Affichage des articles dont le libellé est Journalisme. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Journalisme. Afficher tous les articles

lundi 8 décembre 2025

Nederlands Dans Theater - NDT2: du sur mesure en majesté! A la dimension du Festival de Danse de Cannes 2025: XXL...En cloture magistrale

 


Trois pièces, trois regards sur notre présent. Le triple bill proposé par les virtuoses du NDT 2 offre une vibrante démonstration du pouvoir de la danse à éclairer nos vies.
Watch Ur Mouth - Chorégraphie : Botis Seva / Folkå - Chorégraphie : Marcos Morau / FIT- Chorégraphie : Alexander Ekman

Pour beaucoup, chaque jour est un combat. Contre les difficultés, les tourments intérieurs, les jugements d’autrui et « l’incessant bavardage de la vie quotidienne ».

Watch Ur Mouth de Botis Seva incarne, dans les corps expressifs de ses interprètes, une traversée au cœur de ce chaos. Ce chorégraphe autodidacte, dont la danse mixe allègrement les influences hip-hop, contemporaines et théâtrales, délivre toutefois un message d’espoir : derrière le tourbillon du monde, l’amour et les connections entre les êtres demeurent nos plus précieux auxiliaires pour continuer à tenir debout. Chacune à leur manière, les deux œuvres qui l’accompagnent témoignent du même besoin de retrouver une énergie inspirante.

Folkå de Marcos Morau fait ainsi écho aux rites mystiques auxquels se livraient nos ancêtres des cavernes pour repousser la crainte immémoriale de la mort. Par la musique et par la danse, la pièce offre un précieux moment de communion collective, à rebours de la frénésie du monde contemporain.

Quant à Alexander Ekman, il questionne avec FIT notre besoin systématique d’harmonie, dans notre quotidien mais aussi dans la création alors que celle-ci se nourrit de ce qui « ne rentre pas dans le puzzle ». Sur les rythmes jazzy du Dave Brubeck Quartet, une démonstration réjouissante du pouvoir de la discordance.


FIT- Chorégraphie : Alexander Ekman 
Quand la danse se faconne comme un groupe soluble autant que soudé, alors la magie opère pour cette jeune troupe incroyablement opérationnelle et crédible.Jeunes interprètes déjà virtuoses en la matière,les voilà dans le flux de mouvements en cascades,de courses,d'arrêt sur image très cinématographiques.Bande déferlante,alignement éphémère au registre de l'écriture chorégraphique.Et des virevoltes de longues jupes blanches pour mieux aureoler la fluidité de la danse.

Watch Ur Mouth - Chorégraphie : Botis Seva

"Take five" au zénith,galvanisant les danseurs au mieux de leur forme dans cette chorégraphie qui projette les corps,  divagations dans l'espace en bandes hallucinées d'énergie.La troupe se jette dans une rythmique bien connue d'une œuvre qui appartient à l'inconscient collectif dansant au delà des frontières...La pièce n'est pas que cela,dévoilant flux et reflux à l'envi.Les interprètes au plus près d'une sensibilité aiguë, incarnant l'enfermement, la détention des corps soumis. Hip-hop et danse fluide alternent pour évoquer cette frustration de mouvements liée à l'incarcération, toutes les formes de castration possible d'un monde politique d'enfermement.


Folkå - Chorégraphie : Marcos Morau 
Une performance inégalée pour la compagnie en ouverture de soirée pour mieux apprécier les talents de ces danseurs tant adulés par le public.Fouge,électricité d'une énergie sans faille ces  "Noces "de la danse et de la lumière que l'on assiste, à une véritable course contre la montre.Urgence des mouvements,des déplacements incongrus,des rencontres humoristiques, de ces ricochets de mouvements en bande défilante.Les costumes évoquent une identité semblable à la musique, folklore suisse ou des Balkans, cloches de vaches en sus.Tonicité garantie avec ces  rythmes fulgurants qui parsèment l'immense plateau à conquérir par ces électrons libres.Et le récit prend forme,la communauté humaine prend ses marques et subjugue.On demeure pantois devant une telle œuvre bigarrée,hallucinée ou tout bascule sans cesse.Mario Morau étonne toujours sans lasser ,génie et démiurge ambassadeur de la légitimité de la danse comme art majeur.


Watch Ur Mouth
Création 2025
Chorégraphie : Botis Seva - Assistants chorégraphie : Jordan Douglas, Victoria Shulungu
Musique : Torben Sylvest avec Bunny Sigler Shake your booty ; Sony music, Warner-Tamerlane Publishing Corp (BMI), Warner Chappell Music Holland B.V.
Performances voix avec Magero, The Seva Family
Création Lumières : Tom Visser
Scénographie et costumes : Botis Seva
Répétitrice : Lydia Bustinduy

Folkå
Création 2021
Chorégraphie, décor : Marcos Morau
Mise en scène : Shay Partush
Création musicale : Juan Cristóbal Saavedra avec Condividiamo La Luna & Whisper: Kim Sutherland. Le Chœur bulgare de Londres avec Dessislava Stefanova : Mor’f Elenku, trad.; Izgreyala Yasna Zvezda, trad. arrangement par Dessislava Stefanova; Razbolyal Se E Mlad Stoyan par Kiril Todorov.
Costumes : Silvia Delagneau
Création lumières : Tom Visser
Direction répétition NDT : Ander Zabala

FIT
Création 2018
Chorégraphie : Alexander Ekman
Musique : Nicolas Jaar : No. The Dave Brubeck quartet: Take Five. © Valentine Music Ltd
Doug Carroll: “Peacocks” par Animal Sounds.
Lumières : Alexander Ekman, Lisette van der Linden
Scénographie : Alexander Ekman
Costumes : Alexander Ekman, Yolanda Klompstra
Texte : Alexander Ekman
Collaboration artistique : Julia Eichten
Dramaturgie : Carina Nildalen
Citation du Directeur Artistique
 
Au Palais du Festival le 7 Décembre dans le cadre du festival de danse de Cannes

jeudi 19 avril 2012

"Two old men": leur chant du cygne" n'est pas pour demain!


Ivan Favier et Bert Van Gorp sont "gourmands" de la vie, de la danse!
Ils se sont rencontrés au sein du collectif "Le Grand Jeu" piloté par Louis Ziegler à l'époque où déjà, ils faisaient leurs premières armes de chorégraphes et apprenaient l'autonomie.
Ivan vient du "ballet classique", Bert plutôt tendance "Alain Platel", la Belgique déjantée!
Leur rencontre fait mouche et le désir de créer ensemble est tout neuf: il se concrétise avec cette pièce toute fraiche et bien  "fresch" présentée à Pôle Sud, coproduite par la Filature à Mulhouse et accueillie par le Ballet du Rhin, dans le cadre de la formule "accueil studio".Bien sûr le compagnie "IF Cie" de Ivan Favier et celle de Bert Van Gorp "Cie Contrecoeur" sont de la partie.
Une voie de garage? Les images vidéo projetées en prologue sont celles de garages privatifs, alignés avec leurs volets roulants...L'âge de la retraite? C'est "l'après-midi" de la sieste, celui d'un faune nostalgique qui n'est plus bondissant.C'est l'âge qui nous tient et pour un danseur, ça compte énormément!
Le décor le ferait croire: tout est rose: la bouée-fauteuil, la perruque d'un faune allongé avec ses cornes de caribou, cerf de carnaval, des bonbons style fraises Haribot et autres friandises colorées tendance guimauve sont de l'aventure. Deux hommes vont investir le plateau et nous conter leurs destinées: photos de famille à l'appui, musiques rétro de leur génération en sus. Le tout bien ficelé pour évoquer leur amitié , leur us et coutumes de danseurs qui répètent, s'entrainent, marquent leur territoire, boivent un coup ou fument un clop avant de se lancer dans le mouvement. "Il me fatigue" murmure Ivan en regardant Bert danser comme un gamin laché dans l'arène! "Vous êtes fatigués" nous lance-t-il. Pas encore, il est temps de nous offrir un duo, un coup de maitre oùl'on vous attend au tournant. De "beaux restes", ils en ont ces deux danseurs, l'un au petit bidon rebondi, l'autre au profil impeccable, corps légèrement "canonique" et quelque peu encore "glorieux". Ils portent tout deux en eux, les traces de leurs histoires et leurs corps se racontent à l'envi.
Jamais pathétiques, toujours souriant ou doutant de l'instant à venir.
Un petit chien en peluche fait des sauts périlleux à leur place et quand ils sont las, c'est la vidéo qui prend le relais et les laisse danser. Du "flasque" il y en a plus dans la gelée, style pouding british que dans leur chair, tonique, dynamique et animée de fébrilité contagieuse. Du "rose c'est la vie", en veux-tu, en voilà, des bonbons pas bons mais si mignons qu'on en mangerait avec eux, histoire de partager de bons moments entre copains de toujours. Ca fait du bien leur petit numéro de charme même si parfois la tension baisse et les forces manquent pour faire une dramaturgie des corps en mouvement.
In fine, la scène se jonche de tous les ingrédients, objets et accessoires de la pièce: les deux hommes s'en font témoins et gagnent les fauteuils de salle pour contempler leur oeuvre, champ de bataille ou de massacre.La musique du "Lac des cygnes" résonne en fond, succédant aux plus beaux morceaux rock et disco de leur jeunesse...
Un chant du cygne ou un signe des temps, un signe d'étang ou l'agitation des eaux dormantes n'est de loin pas terminée pour ces deux escogriffes....Longue retraite à ces deux là, compère et comparses allumés d'un nouveau souffle: celui des bougies de la cinquantaine: bienvenue dans le monde des quinquat de la danse d'aujourd'hui: être de son temps avec ses "os parreseux" et sa carcasse bien huilée encore; ce n'est que du bonheur annoncé. Qu'on se le dise!

mardi 3 avril 2012

"Cuisses de grenouille": à table et à la barre!!

Caterina et Carlotta Sagna continuent à nous régaler sans modération par leurs créations savoureuses, onctueuses et désopilantes.
Cuisses de grenouille en plat de résistance pour ce spectacle "jeune public" qui nous introduit dans l'univers d'une jeune fille qui rêve d'être danseuse. Des "cuisses de mouche" ou de "grenouille"? On choisira selon notre humeur ou celle des chorégraphes et de leur tandem bicéphale, hybride à souhait!
Des bruits, du son, de l'émotion, une histoire avec une vraie narration: de quoi sourire, s'effrayer et se frayer un chemin personnel au travers de ce parcours ludique dans la vie d'une enfant.
Ce n'est "ni du cirque, encore moins du cinéma", c'est de la danse, s'exclame Joséphine, notre ballerine, oscillant entre classique et contemporain.Elle navigue avec bonheur dans ce monde d'adultes qui semble aimer les déboulés, les sauts de chat et autres cabrioles.Elle porte un bleu de travail, tutu en jean avec bretelles: c'est bien vu pour exécuter du bon travail à la chaîne!C'est sensible et charmant, toujours convainquant, jamais simpliste ou simplet et ceci s'adresse autant aux "grands" qu'aux enfants."Cuisses de grenouille", c'est Tijen Lawton, drôle, fraiche, rieuse, défiant les lois des adultes avec malice, virtuose aussi, athlétique en diable Elle a "osé Joséphine" avec brio Chacun interprète plusieurs personnages à l'envie et ce petit monde de chef d'orchestre, de souffleur, de professeur de danse est plein de vie, de vérité, de nostalgie "positive". Le monde du spectacle y est abordé de façon très concrète et l'on y apprend plein de petits détails grâce à des anecdotes racontées par les danseurs. Carlotta Sagna signe ici une belle composition chorégraphique et fait de son séjour à Strasbourg avec Catarina, sa sœur une belle aventure à suivre.
Une résidence à Pôle Sud, riche en événements pluriels qui porte déjà ses fruits en partageant les univers si énigmatiques des deux sœurs!

"My week with Marilyn": le prince et la danseuse!

Le film de Simon Curtis avec Michelle Williams dans le rôle titre de Marilyn est une belle réussite et nous rappelle que cette femme au charme dévastateur était une excellente danseuse, pleine d'humour et de fougue, de désinvolture dans ses attitudes et postures emblématiques qui lui donnaient cette allure nonchalante et passive qu'on lui connait!

Un petit rappel à propos du film "le prince et la danseuse" de 1957 de Laurence Olivier!!!!
Le prince Charles, régent de Karpathie, petit royaume d'Europe Centrale, vient représenter son pays aux cérémonies du couronnement de George V, à Londres, en l'année 1912. Charles, cinquantenaire plein d'allure, à la démarche un rien raide, est convié à une représentation d'une revue légère, 'La Môme noix de coco'. Et là, c'est le coup de foudre ! Sur la scène, une délicieuse petite actrice américaine. Sa beauté, sa fraîcheur et sa gentillesse achèvent de séduire le prince ....

dimanche 1 avril 2012

la gestuelle altière de Nicolas de Leyde

Sculpteur du XVème siècle, ce "regard moderne" sur la spiritualité et le patrimoine sculptural de l'époque est celui d'un artiste révolutionnaire qui va changer la façon d'appréhender le corps des sculptures représentatives,  religieuses, de son époque. Une gestuelle gracieuse, dansante, pensive pour quasi toutes ses réalisations qui jalonnent sa carrière unique.Des poses où le mouvement est toujours présents, des attitudes où le corps bascule et chavire, chaloupe et dessinent un hors champs possible.De remarquables œuvres sont exposées actuellement au musée de l'œuvre Notre Dame à Strasbourg.Les nativités affichent des vierges au sourire enchanteur, cheveux ondulants, bouclés jusqu'aux pieds, bordant les voiles et les plissées audacieux des robes.Une sculpture qui creuse et renforce les pleins et les vides, fait apparaitre des volumes inédits en rond de bosse inouïs pour l'époque
A noter toute les figures des copistes de son époque, des imitations ou des courants d'une "école" de sculpture polychrome ravissante.Œuvres sur bois ou sur pierre, elles ont modifiées la "face" de la représentation du portrait, du buste avec des expressions précieuses, distinguées, jamais appuyées, toijours "lumineuses"
Les commissaires, RolandRecht et Cécile Dupeux nous offrent ici l'occasion de découvrir un artiste rhénan trop méconnu, auteur également d'œuvres "monumentales" sculptées à la cathédrale de Strasbourg entre autre où il  réside de 1462 à 1467
Une exposition remarquable où dansent les personnages dans une mise en espace judicieuse, valorisant ce fabuleux patrimoine de la sculpture religieuse.Tout s'y meut en silence, avec grâce et volupté dans le corps de l'art et de la religiosité.
De quoi faire rêver et ravir les imaginations païennes ou croyantes!
www.musees.strasbourg.eu

"Faire la grimace" à Fustel de Coulanges à Strasbourg

Une exposition est actuellement dédiée à la thématique de la grimace, au lycée Fustel de Strasbourg, à l'initiative des sections histoire de l'art et arts plastiques sous la houlette de Philippe Charvolin et Cathy Gangloiff. Avec l'aide du FRAC Alsace.
A noter les travaux des élèves de terminales art pla avec cette danseuse qui souffre et fait "la grimace"!!!

CONFERENCE LE MARDI 10 AVRIL 13H 15 salle 50
La grimace, en danse, n’est ni mime, ni vraiment grotesque…
Quelle est-elle donc pour se différencier d’une gestuelle connotée et apprise ???

Par les exemples de la danse de Valeska Gert (cabaret à Berlin en 1936), de Maguy Marin, inspirée de Beckett, d’Arthur Cravan, de la danse d’expression allemande(Mary Wigman, Grete Paluka), de la danse butho japonaise (inspirée du théâtre de la cruauté d’Antonin Artaud), de Joséphine Backer (évocation de la caricature du singe et du nègre), on visitera l’espace du corps, du visage qui grimacent et grincent au gré des situations esthétiques et politiques qui la conditionnent dans le spectaculaire.
Visionnage de vidéos inédites et présentation du « cri du corps » dansant, « grimace » et pied de nez aux convenances et à la bienséance, au politiquement « incorrect » que l’artiste se doit de véhiculer.

Quelle esthétique de la « grimace » en danse pour mieux comprendre les enjeux de la représentation d’un poncif caricatural désuet.



On ne badine pas avec "les patineuses" de Marie Prunier

Voici "Annabelle"
L'exposition actuelle de la Galerie "La Chambre" à Strasbourg est dédiée à l'œuvre de la photographe Marie Prunier, intitulée "la reproduction".. On y découvre entre -autre six photos de patineuses mises en scène dans des décors incongrus Série qui affiche la volonté de l'artiste de "reproduire" les oeuvres et les situations à l'envi, déterminant ainsi un processus de création et de monstration original.
Six prénoms, six danseuses athlètes figées dans une posture académique performante, attitude favorite de ces petites fées de la glace à l'allure altière et fière, sans leur plancher de glace, hors contexte de patinoire. C'est très réussi et atteste de la passion que voue Marie Prunier à la mise en scène des corps dans son univers photographique.
www.la-chambre.org

samedi 17 mars 2012

"Salves" de Maguy Marin: salve régina!!!

Tout semble avoir été dit au sujet de l'œuvre de Maguy Marin: pugnace créatrice de spectacles à rebondissements, griffés de véracité et d'engagement physique, poétique, politiquement très incorrect.
Sauve qui peut la danse, la vie, le cinéma, le bateau coule mais le capitaine est toujours là: il y a bien une chorégraphe à bord.Alors elle maintient le cap, de Créteil, à Rilleux la Pape et à présent marin d'eau turbulente, free-lance, balançant ses armes vers des cibles mouvantes, toujours atteintes. "Salves" est une bourrasque, une tempête, un tsunami de va et vient où les danseurs occupent le plateaux par intermittence de lumières: fondus au noir comme au cinéma, brèves séquences qui s'accumulent et provoquent suspens, écoute On est suspendu, en alerte, alarmés dans cette danse de combat, dans ce chaos apocalyptique qui se terminera en grand banquet carnavalesque où tout se brise, se macule.
Maguy Marin rentre dans la bataille, entre en état de siège et jamais ne s'affaiblit dans cette quête du juste, de l'humain. Horreur et damnation?
Nos péchés seront-ils sans rémission?
A nous de chercher où le bât blesse, où cela ferait moins mal dans notre petite existence souvent mesquine.
Encore beaucoup de travail pour fonder une utopie qui ne soit pas virtuelle, qui déménage et fait danser nos méninges, nos corps.
Politique tu nous tiens!

"Suite" de François Daireaux à La Chaufferie: "à deux mains"

La Chaufferie invite François Daireaux pour son "Work in progress" vidéo: 142 séquences de gestes répétitifs de travailleurs manuels, glanés au cours de ses nombreux séjours dans le monde!
Loin d'être un catalogue ou un inventaire, c'est à une "chorégraphie manuelle" que nous assistons, fascinés par le rythme, le tempo de ses gestes usuels.Une œuvre en mobilité constante.

Et pour mémoire le travail de la chorégraphe Pascale Oubin "Aujourd’hui à deux mains"
Aujourd'hui à deux mains
Photo : Quentin Bertoux
Le travail du geste

Depuis plusieurs années, je filme des gestes au travail, une vingtaine de « portraits-gestuels » sont à ce jour réalisés. Ce collectage des gestes au travail est en lien avec la nature de mes spectacles.
En 1987, j'ai appris la Langue des Signes Française, parole inscrite à même le corps. Au fil des créations, un processus d'écriture chorégraphique s'est mis en place, une forme d'alphabet gestuel permettant d’explorer les résonances entre texte et danse. C'est riche de cette expérience, à la frontière de la langue parlée et de la calligraphie visuelle, que j'aborde le geste dans le travail. Aujourd'hui comme hier, les métiers qui fabriquent, produisent, classent ou soignent… nécessitent des gestes précis qui sont des creusets d'humanité, des micro-histoires autant individuelles que collectives. Ils témoignent d’une activité humaine qui met en jeu à la fois une technique, une reconnaissance sociale et une valeur marchande. Ils sont une connaissance mise en forme, en forme de mains, un acte qui est en lui-même le récipient d'une pensée, d'un savoir-faire… et que l'expérience va faire briller. Ainsi, j'ai demandé à des travailleurs (artisans, soignants, pilotes d’avions…) de faire à blanc le geste qui leur est familier… c'est-à-dire sans le support de l'outil, ni celui de la matière. Effectué à blanc, lorsqu'il s'affranchit du travail pour lequel il est fait, le geste révèle des moments suspendus d'harmonie surgis de la conscience spontanée et immédiate de la personne au travail. Dépouillé de ses appuis extérieurs, il pointe le processus dynamique et l'action imaginative dans lesquels la vie se reflète pour créer. Il mobilise mémoire, sensation, intention, intuition, vécu, expérience, confiance, conscience, liberté, créativité... c'est cette part d'intériorisation, appelée dans tout acte créateur, qui émeut dans le geste du métier, lui donne sa beauté et fait apparaître son lien avec le geste dansé.
À la manière d’un archéologue qui creuse le sol, enlève la terre, gratte les poussières... j’ai regardé les gestes au travail se dessiner dans l’air, se calligraphier dans l’espace pour voir se déployer librement leur évocation émotionnelle... pour en révéler la danse.

vendredi 2 mars 2012

"Tranches de porc en commun": le tandem Gangloff/ Charras saucissonné!

Porcus Déi!!!!


Alors que Christophe Meyer fait danser les volailles sur les cartes du tout nouveau restaurant "Le coq Rico" de Westermann à Montmartre, son frère Eric fait rugir le porc pour l'affiche de l'exposition 2012 de Art et Saveurs

Au CEFPPA de Illkirch, l'exposition "Dans le cochon tout est bon" démarre le 15 Mars à 18H 15 par une performance....de Cathy Gangloff, plasticienne et designer et Geneviève Charras, charivarieuse, cancaneuse ballet yeuse.....

Quelques extraits en prime time! Frais de porc inclus!

Il va falloir trancher dans le vif !!!
Les morceaux « choisis » : épaule, côtelette et autre jambonneau en « patron » à découper se transforment en costume à danser !!!
Alors, coup de chapeau en mortadelle et bas résille saucisson seront de bon port, salut !!!!,

Que cochon m’aille !!!! Doux Jésus!

Ah, la chanson: «  Les petits boudins » et « tout est bon chez elle il n’y a rien à jeter », et les  « cochonnailles » de st jean pied de porc !

Vous êtes arrivés à bon porc ! à Porrentruy -porc en truie-en al- truie- iste, à Portzamparc, à porc querol….
A pieds de porc farcis, panés vous n'étiez pas nés!!
Waedele walala, la la la!

Bon port d’attache, beau porc de tête, c'est ni du lard ni du cochon , il y en a pour tous les gouts:
Hallal ie!! jusqu'à la lie!

"Les derniers jours de Stefan Zweig": un bal tragique par Guillaume Sorel

Une adaptation est toujours un pari risqué. Ici, du roman de Laurant Seksik paru en 2010, on découvre une version bande dessinée aux allures de film lent. Ayant lu l'original, c’est avec une légère appréhension que j’ai pris place à bord des premières planches. Réalistes, aux couleurs des terres qui attendent les Zweig, elles se dévoilent avec une sorte de langueur, propre, d’une certaine façon, à l’état d’esprit des personnages.

Stefan Zweig et sa seconde épouse, Lotte, beaucoup plus jeune que lui mais si fragile. Leur nouvel exil, loin d’une patrie qui les a rejetés, de pays étrangers qui craignent leur double identité. Juifs. Autrichiens. Le questionnement sur leur futur, sur la littérature, sur l’aura d’un homme estimé et pourtant profondément accablé d’une culpabilité de vivre alors que tant d’autres meurent. Et puis, en toile de fond, un Brésil bigarré et contrasté voire contradictoire. Les Zweig cherchent un abri, un refuge. Mais ils se sentent en danger même à l’intérieur d’eux-mêmes. L’écrivain, surtout, qui entraîne dans sa longue descente mélancolique sa jeune épouse si peu charismatique. Son amour de l’ombre. Celle avec qui il est bon de quitter ce monde, en fin de compte.

Le roman de Laurent Seksik abordait avec beaucoup d’intériorité et de sensibilité ces derniers mois de la vie du célèbre auteur. Cette bande dessinée arrive quant à elle à trouver l’accent juste pour en donner une approche en touches impressionnistes, approche dont les planches finales sont le meilleur exemple. Difficile de donner un avis détaché du roman mais il reste, à la fin de cette lecture, un soupir ému et empli de compassion face à cette histoire si simple d’un désespoir si complexe…
Page 71: une maginfique image d'insurrection!Carnavalesque, endiablée!
Et au finale, scène de bal, pages 75/76, tragédie où tout se termine: "je crois que j'ai trop bu...Tu vois que tu es le plus merveilleux des partenaires de danse" et puis rideau!

"Klezmer IV Trapèze volant": pour circassien, musicien, danseur: ça balance chez Sfar.

Après un épisode riche en coups de poings et malversations, les membres du groupe klezmer poursuivent leurs pérégrinations et semblent tous emportés par des sentiments amoureux. Vincenzo est séduit par une jeune et belle trapéziste malheureusement encombrée d'un mari tandis que Yaacov s'enhardit et veut embrasser Hava.
Ca tourne, ça virevolte toujours chez Sfar: "trois petits tours de danse et puis s'en va" page 38 et 39 tout rebondit!: "fais-moi tourner" "plus vite", "vite parce que je dois retourner travailler"
Les étreintes, le accolades vont bon train dans cet univers bigaré de voltiges, de courses contre la montre, plus vite que le temps...
C'est magnifique et troublant de densité graphique, de mouvement, de rythme.
Et quel coloriste! 

dimanche 26 février 2012

"Alvin et les chipmunks 3 ": drôles de bestioles qui dansent!

Ces petites bêtes si sympathiques font mouche!
Des écureuils qui ne cessent de danser pour exprimer joie, beauté, charme et séduction.
C'est très réussi, jovial, endiablé et l'énergie mise au service du mouvement, de l'intrigue, atteste d'un scénario et d'une mise en scène léchée et construite.Réjouissant!

"Cloclo":un danseur inégalé

Le film de Florent Emilio Siri avec dans le rôle titre Jérémie Renier est une belle réussite et nous montre un Claude François aguerri à la danse, passionné de mouvement et de chorégraphie en compagnie de ses clodettes légendaires.Il fait danser la France dans toutes ses chansons, s'inspirant de la musique soul noire américaine puis du disco. De "Belles, belles, belles", son premier succès en 1962 jusqu'à "Alexandrie Alexandra"."Se donner corps et âme à la chanson, à la scène , à son public" fut son credo et sa devise.
Le film durent 2H 20 retrace le vie et l'œuvre de ce maniaque perfectionniste, ravageur de cœurs, pas toujours très clean d'ailleurs...
Un bel hommage, intelligent et au rythme fougueux semblable au personnage!

"Sport de filles": les chevaux dansent aussi.

Ce film signé Patricia Mazuy avec Marina Hands, Bruno Ganz et Josiane Balasko est le récit de la vie de Gracieuse, éperdument fan de cheval, palefrenière ambitieuse qui rêve de posséder sa monture et d'être l'élève du grand maitre incontournable du haras près de chez son père...
Les chevaux y exécutent de véritable ballet, avec pas et figures réglés comme des partitions de musique.De très belles séquences chorégraphiées nous rapellent toutes les affinités de la danse avec le monde équestre.
Le vocabulaire, déjà: manège, volte, assiette,galop, cabriole et la voltige, art académique, coqueluche du XIX ème siécle...
Voyons avec Paul Valéry:
"Le cheval marche sur les pointes.
Quatre ongles le portent.
Nul animal ne tient de la première danseuse, de l'étoile du corps de ballet,
comme un pur sang en parfait équilibre."
"A l'équilibre du pur sang et de l'étoile, je me permettrai d'ajouter la cabriole, figure de l'art de la cavalerie et de l'art chorégraphique.
Là encore la ressemblance est frappante.
Pour sauter le cheval tend ses pointes
comme la danseuse."

vendredi 24 février 2012

Grand Magasin, en "maîtres du mystère"

Le légendaire duo formé par Pascale Murtin et François Hiffler, œuvrant sous le pseudonyme de "Grand Magasin" repart à l'assaut d'un genre de spectacle bien à eux: "Les rois du suspense" font mouche avec leur humour distancé, décalé, les situations fort simples et dénuées de complexité qui cependant se transforment en labyrinthe de la pensée et du geste associé.Ils content et racontent à l'envie, des mystères qui n'en sont déjà plus puisque tout est révélé à l'avance de l'intrigue à chercher!
Enquêteur, en quête de filature pour détective  friands d"énigmes insolvables, les voilà embarqués sur une scène jonchée d'objets divers qui serviront leurs propos et l'avancement de leur recherche sémantique. Orpailleurs du verbe, du sourire pince sans rire, au royaume de l'absurde, ils nous convoquent avec plaisir dans une douce contagion pour savourer leurs trouvailles de tout genre!
Ingénieux ingénieurs, ils ne nous conduisent pas vraiment droit au but par des chemins de traverse, "chemins de l"âne" qui furète sans cesse et glane le meilleur, le "sot-l'y-laisse" !
Alors on atteint le sommet de l'incongru, on se prend au jeu et l'on déguste les couleurs flash de leurs atours, vert, jaune, tenue de ville smart et bc bg convenue.
Ces rois du suspense sont bien malins et mutins, espiègles en diable et manipulateurs de féerie, magiciens des situations, illusionnistes et fabricants de bonheur. Une boutique fantasque étrange et belle que ce fonds de "grand magasin" qui enchantait ce soir là le public, partenaire et complice, à Pôle Sud à Strasbourg.A visiter sans modération et sans label AOC.
Une longue histoire aussi de fidélité et de partenariat avec cette structure qui affectionne tout particulièrement les spectacles inclassables et enchanteurs, pour le plus grand bien de nos idées en chantier au sujet de la danse, toujours changeante.

jeudi 23 février 2012

"Les rois du suspense" par Grand Magasin: grandiose affabulation

Avec Pascale Murtin, et François Hiffler il faut s'attendre à tout!
Après le très brillant spectacle à quatre corps,"Voyez-vous ce que je vois" où ils déclaraient: « Rien ne m'assure que la couleur que je vois, le son que j'entends, le parfum que je sens soient perçus par mon entourage de la même façon que moi.Impossible de savoir ce que ressent exactement autrui et dans quelle mesure cette sensation correspond à la mienne. Problème fréquemment soulevé, souvent l'occasion de discussions interminables, dont nous nous bornerons à débattre, exemples à l'appui, une quarantaine de minutes.» Grand Magasin repart à la conquête de l'absurde et du déconcertant.
Après cette conférence qui avait été  préparée à la demande des « Soirées nomades » de la fondation Cartier pour l'art contemporain et prononcée pour la première fois en public le 21 novembre 2003, les voici à la recherche, en duo simplement de tout ce qui déraille gentiment dans le système.Ces "Ubu" rois, à deux, vont conjuguer sur le mode de l'humour froid, implacable et décalé, le jeu du suspense, du suspendu à leurs lèvres et à leurs démonstrations multiples sur ce vaste monde qui ne va pas toujours très droit!
Alors, laissez-vous faire et lâchez prise pour embarquer le temps du spectacle pour un voyage enchanteur et enchanté!
A Pôle Sud le 23 Février à 20H30 à Strasbourg


samedi 18 février 2012

"Go Go Tales": la danse est un art noble", pas pour les gogos!

La pole dance est une pratique de danse de cabaret érotique, de boite de nuit style strip-tease ou "go go dance" dont a toujours raffolé le Pigalle de Paname et autre capitale du plaisir.
Cette discipline qui consiste à réaliser des figures acrobatiques autour d'un mât vertical fait fureur dans le monde entier. Même si elle garde une réputation sulfureuse.... Cette activité sensuelle des cabarets pour messieurs est au cœur de "Go Go Tales".
Le dernier film de Abel Ferrara est né sous le signe d'une bonne étoile: pas celle de l'Opéra de Paris, ni des stars du Crazy Horse! Celle d'un firmament, d'un paradis constellé de beautés féminines, plus onctueuses les unes que les autres.



C'est simplement l'histoire du cabaret "Paradise" dirigé par un joueur de loto, Ray Ruby, personnage haut en couleurs, affublé de ses acolytes qui ne valent pas mieux que lui.
Les danseuses, elles, sont talentueuses, sensuelles et la caméra les dévoile dans une mouvance tout près des corps, fluide, ondoyante, coulée, troublante. Ca ondule des fesses à foison, à l'envie et procure du bonheur . Ce petit monde chahute et virevolte avec moult problèmes insolubles...."La danse est un art noble" entonne le tenancier de la boite qui défend son gagne pain comme il peut à ses bailleurs de fonds: en l'occurrence une vieille rombière décatie et hystérique à souhait.
Même une petite chienne se met de la partie et fait son numéro de pole dance....
Allez, ce n'est pas un chef-d'œuvre, mais la danse y est plus qu'un prétexte, c'est le clou du film et elle émet des signaux forts quant à l'importance qu'elle prend dans la société, le voyeurisme, le dionysiaque!

"Flip book": ré-citation, ré-création:Merce by Merce by Charmatz!



Alors que la compagnie de Merce Cunningham lui rend un dernier hommage en présentant "Suite for five", Boris Charmatz interroge en gardien iconoclaste de la mémoire de la danse, l'œuvre protéiforme du grand Merce, ce bird aux pieds de Pégase qui sautait plus haut que son ombre, et faisait des gymnopédies d'Erik Satie, des musiques à danser autour du buffet! Et voici les enfants terribles de Cunningham heureux d'en découdre avec le traditionnel "hommage à" en s'inspirant du bel ouvrage de référence de David Vaughan, son biographe de toujours. Faisant office de partition chorégraphique pour la régie durant le spectacle, le book est l'objet de la tourne, comme pour un musicien attelé à son instrument. Placé juste derrière la régie, on se régale de voir évoluer les six danseurs à l'image des photographies qui illustrent ce temple de la mémoire et du patrimoine de Cunningham.
Mais pas de mimétisme pour autant.L'humour, le détachement et la distanciation font jaillir de la danse des bribes, des détails, des citations chorégraphiques qui sourdent des corps en éternel mouvement. La musique? Elle va et vient, se fraye un chemin dans le vaste espace où les danseurs lancés dans leurs "events" font les électrons libres. Foofwa d'Imobilité, Raphaëlle Delaunay et les autres, Boris Charmatz semblent se régaler, entre contrainte, discipline et imagination débordante. Ils plaisantent, se rient de leur expérience comme Merce le faisait avec son compagnon de vie et de scène, John Cage, pouffant de rire et de vie à longueur de journée (voir le très beau film (Cage/ Cunningham de Elliot Kaplan)


Les justaucorps dont les six danseurs sont vêtus évoquent les ballets de Cunningham et l'on se complait à y voir en raccourci l'une ou l'autre des œuvres citées, telles "Beach bird".Un "scénario" inoubliable où après ce condensé d'images-mémoire, chacun se lâche et laisse libre cours à son interprétation de l'univers du maestro de la post-modern dance, toujours à l'affut du neuf, du drôle et du chorégraphiquement "incorrect".Quelle intelligence de la part de Charmatz de montrer ainsi que son "musée de la danse" est vivant, déflagrateur, respectueux et empreint de la "culture" de la danse qui échappe ainsi à tout formatage classique.
Oui, "je suis une école de danse" ouvrage qu'il signe comme manifeste ou traité est bien vrai et d'actualité. Si un centre chorégraphique est bien ce "bocal" où l'on "conserve" l'authenticité du mouvement de la pensée, alors Boris est bien la Méduse de Valéry, ou cet homme qui ne danse pas de Mallarmé. A vos livres, à vos "book" pour en faire non des gadgets mais des trésors à partager, à feuilleter comme des rebondissements, des idées à saisir au vol. Au voleur d'images, à celui qui capte le monde à vif, merci pour  ce roaratorio, ce polarity, ces combinaisons, comme autant de combines à la Rauschenberg...
Quand les contemporains signent une danse imbibée de Merce tout en tuant le "père" pour naviguer en free-lance dans l'espace, c'est à une totale réussite jubilatoire que l'on assiste, suspendus au rythme, au timing du spectacle, en proie à une empathie rare et audacieuse.Homme-animal, homme- oiseau notre Piped est loin d'être mort et enterré.
Comme avec Jérôme Bel et son "Cédric Andrieu", encore une belle vision des connivences, complicités et conversations avec le grand "papy" de la danse!!!!
Surtout pas de mausolée pour embaumer la danse, ni de panthéon! Cela met du "baume" au corps que d'assister à un tel événement, un juste chassé-croisé, entre chat et loup à l'aube du deuil de Merce Cunningham!

jeudi 16 février 2012

"Let's dance": quand la Perfide Albion se déchaîne avec le Ballet du Rhin

Judicieuse idée de la part de Bertrand d'At directeur du Ballet du Rhin à Mulhouse,que d'imaginer un programme "british" pour honorer l'année de la présidence britannique du Conseil de l'Europe, à Strasbourg.
Un triptyque qui rassemble une œuvre de référence "Le Jardin aux Lilas" d'Antony Tudor et deux créations.Pour cette pièce, pas une ride depuis 1936, date de sa création pour le Ballet Rambert. Beaucoup de grâce, de nostalgie dans une danse qui en découd avec l'académisme et retrouve fraîcheur, innocence et fluidité d'un lexique néoclassique, sobre, enjoué, léger et quasi romantique.La pleine lune, la forêt en sont de la partie, pour plonger les couples, solistes ou pas de trois ou quatre dans une atmosphère  sereine emplie de la jouissance du beau. Les interprètes s'y plaisent assurément et la musique de Chausson contribue à rehausser ce plaisir délectable d'un classique bienvenu en ces temps d'évanescence du chorégraphiquement correct.


Avec "Many" en seconde partie de la soirée, c'est à Thomas Noone qu'est confié le soin de diriger la compagnie sur les pas de la création. Il signe décors et costumes pour évoquer la foule, l'anonymat, et ceci avec un don inné de l'unisson, légèrement décalée. Une danse "chorale" qui parfois rompt avec l'unité pour isoler l'un ou l'autre de ces personnages interchangeables, vêtus à la citadine, sobrement "quotidiens" dans leurs évolutions, déplacements et agencement de foule. Deux pans de murs laissent par un interstice passer les corps, à reculons, à rebrousse poil. La danse y gagne en fluidité, les portés se font électriques, les gestes tétaniques et architectoniques. La musique de Philp Sheppard est un bijou d'orfèvrerie musicale, la composition pour cette mouvance,en adéquation avec le dynamisme, le suspens engendré par les groupes .
Après un entracte, le rythme de la soirée s'amplifie avec "Tea for six (or ten)", une chorégraphie "maison" signée Mathieu Guilhaumon. Pour un coup d'essai, voici un coup de maitre!
Hymne aux objets emblématiques de la vieille Angleterre, à savoir: la couronne, le parapluie, la tasse de thé, les roses et l'horloge de Big Ben, les gardes et la relève du Royaume, cette pièce est riche, pleine de surprises agréables, de clins d'œils humoristiques aux us et coutumes des insulaires!
Du bel ouvrage sur du Purcell avec des costumes superbes et innovants, à la coupe très "design" qui magnifie un style tonique où l'espace est judicieusement partagé par les danseurs qui semblent se fondre dans cet univers légèrement déjanté et malgré tout "pas sage" pour autant.Un nuage au dessus de tout cela fait la pluie et le beau temps de la chorégraphie changeante comme la météo capricieuse. On y convoite la couronne, on y manie le parapluie, on y partage une tasse de thé géante, surdimentionnée à l'envie!
Voici une pièce inattendue, réjouissante et pleine d'allant pour le juste bonheur d'un "tea for two" pris en compagnie d'interprètes radieux et pleins d'un discret talent porté ici au zénith en "interne".
So british, so design aussi que cette soirée astucieuse, à l'image de son directeur qui se plait à décaler, surprendre et oser parcourir avec bravoure les sentiers de la création autant que du répertoire. Pour nous rappeler que la danse vient bien de quelque part et non pas de nulle part.