jeudi 16 mai 2024

"Le cabaret de la rose blanche": danse d'exil...Keine Rose ohne Dornen...

 


Radhouane El Meddeb
La Compagnie de SOI France 6 interprètes création 2024

Le Cabaret de la Rose Blanche

« En ces temps troubles et tourmentés, il est plus que jamais nécessaire de raconter l’histoire de l’exil et des migrations, de ses départs et de ses arrivées. Sur scène un pianiste, un contrebassiste, une chanteuse et trois interprètes danseurs nous donnent à voir les frasques, les joies et les tristesses de ceux que l’on dit étrangers. Voyageurs des mers et des terres en quête de retours ou migrants de la dernière heure. Ce sont les voix de Fayrouz ou de Dalida, de Saliha ou d’Ismahan, de ces divas à la voix d’or et de larmes qui nous racontent la traversée. Le chant, la danse, la musique se donnent rendez-vous au cabaret pour un conte nostalgique et  drôle entre rêve et désenchantement. La poésie des mots accompagne ce voyage de couleurs et d’engagement car l’exil est contagieux mais l’espérance aussi. Au Cabaret de la Rose Blanche, la fête a ce gout doux-amer mais l’on y est embarqué par le destin des hommes, étranger et hôte à la fois. » Radhouane El Meddeb

Au cabaret: bienvenue! Dans un ton nostalgique et pas du tout enflammé ni ironique comme dans le film "Cabaret" de Bob Fosse...C'est l'invitation à partager un temps suspendu, allégorique quasi onirique tant ce "spectacle" semble atypique, décalé. Modeste et timide au départ, pudique et légèrement teinté d'ironie. Les voici, deux danseurs épris de tourbillons, de lassitude sensuelle, de regards obliques et complices envers le public. Et surtout l'apparition progressive de celle qui va tenir le haut du pavé: la chanteuse Lobna Noomene, figure discrète qui va s'imposer au fur et à mesure de l'évolution de la pièce. Danses du ventre, danse séduisante et lascive des deux interprètes, Philippe Lebhar et Guillaume Marie. Tous deux imprégnés de fantaisie subtile et à peine soulignée par un jeu discret et enjoué de séduction. La voix les méduse, les enchante, bordée d'une musique pianistique de haute volée signée du jeune  Selim Arjoun: il semble jouer de tout son corps, parfois perché sur son tabouret, à l'écoute de tous, complice et partenaire à part entière. De toute sa musicalité intuitive qui le mène à interpréter, ressentir ces "mélodies" d'une autre époque. Les rendre vivantes, actuelles, baignées de tendresse, de juvénilité et d'enthousiasme. Apparait Radhouane El Meddeb, le visage maquillé de blanc, lisse à peine esquissé d'un panache de couleurs. Expression naïve et enchantée, un soupçon attristée mais maline. Tel un Pierrot blanc, Auguste spectral. En costume de "fraise" très Molière et en habit noir très seyant. Moins scintillant que les costumes de ses compères, tous de franges blanches, de paillettes lumineuses et clignotantes. La très belle parure de la chanteuse, large tissu brodé, pailleté autour des épaules. Voix, piano et danse s'enchevêtrent, se répondent, discutent et nous racontent un épisode ou une vie d'Exil; de déracinement, de douleurs, de peine et de souffrance. De chagrin surtout. La voix nous transporte dans des sphères lointaines, des paysages méditerranéens. Ce bassin autant celui du danseur qui ondule que cette géopolitique du Maghreb qui hante et habite ce show étrange. Des mouvements de profils égyptiens en ornement et pause, clins d'oeil à Dalida...Pas de flonflons ni de Madame Arthur, ni de cabaret berlinois ni alsacien mais un spectacle tendre et aimable bordé par la teneur chaotique de notre monde ambiant. Paroles de chacun, micro en main pour évoquer la brisure, la rupture de l'exil qui se porte toute une vie durant. 


Ils sont tous très habiles pour nous entrainer dans un rêve éveillé, coupe de crémant en main, histoire de se décontracter et de continuer: "vous en voulez encore?..." Oui, bien sur et lorsque Radhouanre chante, allongé au sol, enveloppé par son châle, d'une voix tenue et profonde c'est pour mieux signifier que ce souffle, ce désir de chanter leur destin, se partage et ne rompt pas. Un côté spirituel, comme une prière sur le plateau sacré du théâtre, un endroit, un lieu cultuel de l'art éphémère de la danse, de la musique, du sourire autant que des larmes. Elles ne sont pas "amères" ni nostalgiques, elles sourdent de l'atmosphère musicale, de la mise en scène, mise en espace du plateau partagé par les six protagonistes. Épris de liberté, tournoyants les bras ouverts, offerts comme ceux de la chanteuse aux longs bras prolongeant son émotion. Un hymne à l'humanité, une ode très personnelle à l'exil, le déplacement des corps et des esprits de la terre maternelle. 


Ce "cabaret" singulier comme une invention d'un "genre" à part qui n'appartient qu'à ce bouquet de fleurs porté comme un trophée ou une offrande. Un bouquet de bras très Shiva pour magnifier la danse serpentine en ondulations de méduse palpitante.La contrebasse de Sofiane Saadaoui pour apaiser  l'atmosphère parfois tendue mais toujours très poétique. Et drôle et humoristique, quand de dos, le danseur esquisse des tours de fessier digne de la plus désopilante et pudique danse du ventre! C'est croustillant et réjouissant, toujours avec un peps et un brin de folie douce-amère au gout de senteurs du sud. Fragrances et lumières pour réjouir un contexte implacable. Le texte de Marianne Catzaras raconte et évoque les vies, les mots, les maux, blessures et réparations de l'exil. En écho au texte des chansons en langue arabe, espagnole qui résonnent de leurs accents tendres ou rugueux.La beauté de la chanteuse enchante, séduit, ravit, impacte chaleureusement le spectacle, comme le son du piano, unique sous les doigts magnétiques de l'interprète. Une soirée pleine de grâce et de volupté à déguster sans modération sous le filtre d'une dramaturgie théâtrale très réussie. On remercie les artistes pour cette bouffée d'oxygène, d'inventivité décalée, de questionnements politiques aussi sur ce vaste monde ravagé.

 

A Pole Sud les 14 et 15 MAI


https://genevieve-charras.blogspot.com/2023/05/le-cabaret-de-la-rose-blanche-le-chant.html

lundi 13 mai 2024

Concert :l'Accroche Note/ Jeunes compositeurs: la HEAR-Musique, couveuse, pépinière, incubateur de jeunes talents!

 



De bonnes "ondes" Martenot
 
Workshop avec les jeunes compositeurs de la HEAR (Alonso Huerta, Lorenzo Paniconi, Simon Louche, Fernando Strasnoy, Davide Wang, Victor Debanne et Aurés Moussong) de la classe de Ivan Solano et Tom Mays.
Une rencontre riche de partage et d'innovation! "Proxima Generacion"!
7 compositions très diverses et pleine d'inventivité, d'expérimentation et de surprises pour un concert de très bon niveau et de partage entre interprètes musiciens, compositeurs et enseignants en pleine "inter ligerer" de savoirs et d'expérience, de doute et tâtonnements fertiles.
 

C'est à Victor Debanne d'ouvrir le bal avec "Quelques bruissements" pour voix, clarinette basse, ondes Martenot et accordéon
Une oeuvre brève, en souffles de toutes origines instrumentales: bruissement des touches et clefs de l'accordéon, voix qui tourne sans cesse, tremblements et secousses du "piano à bretelles" qui revêt ici de beaux atours contemporains. Des "petits bruits" de couloir en touches et présence discrète. Du beau travail d'orfèvre que cette composition introductive et inaugurale.

"Lorenzo Paniconi avec "On a thin wire" pour ondes Martenot, accordéon et électronique lui succède brillamment.Un infime son filtré, dédoublé, dans des aigus tendus, en rémanence, opère pour une tendre ambiance, douceur à l'appui. L"ampleur ascendante du son de l'accordéon séduit, enchante. Glissements sonores, renfort des ondes Martenot comme des mugissements, le son d'un avion en atterrissage. Des sursauts dans l'écoute, inattendus, rendent une atmosphère de fiction, de narration dramatique étonnante et très mature. Vibrations, résonances des sons, tenus, parfois imperceptibles jusqu'à l'effacement. Un fil tendu de funambule dans une lenteur amplifiée par la réverbération sonore. Surprise, danger, menace pour atmosphère qui plane et glace celui qui se tient à l'écoute de cet opus singulier et très personnel. Les interprètes au service sensible de cet ouvrage unique.
 
Simon Louche nous offre avec "L'avenir était" pour voix, clarinettes et piano une archéologie du futur musical.Un piano préparé, frappé, la voix en cris aigus percutants, en mots et chuchotements subtils. Touches et frappes du piano comme percussions. Beaucoup de contrastes opérationnels, radicalité tranchée de la composition. Le rythme des mots, de la voix, du piano en osmose et question/réponse, très réussi. Énumérations de sons vocaux, hachés, scandés comme une litanie obsessionnelle.
 
"Corps sans organes" pour voix, ondes Martenot, accordéon et électronique signé  Alonso Huerta fait suite audacieusement. Enfouissement, submersion, engloutissements au menu gargantuesque de l'oeuvre qui débute sur les chapeaux de roue. L"accordéon y est gratté, frotté, glissé, lissé à souhait, corps étranger à celui de l'interprète mais si "organique". L'ambiance est menaçante, inquiétante en bruit grondant d'avalanche.  Oeuvre au paysage minéral en tectonique des plaques sidérante. La voix souffle, se brise, s'éclate, respire, aspire, halète... Tout se répercute en écho, sursaute, ricoche, se double, enfle en permanence. En couches hétérogènes, sur un tapis sonore de fond en roulements. Réverbération assurée, débordements garantis, flot immersif de sonorités incongrues et inattendues. Une belle recherche sur ce qui vibre, crépite, crisse: un corps vivant avec une dimension "organique" irréfutable malgré le titre provocateur...Pas de spectre qui se balade dans un paysage désincarné mais bien une "présence" charnelle de la musique.


Aurès Moussong aux commandes de "Enlève tous les masques" pour voix, clarinettes, ondes Martenot, accordéon et clavecin, percute juste dans le jeu, le ludique, la parade sonore bigarrée, colorée..Un quintet troublant pour une narration dense, très visuelle, chatoyante, enjouée. Drôle et fantasque composition que cet opus dansant, échevelé, libre et fantaisiste. S'en dégage une grande unité entre voix et instruments qui fondent ensemble ou se relaient. Ambiance lascive, parade ludique pour cortège carnavalesque ou cavalcade de sons . De l'humour comme credo et inspiration sans aucun doute.

A Davide Wang de s'exposer avec "Frai i mille pensieri" pour clarinette et électronique: un solo qui éclabousse, tourne, vibre, éclate, amplifie le son, le transforme, matériau malléable à l'envi par le truchement de l'électro acoustique. Un long passage de défrichage qui s'amorce, se fraie un chemin, évolue et arpente l'espace. Densité du son en masse, taches et volumes variables selon les intonations et intentions d'écriture dramatique.
 

Et pour clore cette délicieuse soirée d'écoute surprenante, voici en épilogue une belle histoire de duo, de rencontre et de complicité: c'est " Et plus loin encore" pour voix et clarinette basse de Fernando Strasnoy. Dédié au tandem indéfectible Angster/ Kubler, voici un dialogue passionné, tendre, à l'écoute l'un de l'autre, félin pour l'autre. Du cousu main haute couture, haut de gamme pour ces deux interprètes qui ne ménagent pas leur force et intérêt pour les jeunes compositeurs. Incarner leurs écritures, celle- ci bordée de tendresse, d'amour de sentimentalité très "concrète" et savante, abstraite mais si bien "incarnée" en direct!" Lamentations, lascivité, jeu complice: du sur mesure en mesure et bien pesé!
 
Alors on quitte ce laboratoire avec bien des images en tête, des sons en répercussion, des rêves à parcourir en prolongation des univers de chacun des compositeurs si bien servis par des interprètes de la place. Les bonnes "ondes Martenot" en vedette, curiosité acoustique dans la musique d'aujourd'hui, instrument "phare" de ce florilège musical. Mais où sont "les femmes" compositrices??
 
 
 
 


 

Concert le 13 MAI 19h, Conservatoire de Strasbourg, salle d’orchestre. Ensemble Accroche Note et œuvres des étudiants en composition instrumentale, vocale, mixte et électroacoustique:
Victor Debanne, Lorenzo Paniconi, Simon Louche, Alonso Huerta, Aurès Moussong, Davide Wang, et Fernando Strasnoy.
Accroche note: Françoise Kubler, Armand Angster, Anthony Millet, Alonso Huerta et Ivan Terekhanov.

Des pics en érection, verticalité oblige : droites éruptions de rocs résistants

 Tout s'élève sans rompre: les rochers en dents de requins, les "demoiselles coiffées" dont l'érosion n'a fait que donner un peu plus d'allure de défilé. Des rocs émergent, fiers et altiers sous les flots battant de la marée. Des pierres nobles et granitiques s'élèvent à l'horizon comme des phares indiquant une direction improbable. La mouvante d'une vasque aspire une vague qui s'engouffre. Et le cercle se dessine inéluctable, encerclant le minéral. Une faille, gorge ouverte, se donne comme une béance offerte au désir. S'engouffrer et se perdre dans la matière éternelle. La création ou l'origine du monde se dessine. Debout, les rocs, les falaises, au combat contre l'érosion inéluctable! Dressés, domptés, isolés comme des balises qui marquent un territoire confus où l'on ne peut se perdre. La cime des arbres fait semblant de leur ressembler ou se met en position de parachute, parapluie ou champignon de souche au parasol hors sol. La mer s'engouffre, chante et séduit. Des spectres naissent, fantômes aux formes indéfinies survolant la terre mère. La neige se fait écume blanche et tout se confond en un leurre charmant. Entre manteau neigeux et désert de sable, entre félicité onirique et naturel obéissant aux lois de la longévité. Tel un immense coquillage creux, une huitre béante, la brèche devient couloir et interstice absorbant la lumière. Et l'on s"évade au pays des rêves éveillés, transportés par la lumière battante. Des ponts, des passerelles naturelles pour décor de conte de bonnes fées s'ouvrant sur la magie du monde minéral: sur terre ou dans le flux du ressac, en sérac ou brisure, en pic ou en bonne pioche, les rocs de Frantisek sont solides et résistent en barricades du temps qui passe sans les effacer. La rudesse des rocs pour seule croyance.

Zvardon: l'écume des nuits: "iceland" glaciale !

 




dimanche 12 mai 2024

zvardon: tribulations tribales : danses de vie

 Une danse tribale de bâton pour chasser les esprits en visite coite le dialogue de deux femmes au visage dissimulé. Une bergère gardienne de buffle aux traits masqués, une assemblée de guerriers en contre plongée: visite au pays des nomades encerclés. Icône fantastique que ce cheval hybride à la crinière de nuage en fumée aux côtés d'une femme voilée...Et pardessus tout cette femme torse nu déployé à la parure de bijoux fabuleux et d'un zébu farfelu.Un chameau, sa compagne devant son arbre séculaire qui la protège et qu'elle habite. De son tronc,de ses racines enveloppée. La tribu s'affole, s'ébranle pour un couronnement auréolé de lèvres à plateau en guise de bouclier de bouche.Des enfants au corps maquillé de traces et signes cabalistiques, de terre ou pigments noir et blanc.Un regard à demi dissimulé frôle le champs de vision.Un cortège pour exode, déplacement et transport en commun de denrées rares et précieuses...On porte des branchages, une cruche d'eau sur la t^te qui jamais ne penche ni ne plie sous le joug de la tache. Le cheptel s'abreuve en couronne, alors qu'un berger de fortune ne cesse de les harponner.Les femmes travaillent, les yeux au ciel évoquant la félicité de cette vie rurale préservée. Une humanité en route, en transit ou en pose longue pour dévoiler la sagesse, la force et l'authenticité jamais perdue. Hommes et animaux au diapason, à l'unisson d'un chant de vie aux formes et allures d'antan. Le regard et le choix du photo-graphe à l'écoute du monde qu'il transfigure à l'envi

zvardon: portraits peints pigmentés; zurma dévisagé !

 Pigmentés

MaSques de parade haut en couleurs, en pointillés comme des touches de peinture énigmatiques sur les façades des maisons alsaciennes pour les dé-ensorceler..Tout se rejoint aux delà des continents

Comédia del'arte africaine où la bouche béante devient tutu à plateau posé sur de la peau fardée: plumes, bijoux, voiles et péplums dissimulant corps et regards tranquilles, apaisés sous l'oeil du photo-graphe inspiré. Des attitudes de Buto pour une femme traquée, les avant-bras collés au corps.

Traces, sillons serpentent sur les tissus corporels, dessins, calligraphies de signes labyrinthiques et mystérieux; a décrypter au chevet de la terre, mère nourricière Un torse vêtu de blanc, couleur de chaux, des chevelures en casque, en nid de brindilles pour oiseau de proie. Des spirales au front et volutes en cercle, escargot tissé pour parade nuptiale. Et pour le festin des merveilles, des lèvres écartelées comme des tranches de miroir aux alouettes mouchetées. Flûte de Pan débordant des lèvres, jarre sur le chef comme pour prolonger les têtes hautes en posture royale et digne: noblesse oblige...Se délivrer des magies et autres tours de passe-passe frontières en admirant la quiétude d'un visage de femme, de trois-quarts, penchée, rêveuse: tel un Brancusi somnolant de toute sa tête d'or endormie. Un oisillon dans les mains, couche douillette et maternelle. Et pour clore cette galerie de corps en fête, des jambières striées de blanc comme des plantations protégées: chaussettes à son pied!

Un torse-buste dénudé, voluptueux, parsemé de petits pois de senteurs virginales: blanc ponctué et petites notes d'une musique dissimulée sous les langues qui se taisent. Les portraits d'enfant plumés à la coloquinte vide ou à la lyre. Tête de mort, emblème d'exo-squelette bien vivant, le regard confiant sous son maquillage savant. Le dessin comme palette de couleurs oscillant entre béatitude et don de soi. Devant et si proche de celui qui dialogue sans mots devant tant de noblesse.


mercredi 8 mai 2024

"Remembering Woodstock" Étudiant·e·s de la licence Musiques actuelles à l'Université de Strasbourg: psychédélic story!

 


Remontons tous ensemble dans le temps, en 1969, lorsque le festival Woodstock entre dans la légende ! Rendre hommage à cet évènement emblématique de la culture hippie, c'est le challenge que se sont lancés les étudiant·e·s de la faculté de musicologie de Strasbourg !Vivez un hommage immersif mêlant des images d'archives à un corpus de musiques cultes. Laissez-vous tenter par les solos de Jimi Hendrix et Santana, le rock’n’roll des Who, Joan Baez, la voix bluesy de Janis Joplin…Prêts pour ce voyage spectaculaire ? Alors direction Woodstock !

Ils ont le feu sacré ces jeunes étudiants en bonne voie de professionnalisation..Bonne voix, punch, détermination et pêche d'enfer pour cette "troupe" jolie meute affolée qui convoque des "figures légendaires" de la musique ce soir là à la Pokop! Une invitation pour cette génération à revisiter les tubes et autres canons des années 1960, une époque utopique, légère, facile, débonnaire. Loin des préoccupations d'aujourd'hui qui sont loin d'être au beau fixe...Feux de la rampe allumés pour cette bande de foutraques très professionnels qui habitent le plateau deux heures durant. Pas de "moulés à la louche" comme autrefois, ni de conformité d'antan mais des vraies revisitations des oeuvres d'époque. Adaptées, remises en voix et en forme, alternées selon auteurs, chanteurs ou thématiques. On rencontre avec délice Joan Baez et ses mélodies poétiques et divines aux côtés des électriques Who.  Et on fait des passerelles acrobatiques et vertigineuses entre les paysages électrisés de Jimi Hendrix, entre Santana et Janis Joplin. Histoire de se balader sans entrave dans un monde musical foisonnant, audacieux, décoiffant. Tous prennent la scène en costumes variables selon les inspirations et influences country,  psychédéliques ou électriques. Guitares au poing, batterie en folie, frappes et voix audacieuses dans de beaux aigus ou rage déferlante. La jeunesse comme bouclier, levé comme une révolution douce mais quelque part enragée par l'actualité.Sans soucis de la bienséance mais avec toute la responsabilité de restituer aux anciens comme aux néophytes, la richesse de cette génération musicale de légende. Habitée par un territoire utopiste. Ce "Woodstock" est bien de mise et tombe à pic pour valoriser un patrimoine encore neuf et original qui inspire en diable une belle frange de jeunes et talentueux musiciens en herbe! Une soirée inoubliable de Peace, Love and Music ! Et après Prince et Queen, cette année les étudiant.e.s de la licence Musiques Actuelles de l'Université de Strasbourg remontent dans le temps en reprenant les artistes les plus iconiques du plus iconique des festivals, Woodstock !!!

Warning : présence de grosses distos de guitare, d'harmonies vocales, de tambourins, de bandanas, et surtout de plein de peace & love !!!

Peut être une représentation artistique de 1 personne

Les étudiant·e·s du parcours Musiques actuelles de l’Université de Strasbourg rendent hommage à la première (la plus mythique !) édition du festival de Woodstock, celle de 1969, rendue célèbre par les performances iconiques d’artistes tels que Jimi Hendrix, Janis Joplin, Santana, Crosby Stills & Nash, The Who…Dans le cadre d’un cours de la durée de deux semestres, ces étudiant·e·s découvrent les enjeux de ce répertoire, s’imprègnent de la culture qui l’a produit, et se confrontent aux enjeux artistiques, techniques et organisationnels liés à la création d’un spectacle de niveau professionnel, sous la coordination de leur enseignant.Remembering Woodstock est l’occasion de redécouvrir les différentes facettes d’un moment emblématique dans l’histoire de la musique (et de la culture) du XXème siècle. Un moment où le rock, qui est encore jeune, abandonne la naïveté de l’adolescence, où les revendications sociales et politiques de la folk protestataire rencontrent la fierté assumée des artistes afro-américain·e·s et les utopies du mouvement hippie. 

A le Pokop le 7 MAI 

Jeu : Paul ABLANCOURT, Théodore BARTHEL, Hedi BOURAOUI, Lafcadio CALMEIL, Sarah CHABAUD, Leo COUSSY, Nina DIETSCH, Adèle FILIP, Loris GOICHOT, Ianis GOSSELIN, Ayako HASE, Math HINSCHBERGER, Thomas KIEFFER, Ladislas LE BER, Lucie MARTINIE, Clémence MECHLER, Athénaïs MICHEL-THÉVENARD, Tristan MICHELI, Anatole MILANESE, Victoria MIRKOVIC, Ece NALBANTOGLU, Colette PAUTRAT, Audrey PAYET, Maxime PEREIRA, Carla ROSOCHACKI, Raphaëlle TADIELLO, Louise THUET, Loane VERNET
Son et régie : Nathanaël FALQUE-VERT, Bagher GOONEH FARAHANI, Rayan MOULAY-RÉTHORÉ, Nika NAKOPIA
Coordination, communication : Lucie MARTINIE, Robin MEYER, Jacopo COSTA
Création vidéo : Enzo AIGUILLE
Affiche : Loane VERNET

mercredi 1 mai 2024

"Guercoeur": emporté par la foule.....Le choeur guerrier pour ou contre le tyran de la temporalité.


Guercœur

Albéric Magnard


Nouvelle production de l’OnR.


Opéra en trois actes.
Livret du compositeur.
Créé le 23 avril 1931 à l’Opéra de Paris.


Dans le cadre du festival Arsmondo Utopie

 


Dans l’au-delà éthéré, temps et espace sont abolis. Les ombres, délivrées de leurs soucis terrestres, célèbrent la grandeur de la déesse Vérité. Nimbée de sa gloire éternelle, elle trône, triomphante, entourée de Beauté et Bonté ; à ses pieds gît Souffrance dans son manteau de sang. Au milieu de ce chœur de louanges s’élève une plainte discordante : « Vivre ! Qui me rendra l’ivresse de vivre ? » C’est celle de Guercœur, mort dans la fleur de l’âge après avoir trouvé l’amour auprès de Giselle et libéré son peuple d’un tyran aux côtés de son ami Heurtal. Incapable de trouver le repos, Guercœur implore qu’on lui rende son enveloppe charnelle. Vérité le met en garde : deux années se sont déjà écoulées sur cette terre où rien ne dure. Sa chute hors du Paradis pourrait être brutale… 

C'est un destin incroyable, une fable lyrique originale et flamboyante, un récit chanté et incarné par des artistes irréprochables: "Guercoeur", c'est un bijou musical renforcé par le rôle primordial du choeur: cet ensemble compact de voix, cette masse sonore si subtile et si engageante vis-à-vis de la narration. C'est lui qui démarre l'oeuvre après une ouverture prometteuse. Dissimulé derrière le décor ou dans le foyer pour mieux ensuite investir le plateau: une foule qui tient la scène et la parcourt de postures, attitudes et déplacements dignes d'une Pina Bausch. Des chaises comme simples supports corporels pour le jeu des chanteurs. Un "Cafe Muller" qui s'ignore tant la présence de ces objets à quatre pieds et dossiers de fortune occupent l'espace. En rang serré comme pour un ordre strict et dictatorial, ou en désordre disséminées sur la scène pour semer le chaos de la révolte. Guercoeur est une œuvre politique et engagée où les personnages très bien campés évoquent chacun caractère et intrigues. Un homme en est le coeur, charismatique chef de file d'une société familiale complexe où les amours sont alliances et vérité. La "vérité" incarnée par Catherine Hunold, solide voix chaleureuse et puissante. Mère et gardienne des valeurs filiales, tendre et attentionnée porte parole de la "vérité" que l'on ne saurait cacher. Lui, Stéphane Degout, exceptionnel ténor à la large tessiture, au don de la diction comme nul autre. A travers ses paroles, son jeu magistral de tyran mort ou vif rescapé des temps qui traverse un monde utopique où renaitre serait possible.. Il est poignant et crédible au point de vous ravir la raison et vous entrainer dans un rêve idéalisé d'immortalité. Giselle, Antoinette Dennefeld, brillante et sensuelle soprano envoutante est l'amante adorée de Heurtal, le successeur du Grand Maitre des destins, ce gourou adulé mais aussi renversé par la foule versatile. Heurtal lui aussi interprété par Julien Henric passionnant personnage aux intonations subtiles d'une voix pénétrante, timbrée aux résonances et fréquences parfaites. C'est dire si face à ces clefs de voûte, le choeur doit être vivant, solide: son rôle enveloppant la narration est primordial: foule compacte ou divisée par des choix politiques, cet ensemble se meut dans l'espace, mis en scène et dirigé de main de maitre par Christof Loy. Quasi chorégraphe éclairé d'une direction d'acteurs sobre et dépouillée, efficace et très lisible. Sobre ébriété d'une musicalité hors pair qui glisse vers le cantique ou les accents de messe ou requiem. Masse sonore égrenée de soli en son sein. Puissance du nombre et du groupe en costumes banalisés citadins d'aujourd'hui. Un ensemble digne de plus grand intérêt, sujet et objet d'émotions, de révoltes, de résignation ou de réconciliations. Marée humaine en flux versatile, assemblée dans une agora vocale resplendissante et très présente. Loin d'une décoration ou d'un caricatural rituel d'accompagnement d'opéra classique. Une fonction assumée par le Choeur de l'Opéra du Rhin exemplaire. Force et "occupation" du plateau en toute légitimité dramatique. Quant au décor on y retrouve la magie de la scène tournante qui oscille et renverse les coeurs battants. Révèle comme les pans de frontières blanc, un paysage romantique, un mur vierge et des éclairages de toute beauté. Johannes Leiacker et Olaf Winter pour maitres d'oeuvre. Les chaises, mobiliers qui s'éparpille, se range à l'envi sans que l'on y prenne garde. Comme des ombres portées de corps figés, raides inflexibles. Alors que cette humaine assemblée vouée aux charmes de la postérité et de l'éternité se meut savamment orchestrée par Ingo Metzmacher, chef d'orchestre attentif et en phase avec cette musique impulsive et domptée de Albéric Magnard. Le public ovationne les artistes dans une communion digne de ces plus de trois heures et trois actes passés en leur divine compagnie. Une réussite sans précédent dans la sphère des opéras méconnus, ignorés ou ressuscités comme ce "Guercoeur" de toute beauté.

A l'Opéra du Rhin jusqu'au 7 Mai


Compositeur engagé, féministe et dreyfusard, Albéric Magnard (1865-1914) est comme son personnage : un héros mort pour la liberté de son pays. En septembre 1914, il est tué en tentant de repousser seul des soldats allemands qui brûlent sa maison en représailles. Une grande partie de ses manuscrits inédits sont détruits, dont celui de
Guercœur qui sera par la suite miraculeusement reconstitué. Après un long séjour au purgatoire des chefs-d’œuvre oubliés, cet opéra fascinant, dont la partition prodigieuse contient des fulgurances post wagnériennes transfigurées par les couleurs de la musique française, revit sur une scène lyrique française pour la première fois depuis sa création en 1931, grâce à Ingo Metzmacher, Christof Loy et Stéphane Degout.

Direction musicale Ingo Metzmacher à Strasbourg, Anthony Fournier à Mulhouse Mise en scène Christof Loy Décors Johannes Leiacker Costumes Ursula Renzenbrink Lumières Olaf Winter Chef de Chœur de l’Opéra national du Rhin Hendrik Haas 

Guercœur Stéphane Degout Vérité Catherine Hunold Giselle Antoinette Dennefeld Heurtal Julien Henric Bonté Eugénie Joneau Beauté Gabrielle Philiponet Souffrance Adriana Bignagni Lesca L’Ombre d’une femme Marie Lenormand L’Ombre d’une vierge Alysia Hanshaw L’Ombre d’un poète Glen Cunningham