mercredi 30 juin 2021
"Rencontres d'Eté de musique de chambre" ; premier concert inaugural, fertile en surprises: il ne reste qu'à se laisser conduire et séduire!
samedi 26 juin 2021
"Inflammation du verbe vivre": Wajdi Mouawad et son double plissé.
Wahid, metteur en scène, double théâtral de Wajdi Mouawad, doit monter Philoctète, une des sept tragédies de Sophocle parvenues jusqu’à nous. Le décès de Robert Davreu, qui devait traduire le texte, le rend profondément triste et lui fait perdre le goût et le sens de la vie. Il décide alors de partir seul en Grèce, sur les traces du grand guerrier Philoctète, puis de rejoindre les morts dans l’Hadès, le monde obscur et intercalaire des morts-vivants. Inflammation du verbe vivre est l’histoire d’un homme qui, dans une traversée cauchemardesque au pays des ombres, retrouve contre toute attente la force d’exister.
On vient tout juste de le quitter dans son rôle naïf et bienveillant dans" Sous le ciel d'Alice ", un film réalisé par Chloé Mazlo avec Alba Rohrwacher, et le voici à nouveau, sur scène, seul,Wajdi Mouawad, l'acteur, comédien, metteur en scène de tous les combats, politiques, poétiques, artistiques....
Seul, certes en chair et en os, projeté au pays des morts, nous les spectateurs, sans âge ni origine...Une façon bien à lui d'interroger le monde des vivants en allant fouiller la mythologie et ses héros légendaires.Mais toujours relié aux autres territoires de la Grèce, paysages cinématographiques dans lesquels il se fond, le temps d'un épisode de cette quête en solitaire sur le sens du mot "vivre". En bonne compagnie de protagonistes virtuels, comédiens et penseurs d'un vaste projet de fresque théâtrale, contesté dans sa forme par ses collaborateurs réunis à l'écran, alors que lui, circule dans ce monde virtuel avec aisance, en dialogue perpétuel avec les images. Autant de spectres et fantômes désincarnés pour entamer le dialogue. Une véritable performance d'acteur, traversant le miroir comme un passe-murailles, se glissant dans les failles, sur la brèche de l'écran tendu. C'est beau, séduisant, attirant comme autant de passages initiatiques dans d'autres mondes, étape, bivouac pour accéder à son Graal comme des marches à suivre.A la caméra, il a filmé, "film de chevet" inspiré de Robert Davreu, filmé la Grèce comme autant de paysage maritime où se fond son corps jeté dans la bataille avec les éléments: l'eau en particulier comme bain de jouvence ou gouffre sans fond.Interroger les morts, guidé par son chauffeur de taxi, pour restituer parfums, sons et impressions du pays d'Hadès, pays des ombres privées de lumière.Se jeter dans la mer pour échapper à la dette, se confronter aux sensations pour expérimenter avec courage, audace ce que vivent les autres....Un "enfer" à la grec que de se propulser dans l'obscurité.Des images projetées sur un écran de 700 fils, cordes qu'il traverse à l'envi comme rideau, brise-bise,au delà du réel. Passer de l'autre côté pour mieux nous perdre dans un labyrinthe d'épisodes, un récit morcelé qui va et vient sans cesse pour tisser une narration fantaisiste, haletante dans les plis de la vie, à la Deleuze ou Michaux."Com-pli-quer" les choses pour mieux sim-pli-quer et faire plisser les événements comme de la haute couture à fourreau plissé à la Mariano Fortuny et sa fameuse robe "delphos". Miyaké en pensée, comme un corps éventail qui s'ouvre et se ferme au gré des instants de la vie. Un être fabuleux aux prises avec les dieux pas toujours disposés à accueillir sa détresse.
Au TNS jusqu'au 2 JUILLET
vendredi 25 juin 2021
OXMO PUCCINO: lecture RAYONNANTE des "réveilleurs du soleil" dans le cadre des bibliothèques idéales à strasbourg
Lecture musicale de Oxmo Puccino & Edouard Ardan, “Les réveilleurs du soleil” (La Grenade/JC Lattès).
Du rap à la poésie, du jazz aux métaphores, Oxmo Puccino est
devenu, en 25 ans, l'une des personnalités les plus importantes dans la
musique française. C'est donc assez logiquement qu'il a continué à
exploiter son talent pour l'écriture en allant plus loin et en se
frottant à l'exercice du roman.
Depuis que le soleil ne se lève plus, la vie s’éteint à petit feu. Rosie
craint pour la santé de son grand-père Edmond, qui pousse des quintes
de toux à arracher des séquoias. Du haut de ses treize ans, elle décide
de trouver un moyen de ramener le soleil et part sur son vélo Harley à
sa recherche. Mais sa bonne volonté ne suffit pas. Après avoir échoué à
convaincre Noé, l’homme le plus riche du monde, de l’aider, elle se
lance dans une épopée qui lui fera croiser la route de Crépuscule, un
paria au grand cœur, Aube, son ange gardien, Vénus, la femme la plus
belle du monde, le fameux Famos, Ilra la magicienne et son mari le Chat
Cinno, Momo le pêcheur, un sonneur de cloches et même des éléphants
footballeurs.
Mais qui va réussir à réveiller le soleil ?
Dans ce premier roman lumineux, Oxmo Puccino s’empare de l’énergie de la
jeunesse pour pointer l’urgence écologique, la vanité de la célébrité,
le vertige des passions. Avec humour, poésie et tendresse, il nous
offre surtout une histoire d’amour et d’amitié, une quête initiatique
entre Le Petit Prince et Tim Burton.
Il est bien là sur la scène de l'Opéra du Rhin, "roi sans carrosse" dans ce bel écrin doré! Un conte de fée pour un public nombreux, jeune, enthousiaste..Avec bonhommie, sans or-chidée, à la Boby Lapointe, le virelangue, jeu de mot et calembour au bout des lèvres. Lecteur de son ouvrage, hésitant entre "sprechgesang" et lecture simple, il oscille entre verbe et musique, entre mot et note de musique inhérente à son écriture, sobre, simple, rythmée.Son compère guitariste s'adapte à cette sobriété, cette modeste prestation, à nu, corps et âme, sans fioriture. C'est beau et émouvant et une heure durant, on bascule entre hachure rap et fluidité du texte qui se conte et se raconte à l'envi. Le soleil est de la partie, la joie et le partage d'un moment convivial, ensemble, en fratrie et hospitalité très appréciée Soleil du Nord en rappel pour illuminer nos vies retrouvées, ce vivre ensemble tant attendu, enfin et de nouveau partagé. Réveilleur, allumeur de soleil et de lumière.
A l'Opéra du Rhin le 25 JUIN 21H
mercredi 23 juin 2021
Ensemble Vertebrae : une colonne sonore stable pour un concert radical !
Ensemble Vertebrae
De l'univers expérimental et plutôt intimiste du compositeur
américain Alvin Lucier, jusqu'à la vigueur et intensité du compositeur
israélo-palestinien Samir Odeh-Tamimi, avec trois œuvres des
compositeurs latino-américains Juan Pablo Muñoz, Jorge Torres Sáenz et
Jeremías Iturra, l'ensemble Vertebræ présente un programme des créations
françaises pour flûte, percussion et piano qui donne place aux divers
sons et styles de la musique contemporaine.
Programme :
"Tan claro como una tumba" pour flûte basse - Jeremías Iturra
Un solo pour inaugurer la soirée aux sons et souffle du bout des lèvres, au fil des doigts sur les clapets de la flûte basse:du doigté, de la sensibilité pour une lecture, tel un voyage dans un paysage de dunes mouvantes, de sable éparpillé le long de la partition déployée comme un sentier parcouru sans entrave Des sons et vibrations qui s'allongent, se prolongent et résonnent, fine ligne sonore parfois hachurée de tempi contrastés. L'interprète, nus pieds, ancrée au sol, colonne vertébrale solide vecteur et médium du son.
"El jardín quimérico" pour flûte et piano -Jorge Torres Sáenz
De belles tonalités langoureuses, longue tenue de la flûte faunesque en dialogue avec le piano. La grâce naturelle de la pianiste, souplesse tonique animée de sonorités très contrastées. La pièce toute en finesse et douceur, en levée et retenue, mouvementée et toute en dialogue fertile entre les deux instruments.
"Li-Umm-Kámel" pour flûte, percussion et piano - Samir Odeh-Tamimi
De rudes percussions pour mieux fouetter l'espace sonore, cinglantes, métalliques, en fouet et atmosphère d'enfer proche; le piano comme complice de ce chaos, en fracas, vibrations et tremblements. Rupture, éruption de sons graves et menaçants, le tout joué avec coude et avant-bras en appui pour la pianiste à l'affût du danger: un piano préparé et survolté: l'effondrement final comme image emblématique d'une écriture en rupture.
"Broken Line" pour flûte, vibraphone et piano - Alvin Lucier
D'une extrême douceur, la pièce pour trois instruments chemine comme une balade, pas à pas, lente marche régulière, votive, secrète, inspirée.Le xylophone rayonnant en brise légère estivale pour une atmosphère rassurante, enveloppante.
"MIKTOK - Mantra I" pour percussion et piano - Juan Pablo Muñoz
De l'électroacoustique, gong, piano préparé vibrations amplifiées Un univers scintillant, inquiétant, la pianiste organisant les sons sur place comme un artisan du son vigilante et précise.Avalanche sonore aigue, chaos minéral et ténèbres glaciales, tétanisantes dans une tectonique puissante, hypnotique et foisonnante. Et les trois interprètes de rayonner pour donner corps et sons à une création, en présence du compositeur, ému et charmé.
Olivia Abreu, flûtes
Camille Émaille, percussion
Anna Paolina Hasslacher, piano
Un concert organisé par Elektramusic et Musiques Éclatées en partenariat avec la direction des musées de la ville de Strasbourg.
Avec le soutien du Ministère de la culture/DRAC Grand Est, de la Région Grand Est, de la ville de Strasbourg, du Centre national de la musique.
Avec le soutien technique des Percussions de Strasbourg.
"terairofeu": la mer qu'on voit trembler en sac et ressac poubelle.
Il
était une fois quatre éléments devenus hostiles pour l’Homme. L’eau,
l’air et la terre ne sont pour les enfants d’aujourd’hui que des menaces
toxiques dont ils doivent se méfier, des concentrés de poisons, des
milieux mortifères ou en train de le devenir. Le feu est de plus en plus
associé à la destruction incontrôlable de forêts et de régions
entières. Face à cet implacable constat, Marguerite Bordat et Pierre
Meunier entendent cherchent à renouer un lien précieux et inventif avec
ce monde si maltraité en proposant une initiation à une rêverie active,
générée par un théâtre qui réveille le lien entre perception et
imaginaire, entre sensible et symbolique. Leurs expériences précédentes à
destination du jeune public (Molin-Molette et Badavlan) ont confirmé
l’importance d'une réelle proximité. Les spectateurs prennent ainsi
place sur des bancs se faisant face, de part et d’autre de la scène. Au
milieu d’un monceau de matériaux usés habitent une fille et un garçon.
Dans ce qui ressemble à une décharge, on les devine livrés à eux-mêmes.
Avec une inventivité joueuse et des souvenirs anciens, ils fabriquent
toutes sortes de dispositifs pour s’étonner l’un l’autre et retrouver le
mouvement de l’air, la fraîcheur de l’eau, la chaleur du feu et
l’odeur de la terre. Cette excitation des sens est soutenue par un
univers sonore propre à alimenter, lui aussi, l’imaginaire.
Le public les entoure, les protège sur le plateau: deux jeunes escogriffes dans un monde plastique noir, de sac poubelle et des même réceptacle, s'ingénient à refaire le monde à partir de matériaux non nobles mais cependant voués à un joli destin. Plastique parure, plastique show room de dressing code improbable pour une fashion week de voguing coloré de pacotille... Sur fond de paroles rythmées d'un langage inconnu, sur fond de bruitages évoquant souffle, vent et marée. Un univers à la dimension de l'imaginaire très arte povera des metteurs en espace si agiles à transformer, métamorphoser le monde. Deux gamins qui auscultent des poubelles grises dans des bleus de travail rouges, combinaison qui empêche, entrave mais fait de si belles images! Des échos sortent de ces réceptacles indignes d'une déesse ou pythie, des ricochets de sons incongrus....Des sculptures vivantes sans cesse qui se recyclent à l'envi.Une mer de plastique noir qui ondoie comme chez Fellini ou Annette Messager, au souffle de l'air Et un surfeur au gré des vagues.Vent et marées, mouettes et sauts stroboscopiques pour paysage frémissant. Ca tremble de partout, ça bouge, ça oscille. Une bonne douche simulée par un déroulement de bandes magnétiques tout juste sorties d'un pommeau de douche, et la poésie surgit, naturelle, évidente, immédiate.Un numéro de couvercle de poubelles pour attraper un lambeau de plastique et l'éther est en état de grâce.Des totems se dressent, amoncellement de poubelles en construction: zone d'équilibre, de chute pour les joueurs de feu devant nous. Sons de flutes surgis de tuyaux aléatoires comme des appeaux, autant de vibrations, de tremblements d'éther, de vacillement de plancher.Des boites de pandore que ces habitacles d'ordures ménagées où la pollution écœure et vomit le noir.Des trophées de plastiques, des atours à la Hussein Chalayan, ou en Bouroullec effrangé, plastifié.Des falbalas de pacotille rien qu'avec des plastiques de chantier, tout beau, tout neuf, matière à défilé de mode, à haute couture.Au royaume du sac et ressac poubelle, ça complote comme des willder man de C Fréger, des sorciers, des chamanes Au final des reflets dans l'eau, projetés au mur comme du cinéma expérimental sismographique, de l'eau qui fume et qui danse à la E J Marey et des battements de coeur comme un Boltanski auscultant le monde des tressaillements de nos corps. Car qui vibre et tremble mieux qu'un corps au diapason du monde qui bouge...
lundi 21 juin 2021
"Au bord", laisse se révéler l'image et son pouvoir de séduction.
Résumé
En 2004, la photo d’une soldate américaine tenant en laisse un prisonnier nu et à terre dans la prison d’Abou Ghraib paraît dans la presse. L’écrivaine Claudine Galea la découvre et, sous le choc, l’épingle sur son mur de travail. Qu’est-ce que cette image déclenche en elle ? Pendant quinze mois, elle tente d’écrire, n’aboutit pas, jette tout. Jusqu’à ce qu’elle parvienne à articuler, dans le jaillissement d’une langue poétique et crue, ce que cette image fait ressurgir en elle des rapports de pouvoir, de la volonté d’humiliation, de l’enfance, de la sexualité. Stanislas Nordey met en scène cette parole hors norme, où une femme ose s’attaquer à l’inhumain pour en extraire une force de vie.
Le rideau de scène est tendu: une photo s'y révèle lentement, surdimensionnée, en négatif: une silhouette tient au bout d'une laisse, un homme agonissant....Un sceau l' y laisse, empreinte d'une véronique indélébile Apparait celle qui en solo, va incarner l'écrivaine, l'auteure de ce texte, révélation, aveu pudique d'une relation passionnée à cette image, fixe, abusive des sentiments extravertis que l'on peut y puiser. Comme un tombeau, un espace renversé, bleu à l'infini, le décor lui offre un écrin de perdition, une sorte de piscine évidée sans fond...Mise en abime des mots qui jaillissent des lèvres de l'actrice: au bord, au bout, à la lisière de l'indicible, de innommable, de l'intolérable icône.Le récit de cette étrange relation femme et contenu de l'image nous mène savamment au bord d'un gouffre, d'une faille. Cette "fille" sur l'image devient objet de séduction, de tentation amoureuse pour celle qui nous fait face et se trahit d'un amour pour cette "fille" séduisante, geôlière, Dépunaiser l'image du mur pour se l'approprier et en faire le récit d'un passé violent de relation mère-fille..."Je suis la laisse", dit-elle,ce lien, ce cordon ombilical fatal et funeste aux yeux de l'autre."Je laisse ma fille" en moi malgré cette attache, cette entrave qui relie image, souvenir, et horreur.Cécile Brune, vêtue de noir et bleu,se meut subtilement dans ce personnage à vif, remuant passé et fiction au creux de cet étrange espace cubique renversé.
La force des images devenues mythiques est ici questionnée, dans la cruauté du verbe, dans l'émission de ces mots qui sourdent peu à peu en aveu de tentation de séduction, de dépendance, d'addiction à l'image, à son pouvoir d'évocation.
Beau travail de sobriété de la mise en scène de Stanislas Nordey dans cet univers pourtant enjôleur et quelque peu déroutant.Travail poétique et politique sous la plume engagée de Claudine Galéa, au "bord" , à la frontière, à la lisière de l'indicible De quel côté va-t-on basculer?
Au TNS jusqu'au 29 JUIN
Claudine Galea est écrivaine de théâtre, de
romans, d’albums et de textes radiophoniques. Les éditions Espaces 34
ont publié une quinzaine de ses pièces. Sa dernière pièce, Un sentiment
de vie, paraît en mai 2021 dans la nouvelle collection de littérature
pour la scène, « Hors cadre ». Au Bord a été lauréate des Journées des
auteurs de Lyon 2010 et du Grand Prix de Littérature dramatique en 2011.
Dès sa parution, Stanislas Nordey avait invité Claudine Galea à la lire
à l’occasion d’une carte blanche à Théâtre Ouvert, lui faisant part de
sa volonté de la mettre en scène.
PARAGES | 09 lui est consacré.
dimanche 20 juin 2021
"farm fatale" : la terre "ferme" se cultive ! Philippe Quesne partenaire attentif du monde rural déchainé: panique à la basse-cour.
Une drôle de pastorale dans un monde où les hommes auraient disparu. La scène est blanche, comme un carnet à dessin qui attend d’être rempli.
"C’est une communauté de cinq épouvantails qui vont s’en charger : solidaires poètes et musiciens, entre fourches et bottes de paille, ils façonnent et revivifient un monde disparu avec des sons et des slogans, des souvenirs et des archives sonores, des objets, des rêves et leur projet secret... À l’écoute des pulsations du monde, attentifs à ce qui les entoure, ces clowns aussi contemplatifs que militants aspirent à une autre réalité, qu’ils vont construire peu à peu. Tandis qu’ils enregistrent méticuleusement les cris d’animaux et s’émerveillent devant la beauté de la nature, ils font état, avec un humour laconique et désarmant, de la menace agro-industrielle et du turbo-capitalisme. Au croisement du théâtre et des arts plastiques, Philippe Quesne et son équipe européenne font rêver d’un monde où l’homme se résoudrait à prêter l’oreille pour entendre enfin la voix de la planète."
C'est comme dans un poulailler, une grange, un hangar de ferme: le décor est campé sur fond blanc immaculé cependant:des bottes de paille éparpillées ou suspendues, un univers qui va bientôt se peupler de poètes-paysans aux allures d' épouvantails à moineaux! Curieuses créatures hybrides, visages masqués aux expressions rurales, brutes et frustres...Du beau monde cependant qui va sévir pour accueillir le chant des oiseaux, l'abeille butineuse et tout autre animal familier de la "terre-ferme", ferme fabuleuse qui se révèle héroïne d'une fable écologiste en puissance. Les propos sont en toutes langues et le suisse-allemand aux accents musicaux si pondérés, est ravissant à l'oreille.Histoire de basse-cour où l'on pond des oeufs d'or, où le cochon est socle d'un piano, où les notes de musique parsèment l'espace sonore d'un bon grain à moudre! Cinq escogriffes affublés de loques joyeuses, de sabots Océdar, de paille et de haillons, face au monde agricole mécanisé et inhumain. Cinq marionnettes bien articulées et sans manipulateur apparent,capables de tout pour défendre une bonne cause avec un brin de naïveté, de gentillesse, de dévotion. Et pourtant le verbe sonne fort et impacte le récit burlesque de ces êtres "bee or not to bee" qui interview la reine des abeilles, esseulée par le génocide de ses consœurs par la faute des pesticides du voisinage... C'est drôle et fin, bien rythmé, aux accents étranges, aux voix transformées comme au bébête- show dans un guignol contemporain amusé, amusant. Ferme du bonheur à deux étages, au confort alléchant pour animaux privilégiés...Tout est respect et reconnaissance, considération pour le monde animal dont ils se font les porte-parole, les ambassadeurs bienveillants...Épouvantails au grand cœur généreux, militants sans escorte de compromission: intègres et riches d'humour aussi par leur modeste naïveté. Complices et confères de lutte, en musique, toujours pour adoucir les mœurs de voisinage hostile et malveillant. C'est du baume au cœur, parfois un peu "lent" à s'installer: mais c'est affaire de temps à prendre pour mieux se comprendre, se distancer du brut de coffrage immédiat de la vie rurale. Celle ci est luxueuse et réfléchie, et la " farm fatale" est redoutable, bastion et repère d’ostrogots virulents et combattifs.Satire et pamphlet du monde contemporain en période électorale, ils seraient ces idoles dérisoires, des pantins croquignolesques de nos édiles en campagne ! Philippe Quesne à la barre pour naviguer sur ce petit bout de "terra incognita", l'indomptable parcelle du champ que l'on ne parvient pas à domestiquer ni cultiver: indiscipliné en verve et à bon escient !
Au Maillon le 20 Juin
ditribution
- Créé et interprété par : Raphael Clamer, Léo Gobin, Nuno Lucas (rôle créé par Damian Regbetz), Julia Riedler, Gaëtan Vourc'h
- Conception, scénographie, mise en scène : Philippe Quesne
- Collaboration scénographique : Nicole Marianna Wytyczak
- Collaboration costumes : Nora Stocker
"York" : né avec des dents dans le palais pour broyer le monde ! York-shire indomptable ! Un théâtre de pleine ère !
York (Henri VI 3e partie et Richard III)
Cie du Matamore
Cycle Shakespeare
Assemblage inédit de deux pièces de William Shakespeare, York réunit
en effet la dernière partie d’Henri VI et la 3e partie de Richard III,
qui forment la première tétralogie de l’auteur sur l’histoire
d’Angleterre. C’est une histoire sans fin qui ne cesse de nous dire le
monde et qui résonne à nos oreilles avec force en ces temps tourmentés.
Ouvrage de propagande à la gloire des Tudor et d’Elisabeth Première,
Reine d’Angleterre, la tonalité générale de l’œuvre glorifie la famille
Lancastre au détriment des York qui y sont noircis. Mais Richard III
n’est pas seul à incarner le mal, il n’est que le plus intelligent d’une
meute de loup. En remontant le temps, nous recherchons et observons
alors les origines du mal. L’histoire n’en devient que plus cynique.
Rien n’est retiré à l’horreur. On ne la justifie pas.
Richard n’est
que le résultat d’un processus qui nous concerne tous. Richard n’est pas
anglais. Richard est partout où la démocratie n’est pas. Shakespeare, à
jamais notre contemporain !
Après " Sauvage" de Tchekhov, voici la nouvelle création de la compagnie du matamore et du théâtre de la faveur. Cet été, nous vous convions à vivre une grande épopée shakespearienne en pleine forêt, "York". Cette fresque est composée de deux pièces de William Shakespeare, la dernière partie d’Henri VI et Richard III. 11 comédiens, 4 h de spectacle. Un plateau de bois. "Suppléez par votre pensée à nos imperfections, divisez un homme en mille et créez une armée imaginaire..." W. Shakespeare
Retour dans la Vallée de la Faveur par un bel après-midi estival quasi caniculaire...Fraicheur de la forêt atteinte après un long parcours sylvestre: entrée en matière pour un accueil chaleureux, verre de l'amitié et des retrouvailles salutaires après confinement !
Et en avant pour l'aventure, un périple théâtral dans la prairie qui surplombe la demeure champêtre des Sipptrott, les artisans du bonheur et créateurs hors pair de sculptures divines...Assis, dispersé savamment, le public est invité au son du cri d'un loup à vivre une épopée picaresque à la Shakespeare. On s'en régale d'avance, de retrouver les comédiens du Matamore et Sipptrott junior, en pleine éclosion.Démarrage en trombe sous pluie de salves sonores pétaradantes...C'est comme une guerre de tranchée annoncée: au loin accourent soldats et fusils, comme au cinéma, cadre 16 ème contenant toutes les facettes d'une histoire de roi, de reine, de trahison, d'alliance, de calculs machiavéliques: des intrigants perfides, manipulateurs, manipulés, frôlant la mort pour mieux être exécuté par des tueurs à gage, rémunérés par la facétie, l'orgueil, la cruauté...Charlatants ou récupérateurs de destinées royales chancelantes, de filiation, de "vendetta" cruelle et dantesque !La mise en scène, cinq heures durant palpitante,avec petite pause bucolique, histoire de "souffler" et de se rassurer de ce monde torturé par l'ambition et l'assaut des tourmentes historiques Seul, Richard sera le personnage, pilier, pivot des intrigues, manipulateur diabolique animé des pires intentions, monstre, "crapaud" qui grenouille au sein de familles ennemies prêtes à tout pour venger et punir... Quasimodo boiteux ,usurpateur,désigné pour faire le mal et constituer une galerie de cadavres exquis, pour faire le "mâle"aussi auprès de proies féminines.
Quasimodo malicieux et calculateur à tombeau ouvert
Richard, c'est Yann Sipptrott qui tient le haut du plateau, une scène qui se transforme au gré des accessoires simples, modestes comme la mise en espace qui souligne judicieusement, attirances, séparation, rejet des multiples personnages changeant qui l'entourent. Seul, face à un contexte belliqueux et sanglant, hurlant des douleurs de l'ambition ravageuse d'un climat questionnant patrimoine, descendance, filiation, héritage: la cupidité va bon train et orchestre les intrigues et forfaits. Richard, le bossu qui trimbale ses handicaps physiques avec "aisance" cinq heures durant: une performance physique qui l'emporte et nous tient en haleine: le corps courbé, empêché, contraint à se déplacer claudiquant, entravé. Un corps en mouvement qui se coltine rage, passion débordantes au regard de ses proches contemporains. Comme un génocide familial, la pièce avance, ravageuse et l'on tient la tension sur ce tarmac à ciel ouvert, ère de jeux périlleux et calculateurs: tous, personnages généreux ou vils, hommes ou femmes en révolte ou en état de siège permanent pour gagner un trône, une couronne inaccessible objet de pouvoir et de convoitise...Théâtre pour "Wilderman" assoifé de sang et de conquêtes .Comme une chasse au sanglier, jambon d'York en puissance, trophée de Basse-Cour, basse-danse de futurs cadavres...C'est la grâce de Siptrott junior qui mène le jeu, la mise en espace de Serge Lipszyc qui opèrent sans jamais en découdre. Né les dents déjà plantées pour mordre et mâcher, broyer le monde...On digère les cadavres et autres assassinats concoctés par de sombres calculateurs, on vibre avec des femmes humiliées, conquises, séduisantes, en colères. Épouses, mère ou séductrices en herbe, se jouant de destins prémédités.Et la mort qui hante et façonne ce retour à la terre éternelle berceau de la vie, poussières d'étoiles, entre terre et ciel. C'est bien là le propos dans ce vaste paysage terrien, inondé de l'éther céleste du lieu. Matamore, "tueur de maures" pour ce nouvel envol de la compagnie de Serge Lipszyc, aux multiples personnages dont un délicieux facteur à la Jacques Tati fredonnant "A bicyclette" de Yves Montant, à travers champs. Champ cinématographique, hors champs au cadre évolutif, zoom ou focales au service du regard et de l'écoute du spectateur bucolique....Au pays des Plantagenet, on plante avec les dents, le nez, les griffes et Yann Siptrott se fait Denis Lavant, fourbe et calamiteux....La chorégraphie induite par déplacements, petits groupes ou solitude est remarquable!Et chacun incarne le verbe, vit et déploie toute une gamme de ressentis pour vivre moultes personnages, parfois non identifiables, tant leur succession donne le vertige!Terra incognita rebelle pour défricheurs improbables de sentiers non battus, de chemin creux comme celui qui nous a guidés vers la prairie, Land'Art de brindille, de fagots, de sentinelles harborescentes....Signés de Hugues Siptrott, peintre paysan.
Un trône comme siège éjectable, confessionnal, échafaud ou guillotine...Un cercueil de bois noir pour une ode amoureuse et une tente abri de guerre pour coulisses à vue.Des costumes sombres et grisonnants, une jupe plissée à la Madame Grès, des houppelandes,des casques, des bottes: on est sur un champ de bataille où l'on y jette corps et âme!
Ni fleur, ni couronne mais un état de trône permanent, échafaud ou guillotine, confessionnal parfois....
Une fresque contemporaine servie par des artistes, comédiens galvanisés par l'atmosphère du lieu qui change au cours de la représentation: lumières du jour, ciel moutonneux, orage lointain, annoncé dans le texte comme des prédilections, des préméditations maléfiques...On quitte la prairie comme après une longue séance cinématographique, plein écran, perspectives et focales au poing, scène de guerre, ou solo et duos amoureux perfides...Que dire de plus que l'enchantement opère et toujours renouvelé par le dynamisme d'une équipe qui gagne et dans la mêlée se joue comme un match performant, endiablé, animé par coups de théâtre et narration à fleur de peau. Costumes sombres et gris, tente de guerre et dressing en coulisse à vue...
"York" jusqu'au 4 JUILLET à la Vallée de la Faveur
mardi 8 juin 2021
"Quand caresse le loup": se perdre et fendre les brèches du récit..à la recherche du temps retrouvé.
Le Festival de Caves... Hors Caves ! Cour, jardin, préau... l’édition 2021 s’adapte aux contraintes sanitaires et sort au-dehors.
"Quand caresse le loup", de et avec Simon Vincent, mise en scène Régis Goudot, costumes Louise Yribarren. En coproduction avec la Cie Mala Noche/Besançon.
Un homme progresse à travers la montagne. Il s'enfonce toujours plus loin, dans le froid. Un chien obéissant marche dans ses pas. À distance, un loup, habitant clandestin de ce monde reculé. Un loup, qui va et vient dans le paysage ; qui se montre et disparaît dans le silence et la discrétion que lui impose sa liberté.
On se retrouve donc "à la porte du garage" d'un immeuble de Bischheim, cour privée arborescente et fraiche, au crépuscule naissant...les martinets crisant dans le ciel clair Le sourire aux lèvres derrière les masques et l’œil pétillant de curiosité ! Il est là tout proche, on le frôle, assis frontal, en plein air..."Loup, y-es-tu?"....Une table, une chaise où se pose le narrateur, blouson et bonnet noir, jogging au corps: il lit, conte les prémisses de ce qui ne seront jamais des "aventures", mais un récit palpitant, partagé par le narrateur et le personnage, la bascule savamment dosée d'un coté à l'autre de la "lisière", frontière naturelle entre paysage décrit, et vécu d'un homme en "quête" du voir plus que du savoir.
Un périple qui frôle le danger, esquisse un écho comme la muse qui hante les sommets, les creux pour mieux réverbérer le son de ses paroles....et se fondre, disparaitre à jamais dans le roc. Car il s'agit ici de petite géographie, tectonique des plaques et des mots pour évoquer le précipité de la vie, l'abime des instants qui basculent d'un coté ou de l'autre, "vers" l'événement partagé entre corps et géologie, fractures et faille, col et brèche... Vers la bête, celle que cet homme révèle dans ses instincts, ses intuitions premières....Une bière à la main, "il" cause, nous introduit dans le récit d'un homme qui murmure ses impressions, ses morsures dans les cavités, trous et accidents au bord du chaos de l'existence. Quoi "dire" sinon rendre compte de la "rencontre", cette promesse de l'inconnu recherché que l'on frôle sans cesse. Il érafle, s'engouffre, s'enfonce comme un écorché dans un dédale qui absorbe les bords de la rivière: personnages géomorphiques très présents tout le long du récit et du monologue qui s'étire à nos oreilles.
Marcher dans le crépuscule comme Lenz à la recherche de paysages inouïs, fort bien décrits et suggestifs de montagnes, guide du périple sur ce chemin risqué: une chute dans les eaux glacées concrétise les faits, les actes de ce qui n'est pas "rêverie d'un promeneur solitaire", mais la marche initiatique d'un chasseur, chercheur de sa propre réalité. Un peu de musique rap tirée du téléphone portable pour nous entrainer dans un passé aux pouls tectoniques rythmiques d'un cœur palpitant.Suspendu dans l'étonnement, sorti de sa tanière, effleurant ce qui ne s'attrape pas...Un danseur se dessine à travers corps, attitudes en suspension et verbe fertile en images issues du glossaire de la géologie: traces et couches fondatrices de nos fondements.Telle une description pas à pas, précise, haletante d'un cheminement vers une balade sans guide, partie du milieu dans les plis et replis de la montagne Synclinaux et anticlinaux d'un relief revisité à l'occasion du franchiement des obstacles ou étapes d'un voyage, départ initiatique vers un ailleurs.En déserteur, en "objecteur de toute conscience" obéissance, vers l'indisciplinaire du récit. Il "part" , crapahute, marche bouffonne, loufoque à la Nietzsche. Seul son chien, inquiet semble le prévenir, lui suggérer le retour en arrière, à la voiture, à la niche où stationnent la routine et le connu..Équilibriste du chaos, danseur de corde sans filet, funambule aérien dans le roc montagneux L'itinéraire n'est pas tracé, pas de balise ni de repère: "ne demande jamais ton chemin car tu pourrais ne pas te perdre" !Un détour par un bivouac dans un refuge frustre et rustre vers les crêtes, les belvédères et autres brèches à franchir...Pause au creux d'un feu salvateur: on y "divague" diverti par cet écueil bienfaiteur qui vient calmer le récit, ou le vécu direct du personnage.Il n'a pas de nom, ce marcheur qui bientôt frôle l'animal tant attendu: le loup à peine nommé, "lui" avec les croisements de regards l'un envers l'autre, simplement dans la sobriété de l'évocation de cette rencontre forte et évidente. Le récit toujours suspendu aux cordes du rythme de la syntaxe légère, qui tient en haleine, en apnée Ce sera la voiture au loin repérée, très loin, rouge comme un phare inaccessible qui fera le retour à une réalité rassurante. Adieu le conte, le personnage se retire, c'est la fin d'un aveu au creux du bassin de réception d'un glacier frangé de moraines, qui borderait le lit majeur d'un torrent fougueux: les courbes de niveau pour mieux suivre la pente et éviter les montées ou descentes vertigineuses de cette "histoire", conte ou légende à ne pas dormir debout!
Simon Vincent en soliste d'exception, discrètement façonné par Régis Goudot, profilant ainsi les bords et contours d'un homme sans qualité aux multiples facettes à découvrir le temps d'une "rencontre insolite" aux portes du garage.La grotte et autres "trous" du récit faisant office de caves naturelles...De chambre d'écho où se perd la muse éponyme.
A Bischheim le mardi 8 JUIN
vendredi 4 juin 2021
"Screws" : tourne-vis et vertu circassiennes : le maillon de la chaine.
Comment une boule de bowling peut-elle devenir le catalyseur d’un mouvement ? Comment des chaussures à crampons défient-elles les lois de la gravité ?
Dans Screws, les relations entre corps et objets sont bouleversées. Le mouvement se fait sous l’emprise de l’objet coupé de sa fonction habituelle, c’est lui qui impulse, propulse, contrôle ou dévie le corps. Après Red Haired Men (2018), Alexander Vantournhout s’entoure à nouveau d’artistes virtuoses pour explorer le potentiel créatif des particularités et des limites de l’anatomie humaine. Cinq micro-performances émergent ici et là, dans différents espaces du Maillon, où le public est invité à déambuler. Tantôt chorégraphie collective, tantôt duo original ou solo précis, la performance in situ prend ainsi la forme d’un parcours de découverte, mêlant cirque et danse, corps et objets. Une invitation à une promenade où chacun et chacune choisira son angle de vue sur les différentes compositions acrobatiques. Formé en danse et en cirque, Alexander Vantournhout nous livre avec Screws une nouvelle démonstration ludique de ce qu’est la circographie contemporaine.
Réouverture en"fanfare" du Maillon après confinement, dans des lieux et places du théâtre encore peu explorés. C'est grâce à ce spectacle hybride, véritable escalier "à vis"que la démonstration est faite: artistes et public se retrouvent dans des configurations spatio-temporelles inédites. On démarre, assis en cercle dans le grand patio, quasi à ciel ouvert, sous la verrière horizontale du théâtre. Lumières du jour caressant les corps de duos, tels des "bêtes à deux dos"qui font le cheval à bascule à grand renfort de notion de poids, tiré-poussé, contact. Duos bi-genrés, en tenue de sport, baskets et maillots colorés d'athlètes , jeux d'enfant enlacés comme les maillons d'une chaine musculaire unique, entrelacs savants de portés en architecture mouvante. C'est beau et émouvant, ludique et souriant à souhait.Trio aussi pour créer des ponts, des passerelles corporelles en construction fluide sans cesse défaites,mouvantes.Enchevêtrement de corps comme une joyeuse mêlée sportive, sans heurt ni esprit de compétition. On se mesure ici à l'imagination de l'autre, en statue qui s’échafaude sempiternellement sous nos yeux intrigués, charmés, conquis par cette décontraction feinte, ce leurre de facilité apparent. La kinésiologie est passée par là pour le meilleur. Carpeau se réinvente, stabile, les fontaines Wallace se redécouvrent dans leurs fondamentaux: grâce, équilibre, mouvance, tension-détente, ronde ou accumulations de figures, de postures ou attitudes dansantes. Camille Claudel et Rodin n'auraient pas renié ces formations collectives, "Causeuses ou Bourgeois de Calais" réinventés en ronde bosse é-mouvantes.C'est charmant: des prises statiques, des attrapes et de beaux regard complices pour équilibrer le tout. Chaque couple s'ingénie à se déstabiliser dans la joie du jeu corporel et plastique. Accroche-pieds burlesques et comiques pour déplacements inédits de bestioles fantastiques.....Étreintes en points de chainette, méli-mélo ou leporello pour des ballades "assises" fort séduisantes. La roue tourne aussi en manège circassien, de chair et de soutien collectif: danser "ensemble, "être ensemble" pour ne faire qu'un ! Et le vent tourne....