lundi 27 février 2012

danse et cinéma : N°6 Thierry De Mey

Thierry De Mey pour William Forsythe avec "One Flat thing reproduced" musique Thom Willems

Ce réalisateur de films, musicien, vidéaste, compagnon de route de Anne Teresa De Keersmaeker, Michèle -Anne De Mey, Wim Vandekeybus.ne se revendique pas comme"compositeur-réalisateur" et encore moins comme "compositeur-chorégraphe". Sa démarche interdisciplinaire se centre sur le mouvement parce qu'il conçoit ce dernier comme le fondement d'un dialogue entre les arts: "Le mouvement fédère et rassemble les approches, et provoque la fusion en une démarche synthétique".En outre qu'il s'agisse du mouvement dansé ou du mouvement produit par le musicien sur son instrument, ou du mouvement de la caméra."Venir à la rencontre" a toujours été pour lui une force alliée, une invitation, un risque excitant pour écrire, réaliser, composer de la musique: rencontre avec le poétique dans l'ouverture de cet espace très intérieur où le sens émerge, non encore formulé en mots, en notes, en images.Puis parallèlement à la rencontre avec la matière, le son, la lumière, la présence de ceux qui vont le porter: musiciens, acteurs, danseurs...
Sur la musique de film, il confie:
"Trop souvent, musiques de scène, de chorégraphie, musiques de films sont des musiques pauvres dont la raison d'être s'arrête à leur fonctionnalité au service du visuel, oubliant le souffle, l'inspiration, les sources du dépassement, de renouvellement que peut constituer le dialogue avec d'autres disciplines artistiques, avec d'autres modes de perception du réel."
Dans "One flat" grâce aux rapports entre les objets fixes, les corps en mouvement et l'articulation de la caméra, le film capture les principes chorégraphiques développés par Forsythe, fondés sur un système de signes visuels et interactifs entre les danseurs, en les transformant en langage du cinéma.
En 1905 dans "L'esprit des formes" Elie Faure prophétisait que le film de danse serait l'œuvre à venir où fusionneraient toutes les disciplines artistiques, dans un acte de création qui ne serait pas le fantasme totalitaire de l'addition de médias différents, mais au contraire une œuvre où toutes les données circuleraient pour se mettre mutuellement en tension.

Avec "Counter Phrase", chorégraphié par A.T De Keersmaeker et mis en musique par différents compositeurs contemporains-Aperghis, De Mey, Steve Reich....-Thierry De Mey propose un aboutissement de cette réflexion et porte aux nues ses axiomes tension-mouvement-souffle et interprétation.Il filme la danse sous des angles inhabituels pour élaborer une syntaxe d'images originales et transcrire la danse.Il porte aussi la danse dans des lieux extérieurs pour lui créer des espaces singuliers où elle trouve d'autres territoires d'écriture.

Cette même séance, visionnage de "Allée des cosmonautes" de Sahsa Waltz, fiction dansée et réalisée par la chorégraphe allemande berlinoise:une saga familiale sur fond de crise sociale dans un HLM.
Et "Annonciation" de Angelin Preljocaj (chorégraphie et réalisation)

dimanche 26 février 2012

"Alvin et les chipmunks 3 ": drôles de bestioles qui dansent!

Ces petites bêtes si sympathiques font mouche!
Des écureuils qui ne cessent de danser pour exprimer joie, beauté, charme et séduction.
C'est très réussi, jovial, endiablé et l'énergie mise au service du mouvement, de l'intrigue, atteste d'un scénario et d'une mise en scène léchée et construite.Réjouissant!

"Cloclo":un danseur inégalé

Le film de Florent Emilio Siri avec dans le rôle titre Jérémie Renier est une belle réussite et nous montre un Claude François aguerri à la danse, passionné de mouvement et de chorégraphie en compagnie de ses clodettes légendaires.Il fait danser la France dans toutes ses chansons, s'inspirant de la musique soul noire américaine puis du disco. De "Belles, belles, belles", son premier succès en 1962 jusqu'à "Alexandrie Alexandra"."Se donner corps et âme à la chanson, à la scène , à son public" fut son credo et sa devise.
Le film durent 2H 20 retrace le vie et l'œuvre de ce maniaque perfectionniste, ravageur de cœurs, pas toujours très clean d'ailleurs...
Un bel hommage, intelligent et au rythme fougueux semblable au personnage!

"Sport de filles": les chevaux dansent aussi.

Ce film signé Patricia Mazuy avec Marina Hands, Bruno Ganz et Josiane Balasko est le récit de la vie de Gracieuse, éperdument fan de cheval, palefrenière ambitieuse qui rêve de posséder sa monture et d'être l'élève du grand maitre incontournable du haras près de chez son père...
Les chevaux y exécutent de véritable ballet, avec pas et figures réglés comme des partitions de musique.De très belles séquences chorégraphiées nous rapellent toutes les affinités de la danse avec le monde équestre.
Le vocabulaire, déjà: manège, volte, assiette,galop, cabriole et la voltige, art académique, coqueluche du XIX ème siécle...
Voyons avec Paul Valéry:
"Le cheval marche sur les pointes.
Quatre ongles le portent.
Nul animal ne tient de la première danseuse, de l'étoile du corps de ballet,
comme un pur sang en parfait équilibre."
"A l'équilibre du pur sang et de l'étoile, je me permettrai d'ajouter la cabriole, figure de l'art de la cavalerie et de l'art chorégraphique.
Là encore la ressemblance est frappante.
Pour sauter le cheval tend ses pointes
comme la danseuse."

vendredi 24 février 2012

Grand Magasin, en "maîtres du mystère"

Le légendaire duo formé par Pascale Murtin et François Hiffler, œuvrant sous le pseudonyme de "Grand Magasin" repart à l'assaut d'un genre de spectacle bien à eux: "Les rois du suspense" font mouche avec leur humour distancé, décalé, les situations fort simples et dénuées de complexité qui cependant se transforment en labyrinthe de la pensée et du geste associé.Ils content et racontent à l'envie, des mystères qui n'en sont déjà plus puisque tout est révélé à l'avance de l'intrigue à chercher!
Enquêteur, en quête de filature pour détective  friands d"énigmes insolvables, les voilà embarqués sur une scène jonchée d'objets divers qui serviront leurs propos et l'avancement de leur recherche sémantique. Orpailleurs du verbe, du sourire pince sans rire, au royaume de l'absurde, ils nous convoquent avec plaisir dans une douce contagion pour savourer leurs trouvailles de tout genre!
Ingénieux ingénieurs, ils ne nous conduisent pas vraiment droit au but par des chemins de traverse, "chemins de l"âne" qui furète sans cesse et glane le meilleur, le "sot-l'y-laisse" !
Alors on atteint le sommet de l'incongru, on se prend au jeu et l'on déguste les couleurs flash de leurs atours, vert, jaune, tenue de ville smart et bc bg convenue.
Ces rois du suspense sont bien malins et mutins, espiègles en diable et manipulateurs de féerie, magiciens des situations, illusionnistes et fabricants de bonheur. Une boutique fantasque étrange et belle que ce fonds de "grand magasin" qui enchantait ce soir là le public, partenaire et complice, à Pôle Sud à Strasbourg.A visiter sans modération et sans label AOC.
Une longue histoire aussi de fidélité et de partenariat avec cette structure qui affectionne tout particulièrement les spectacles inclassables et enchanteurs, pour le plus grand bien de nos idées en chantier au sujet de la danse, toujours changeante.

jeudi 23 février 2012

"Les rois du suspense" par Grand Magasin: grandiose affabulation

Avec Pascale Murtin, et François Hiffler il faut s'attendre à tout!
Après le très brillant spectacle à quatre corps,"Voyez-vous ce que je vois" où ils déclaraient: « Rien ne m'assure que la couleur que je vois, le son que j'entends, le parfum que je sens soient perçus par mon entourage de la même façon que moi.Impossible de savoir ce que ressent exactement autrui et dans quelle mesure cette sensation correspond à la mienne. Problème fréquemment soulevé, souvent l'occasion de discussions interminables, dont nous nous bornerons à débattre, exemples à l'appui, une quarantaine de minutes.» Grand Magasin repart à la conquête de l'absurde et du déconcertant.
Après cette conférence qui avait été  préparée à la demande des « Soirées nomades » de la fondation Cartier pour l'art contemporain et prononcée pour la première fois en public le 21 novembre 2003, les voici à la recherche, en duo simplement de tout ce qui déraille gentiment dans le système.Ces "Ubu" rois, à deux, vont conjuguer sur le mode de l'humour froid, implacable et décalé, le jeu du suspense, du suspendu à leurs lèvres et à leurs démonstrations multiples sur ce vaste monde qui ne va pas toujours très droit!
Alors, laissez-vous faire et lâchez prise pour embarquer le temps du spectacle pour un voyage enchanteur et enchanté!
A Pôle Sud le 23 Février à 20H30 à Strasbourg


samedi 18 février 2012

"Go Go Tales": la danse est un art noble", pas pour les gogos!

La pole dance est une pratique de danse de cabaret érotique, de boite de nuit style strip-tease ou "go go dance" dont a toujours raffolé le Pigalle de Paname et autre capitale du plaisir.
Cette discipline qui consiste à réaliser des figures acrobatiques autour d'un mât vertical fait fureur dans le monde entier. Même si elle garde une réputation sulfureuse.... Cette activité sensuelle des cabarets pour messieurs est au cœur de "Go Go Tales".
Le dernier film de Abel Ferrara est né sous le signe d'une bonne étoile: pas celle de l'Opéra de Paris, ni des stars du Crazy Horse! Celle d'un firmament, d'un paradis constellé de beautés féminines, plus onctueuses les unes que les autres.



C'est simplement l'histoire du cabaret "Paradise" dirigé par un joueur de loto, Ray Ruby, personnage haut en couleurs, affublé de ses acolytes qui ne valent pas mieux que lui.
Les danseuses, elles, sont talentueuses, sensuelles et la caméra les dévoile dans une mouvance tout près des corps, fluide, ondoyante, coulée, troublante. Ca ondule des fesses à foison, à l'envie et procure du bonheur . Ce petit monde chahute et virevolte avec moult problèmes insolubles...."La danse est un art noble" entonne le tenancier de la boite qui défend son gagne pain comme il peut à ses bailleurs de fonds: en l'occurrence une vieille rombière décatie et hystérique à souhait.
Même une petite chienne se met de la partie et fait son numéro de pole dance....
Allez, ce n'est pas un chef-d'œuvre, mais la danse y est plus qu'un prétexte, c'est le clou du film et elle émet des signaux forts quant à l'importance qu'elle prend dans la société, le voyeurisme, le dionysiaque!

"Flip book": ré-citation, ré-création:Merce by Merce by Charmatz!



Alors que la compagnie de Merce Cunningham lui rend un dernier hommage en présentant "Suite for five", Boris Charmatz interroge en gardien iconoclaste de la mémoire de la danse, l'œuvre protéiforme du grand Merce, ce bird aux pieds de Pégase qui sautait plus haut que son ombre, et faisait des gymnopédies d'Erik Satie, des musiques à danser autour du buffet! Et voici les enfants terribles de Cunningham heureux d'en découdre avec le traditionnel "hommage à" en s'inspirant du bel ouvrage de référence de David Vaughan, son biographe de toujours. Faisant office de partition chorégraphique pour la régie durant le spectacle, le book est l'objet de la tourne, comme pour un musicien attelé à son instrument. Placé juste derrière la régie, on se régale de voir évoluer les six danseurs à l'image des photographies qui illustrent ce temple de la mémoire et du patrimoine de Cunningham.
Mais pas de mimétisme pour autant.L'humour, le détachement et la distanciation font jaillir de la danse des bribes, des détails, des citations chorégraphiques qui sourdent des corps en éternel mouvement. La musique? Elle va et vient, se fraye un chemin dans le vaste espace où les danseurs lancés dans leurs "events" font les électrons libres. Foofwa d'Imobilité, Raphaëlle Delaunay et les autres, Boris Charmatz semblent se régaler, entre contrainte, discipline et imagination débordante. Ils plaisantent, se rient de leur expérience comme Merce le faisait avec son compagnon de vie et de scène, John Cage, pouffant de rire et de vie à longueur de journée (voir le très beau film (Cage/ Cunningham de Elliot Kaplan)


Les justaucorps dont les six danseurs sont vêtus évoquent les ballets de Cunningham et l'on se complait à y voir en raccourci l'une ou l'autre des œuvres citées, telles "Beach bird".Un "scénario" inoubliable où après ce condensé d'images-mémoire, chacun se lâche et laisse libre cours à son interprétation de l'univers du maestro de la post-modern dance, toujours à l'affut du neuf, du drôle et du chorégraphiquement "incorrect".Quelle intelligence de la part de Charmatz de montrer ainsi que son "musée de la danse" est vivant, déflagrateur, respectueux et empreint de la "culture" de la danse qui échappe ainsi à tout formatage classique.
Oui, "je suis une école de danse" ouvrage qu'il signe comme manifeste ou traité est bien vrai et d'actualité. Si un centre chorégraphique est bien ce "bocal" où l'on "conserve" l'authenticité du mouvement de la pensée, alors Boris est bien la Méduse de Valéry, ou cet homme qui ne danse pas de Mallarmé. A vos livres, à vos "book" pour en faire non des gadgets mais des trésors à partager, à feuilleter comme des rebondissements, des idées à saisir au vol. Au voleur d'images, à celui qui capte le monde à vif, merci pour  ce roaratorio, ce polarity, ces combinaisons, comme autant de combines à la Rauschenberg...
Quand les contemporains signent une danse imbibée de Merce tout en tuant le "père" pour naviguer en free-lance dans l'espace, c'est à une totale réussite jubilatoire que l'on assiste, suspendus au rythme, au timing du spectacle, en proie à une empathie rare et audacieuse.Homme-animal, homme- oiseau notre Piped est loin d'être mort et enterré.
Comme avec Jérôme Bel et son "Cédric Andrieu", encore une belle vision des connivences, complicités et conversations avec le grand "papy" de la danse!!!!
Surtout pas de mausolée pour embaumer la danse, ni de panthéon! Cela met du "baume" au corps que d'assister à un tel événement, un juste chassé-croisé, entre chat et loup à l'aube du deuil de Merce Cunningham!

jeudi 16 février 2012

"Let's dance": quand la Perfide Albion se déchaîne avec le Ballet du Rhin

Judicieuse idée de la part de Bertrand d'At directeur du Ballet du Rhin à Mulhouse,que d'imaginer un programme "british" pour honorer l'année de la présidence britannique du Conseil de l'Europe, à Strasbourg.
Un triptyque qui rassemble une œuvre de référence "Le Jardin aux Lilas" d'Antony Tudor et deux créations.Pour cette pièce, pas une ride depuis 1936, date de sa création pour le Ballet Rambert. Beaucoup de grâce, de nostalgie dans une danse qui en découd avec l'académisme et retrouve fraîcheur, innocence et fluidité d'un lexique néoclassique, sobre, enjoué, léger et quasi romantique.La pleine lune, la forêt en sont de la partie, pour plonger les couples, solistes ou pas de trois ou quatre dans une atmosphère  sereine emplie de la jouissance du beau. Les interprètes s'y plaisent assurément et la musique de Chausson contribue à rehausser ce plaisir délectable d'un classique bienvenu en ces temps d'évanescence du chorégraphiquement correct.


Avec "Many" en seconde partie de la soirée, c'est à Thomas Noone qu'est confié le soin de diriger la compagnie sur les pas de la création. Il signe décors et costumes pour évoquer la foule, l'anonymat, et ceci avec un don inné de l'unisson, légèrement décalée. Une danse "chorale" qui parfois rompt avec l'unité pour isoler l'un ou l'autre de ces personnages interchangeables, vêtus à la citadine, sobrement "quotidiens" dans leurs évolutions, déplacements et agencement de foule. Deux pans de murs laissent par un interstice passer les corps, à reculons, à rebrousse poil. La danse y gagne en fluidité, les portés se font électriques, les gestes tétaniques et architectoniques. La musique de Philp Sheppard est un bijou d'orfèvrerie musicale, la composition pour cette mouvance,en adéquation avec le dynamisme, le suspens engendré par les groupes .
Après un entracte, le rythme de la soirée s'amplifie avec "Tea for six (or ten)", une chorégraphie "maison" signée Mathieu Guilhaumon. Pour un coup d'essai, voici un coup de maitre!
Hymne aux objets emblématiques de la vieille Angleterre, à savoir: la couronne, le parapluie, la tasse de thé, les roses et l'horloge de Big Ben, les gardes et la relève du Royaume, cette pièce est riche, pleine de surprises agréables, de clins d'œils humoristiques aux us et coutumes des insulaires!
Du bel ouvrage sur du Purcell avec des costumes superbes et innovants, à la coupe très "design" qui magnifie un style tonique où l'espace est judicieusement partagé par les danseurs qui semblent se fondre dans cet univers légèrement déjanté et malgré tout "pas sage" pour autant.Un nuage au dessus de tout cela fait la pluie et le beau temps de la chorégraphie changeante comme la météo capricieuse. On y convoite la couronne, on y manie le parapluie, on y partage une tasse de thé géante, surdimentionnée à l'envie!
Voici une pièce inattendue, réjouissante et pleine d'allant pour le juste bonheur d'un "tea for two" pris en compagnie d'interprètes radieux et pleins d'un discret talent porté ici au zénith en "interne".
So british, so design aussi que cette soirée astucieuse, à l'image de son directeur qui se plait à décaler, surprendre et oser parcourir avec bravoure les sentiers de la création autant que du répertoire. Pour nous rappeler que la danse vient bien de quelque part et non pas de nulle part.

mardi 14 février 2012

"Flip book" de Boris Charmatz: à effeuiller absolument

Comme on feuillette un petit livre d'images qui s'anime avec la vitesse des pages qui s'égrainent, Boris Charmatz propose une version très particulière de la vie et de l'œuvre de Merce Cunningham, le créateur démiurge de la post-modern dance aux USA, depuis 1940 jusqu'à sa mort très récente.
Du livre abondamment illustré  de David Vaughan, son administrateur complice et biographe "Merce Cunningham, un demi-siècle de danse", ouvrage de référence, Boris Charmatz crée un spectacle coup de poing, inclassable sur le chorégraphe si versatile, prolixe et symbole de toute une génération de créateurs.
Une façon bien à lui de rendre un "hommage" iconoclaste en diable au "Bird" de la danse, à celui par qui tout arriva, de la danse y-king, à la fusion danse-arts plastiques avec les plus grands de son époque-Rauschenberg, Duchamp-Jorns...-Quand cette lecture de son œuvre devient un condensé réfléchi par Charmatz, actuel directeur du Centre chorégraphique de Rennes-musée de la danse,on peut s'attendre à surtout ne pas baigner dans le formol ni la convention!
Du "bocal", il a tout d'un fêlé, du conservatoire, il a tout du respect, alors on ne peut que s'incliner devant le propos,les intentions assumées et l'interprétation hors pair d'une Olivia Grandville ou d'un François Chaignaud, actuels chorégraphes qui ont le vent en poupe et débordent d'indiscipline, d'indisciplinarité!

à voir au Maillon Wacken, en collaboration avec Pôle Sud à Strasbourg, les 16 et 17 Février à 20H 30

"Let's dance!" au Ballet du Rhin: "so british!"

Alors que la présidence britannique bat son plein au Conseil de l'Europe, le Ballet du Rhin propose une programmation inspirée de la culture chorégraphique et musicale "made in England".
Au programme une reprise du merveilleux "Jardin aux Lilas" de Antony Tudor, l'un des fleurons de la chorégraphie anglo-saxonne dont l'existence tangible se fait ressentir à l'aube du XXème siècle.Une histoire d'amour troublée et dérangée, quasi romantique où la présence des fleurs demeure un signe de garantie assuré.Un retour aux source comme une fontaine de jouvence.
Avec "Many" c'est à une création de Thomas Nonne, jeune chorégraphe britannique que nous assistons.Un univers peuplé d'individus confrontés au groupe. Vont-ils y perdre leur identité ou y gagner une altérité pour mieux s'identifier dans ce monde pluriel et anonyme?
Autre révélation de ce programme en trois parties, la création de Mathieu Guillaumon, "Tea for six (or ten)". Une proposition qui loin des clichés sur la vielle Angleterre, nous conduit sur les traces de la tradition revisitée à bon escient:: des objets emblématiques tels que parapluie, tasse de thé ou autres y deviennent des prétextes de symboles à détourner.
Vous reprendrez bien une petite tasse de thé avant de vous lancer dans l'aventure de cette confrontation de danse  entre tradition et modernité, sans que cela soit votre "Last dance"!

A découvrir dès le 15 Février 20H à l'Opéra du Rhin àStrasbourg jusqu'au Dimanche 19 Février 15H
www.operanationaldurhin.fr

dimanche 5 février 2012

les danseuses de philippe jacq

les voici à l'exposition THRILL à Strasbourg



mercredi 1 février 2012

"Je cherchais dans mes poches" de Thierry Bae: des leurres, du trouble, de la joie.

Non, Thierry Bae n'a "toujours pas disparu", ni terminé son "journal d'inquiétude": le revoilà sur scène avec trois comparses pour une pièce unique, taillée sur mesure à sa démesure. Il est un chorégraphe, discret qui sait conduire ses gestes et ses paroles. Un musicien, pianiste, Benoit Delbecq orchestre ce petit monde de trois danseurs qui égrènent leurs souvenirs, leur " ce que je ne suis pas devenu" avec bonheur et humour, distance et proximité à la fois. Vrai ou faux, peu importe, on se laisse emporter par des récits de corps, des histoires humaines, des contes de fées qui n'ont rien d'extra-terrestre mais qui nous projette parfois dans nos propres souvenirs. Les images défilent sur l'écran de la mémoire, tendu derrière eux et réfléchissent le passé, font resurgir en résurgence, les flux et reflux des gestes incorporés, digérés par le corps, ses strates et la vie qui s'écoule.Tout concourt à nous immerger dans leur univers: la musique, présente, charnelle au même titre que les évolutions des trois interprètes y joue du sien avec malice, s'immisçant dans le chœur de la chorégraphie.Thierry Bae signe ici un petit manifeste de son art bien à lui, un souffle qui n'est jamais court malgré une anatomie toute singulière qui le pousse à vaincre son asthme qu'on aurait pu prendre pour un handicap chez un danseur. Thierry Bae cherche au fond de son âme, de ses poches tout plein de petits trésors que l'on garde précieusement près de soi, sur soi, dans ses vêtements.Et y ajoute un zeste d'autobiographie avec ceux qui l'entourent: Sabine Macher, Corinne Garcia, et Benoit Delbecq. Ils se présentent tour à tour, d'abord suspendus à des cintres d'armoire, comme des marionnettes un peu paralysées par le trac. Puis, les deux femmes se succèdent au devant e la scène, en alternance et offrent chacune de brefs solos très personnels, Sabine, sensuelle, évaporée, nostalgique et très glamour, Corine plus tonique, à la danse hachée, toujours inachevée, stoppée par de petits spasmes réguliers ou envolés.l Sabine chante aussi du Kurt Weill avec beaucoup de sensibilité, de subtilité dans le geste vocal.Alors que notre pianiste s'éclipse pour aller faire une partie de ping-pong avec les techniciens derrière le rideau de scène. La scène est filmée en direct et pleine de dérision et de distance! C'est désopilant et démystificateur. Les femmes revêtent à l'envi les robes de leur jeunesse, de leur vie et ne se dérobent aucunement à leur vocation d'actrice, de danseuse. Leur petit défilé démonstration est plein de charme et touche là où cela parle à notre mémoire, à nos envies partagées.Au final, la danseuse, en robe rouge, traverse et sillonne l'espace, fugitive, emportée par une mouvance aussi fluide qu'interrompue par une sorte de fragilité dans le geste inachevé, suspendu. Alors Thierry Bae se lève, lui qui a assisté, assis de côté à toute la représentation:: avec sa trompette, ilclot le spectacle qui s'éteint sous nos yeux à petits feux.Du bonheur assuré, assumé et transmis généreusement au public de Pôle Sud qui ce soir là lui fit un accueil chaleureux en retour.