La soirée s'enchaîne à l'église Saint-Paul avec la présence exceptionnelle d’Ellen Fullman. La compositrice, performeuse et factrice d’instruments américaine, installe son Long String Instrument dans la nef de l’église. Un instrument démesuré construit in situ avec des cordes vibrantes de plus de vingt mètres de long — pour une expérience d’écoute inouïe.Et c'est le cas pour cette déambulation très physique de la compositrice aux commandes de son curieux dispositif: une longe allée parsemées de cailloux, comme le sentier marqueur du Petit Poucet. De longs fils pincés pour faire frissonner ces cordes magiques surdimensionnées. Allées et venues incessantes, marche chorégraphiée pour un corps musical immergé dans la fabrication du son en direct. La nef de l'église Saint Paul comme écrin, caisse de résonance inouïe.Une fois de plus "regarder" la musique s'impose aux oreilles!
Après Infinity Gradient et Drift Multiply en 2021,Tristan Perich est de retour à Strasbourg. Il présente une autre facette de sa pratique, cette fois purement électronique, avec Tone Patterns et Noise Patterns, deux projets miroirs qui s’appuient sur les dispositifs 1-BIT dont il a le secret.C'est folie de l'espace sonore investi, gonflé, gorgé de tonalités et sons vrombissants, ou salves projetées comme des sonorités de lâchés de feu d’artifice à toute volée. Sur le tarmac de sa console, l'artiste suit son chemin , le volume s'amplifie, les lumières sortent l'ambiance de sa semi-obscurité.Des sons très "organiques" comme issus des tuyaux du monstre à vent, résonnent et font leurre et mystère.Les sens en éveil, en ondes et tremblements pour appui au sol et dans l'éther malmené par ces vibrations tonitruantes...Une ambiance quasi Steve Reich électronique, expérience sensorielle extrême et jouissive !
La soirée se conclut avec La Tène dans un effectif élargi, avec un folklore du futur antérieur.
La Tène est un animal à
trois têtes d’où émane une seule et même énergie. Si l’on entend ici la
résonance de musiques traditionnelles, la répétition saturée, les
harmoniques éthérées ou une danse imaginée… c’est qu’ils coexistent dans
la musique de La Tène comme une unique trame arrachée à ses racines.
Le trio franco-suisse produit une musique où chaque influence, aussi
profonde soit-elle, se découpe en motifs devenus thèmes, il ne s’agit
pas là de briser les modèles mais de les faire exister taillés dans la
roche comme autant de fragments à reconstruire.
Il n’existe pas de ligne de départ ni d’arrivée, point d’habituels
couplets, ceux-ci sont perdus dès les premiers chocs que le corps
reçoit… On y trouve des obstacles dressés en statues, des inconnus
familiers, des bribes entendues ailleurs, ou encore des angles
multipliés, et autant de gestes répétés.
La volonté de La Tène n’est pas d’arranger ou
réinventer une musique toujours vivante mais bien de tisser chaque fil
dans un nouveau sillon encore et encore jusqu’à son épuisement.
jeu 29 sept | 19h - Église Saint-Pierre-le-Vieux
Shin Young Lee
jeu 29 sept | 20h30 - Église Saint-Paul
Ellen Fullman
D’incise : harmonium, électroniques
Cyril Bondi : percussions