dimanche 31 mai 2015

"Dancers" :histoires de danseurs!

Kenneth Elvebakk signe un documentaire attachant, malgré des longueurs que l’on pourrait qualifier de disgracieuses dans une oeuvre qui célèbre l’art de la danse.
Argument : Inséparables et complices depuis l’enfance, Lukas, Syvert et Torgeir, sont trois jeunes danseurs qui partagent le même rêve : intégrer l’Académie de ballet d’Oslo. Mais les places sont chères et les opportunités rares. Acharnés à réussir, à se perfectionner et à faire de leur corps l’instrument parfait, ils nous emmènent dans leur quotidien rythmé par la dureté des entraînements et le stress des auditions. Autant d’épreuves qu’ils sont prêts à surmonter pour, un jour, devenir danseur étoile.

Hannetons qui dansent !





Légumes qui dansent ! Duo !




Mamans qui dansent !



samedi 30 mai 2015

Corps et modèles d'artiste: le mannequin dévoilé !


 MANNEQUIN D’ARTISTE, MANNEQUIN FETICHE

Une superbe exposition au Musée Bourdelle à Paris sur les mannequins d'artistes!!!
Depuis quand les artistes ont-ils recours aux mannequins ? Comment s’en servaient-ils? Comment leur rôle a-t-il évolué avec les courants artistiques ? Quels rapports les artistes, peintres et sculpteurs, entretenaient-ils avec ces compagnons silencieux? De petite taille ou grandeur nature, le mannequin d’artiste sert dès la Renaissance à progresser dans l’art de la composition et dans le rendu des drapés et des proportions anatomiques.
Dès la fi n du XVIIIe siècle, nombreux sont les artistes à explorer ce simulacre dont « l’inquiétante étrangeté » croise celle des poupées de mode et des mannequins de vitrine. Plus tard, au fi l des XIXe et XXe siècles, sur un mode ludique, ironique, érotique, voire inquiétant, la fi gure du mannequin devient le sujet même de l’œuvre. L’étude de Jane Munro, remarquablement documentée, retrace cette évolution et s’appuie sur une iconographie variée et souvent étonnante (peintures, dessins, brevets d’invention et schémas, photographies…), brassant ainsi plusieurs siècles d’histoire de l’art. Le livre progresse de façon chronologique, questionnant le travail d’artistes qui, de Poussin à Courbet, de Burnes Jones à Sert, Bellmer ou Man Ray, ont mis en scène ce compagnon muet, indispensable et troublant. L’iconographie exceptionnelle du catalogue embrasse une part très large de l’histoire de l’art et révèle un contenu d’une grande richesse Le sujet est insolite, rarement traité au travers du prisme de l’histoire de l’art, il invite à jeter un œil nouveau sur le travail des plus grands artistes
.

vendredi 29 mai 2015

Steven Cohen, Quasimodo de foire dans sa bulle.

L'exposition à la HEAR Chaufferie à Strasbourg  ouvre ses portes ce vendredi 28 Mai à 18H 30 précises: à l'intérieur, l'espace blanc, le white cube est vide
Seul au centre trône sur une estrade surmontée d'une marche, un gigantesque distributeur de chewing gum ou de jouets dans des boules de plastiques
Mais dans son sein, sa matrice, c'est Steven Cohen qui se niche, loge son corps blanchi, dénudé, sanglé de sa guêpière ou corset rose, auréolé de dentelles rosées
Le tutu dans le bocal, comme un fœtus habitant d'une cloche transparente, recroquevillé
Identifié par une étoile jaune, collée sur la paroi du distributeur
C'est gênant, choquant et si parlant!


Bête ou monstre à contempler au musée de l'évolution ou dans le cabinet de curiosités d'un laboratoire d'expérimentation, une galerie de l'évolution ou une vitrine de musée anatomique.
Plus d'une heure durant, voici notre étrange animal contant de son corps une histoire de marchandage: on glisse dans la fente du jouet surdimentionné une pièce de monnaie et il s'anime, envoie par télécommande des images de ses performances, de la synagogue de Strasbourg, de son corps filmé en direct par une caméra paluche De ses entrailles aussi, ses yeux, sa glotte ! Radiographie echographie de la chair domptée, prisonnière, capturée comme un animal en cage que l'on mate.
Les gens se succèdent, hésitent à jouer ce jeu de la prostitution, du voyeurisme;on tire son coup pour voir !On reçoit une petite boule plastique ou des images !
Parfois Steven Cohen fait mine de refuser, les fait patienter: tout se mérite dans ce monde perverti !
Les spectateurs, debouts autour du totem, regardent fascinés ce corps sous cloche, maquillé toujours avec une extrême précision, lèvres noircies en cœur, longs cils graciles qui battent lentement........
La petite danseuse de quatorze ans de Degas dans sa vitrine est bien dépassée, de plusieurs longueurs !
A chaque époque, ses monstre et fantasmes, ses horreurs et ses plaisirs entre vérité, pornographie, mensonge et cruauté.

Performance dans le cadre de la résidence de l'artiste grâce à la HEAR, le FRAC Alsace, Pôle Sud

Une exposition des chaussures des performances de Steven Cohen, comme un reliquaire double ces instants de grâce inoubliables, uniques!
jusqu'au 29 Juin

Laurent Chétouane: bach/passion/johannes : come' Bach ! Bach again !


"Sept musiciens et cinq danseurs à l’écoute de "La Passion selon Saint-Jean". C’est la vision de Laurent Chétouane, emporté par la partition de Jean Sébastien Bach. Une échappée créative à perte de vue."
Le plateau nu, douze interprètes se glissent sur la scène et dévoilent peu à peu leurs attributions: sont-ils danseurs, musiciens, chanteurs?
Tout se mêle puis s’effrange, se délite dans la douceur et la lenteur.
Une chanteuse se révèle parmi eux, quatre danseurs et ceux qui regagnent leur "poste" pour des "taches" bien définies et mieux assumées: les musiciens instrumentistes du groupe  Solistenensemble Kaleidoskop.Confusions des répartitions de phrasés musicaux et chorégraphiques pour une simplification et une jouissance directe de l'oeuvre.
Plus de deux heurs durant c'est à la passion du Christ que nous sommes invités à méditer, à partager, à communier.Belle et généreuse idée que de faire lecture commune de la Passion selon St Jean: autant pour la musique qui s'égrène très justement, joyeuse, profonde, rebondissante, que pour une danse débridée, libre, simple et non performative..
Musique à danser? Ni fugue, ni requiem, elle glisse et définit des espaces où se lovent les danseurs, dans une gestuelle qui enfle et se déploie le long de la pièce
La danse Bach- chique
Sobre au début, plus cassante, marquée quand vient la crucifixion, le chemin de croix.
On relie l'oeuvre biblique avec intérêt et curiosité dans une lecture commune et collective
Messe, culte, rencontre plutôt entre le public et la volonté de Chétouane de donner à voir une oeuvre musicale jamais statique, toujours fluide et surprenante, décalée, humble, vivante, vive argent.
Bach again, come Bach pour une cérémonie partagée, païenne plus que religieuse, spirituelle en diable, corporelle, charnelle; anticonformiste, indisciplinaire à souhait mais "sage" aussi !
Étirée dans le temps et l'espace
Chemin de croix, bivouacs et haltes salvatrices vont nous mener au dénouement : la rédemption,résurrection, l'érection du danseur dans la danse qui n'a rien de très "catholique" ni "orthodoxe"

"Artiste transfuge entre France et Allemagne, entre théâtre et danse, Laurent Chétouane, se nourrit de philosophie. Elle irrigue ses pièces. De l’amitié dans son duo « M ! M » à cette pièce toute musicale. Auprès de Bach, on retrouve sa démarche singulière basée sur la rhétorique du corps, de la voix et sur la notion de représentation. A ses relectures des grandes œuvres classiques, qu’il s’agisse de textes ou de musiques, il sait donner la force d’une interprétation novatrice. Après ses remarqués « Sacré Sacre du Printemps » et « Variations sur l’Ouvert », il met en scène « BACH/PASSION/JOHANNES ». Avec en sous-texte, la pensée de Jean-Luc Nancy et l’idée de faire entendre une autre voix sur l’adoration.

Ni fusion ni effusion dans la chorégraphie de Laurent Chétouane. Sans doute un mouvement, inaccompli car incessant. Telle pourrait peut-être se qualifier cette « excès-danse » singulière modulant les formes de présence en scène : brèches, ouvertures, échappées, autorisant l’excès, le débordement."_IF

Au Maillon Wacken les 28 et 29 Mai 2OH 30 en accueil avec Pôle Sud

jeudi 28 mai 2015

La danse de Pierre Probst !



Un petit bijou mécanique !


mercredi 27 mai 2015

"Sous le signe de St Georges" : la résurection de Chopinot


Présenté avec le Centre chorégraphique de Strasbourg / Avec la collaboration du Musée de l'Oeuvre Notre Dame
Régine ressuscitée ! Mémoire vive d'un répertoire contemporain, archive transmise et revisitée pour le Musée de l'Oeuvre, un régal de patrimoine à déguster dans les méandres de l'architecture du lieu.
Tout débute par une invitation à la déambulation : dans la première salle du musée, d'étranges sculptures s'animent, colorées comme dans la polychromie d'origine du statuaire roman
Deux couples de figures grimaçantes et bien vivantes, cagoulées comme des chevaliers valeureux font la nique et le pied de nez à la bienséance; un bestiaire fantastique comme préambule, prologue à une plongée dans le temps, la danse du temps qui se glisse dans cet espace incongru, résonnant de chants d'oiseaux.Gainés de justaucorps bariolés, dépenaillés comme dans une cour des miracles.
Ces drôles de bestioles nous  conduiront en murmurant en grégorien, à cappella vers l'autel de leurs évolutions hybrides.
Anges ou démons? Merveilles...
Chimères, monstres rugissant de plaisir pour mieux impressionner les âmes sensibles et les menacer d'un avenir compromis si le comportement n'est pas irréprochable sur cette terre et de son propre vivant ! Puis l'on suit ce petit monde vers la grande salle des sculptures et s'y donne un bal bien étrange: dix personnages, comme des gueux vêtus de haillons s'adonnent à une danse collective heureuse, pleine de trouvailles de constructions architecturales éphémères, improbable et pourtant bien solide, campées par des interprètes imperturbables.Soucieux de détenir la charge légère d'un patrimoine chorégraphique toujours en marche, en vie !
Ils tricotent les maillons de la chaîne: il n'y a que maille qui m'aille dans ces trames et chaines qui se font et se défont sous nos yeux.
Comme des points de chaînette dans le tissu du phrasé chorégraphique!
Costaude, la danse de Régine, fine et ciselée aussi dans un maniérisme décalé, discret et suave.
Belle reprise, répétition de gestes à l'unisson, par des couples, trios, quatuors, duos En chaîne de corps qui s'enlacent, s’emboîtent, se frôlent et se passent l'énergie fluide pour mieux construire en décalé une cascade de mouvements dociles, malléables Des architectures de corps, bien dessinées comme des fondations, fondamentaux de la danse, colonnes vertébrales à l'écoute de la proximité du corps de l'autre
Avec Emmanuelle Konstantinidis, la plus "solide" armature charpentée  d'un groupe homogène, complice, à l'unisson dans les moultes décalages, ricochets et contrepoints de la partition chorégraphique.
Son des corps, émanation des bouches qui se tordent ou éructent des bruits corporels indicibles.
Que la danse est belle dans cet écrin de pierres, de statues qui écoutent et regardent ces figures animées qui oscillent, vacillent dans le silence des corps fébriles qui évoluent sur le sol de dalles .
L'atmosphère est recueillie, le public à l'écoute. Les interprètes se sont approprié l'écriture de Régine Chopinot qui radieuse salue avec eux, comme un seul groupe, soudé par l'expérience de toute une année de rencontres, de passation, d'échanges.
St Georges, priez pour eux, pour cette tribu radieuse qui palpite dans l'espace du musée sous les yeux des statues, des chimères, des vierges sages ou folles ! Tout un "roman" des formes, attitudes et poses qui se lit du début à la fin avec le même appétit, la même soif de jouir du mouvement, de l'épure et de la grâce. Le fruit défendu, l'oeuvre intacte de Notre Dame Chopinot, troubadour de la danse et de la chanson de gestes.Un petit "cygne" des temps en passant pour ne pas assécher l'eau du lac du répertoire contemporain de la danse.
Des corps qui virevoltent au rythme d'un poème épique, des personnages de chapiteaux romans sculptés qui revivent la geste d'antan, il y a de cela dans Sous le signe de Saint-Georges. ”L’univers de la chorégraphe la plus joliment allumée de sa génération, est ainsi fait, de petits bouts d'histoire ou de modernité, tordus, décalés, qu'elle rassemble en pièces déconcertantes comme autant de miroirs déformants.”

 Michèle Rust, qui dirige le Centre Chorégraphique de Strasbourg dévoué à l’enseignement artistique, a su convaincre la chorégraphe de transmettre l’une de ses anciennes pièces. Les interprètes sont issus du groupe de danseurs amateurs de l’atelier de recherche chorégraphique contemporain.Saint-Georges, pièce créée en 1991 devient ainsi Sous le signe de Saint-Georges avec des extraits recomposés de l’œuvre d’origine qui renouent avec l’écriture précisément ciselée et enjouée de la chorégraphe._

Par l'Atelier de Recherche Chorégraphique contemporain du Centre Chorégraphique de Strasbourg

le 31 MAI à La Grande Halle de la Villette à Paris dans le cadre de la rencontre nationale des Projets de danse en amateur et répertoire, retenus par le Centre National de la Danse

Au musée de l'Oeuvre Notre Dame, les 27/ 28/ 29 MAI à 18H 30 et 20H

réservation 03 88 36 32 47
EMDS@strasbourg.eu
Entrée libre
aa

"Fastes de Cour au XVII" : costumes de danse !


Un superbe catalogue signé Paulette Choné et Jérôme de La Gorce sur les costumes de Bellange et de Berain
Cette exposition présentera pour la première fois au public le précieux contenu d’un portefeuille acquis en 1854 par le duc d’Aumale, aujourd’hui conservé au musée Condé de Chantilly. Il s’agit de vingt–trois dessins exceptionnels de Jacques Bellange (v. 1575-1616), liés aux fêtes lorraines du mariage d’Henri de Bar avec Marguerite de Gonzague (1606), et d’une série de trente-quatre estampes au trait de Jean Berain (1640-1711), avec rehauts d’aquarelle, d’or et d’argent, qui évoquent magnifiquement les fastes des cours de Lorraine et de France du début à la fin du XVIIe siècle.
L’exposition présente pour la première fois au public le précieux contenu d’un portefeuille acquis en 1854 par le duc d’Aumale, aujourd’hui conservé au musée Condé de Chantilly. Il s’agit de vingt–trois dessins exceptionnels de Jacques Bellange (v. 1575-1616), liés aux fêtes lorraines du mariage d’Henri de Bar avec Marguerite de Gonzague (1606), et d’une série de trente-quatre estampes au trait de Jean Berain (1640-1711), avec rehauts d’aquarelle, d’or et d’argent, qui évoquent magnifiquement les fastes des cours de Lorraine et de France du début à la fin du XVIIe siècle.

mardi 26 mai 2015

"Free jew is cheap at twice the price" : Steven Cohen à Strasbourg, une "étoile" est née !


Sur les traces du souvenir, de la mémoire de Strasbourg, c'est à la station "Ancienne synagogue, les Halles" que Steven Cohen a élu son territoire d'investigation, son domicile , sa maison, ce samedi 23 Mai 2015....
Jour de chabbat, ce n'est pas un hasard, lieu de mémoire comme dans beaucoup de villes où est commémoré ainsi un passé peu "glorieux" mais à la mémoire vive d'événements au delà de l'entendement, au delà des capacités d'imagination de l'être humain.
Le voici qui apparaît à l'autre bout de l'"Allée des Justes parmi les Nations", perché sur des chaussures à talons, hauts talons rehaussés sur deux crânes humains, oscillant comme à l'aveugle sur le chemin tout tracé au sol, d'une allée des lamentations.Une étoile à cinq branches comme "casque" de guerre pacifique, non violente.Le chef étoilé par David, son roi, son étoile.
Il marche, intranquille, en déséquilibre permanent, quasi nu, le corps à peine masqué et dissimulé par un enchevêtrement de squelette, d'os comme un "tutu", comme la ceinture de bananes de Joséphine Baker: tout un symbole de camarde, de souffrances et de vanité. Un ossuaire vivant, en marche, fébrile, fragile comme cette matière osseuse, ici de papier sépia. Un "costume" hautement chargé de souvenirs, d'images insupportables, insoutenables.
Il se transporte ainsi, ce Saint Christophe de la Shoah, si sensible, si beau et juste que le temps s'arrête, se suspend, s'immobilise
Steven Cohen continue sa lente montée, entrecoupée de petits cris, de murmures susurrés comme jaillis du dernier souffle.
Il chemine, le visage maquillé avec extrême sophistication, un papillon sur l'arcade nasale, des couleurs, des lèvres en cœur, grimé, dissimulé par des traits de véritable portrait, tableau éphémère sur la peau.
Il vacille, s'écroule puis s'allonge sur la stèle commémorative, se pose ou se repose, épuisé
Encore la force d'allumer deux flambeaux d'artifice qui le magnifieront, éclairant chaleureusement, ce corps blanc gainé d'une guêpière, d'un corset ajusté.Puis il le quitte, s'en libère, se détache de ses derniers atours repérables, pose son étoile et nu, se lève, tend sa nuque, se prosterne, prie peut-être
Il se dépouille, ôte sa chrysalide, l'abandonne aux vautours.
Il essuie les cendres sur son "tombeau", hommage sans mot à l'humain.Phoenix, guéri,
Pas de pathos dans cette émouvante performance jamais provocante, toujours juste à fleur de peau, nue et crus comme ses gestes sobres Pas de sacrifié ni d'immolé mais une résurrection païenne de l'être soi!
Il disparaît, humble et recueilli dans cet hommage intime et fort à la mémoire de la communauté juive, celle de Strasbourg sur les vestiges de sa synagogue détruite par les nazis.
Les spectateurs on aussi le "loisir" de lire et découvrir ce lieu que l'on traverse d'habitude sans le souci de son sens et des inscriptions qui nous rappelle l'horreur et l'existence des massacres et autre faits ignobles de la "civilisation"
Steven Cohen , sous une "bonne étoile" star discrète œuvrant contre toute forme de discrimination, d'homophobie, d'exclusion, de génocide,
On reste sans mot, muet ou au contraire avide d'échanges avec son voisin: sur le drame ou sur la vie de tous les jours.
Difficile après une telle "apparition" d'éviter le sujet!


A l'initiative de Pôle Sud, de la HEAR et du FRAC Alsace, cette performance est inscrite dans le cadre d'une résidence de l'artiste à Strasbourg
A suivre, une exposition de ses objets à la Chaufferie dès le 29 Mai, suivie de performances, les 29 et 31Mai, Les 27 et 28 Juin à la HEAR

vendredi 22 mai 2015

"Hector,l'homme extraordinairement fort" de Magali Le Huche: costaud !


On savait que le cirque peut être un lieu magique mais celui-là dépasse la légende : tout y est extraordinaire ! Et surtout Hector, l’homme "extraordinairement fort." Cet hercule a des dons encore plus étonnants, qu’il ne veut révéler. Vous allez comprendre : Une fois rentré chez lui, dans le secret de son antre,
Amoureux d'une danseuse, artiste gracile et joyeuse!

 Hector devient le roi de la maille. Eh oui, il tricote ! Les jaloux se disent que le secret divulgué ridiculisera définitivement leur rival. Effectivement, Hector est très atteint et se croit perdu aux yeux de sa belle, Léopoldine. Que pensez-vous qu’il arrivât ?

Teintes roses et pourpres pour une histoire qui porte un coup aux stéréotypes machistes. Magali Le Huche nous campe un Hector viril, gracieux et touchant, avec les détails dans l’illustration qui font sa touche.


jeudi 21 mai 2015

"Joséphine": osez la BD !

"Joséphine
Joséphine Baker, la danse, la Résistance et les enfants" de Patricia Hruby Powell et Christian Robinson
édition "rue du monde"

C'est au cœur de la double vie d'artiste et d'humaniste de Joséphine Baker que nous plonge cet album tonique et bien documenté. Entre les pas de danse se dessine le portrait d'une femme engagée, contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis, puis dans la Résistance. en France. Car l'Amérique n'était pas prête à accueillir le volcan Joséphine, tout à la fois femme, noire et artiste sans entrave. La France, terre de liberté, devint son pays. C'est là qu'elle constituera sa « tribu arc-en-ciel », douze enfants du monde entier qu'elle adoptera. Depuis les taudis du Missouri en 1906 jusqu'à l'hommage de la France en 1975 qui célèbre comme une reine l'artiste qui vient de mourir, cet album raconte une histoire puissante, faite de luttes et de triomphes, d'art et d'authentiques choix humanistes.

cha-cha-cha!



"La loi du marché": le rock'n r"oll de la démission!


Un film de Stéphane Brizé où le destin d'un homme soumis et résigné pourrait basculer s'il ne comptait pas ses pas en apprenant le rock'n "r'oll
Son fils, handicapé mental tente de s’immiscer un jour dans la démonstration que ses parents lui font de leur savoir danser-compter, mais ne parvient pas à être au diapason de cette danse désincarnée!
Dieu soit loué!

Très beau jeu de Vincent Lindon en homme brisé, en miettes, tentant en vain de décoder les codes du marché du travail! Défaite, démission, capitulation à revendre!
À 51 ans, après 20 mois de chômage, Thierry commence un nouveau travail qui le met bientôt face à un dilemme moral. Pour garder son emploi, peut-il tout accepter ?

"La veillée des Grands Gourmands": pour éradiquer la misère!


Grandeur et misère de ce petit monde rassemblé autour d'un petit camion de street food, autour d'une roulotte de bohémiens
Une gypsie comédie du bonheur pour mieux chanter la misère
Pour la conjurer, l'évacuer, en faire une belle histoire, celle de Monsieur Misère en combat avec la camarde pour une histoire de poire william!
Dans la république du bonheur, les discours vont bon train, les chansons se succèdent, radieuses, réjouissantes et pleines de bon sens
Compositions originales interprétées à la guitare, live, comme ce chant commun et collectif du début de la pièce: dans un camion de victuailles, ambulant, comme un théâtre de guignol.
Nos escogriffes en tout genre, baladins, troubadours de la vie musicale, stationnent ici, le temps d'un bivouac pour libérer leurs soucis, leur fantaisie, leur humanité, leur générosité
A l'image du metteur en scène François Chattot, maître de cérémonie, directeur de dette petite foire du trône où chacun y va de sa gouaille.
La vie de Chattot, à la bonne franquette, vie de bohème!



La compagnie "Service public" c'est du baume, du placebo qui fait du bien qui maintient debout, vainqueur de la misère qui règne sur ce monde ostentatoire de consommation: un forum ouvert où l'on se joue des conventions.Un théâtre ouvert, fraternel, enjoué qui invite au partage.
C'est une prestation médicale non remboursée!
C'est quelques beaux textes révolutionnaires, c'est une barricade de 1848 où Jean Baptiste Clément aurait sa place, comme Victor Hugo avec son "hymne"
C'est aussi une mascarade à la Daumier de nos parlementaires, de nos députés, de nos polis petits chiens (disait de Gaulle) qui régissent ce monde grotesque et absurde du chaos social
C'est un portrait chaleureux d'une tribu solidaire qui prépare à manger pour tous et le distribue dans la chaleur de gestes fraternel
C'est la "valse de Munch" qui crie et voudrait que les oreilles aient des paupières comme les yeux pour les fermer devant la cruauté du monde!
Manque de chance, la misère se répand selon la légende en faisant fi de toute grâce.
"La veillée des grands gourmands" c'est celle des cœurs, des rires, des regards bienveillants, de la verve du verbe chatoyant et gai.C'est le bivouac, la halte, la pause derrière le comptoir du marchand ambulant, semeur de bonnes paroles, colporteur de bienfaits nourriciers.
Une cure de jouvence qui dénonce, désigne et montre du doigt ca qui cloche et va le conjurer pour rêver d'un monde meilleur, d'une bonne soupe, pas populaire, mais respectueuse des bons produits que l'on épluche en famille
A table, François les filles et les garçons!
La mélodie du bonheur
Convivialité qui se prêtre au dispositif de camion itinérant, garré sur scène comme il l'a été au festival du théâtre de rue de Chalons sur Marne
Dans l'Agora, on s'exprime et l'on partage, on déclame et philosophe à la volée, à la volette!,
Et quand la douanière de la bande esquisse un pas de danse, c'est pour semer des pétales de roses rouges, celle de la révolution, de la république en marche ou en marge de notre société
Gourmands de mots et de textes, gloutons de beauté, ils incarnent le théâtre, la scène
Ceux sans qui le monde ne serait pas lumineux: lumières er lucioles que chacun ici porte comme un flambeau , un bon plat de risotto à partager!
9a mijote tout au long du spectacle et l'on déguste la chair des mots et des mets, comme autant d'entremets salvateurs et nourrissant
Le gout des autres et de soi, la chanson de gestes édifiante et fondatrice de l'humain
Beaucoup de tendresse et de poésie ici au "service public" du théâtre de rue, du voyage
Ici "conditionné dans la boite noire de conserve mais qui n'en perd pas un gramme de convivialité!
A u TNS salle Gruber jusqu'au 24 Mai