'un "Ave Maria"de Schubert ou d'un "Casta Diva" de Bellini,  d'une "Carmen" de Bizet, ceci pour la cerise sur le gâteau....Trois imprévus dans ce concert unique, comme des cadeaux en entremets des quatre pièces annoncées, interprétées par l'Orchestre Philarmonique de Strasbourg. En ouverture de cet "événement" relationnel incongru entre musique classique  et mode la "Sérénade" de Tchaikovsky, comme une entrée en matière, un antipasti délectable. Puis c'est l'apparition tant attendue, vivante, l'incarnation de cette "coiffe alsacienne" emblématique signée du jeune styliste si prometteur. Coiffe ondoyante, chaloupante toute inspirée de kelsch et de tradition locale. La surprise suivante, c'est ce sac à main "kougelhoff" rouge porté par une mannequin sublime, noire, cambrée, si sensuelle dans sa démarche, sur ce long podium central occupant la nef de l'église. Sur une musique "Romance" de Camille Saint Saens pour honorer l'Alsace.


Jack Lang, chantre de la mode comme art majeur eu été comblé! Puis, ô surprise, c'est une cantatrice Clara Orif qui prendra la scène, habillée "maison" pour un Ave Maria, sobre de toute beauté. L'art lyrique en soliste-récital est une fort bonne idée:la jeune chanteuse, très à l'aise dans ces vêtements haute couture de haute volée, les bras offerts, l'attitude simple et respectueuse. Weinsanto danseur, n'est pas loin non plus dans cette ouverture à la danse. Jean Paul Gaultier avait ouvert le bal avec son "Défilé" pour Régine Chopinot, et ses costumes pour "Blanche Neige" de Preljocaj... La fête continue avec l'apparition d' un cygne noir,gainé de plis et replis miroitants. C'est "Pavane" de Gabriel Fauré avec sa mariée, crinoline éthérée, vagues ondulantes dans la démarche, voile devant les yeux. Un régal d'authenticité créative pour une sylphide, elfe désirable à souhait. "Dark", noir c'est noir pour la suite des créations portées par des créatures de rêve, bien incarnées cependant par des femmes top modèles qui bougent et marchent délibérément fantaisistes. Einojuhani Rautavaara et ses extraits de "The Fiddlers" comme support et soutient musical.  Au final "La casa del diavolo" de Luigi Boccherini couronne cet aspect démoniaque et délirant, hallucinant du défilé: trois créations hautes en couleurs, formes animales, papillons divaguant sur le podium, ou sorte de tutu en forme de moule à gâteau.Diable dans l'église devenue païenne et offerte au dialogue, à l'inventivité, au métissage des genres et des disciplines.  A la direction d'orchestre, Matthew Strew, séduit par ce programme inventif et décoiffant.Un divertissement de très haute qualité pour un auditoire bigarré et prêt à porter toute une fantasmagorie salvatrice. Une soirée mémorable où la beauté serait celle du "triton" musical, interdit pour sa rareté autant que pour l'audace et le danger encouru par tous les protagonistes de cette initiative chorégraphique, musicale, orchestrale de grande envergure. Weinsanto pour saluer cette soirée pleine de charme et de textures, de tissus et fourreaux , de voiles et de talons aiguilles prestigieux.

A ST Guillaume Passions Croisées le 13 Novembre

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mardi 12 novembre 2024

"On ne jouait pas à la pétanque dans le ghetto de Varsovie" Éric Feldman, Olivier Veillon, complices!


 Et si Freud avait été le psy d’Hitler ? Le mal absolu aurait-il pu être évité ? Dans ce « stand-up d’art et d’essai, conférence et confidence, mi idiot mi intello », Éric Feldman explore avec humour et gravité les traumatismes des enfants cachés survivants de la Shoah : ses propres parents, oncles et tantes. Sur le fil d’un mystère qu’on se prend à vouloir résoudre, le texte nous plonge dans un tourbillon de pensées, d’émotions, de rires et de souvenirs aux accents Yiddish. On croise tonton Gilbert et tonton Lucien, le grand écrivain Isaac Bashevis Singer, Milosh le chat d’Éric, et on pense aux grandes figures des comediens juifs new-yorkais. Une autofiction plus auto que fiction pour dépasser son histoire personnelle, toucher le cœur des gens et célébrer la joie d’être vivant. 


Seul et avec nous, toujours durant ce solo inédit, Eric Feldman se révèle compagnon le temps du spectacle de tout un chacun. Avec sobriété, discrétion, modestie et autre trait de caractère pudique lié au sujet, le voici immergé dans un bain de judaïsme salvateur, tonique et très respectueux. Dans une ambiance cosy sur fond de jazz, on se détend, on se rend "disponible" en respirant à fond, expirant les mauvaises humeurs ou mauvais sentiments, inspirant les bonnes ondes. Très "zen" et empathique personnage. Assis dans un fauteuil léger où l'on ne peut pas "se vautrer", il met en abime, fait parenthèse sur parenthèses, digressions sur digression pour le meilleur d'un texte captivant, enrobant, inquiétant parfois.Du traumatisme de la Shoah sur les générations de survivants, le comédien fait auto fiction, acte d'aveux universels, de blessures ou secrets de famille révélés. Effets souvent très drôles, décalés, jubilatoires, poignants selon le point de vue, l'angle d'attaque, la cible visée. Hitler après l'amour, c'est pas si bizarre que cela, 


Et Freud dans le même bateau, pourquoi pas! En "équilibre" sur sa petite chaise, très à l'aise, le nez dans le guidon, il est possible de rire de tout quand on est impliqué, dans le bain, concerné. Et si les analystes semblent être souvent visé, c'est pour le bien qu'ils ont opéré auprès de notre héros qui ne s'en cache pas.La vérité, rien que la vérité au bout de cette langue bien pendue et jamais de bois. Ce strand-up très "pensé" est un bijou du genre et jamais on ne se lasse d'écouter cette verve textuelle pleine de charme, de surprises, de rebonds. Rebondissements fulgurants lors d'une danse de pantin articulé, très "cancan" malgré lui, sans frou-frou! Le yiddish au poing sur un fond obscur pour clamer la vie, la joie, la musique, la danse: thérapie en solitaire partagée par le groupe de spectateurs qui en bénéficie au passage et sort soulagé comme à l'issue d'une bonne confession. Histoire de partager le pain en bonne cum panis! Et sans "pied tanqué"!

Au TNS jusqu'au 22 Novembre

samedi 9 novembre 2024

ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE STRASBOURG & PAUL LAY TRIO DIRECTION WAYNE MARSHALL : une musique enthousiasmante

 


Pianiste aussi brillant qu’érudit, Paul Lay a pris l’habitude de faire entendre sa propre voix par le truchement de projets originaux confrontant notre modernité à de grandes figures du passé. A la tête de son trio et accompagné par l’Orchestre philharmonique de Strasbourg dirigé par Wayne Marshall, c’est cette fois au grand compositeur américain George Gershwin que Paul Lay rend hommage en proposant sa propre version de la célèbre pièce concertante Rhapsody in Blue ainsi que de quelques standards orchestrés par ses soins. L’Orchestre philharmonique de Strasbourg mettra ensuite en lumière le caractère visionnaire de deux pièces signées Kurt Weill (Symphonic Nocturne de Lady in the Dark) et Leonard Bernstein (Fancy Free) jetant également à leurs façons quelques passerelles inédites entre l’énergie du jazz et la sophistication de la musique symphonique occidentale.

 

photo Teona Goreci

Programme

• Première partie – Orchestre philharmonique de Strasbourg & Paul Lay trio

George Gershwin
- Rhapsody in Blue, orch. F. Grofé, 1942. Un chef d'oeuvre en matière de musicalité joyeuse, sensuelle, provocante et lumineuse. L'Orchestre semble jubiler, galvanisé par des sons clairs, enjoués. Tout chavire, balance, tangue et se fond dans une atmosphère radieuse. Ces moments de partage avec une salle comble et comblée par tant de talent et d'interprétation habitée, sentie, sont de l'ordre du miracle. Alors Gerschwin , on adore et sans se lasser, on se laisse aller à une écoute ravie et un enthousiasme non dissimulé.
- "Nice Work if You Can Get it et "It Ain't Necessarily So":deux Standards arrangés par Paul Lay laissent à l'interprète de génie une large marge pianistique d'envergure pour donner le frisson, aller au devant de toute attente musicale dans le plus grand respect de la partition d'origine. Et les deux rappels fulgurants nous enchantent par leur inventivité et l'audace du chef d'orchestre de se joindre en duo d'improvisation avec ce pianiste hors pair. Wayne Marshall et Paul Lay au diapason pour une interprétation aux anges, décrochant la lune de l'audace et de l'inventivité. Une façon de se rejoindre en compagnie des membres de l'Orchestre et du contrebassiste Clemens van der FeEn et du batteur Donald Kontomanou.

photo teora goreci


• Deuxième partie – Orchestre philharmonique de Strasbourg 

Kurt Weill
Symphonic Nocturne de Lady in the Dark, arr. R.R. Bennett

Que du bonheur à l’écoute d'un monument solide et vertueux de la musique américaine. Contrasté, entre volumes sonores puissants et discrète intervention de solistes dans les vents, cuivres et bois, cette oeuvre questionne les harmoniques et les divergences musicales au sein d'un tout remarquablement composé, vif, entrainant, burlesque et fantaisiste. Une ambiance et atmosphère de fête s'en dégage, salvatrice et bienfaisante.

Leonard Bernstein
Fancy Free, suite de ballet. Alors ici, on danse, swingue, allègrement au choeur de la musique chaleureuse et enivrante. . En fermant les yeux, c'est à Jerôme Robbins que l'on songe avec ses marins bondissants et sa verve chorégraphique. Un ballet "concertant" c'est original et plein de nostalgie!


Au PMC le 8 NOVEMBRE



En coproduction et coréalisation avec l’Orchestre philharmonique de Strasbourg

Soirée d'ouverture DU FESTIVAL JAZZDOR parrainée par la Ville de Strasbourg
 

FR + GB + NL + US
Orchestre philharmonique de Strasbourg | Wayne Marshall direction | Paul Lay piano | Clemens van der Feen contrebasse | Donald Kontomanou batterie 
 

 

vendredi 8 novembre 2024

"Velvet": caresser le velours...La vie dans les plis.

 


velvet
, Nathalie Béasse 

Les spectacles de Nathalie Béasse invitent le public à la rêverie en libérant la pensée, le souvenir, le récit, à partir d’un presque rien : un objet qui tombe, un bruit qui résonne, un souffle qui agite le rideau. velvet ne déroge pas à la règle. Une nouvelle fois inspiré par les arts plastiques, à travers la contemplation d’une peinture de Whistler, le spectacle prend cette fois pour point de départ le tissu, justement : matériau à toucher, qui enveloppe ou dissimule, que l’on soulève ou que l’on tire, mais aussi matière dont sont faits les rêves. Dans la tradition des tableaux vivants, la metteuse en scène agence une fantasmagorie où les corps, les couleurs et les sons se répondent. Dans les mondes à la fois mystérieux et évocateurs de Nathalie Béasse, objets, accessoires et décor ne sont pas mis au seul service du jeu de l’interprète : ensemble, ils animent le théâtre, lui insufflent une âme. Sans doute pas pour délivrer un message, mais pour (r)éveiller notre sensibilité aux choses.


Un long rideau protège la scène en front de plateau: gris, longs plissés enrobant, enveloppant les côtés. Que se cache-t-il derrière? Un visage fait son apparition, échevelé, comme en apesanteur, il grimpe le long des plis et disparait: Méduse, Gorgonde au regard pétrifiant. Des sonorités d'eau et le vent font bouger, se mouvoir les rideau immense: du vent dans les voiles histoire de regarder, scruter cette immense paroi Ce visage, masque humain, hors sol, inquiète, questionne et renvoie aux images, icônes de l'histoire de l'art. qui tranche l'espace, dissimule l'ob-scène, ce qui est "derrière la scène". Balancement du tissus très langoureux dans le silence. L'observation est un temps de contemplation du vide, du silence et cela demande beaucoup d'attention au spectateur. Au travail donc...Ambiance mystérieuse, étrange, énigmatique due à des personnages qui apparaissent entre les plis du rideau. Muets, solitaires, une valise à la main, des rubans au bout d'un bâton de majorette... Absurde monde kafkaïen, à la Ionesco aussi. Un fond sonore intemporel et cosmique pour border le tout.Le rideau devient costume, toge, un gros ours embrasse une femme dans une étreinte burlesque et passionnée Et voici le peintre, un italien très stylé, costume du dimanche et verbe prolixe très bien prononcé. Il raconte la peinture, le paysage. Soudain, c'est le lever de rideau sur un boudoir baudelairien où une femme susurre quelques mots. Tension et extrême attention de l'écoute. Une belle mise en abime du "cadre" s'offre à notre regard: les rideaux se démultiplient , créent de l'espace, scandent les volumes architectoniques. Comme un panorama qui s'emboite et résonne à l'infini. Les toiles dansent, se meuvent, le mouvement, sans corps, est lisse, fragile, spectaculaire comme un souffle. Les rideaux se replient, froissés L’alcôve disparait au profit d'un diorama digne d'un vieux musée zoologique. Des animaux taxidermisés y prennent place sur une estrade mouvante que déplacent des techniciens, manipulateurs de fortune. Beau tableau suranné d'un monde disparu où un officier fait office de statue de cire comme au musée Grévin! 


L'estrade devient l'endroit du modèle: un amas de tissus sur un fauteil, six chaises distribuées comme pour un orchestre de chambre. Surréaliste et absurde en diable. Cinq pierres pour caler le tout qui part à la dérive comme un navire. Une installation digne d'un diorama muséal d'autrefois.Puis c'est la danse qui prend le pas, le temps d'un duo, frontal à l'unisson des deux corps, puis un très beau solo, fluide, enrobant d'une femme qui danse ses émois, cheveux défaits, libre, enroulant ses gestes en chutes et glissades. Chiffons, tissus que la danseuse ôte rageusement, histoire de dévoiler sa robe blanche immaculée. Danse où les tissus-objets deviennent partenaires et geôliers  La Dame blanche se défroque. A vue.Jusqu'au plissé mode de la jupe à la Fortuny. Peintre couturier du pli. Chevalière en armure, St Sébastien ou Jeanne d'Arc, les visions de personnages se multiplient dans les cadres en poupées gigogne. Musique médiévale en fond pour oublier qu'elle se flagelle.La beauté et l'étrangeté de la scénographie atteint son apogée, son zénith avec cet immense rideau, mer rouge qui avance, se redresse, se gonfle. Envahissant le plateau sur son chemin. Marée montante menaçante. Le rideau gonflé avance. Vision à la Magritte d'un corps sans tête, dont le voile ascendant glisse peu à peu. C'est magique et surréaliste à point! Un lustre, un air d'opéra pour couronner le tout. Encore un ruban spiralé qui oscille sous l'effet d'un ventilateur, et le tout se calme dans la pénombre. On serait quasiment chez Méliès où la magie de la mise en scène opère pour les plus belles images kinématographique. En mouvement. " La vie dans les plis" de Michaux où "Le pli" de Deleuze en référence constante. Ici on "caresse le velours", expression argotique parisienne comme au théâtre, où l'on vient en avance pour se sentir chez soi.On se "paye une toile"

Au Maillon jusqu'au 8 Novembre

mercredi 6 novembre 2024

"Inconditionnelles" ; s'lamenter en édulchorégraphie.

 


Chess et Serena s’aiment. Malgré les règles et les interdictions de cette prison pour femmes où elles partagent la même cellule, elles se sont trouvées, confiées et ont atténué leurs peines. Mais le jour où Serena apprend qu’elle va être libérée, comment continuer à vivre séparées l’une de l’autre ? Dorothée Munyaneza s’empare de cette pièce bouleversante de Kae Tempest dont elle signe la traduction française. La langue et les chansons originales du poète rencontrent le mouvement et le regard de la chorégraphe pour nous emporter dans une histoire d’amour et d’amitié où pulse la possibilité d’être libre, d’être soi, sans condition.  


Deux femmes, complices, soeurs ou fratrie, amantes, amies...Le cadre est celui d'une cellule plutôt "ouverte", celle d'une prison où elles purgent une peine. Noires de peau, sororité renforcée par la taille, le costume, style de salopette de travail très designée. Le dialogue s’instaure quasi joyeux, plein de verve et de questionnement. Le sort de l'une sera la rédemption par la musique. Elle est "choisie" pour ses potentialités vocales et physiques. Par une pédagogue vivace, sorte de musicothérapeute,un tantinet caricaturale munie de sa valise pédagogique : une boite à rythme de moindre qualité qui déverse des syncopes faciles. C'est cela que lui propose cette femme aux cheveux blancs fabuleux, elle aussi en tenue de labeur. Censée redonner confiance en elle à la belle prisonnière, cette "geôlière" fait office de prêtre salvateur; libérateur. Mais celle ci se cabre, se rebiffe et n'accepte que dans sa clandestinité le deal. Jouer, chanter dans le noir et l'obscurité pour masquer des imperfections liées à son "ignorance" de la grande musique, ou solfège. La pédagogue s'entête à lui faire passer le message de résilience. Sa compagne, amie, amante l'encourage, la stimule et au bout du compte,  quasi deux heures de représentation durant, elle nous délivre un show vocal plus ou moins convaincant. Le slam est un art difficile, rythme et battements du corps, du coeur, des cordes vocales, du palais et cela ne s'invente pas.


Les deux protagonistes bougent, dansent, se meuvent sous la direction avisée de la chorégraphe Dorothée Munyazena qui s'empare également de la traduction des textes de Kae Tempest. Le décor judicieux préfigure le monde carcéral avec de longs pendrillons qui peuvent dissimuler les gardiennes du temple, comme des "jalousies", des stores où le son passe au travers. Au sol, un damier qui se délite, désignant un espace quadrillé, scandé, géométrique oppressant. Une marelle qui ne conduit pas au ciel...Grilles et enfermement dans les pas, transcendée par la danse qui échappe à cet espace restreint.Pas de secret ici, tout est filtré et retenu et la narration entraine dans une temporalité, unité de lieu, de temps qui frôle le drame. Mais la survie est assurée par la musique qui redonne des ailes à l'oiseau prisonnier dans sa cage pas vraiment dorée.Les comédiennes au plateau flattant cette langue édulcorée avec grâce et volonté, détermination et engagement.Au sol puis en bandes suspendues, les textes manuscrits des chansons, comme autant de dazibaos...

Sondos Belhassen, Bwanga Pilipili, Davide-Christelle Sanvee, Grace Seri pour servir une oeuvre généreuse et engagée.

Au TNS jusqu'au 15 Novembre

mardi 5 novembre 2024

"My (petit) Pogo" Fabrice Ramalingom R.A.M. Gare à la récré!

 


Quelques années après My Pogo, Fabrice Ramalingom décide de retraverser les intentions de cette pièce en l’adaptant pour le jeune public. L’ancien interprète de Dominique Bagouet y dévoile, avec humour et légèreté, la boîte à outils de la fabrique de sa danse. Tout débute comme une conférence avant de glisser, l’air de rien, vers le spectacle qui se joue. En passant d’abord par l’explication des rouages créatifs, le chorégraphe et ses trois danseurs font œuvre d’une pédagogie célébrant l’écriture du mouvement dans ses rouages les plus intimes. My (petit) Pogo est traversé par la question de l’être ensemble et la difficulté à trouver sa place dans un groupe. Autant de thématiques vivaces chez des enfants qui découvrent, étonnés, la liberté et la rugosité d’un pogo à un âge où ils interrogent le monde l’esprit ouvert, avant la rébellion de l’adolescence. La graine plantée dans leur esprit pourra ainsi germer et laisser éclore tout leur imaginaire.


Cour de récréation
Un petit bijou précieux pour explorer le processus de création chorégraphique d'une petite compagnie de quatre danseurs qui se présentent comme tels, faisant de nous des témoins bienveillants d'une pièce qui s'invente, se trouve et se construit selon l'inspiration de chacun et l'organisation de toutes des découvertes gestuelles convoquées lors de cette démonstration en temps réeL. C'est gai et ludique, intelligent et rafraîchissant. On sent combien l'inventivité, la responsabilité et l'écoute sont les moteurs d'un travail partagé, vécu comme un vaste terrain de jeu où chacun trouve sa place et considère celle de l'autre. Comme un match performant , singulier, où il n'y a rien à gagner sinon la joie de danser.

A Pole Sud les 5 et 6 Novembre