Duende!
Musique de chambre et lectures
Dans le cadre du festival Arsmondo Tsigane.
Poète, dramaturge, musicien, illustrateur, Federico García Lorca a consacré les trente-huit années de sa vie à l'art. Son plus célèbre recueil de poèmes - Romancero Gitano (1928) - s'inspire de la culture gitane et lui a valu sa renommée en Espagne et dans le monde entier. Cinq ans plus tard, il donne sa célèbre conférence Jeu et théorie du Duende à Buenos Aires, tentant de définir un schéma d'inspiration artistique, basé sur le concept gitan traditionnel du « Duende », ce charme irrésistible et envoûtant qui constitue l'âme du flamenco.
Strasbourg Opéra, Salle Ponnelle
Concert en coréalisation avec l’ensemble lovemusic.
Ensemble lovemusic Flûte Emiliano Gavito Clarinette Adam Starkie Violon/alto Emily Yabe Violoncelle Lola Malique Guitare Christian Lozano Soprano Marion Tassou Comédien (élève de l’École du TNS, section jeu) Yanis Bouferrache
Présentation
Le collectif strasbourgeois lovemusic propose une exploration de l'œuvre de García Lorca qui se nourrit de cette riche tradition populaire gitane - comprenant ses propres Chants populaires espagnols ainsi que d'autres œuvres inspirées par García Lorca, dont une nouvelle pièce de Michele Abondano spécialement écrite pour ce concert. La musique est ponctuée par des extraits de textes et de poèmes de García Lorca lus par Yanis Bouferrache.
Tout démarre par la lecture d'un texte de Federico García Lorca, là où le duende est défini entre la muse et l'ange "depuis la plante des pieds"!Cette douleur humaine qui n'a pas de consolation....
Puis c'est l'oeuvre de Michelle Agnes Magalhaes – Lorca Fragments
pour flûte, clarinette, violon, violoncelle, guitare et vidéo.Comme une plainte des vents qui soupire sur fond de dessins qui semblent se tracer en direct et en osmose: figures de couples, traits noirs qui sillonnent l'écran: un matelot à la Jean Cocteau, un visage à la André Matisse, un paysage à la Folon. La sécheresse des sons, discrète émanation de chacun des instruments, craquelle, crisse, souffle, s'ébruite.Sons parfois sinueux, ondulant, selon les séquences ponctuées de silences en retenue.Craquements, claquements des sonorités pour créer un univers douloureux: des mains coupées se tracent, deux visages s'esquissent, les saccades et hachures de la musique y font écho.Encore un visage fléché de clown triste ou de matelot, des clapotis de doigts sur les cordes....Un paysage sonore intense et discret, recherché, sensible.
Au tour de la pièce de Federico García Lorca – Canciones españolas antiguas (extraits)
pour soprano et guitare, toujours après une brève lecture du comédien conteur.Un précieux classique morceau très nuancé, modulé par la voix de Marion Tassou au jeu subtil, bras ouverts, se balançant au gré des sons de la guitare complice de ces accents dilués des sonorités douces et tendres.Regard mutin, beaux gestes, vêtue de blanc, la chanteuse séduit et conquière l'attention.
Passons à l'oeuvre de Michelle Agnes Magalhaes – 4 Canciones españolas
pour soprano, flûte, clarinette, violon et guitare: la voix y est instrument vocal, acoustique à part entière, pleine d’allant aux influences traditionnelles: la découpe du son, dissonante, entrainante, la voix chaude et pleine de la cantatrice ponctue le chatoiement des timbres, très rythmés, dansants.Telle une habanera, narrative, dramatique, la musique se transforme en zapatéados, séquences fragmentées très diverses!
Au tour de l'opus de Manuel de Falla – Canciones españolas antiguas (extraits)
pour soprano et guitare de nous ravir par sa pudeur, sa discrétion: voix et guitare complices pour une atmosphère singulière de tendresse, de nostalgie.
Et au final l'écriture unique de Michele Abondano – Ya, no soy yo –
pour cinq instrumentistes parlants: une création pour cette soirée inédite.Après la lecture d'un texte évoquant la lune, les gitans et l'enfant, cette audition des cordes couchées, frottées, grattées pour engendrer des sons de la matière même des instruments est une découverte visuelle surprenante! Le souffle des voix, des vents s'y engouffre discrètement: tel un laboratoire, atelier de fabrication de sons inédits. Dérapages, bruitages incongrus évoquant des objets, sons et souffle du saxophone dans l'eau, créent un univers grinçant, aquatique, aqueux, trouble, étrange inédit... Bulles de sonorités futiles, volages, évanescentes, ambiance, atmosphère unique de sonorités en partance, en voyage.
Ce concert de musique de chambre, bordé de lectures est singulier, rare, à l'image de la ligne édiotiriale du collectif love musique qui n'a pas froid aux yeux ni aux oreilles pour nous offrir des instants inouïs, toujours très visuels et déroutants!
Strasbourg Opéra, Salle Ponnelle 31 mars 2022
Concert en coréalisation avec l’ensemble lovemusic
Ensemble lovemusic Flûte Emiliano Gavito Clarinette Adam Starkie Violon/alto Emily Yabe Violoncelle Lola Malique Guitare Christian Lozano Soprano Marion Tassou Comédien (élève de l’École du TNS, section jeu) Yanis Bouferrache