mardi 25 juin 2019

"Les Rencontres d'été de Musique de Chambre" de L'Accroche Notes: on s'accordéon bien en robe de chambre!

Les Rencontres d’Eté de Musique de Chambre sont aussi l’occasion de présenter des œuvres contemporaines du répertoire ou des créations. Ainsi en 2019 sont programmés Olivier Urbano, Pascal Dusapin, Edith Canat de Chizy, Thierry Escaich (création française), Walter Zimmermann (création)…
Lors de cette dix-neuvième édition, l’Ensemble Accroche Note sera le premier soir en trio avec Marie-Andrée Joerger, accordéonniste, puis accueillera le quatuor à cordes Adastra lors du deuxième concert. Les musiciens de Plage musicale en Bangor rejoindront l’Ensemble Accroche Note pour clore cette événement.

Mardi 25 Juin

Luis de Pablo Puntos de Amor pour soprano et clarinette (1999
La somptueuse voix de Françoise Kubler installe d'emblée le ton de la soirée, entraînant dans son sillon son partenaire complice: cette voix qui semble tout droit sortie de la clarinette, qui sourd et coule de source dans une litanie précieuse et distinguée.
Un beau dialogue, oiseau chantant, luttant contre le timbre assuré de la voix.L'opus est fort contrasté entre fougue et douceur, dans de belles envolées lyriques en vocalises. Pépiement de la clarinette qui fait sa "démonstration", instrument qui fait le beau, en parade virtuose! Course folle contre la montre, contre le tempo: qui vaincra? Le basson vient calmer la donne en trémolo plaintif, votif.

Thierry Escaich Prélude et fugue pour accordéon seul (2019) création française
Elle fait bloc, fait corps avec son instrument, en sort des sonorités d'orgue ou d'harmonica. En secousses ou en continu, en mélopée ascendante, un peu "latino", en gamme survoltée.
La dextérité de Marie Andrée Joerger est impressionnante, son aisance à manier le souffle de l'instrument laqué, miroitant sous les projecteurs, séduisante.La respiration laquée, nacrée du soufflet comme un poumon qui se vide ou se remplit, la fait tanguer, danser, épousant la musique en accord.

Olivier Urbano Betlehem Doloris pour clarinette et accordéon (2002)
Les accents orientaux de la clarinette donnent des airs de charmeur de serpent à Armand Angster qui trace ainsi de lointains paysages dans l'espace.Nostalgiques mélopées yiddish, plaintes et frémissements garantis.Des mouvements vifs et relevés, en cascade de notes: un duo en osmose où les deux instrumentistes se poursuivent, se doublent, se rattrapent en envolées stimulantes.Très dansante, tourbillonnante cette pièce, rythmée, scandée, répétitive va son  train d'enfer vers une destination inconnue! Avec des accents de lointaines contrées et un petit air de famille avec Michael Nyman ou Mérédith Monk.....

Carl Maria von Weber Cavatine du Freischütz pour soprano, clarinette et accordéon (1821)
La belle voix de Françoise Kubler prend ici toute sa dimension lyrique, entraînant dans sa lignée ses partenaires.Voix épanouie, pleine, mouvante et envoûtante, riche en émissions sonores inattendues et flatteuses.

Eric Dolphy God bless the child pour clarinette basse (1961)
Tsunami en prologue, déferlante de notes ponctuées, en reprise régulière...Insistante, la mélodie réapparaît, se dissimule comme un leitmotiv qui joue à cache-cache. Jazz déstructuré, revisité à l'envi.Entêtante, pugnace et déterminée;
 De belles vibrations pleines, des envolées et tout reprend pied et s'enrichit des variantes, lancinantes ritournelle qui déroule des notes en collier de perles, les éparpille Au final, une lente marche étouffée, grave et solennelle libère toute la prestance de l'instrument inquiétant et impressionnant.
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Manuel De Falla Quatre chansons populaires pour soprano et accordéon (Asturiana – Jota – Nana – Polo) (1915)
On ne va pas s'en priver de ses accents espagnols, andalous et voici chant et accordéon au diapason, comme pour une corrida musicale: de lamentations mélancoliques, délicieuse et gourmande mise en bouche, on se régale puis c'est la femme hautaine sûr d'elle, majestueuse qui s'exclame, s'impose dans de beaux mouvements dansants, sautilles, enjoués. Un beau jeu d'actrice , femme déterminée et puissante! La séduction opérant entre deux amants, pour laisser place à la berceuse puis à la fougue de l'accordéon, force et conviction dans le jeu!


Walter Zimmermann Sarganserland pour voix, clarinette et accordéon (2019) création
Belle surprise que cette "grisaille" : on songe à Offenbach et sa Péricole 
"Si ma parole est un peu vague, Si tout en marchant je zigzague, Et si mon oeil est égrillard, Il ne faut s'en étonner, car... Je suis un peu grise, un peu grise.Mais chut! Faut pas qu'on le dise! Chut! 

"Je me dégrise lentement" : à nouveau un terrain propice pour Françoise Kubler, à cultiver ses talents de comédienne:lente hésitation, dodelinant de la tête sans exagération, tout en finesse et suggestion, la voix se glisse à travers les failles de la "griserie" et trouve son chemin en tâtonnant, discrètement Ses compères la portent, l'accompagnent , complices, receleurs du secret de cette voix comme dans un cabaret allemand, berlinois... Chancelante et en déséquilibre, en buveuse qui articule, prononce pour ne pas perdre le poids des mots, les appuis de la mélodie. Elle cause, loquace, fébrile, intranquille mais garde la face!
Comme pour nous délivrer un secret: puis, oh, miracle, elle retrouve la possession de son instrument: sa voix refait surface, ses deux partenaires l'ayant transportée jusqu'à l'ivresse puis la décompression. Ils la dégrisent, l'encouragent à sauter le pas. La voici délivrée, libre d'émettre hors de ce ton confidentiel et confiné par l'alcool. Elle chante, se livre, se lâche ou se retient encore histoire d'expérimenter le confort et l'assurance retrouvés. Sensuelle et envoûtante prestation. La voie est libre ! En présence de Walter Zimmermann lui-même signant cette dédicace à l'ensemble !

Un concert brillant, plein de sursauts, de brio, de surprises digne de la démarche de l'Accroche Note", en robe de "chambre" pour notre plus grand plaisir intimiste au coeur du temple du Bouclier...
Françoise Kubler, soprano / Armand Angster, clarinette / Marie-Andrée Joerger, accordéon

Thom Browne danse en 2020 !




lundi 24 juin 2019

"Baleine" au festival des caves à strasbourg : des larmes de cétacé.


"Depuis plusieurs années, Simon Vincent visite les circonvolutions de l’inconscient. Quel plus bel endroit que les caves pour cette exploration ! Pour ce faire, il écrit en regard des grands mythes de la littérature mondiale. Après Kafka et ses créatures animales la saison précédente, il propose pour cette édition un monologue tissé autour des motifs de la littérature maritime : solitude des villes portuaires, appel du large, fascination pour les monstres marins, soif d’inconnu et de fuite… Anne-Laure Sanchez prête sa voix à la figure de celui qui a voulu embarquer. Nul doute, qu’ensemble, ils donnent à voir et à entendre la difficulté ou la nécessité de prendre la mer pour accomplir ses désirs les plus impérieux. Une quête de la vie en quelque sorte."



Nous sommes bien au fond d'une cave, une trentaine de spectateurs descendus se rassembler en deux rangées, face à face, laissant libre la partie centrale. Elle est déjà installée cette comédienne que l'on a tout juste quittée hier soir à Wangen pour "L'Illetric"...
Prise de parole dans l'obscurité, voix douce et tendre d'un personnage qui semble s'adresser à quelqu'un , mais à qui , et qui est-il, qui-est-elle? Peu à peu se délivrent des identités multiples ou les facettes d'une seule personne: on ne saurait pas vraiment de qui il s'agit sinon de destins incarnés par l'obsession du grand large, par la fascination des marées. Vêtue d'un chandail et d'un survêtement plutôt miteux, elle se lève et continue à se raconter sur un ton confidentiel. C'est la neige et le froid qui la tiennent en éveil, ce sont les empreintes et les traces qui la questionnent.Tel un Poulbot, un Gavroche elle veut "goûter" le large, venir pour repartir de cette ville inconnue, de cet océan, de cette côte..Le vide, la chute en funambule la tarabustent. Beaucoup de sensations dans le verbe énoncé, dans cette débâcle évoquée qui la conduit à nous faire écouter "Stand by me" communément autour d'elle. Elle fait sa propre régie, se câble, s'affaire dans la technique.
Puis vient l'évocation de la baleine, suivie par les oiseaux qui se nichent sur elle, joyeux parasites; dressée sur sa chaise  comme du haut d'une falaise, funambule, elle s'écrit, féroce et se cabre.Nous parle de son habitat misérable, défoncé, du désordre de ce dépotoir vivant qu'elle habite: poubelle souillée, amas, accumulation , encombrement d'un taudis où elle se réfugie Alors que le vide la fascine "J'ai quitté mon trou pour la plage", pour aller vers le cap. Et c'est cette "anomalie géographique" cette baleine échouée sur la plage qu'elle rencontre. Colline, bateau  couché sur le flanc, la baleine gît, morte, telle un fantôme,  et elle la caresse dans le calme du petit matin...Les images défilent, fortes à travers l'évocation poétique ou très crue de ses propos. Filer, danser sur le monde, et savoir comment la vie peut se diffuse r dans cette immense masse de chair délaissée, grasse et plissée de partout. Un œil grand ouvert semble être la piste pour pénétrer cette intrigante évocation de l'univers maritime. L’œil de la baleine qui pleure des larmes de sang . Musique à nouveau et de belles lumière s rasantes pour éclairer notre anti héroïne, assise dans la terre battue, ou sur le sable de la plage du cap.
Curieuse proposition que cette "Baleine", mi homme, mi femme, hybride, que ce personnage qui se raconte, homme, incarné par une femme ou un androgyne. Il y a comme un malaise, une hésitation, un leurre qui questionne et fait avancer peu à peu l'intrigue, le propos de la pièce. Sobriété de la mise en scène aussi pour mieux mettre en valeur le jeu de Anne Laure Sanchez, fragile créature en chaussures de marche, en vêtement de fortune. Beaucoup de sensibilité aussi dans l'approche de ce texte incongru, surprenant où la baleine apparaît, disparaît comme dans les flots, dévoilant son dos lisse huileux L'atmosphère des entrailles de la terre, cette cave étroite et moite pour nous immerger dans un monde étrange qui laisse rêveur....

Au festival  de caves à strasbourg ce 24 Juin.


dimanche 23 juin 2019

"Lillétric" au festival de caves à Wangen : délivrance! Des livres et vous !


"L’Illétric est une pièce d’une seule voix, d’un seul trait : un homme raconte, dans la solitude de son illettrisme, et s’électrise devant l’abstraction des mots jamais lus, jamais découverts. Une femme bouleverse cette intimité honteuse : par amour elle lui offre un livre, le sauve en même temps qu’elle prolonge sa blessure, la fêlure de l’aveu : une cartographie de l’intime. Ici, les mots sont dits par Anne-Laure Sanchez, ils sont à la fois handicap et désir, désarroi et tendresse."
Wangen, village viticole d'Alsace offrait ce beau soir là un espace singulier au festival des caves: le sellier du hangar viticole, immense bâtiment au cœur du village aux maisons à colombages: cave haute de plafond, réverbérant un son feutré mais largement déployé sur les hautes parois de béton de l'édifice. Un nuage de brouillard accueille le public, une bonne vingtaine de curieux, rassemblés pour cette dernière représentation de l'Illétric
Un faisceau de lumière oblique en diagonale ascendante éclaire une jeune femme, debout, seule, les bras ouverts. Son envergure est singulière, celle d'une danseuse offerte à l'espace, mais immobile, bien campée sur la plante des pieds." Faire mine de rien" comme si une infirmité ne lui était pas familière: celle de ne pas savoir lire. Mais qui est-elle, de qui parle-t-elle ou de qui est-elle l'incarnation? Évoquant un métier de chantier sur de grands ensembles urbains, dans une grande solitude, le tout sur un ton monocorde, psalmodié, comme énoncé ou prononcé lentement, avec difficulté. La tension est grande, le ton, grave et la proximité avec la comédienne insuffle écoute et concentration, fait naître une forte empathie avec un personnage énigmatique. Elle anone le texte, s'interrompt, rythmant sa prose avec parcimonie dans un monologue, soliloque où elle se livre, se confie On comprend vite qu'elle incarne cet homme qui ne sait pas lire, à qui l'on offre un livre et qui ne dévoilera jamais son handicap. Par honte, soumission,  "L'air de rien, je prend place" malgré tout dans ce monde où l'exclusion est chose habile et rapide. "Rien" ce leitmotiv qui revient, cette absence, cette perte d'identité comme si ne pas savoir lire était rester "enfant".
L"aveu" de cette ignorance ne se fera pas tant la "honte" est présente et fatale. "Caboche, tête de linotte" comme seul bagage, crucifiée, les bras en croix , le rayon de lumière transperçant sa poitrine, tel le Christ accusé et bafoué. Figure chorégraphique très christique. Le visage blême sous la lumière froide, elle psalmodie, conte sa vie, scande ses mots: "moi et le livre": deux personnes distinctes qui ne se rencontreront jamais, ne se parlerons jamais! Sur un ton automatique, le regard fixe et lointain, les dents et mâchoire serrées, elle "articule" prononce distinctement ce qu'elle ne peut lire. Elle ou il car elle incarne cet homme blessé qui lui cède la place et la parole, vecteur ou véhicule de sa douleur, de sa souffrance. La comédienne recule, s'éloigne, le ton monte, le débit de paroles augmente, rageur, offensé; hiératique elle avoue que "la rature" que serait son nom est chose fatale et fatidique, incontournable défaite ou offense personnelle. "Cécile Moreau" parle comme si elle lisait avec difficulté, et "mine de rien" comme un crayon à la mine loquace, elle baisse les bras, capitule, se rend: lire les étiquettes des produits dans un super-marché, elle ne peut le faire: alors on simule , on tâtonne comme l'aveugle les yeux bandés pour un jeu de colin maillard douloureux.Le ton de sa voix est doux et confidentiel après cette retraite dans la rage survoltée. "Pourvu que cela ne se voit pas ! : feindre, simuler, cacher, dissimuler son "infirmité "aux yeux des autres est son chemin de croix et les stations sont rudes et dangereuses pour se faire flageller et humilier par ses semblables ignorant sagesse et humanité.Isolée, tendue, perdue, elle baisse les bras et on rentre en empathie avec sa désolation sans appel
La touchante interprétation de Anne Laure Sanchez est sidérante, sa performance physique incroyable, le corps dévolu à ouvrir ses bras une heure durant, sans cesse offert à l'espace, la respiration et la mémoire qui lui dicte les mots qu'elle délivre sans faille.
La réalisation, conception et mise en scène, le texte de Moreau sont ici servi par une interprète, danseuse de solitude, habitant l'espace singulier de cette cathédrale de béton, terrier undeground , tranchée de l’illettrisme ou de l'ignorance mais qui pourtant pourrait abriter autre chose que tout ce que l'on apprend: la sensibilité, l'intuition, la spontanéité.
Savoir lire source de liberté ou de contrainte ?
Fin de la pièce dans un silence qui en dit long sur l'adhésion du public, au texte, à la présence de la jeune comédienne.
Autour d'un pot convivial, on échange sur le métier, le festival au sein de la campagne au soleil couchant, loin des abîmes sombres des chaix du village, en pleine lumière rédemptrice !



L'Imaginaire fete ses 10 ans ! Mosaiques : 22, v'là de bonnes nouvelles !



 Le festin de l'Imaginaire ! Le banquet de la composition moléculaire déstructurée !
Cuisine inspirée, inventive, raffinée en petites touches de dégustation gourmette : de la haute gastronomie musicale, du sur mesure, fait "maison" pour un ensemble Trois pièces de haute couture !

Happy petits beurres 'day to L'Imaginaire !! Des friandises à déguster sans modération !
De "bonnes nouvelles", formes courtes pertinentes pour couvrir un horizon prolixe de création inouïe!

"Il y a 10 ans, l’Imaginaire voyait le jour, et le 23 juin, nous vous proposons de célébrer cet anniversaire à travers un concert exceptionnel ! Au cours de cette décennie, bon nombre de compositrices et compositeurs ont croisé notre route. Nous avons voulu valoriser le compagnonnage qui s’est tissé, en leur demandant à chacun·e d’écrire une nouvelle oeuvre pour le trio flûte, saxophone et piano de l’Imaginaire. 22 ont répondu positivement. Nous aurons le plaisir de partager les fruits de leur inspiration, en interprétant ces créations en première mondiale : un concert « Mosaïque », car chaque œuvre est la pièce d’un ensemble où s’illustre la vitalité et la diversité de la musique d'aujourd’hui, telle que l’Imaginaire la revendique depuis sa création."

La majorité des compositrices et compositeurs sera de la partie, et le concert s’accompagne d’un apéritif festif en leur présence et celle de l’équipe de l’Imaginaire. Un temps de convivialité après le temps musical !
Œuvres de Andrea Agostini, Nicolas Bardey, Thierry Blondeau, Daniele Bravii, Maurilio Cacciatore, Paul Clift, Daniel D'Adamo, Dominique Delahoche, Santiago Díez Fischer, Elizabeth Ditmanson, Aurelien Dumont, Fernando Garnero, Daniele Ghisi, Eric Maestri, Julien Malaussena, Nicolas Mondon, Filippo Perocco, Andrea Sarto, Annette Schlünz, Mikel Urquiza, Franco Venturini, Franck Yeznikian.

Un festin, un banquet pour ce repas d'anniversaire où les plus courtes seront toujours les meilleures, amuse-bouche, mignardises et autres anti pasti, cocktail dînatoire sur canapé pour fêter en présence de plus de cent spectateurs-auditeurs une décennie de rencontres de passe muraille et saute frontières entre interprètes instrumentistes de talents et composteurs de la musique d'aujourd'hui!
Alors à table en quatre set avec entr'acte pour ce voyage au "long-court" , programme de courts-métrages musicaux, tallés sur mesure pour des pointures de l'interprétation.
Introduction avec une brève de comptoir signée Nicolas Morton, vis et patafix pour le piano préparé, très cadencé qui fait place à une oeuvre de D'Adamo, ".....zik", avec paroles égrenées, murmures, surexposition des sons, souffles et envolées, voyelles insérées dans des plaintes en onomatopées!
L'ambiance sombre et lente de l'opus de Elizabeth Ditmanson séduit en contraste et précède la proposition de Paul Clift, fougueuse et pianistique, pleine des vibrations des vents: alarmes, sirènes, alerte et "pin-pon" pour créer un chaos salutaire et vibrant, guerrier et catastrophique en diable !
Un petit piano-jouet se glisse dans l'ensemble pour le morceau de Fernando Garnero, course folle et virtuose au métronome: rapidité haletante des sons étouffés, baîllonnés comme une prière susurrée, paroles et souffles additionnés. Ca frappe le public, privé d'applaudir qui chuchote ses bonnes impression comme à la messe, une reprise de litanie !
Enfin Aurélien Dumont dans une ambiance stylée, baroque fait la révérence à Bach, en appui, relevé et autres figures et postures de basse-danse, bien tempéré au son d'un quasi clavecin suggéré, simulé: très dansante en contrepoint rebondissant sur demies pointes!

On se détend pour entamer le second set et c'est reparti pour six morceaux de choix
Eric Maestri offre son cadeau, présent de bien des années de fidélité à l'ensemble!: des lamentations très aiguës, sonorités inconfortables, stridentes qui se meurent et s'éteignent...
"Breve II" de Maurilio Cacciatore avec ses piqués laconiques offre une syntaxe brève et relevée, comme des frappes détachées, pétarades toniques des vents, claquements simulés pour festivités populaires!
Comme un tapis sonore qui se déroule, suit la composition de Dominique Delahoche, puis c'est au tour de Daniele Ghisi de faire ruisseler les notes de piano où tout coule de source: son de fifre subtil et joyeux, léger, perlé, tintinnabulant.
On y picore des sons, grappille des notes et se rassasie de bribes et de miettes comme des oiseaux affamés! Franco Venturini et ses souffles graves donne le ton à un duo de vents, alizés ou zéphyrs, lents souffles déployés en brise légère
Jeu de passe-passe entre les musiciens, comme une toile flottant dans le vent qui s'agite en nappe dans une stridence finale infernale!
Et pour surprendre, un quatuor qui fait place à l'intervention de la clarinette de Adam Starkie signé Franck Yeznikian, "Tel que ce fruit": dans de beaux balancements des corps, les musiciens jouent l'osmose et la symbiose des sonorités inédites, lentes dans un beau recueillement! A voir et à entendre simultanément pour ce jeu corporel insolite et plein d'énergie vitale.

On passe à la pause apéritive, enjouée et partageuse pour plus tard regagner sa place à la "petite messe" matinale dominicale: ce jour là semblable à un chapelet de perles rares et uniques comme celles des huîtres perlières sauvages et baroques: nulle semblable à l'autre et de grande valeur esthétique: "monstre" magnifique à écouter pour la première fois! Quel privilège !

"2 minutes de souffrance (approximativement)" pour prologue à la suite du concert anniversaire, signé Julien Malaussena: il fallait oser tous les possibles pour cette expérience de commande de pièces courtes et voici un pari assumé! Chaos tonitruant, débridé, déferlantes de sonorités tempétueuses, tsunami incessant, inaudible, catastrophique et chahuté: de l'eau dans un bol pour le saxophone qui noie son souffle dans des bouillonnements et glou-glou vibratoires!
Discrétion et petites touches qui s’égrènent, se distillent lentement avec la brève de Filippo Pecorro, cascades pianistiques ponctuées par des glissements sonores des vents: une belle performance menée à train d'enfer pour l'oeuvre de Andréa Agostini! Une frénésie étourdissante, cinglante remarquable qui s'achève par une accalmie en suspension et rémanence sonore à l'infini...
Une harmonie de sons qui se déploie pour "en attendant" de Nicolas Bardey, puis c'est "La manovella" de Thierry Blondeau qui fait suite dans une belle accélération de départ, reprise où l'on s'élance, tremplin pour rebondir, où l'on reprend le rythme à tâtons, comme dans le noir. Pour mieux s'y glisser et se familiariser avec le mouvement, leitmotiv récurent. Accoutumance oblige pour mieux sauter le pas et franchir le seuil! Un jeu de répétition à l'envi, envoûtant, augmenté par l'effet de récurrence obnubilante, entêtante. Des gongs calment la donne et poursuivent comme une marche titubante, une balade monacale et conduisent les musiciens jusqu'au compositeur parmi le public !

Allez on en reprend un dernier set pour la route et c'est "plastic song" de Santiago Diez Fischer qui démarre dans un flux continu de sonorités inédites!
Les doigts dans le piano, les trois interprètes exécutent la proposition de Annette Schluenz: on pince les cordes, on bricole et puis les vents se targuent aussi d'émettre des sons de percussion, de touches pincées ou frappées! Dans une illusion sonore de tension-détente très corporelle.
Une atmosphère aérienne, rêveuse dans l'éther, douce et calme, reposante selon Daniele Bravi pour mieux se lancer sans interruption dans le bain de "A tre voici, con Pedale Obbligato" de Andrea Sarto...Oeuvre turbulente, résonnante aux attaques franches, faite d'un leitmotiv relevé, entraînant La frappe des pédales fait partie du jeu sonore percussif avec quelques citations de Bach bien amenées.
photo robert becker
Et en épilogue de cloture, le "clou du spectacle" : un jeu inédit d' appeau d'oiseau, de geai, pour apogée finale: appeau-geai de ce concert inédit, unique, performatif en diable! Signé Mikel Urquiza, "The wind that blows".
Nos trois compères musiciens, trio infernal aux prises avec leur flute déstructurée, démantibulée, démontée en autant de petits instruments insolites à explorer ! Quel souffle et quel culot, quel humour dans cette écriture décapante qui ensoleille cette initiative!
Étonnez-moi,toujours L'Imaginaire" comme on ne saurait jamais l'imaginer: avec des icônes musicales dignes des plus belles partitions incongrues, notation contemporaine graphique de toutes les audaces!
Tus les compositeurs aux anges bien entendu: une belle brochette de la création contemporaine, inégalée !

photos robert becker


Au Faubourg 12 ce dimanche 23 Juin !

"Sauvage" : les bons, les abruptes et les truands: en "faveur" de Tchekhov!



"Une pièce de Tchekhov à découvrir de toute urgence... au coeur des bois dans un lieu magique... qui parle de cette terre que l'homme ne cesse de détruire, d'un monde qui peut basculer, des humains en quête d'eux mêmes... "
Avec une équipe de 11 comédiens, mise en scène Serge Lipszyc

On y parvient par une route forestière escarpée, sinueuse à travers taillis et futaie: en bout de course s'ouvre la vallée de la Faveur, bien méritée, étape finale de ce voyage sylvestre à l'heure de l'apéritif: une joyeuse assemblée, nombreuse, bruisse et s'installe après une première étape apéritive, sur des chaises alignées en bord de propriété terrienne. On y serait déjà chez Tchekhov, question de territoire et de territorialité, de racines et d'héritage familial. 

Peu à peu les personnages apparaissent et l'on familiarise à petit pas avec  leur univers, leurs positions respectives dans une famille faite de liens, d'histoire, de relations qui se tissent, se bonifient, s'enveniment. Car il sera question de filiation, d'amour, de quête de l'absolu pour les une et les autres, hommes et femmes bien nés, ou rescapés d'autre origines sociales. Champêtre en diable, l'atmosphère, au sein de la propriété des Siptrott, artistes, peintre paysan ou sculptrice atypique et généreuse. C'est aussi la filiation ici qui se joue pour de vrai, sans fil à la patte, avec toute l'intelligence et l'esprit de partage des "parents". La verte vallée sera le réceptacle idéal de ce conte bucolique où la foret est évoquée, contemporaine de nos soucis actuels, comme un joyau à préserver, comme un "hêtre" à considérer et ne pas maltraiter C'est Yann Siptrott qui joue le rôle du "bon sauvage", militant sylvestre, docteur, soignant les plaies de la nature et de l'homme. Il deviendra lui-même l'incarnation du bien être, ou du mal hêtre, bien né dans le bien naître originel.
Tchekhov au cœur de la nature, en famille dans un huis-clos ouvert à tous les possibles,sur le paysage magnétique qui s'offre au spectateur. Du "tout terrain" sans "caillasse" pour ces "matamores" de la comédie, du théâtre "forestier",vivant ,trois troupes, compagnies réunies sur ce projet hallucinant.La garden party inaugurale, en prologue positionnant chacun des protagonistes comme des individus remarquables, solidement campés par chacun des interprètes.
photo robert becker

On passe au second acte en migrant, nomade avec sa chaise pour s'offrir une place de choix, face a l'atelier des deux sculpteurs "maison": un décor en grandeur réelle, les sculpture faisant office de personnages pétrifiés, immobiles, pris dans la tourmente de l'énigme, de l'action qui va naître et se profiler. Personnages plein de grace et de charme, aux couleurs pastel, figés dans des instants chorégraphiques saisissant de mouvance tétanisée. Pompéi ou mannequin à la Kantor? Le décor est campé, tous sont présents, assis, alignés sur le plateau, belle estrade de bois brut en plein air.Très beau tableau de composition picturale structurée, distribuée selon les tons beiges des costumes, associés aux sculptures, sous le cèdre. Dans les verts tendres aussi, sous sa couverture et dans son fauteuil club, vert pastel, le patriarche Alexandre se plaint du mal de la goutte et pollue l'atmosphère de sa mauvaise humeur; c'est Serge Lipsyck qui s'y colle à ce personnage odieux, mal léché à l'humeur dictatoriale et condescendante. Il fait face à chacun, son docteur, sa fille, ses "vassaux" obéissants qui ne tarderont pas à se "soulever", révolte légitime devant tant d'autorité infondée de vieux teigneux acariâtre.
photo robert becker


Sa femme, toute jeune est rebelle dans l'âme et se frotte à lui pour l'amadouer: c'est l'actrice longiligne créature de rêve, cheveux longs et allure noble et gracile, Amélie Belohrasky tient ce rôle subtil et plein de nuances. Les intrigues se nouent peu à peu entre les personnages: Georges, l'impétueux, Bruno Journée tonitruant qui dénote dans cette famille constituée de tant de membres disparates et précieux pour faire avancer la machine cruelle du destin en marche.L'orage menace et gronde, la pluie peut s'abattre sur ce petit monde, telle la météo capricieuse de ce soir là! Les conjonctions et constellations s'alignent, prometteuses pour le déroulement de la pièce en pleine nature, "sauvage" certes mais bien "domptée" par la main de l'homme des bois ou des vallées!
La violence des relations est physique, on s'empoigne, on s'étreint avec passion, dans la tourmente des sensations. Le médecin est amoureux de sa petite "lumière", Sofia, luciole parmi les vautours présents; c'est l'arbre qui cache la foret et avance, le bon ou le mauvais sauvage dans cette nature à la J.J. Rousseau!
Le regard rusé et soupçonneux de Sofia,  incarnée par Pauline Leurent,.personnage magnétique, arbitre Eléna,  terne et épisodique femme surprenante, 
Ils sont ivres aussi ces gens là, devant une petite planche remplie de  verres d'alcool, face à nous, trio plein de verve dans la déconfiture de leur sort qu'ils semblent fuir et ne pas maîtriser: on se noie dans un verre, comme Fiodor, beau parleur, incarné par Jerôme Lang;les harcèlements des arguments frappent fort et on s'étripe violemment dans ce microcosme sociétal bourgeois fait aussi de pièces étrangères rapportées! On est "touché" par le jeu des acteurs, fragiles et émouvants comme Eléna, frêle silhouette touchante et émouvante. Quand il faut vendre in fine le domaine, c'est le drame qui se profile: les histoires et les aveux se délivrent, ceux de Georges et de sa mère, sacrifié à la tache ingrate pour sauver et bâtir le patrimoine. Un vassal à genoux devant le parrain: la cruauté des relations humaines est irrévocable, frappe et tue!
Abattre des arbres aussi;métaphore de la vie est le credo de Sauvage, propriétaire terrien, aux idées novatrices, prémisses d'une écologie savante et tripale. Prémonitoire !

Entracte après toutes ces péripéties introductives, avec une délicieuse assiette sauvage, partagée à la buvette, fromages et charcuterie de proximité, circuit court et assiette écolo pour réceptacle! Du bon, du simple mais gouaillent et généreux !



Un théâtre sylvestre, pastoral, qui cache la forêt shakespearienne...

Retour au spectacle, près de l'étang au crépuscule du soir, dans une douce fraîcheur ambiante. Chants d'oiseaux, lumière du couchant sous le cerisier plein de fruits défendus! Sophie Thomann , rayonnante Ioulia, slave, généreuse apparaît en lavandière au bord de l'étang bordé d'iris sauvages!
Délicatesse des lumières de quelques projecteurs magnifiant la blancheur des costumes...
Apparition des personnages, au loin dans le décor naturel qui offre de longues perspectives au regard, au sein de la vallée qui s'endort.Mieux que Bussang ou digne d'un film de Joseph Losey ? Très cinématographie, plein champ, plein cadre en grand angle pour rehausser les perspectives pastorales et champêtres du lieu: et ouvrir l'univers de cette famille, épilée du terroir, chassée de chez elle volontairement,chez Diadine. A la lisière de la foret, au son de l'accordéon de Olivier Fuchs, l'ami de toujours, naif et incongru personnage, bouc émissaire jovial ! Il y a de la tension dans l'air dans cette oasis de verdure où l'on vaque aux travaux domestiques: linge, dressage d'une table nappée de blanc, fantomatique, parmi les autres êtres eux aussi, couverts de peaux de mouton blanchie, bestiaire judicieusement éclairé comme un espoir de candeur retrouvée D'humanité reconquise.Par la grâce et la présence du lieu magnétique qui ensorcelle l'intrigue.
 La brume se lève, borde l'espace, couvre se ses cotonnades la cruelle réalité. On irait vers une réconciliation, on se rabiboche, on répare dans cet atelier de la vie sans concession.
Autour du samovar, on se rassemble même si ce n'est pas sa tasse de thé. "Rendre les armes, fumer le calumet de la paix, pardonner, s'excuser, se retourner comme le parrain, blessé que sa femme, jeune, a quitté.
"Je suis un sauvage dans la foret obscure que nous abîmons" , mesquin et sans talent ,entonne le Sauvage médecin...Célèbre, ou héros, canari empli de bonheur en cage pour Sonia.. Mieux vaut boire et s'enivrer ! L'écho des voix des comédiens opère comme par magie et le "commandeur" surgit, figure emblématique, déchue! Un incendie au loin effraye le monde, des amoureux retrouvés font des roulades sur la pente: une fin débonnaire, très commedia dell'arte ou vaudevillesque, à la Molière ou Feydeau pour clore en épilogue cette épopée joyeuse et meurtrière !
Le tempérament russe resurgit en musique et chant, loufoque, drôle, rebondissant en réparation d'intrigues amoureuses!
 C'est une farce à la Tchekhov, parfois légère ou tragique, pleine de tonus dans ce bal de nymphes, ou guitares, accordéon et voix, s'emballent gaiement.
"Isadorables "en diables, les comédiens se lâchent et les personnages lâchent prise dans un beau charivari
Une mise en espace judicieuse et en "correspondance" avec le "lieu" si bien adapté à cette épopée bien relevée ou les talents des comédiens épousent la nature qui les entoure avec dévotion et respect, symbiose et osmose de bien des volontés et intentions de tous ces protagonistes du théâtre, "autrement" partagé!
On se quitte près des feux de camp, réchauffés par tant d'ivresse et de complicité partagée
Les "maitres" , esprits des lieux, présents, accueillants,gardiens et veilleurs de la vallée, à la "faveur" ce soir là de Tchekhov si bien revisité;
On chemine au retour, accompagnés de "lucioles" ces petites lumière sylvestres de bonne augure. Ces petits  projecteurs discrets que l'on nomme aussi au théâtre en Italie et chez Pasolini!

"Sauvage" jusqu'au 30 Juin
 .

pour mémoire !


SAUVAGE

Anton Tchekhov
Mise en scène, adaptation : Serge Lipszyc
Avec : Amélie Belohradsky, Olivier Fuchs, Geoffrey Goudeau, Bruno Journée, Jérôme Lang, Pauline Leurent, Serge Lipszyc, Isabelle Ruiz, Yann Siptrott, Sophie Thomann, Patrice Verdeil
Musiques : Olivier Fuchs, Yann Siptrott
Lumières : Râ et Morphée
« Les forêts, il y en a de moins en moins, les rivières tarissent, le gibier a disparu, le climat est détraqué, et, chaque jour, la terre devient plus pauvre et laide. »
Anton Tchekhov
Ce projet, c'est l'an 1 d'un nouvel élan. Né de la rencontre de Yann Siptrott et Serge Lipszyc, autour de l'envie partagée de faire du théâtre autrement : de la production à la rencontre avec le public. Se retrouver, ensemble, au plus près des spectateurs dans cet espace magique en pleine forêt vosgienne, le Guensthal, (la vallée de la Faveur) chez les Siptrott's. Cette aventure a pour vocation de s'inscrire dans le temps. Créer "Sauvage" dans ce lieu et cet esprit est fondateur pour nous.

Petite note

J’ai eu la chance de mettre en scène et jouer Oncle Vania. J’ai dirigé des ateliers de réalisation sur L’Homme des bois. Ma conviction est faite. Sauvage, c'est le titre que je donne à mon adaptation, est une prodigieuse partition. Elle recèle comme Platonov tous les ingrédients du génie Tchékhovien. 
Il faut l’entendre et la partager. 
Pour jouer Tchekhov, il faut une équipe. La genèse de notre aventure porte en elle tous ces espoirs. C’est en travaillant en stage autour de ces oeuvres que l’équipe s’est formée. Le désir d’oeuvrer ensemble, la nécessité de faire entendre aujourd’hui cette parole pleine d’humanité, de lucidité et d’espoir, voilà ce qui nous a décidé à nous lancer dans ce projet audacieux. La beauté du lieu, planté au coeur de la forêt, comme un appel… « C’est ici le lieu des prodiges. On voit roder l’homme des bois et la sirène est dans les branches… »  Pouchkine cité par l’un des personnages de la pièce… L’écriture tchekhovienne nous a happé. 
Serge Lipszyc , metteur en scène

Ce projet collectif est porté par la compagnie du Matamore, la compagnie Caillasse et le Théâtre Tout Terrain.
Sauvage, c'est une pièce qui questionne le vivre ensemble, le rapport de l’homme à la nature, qui parle d’écologie très concrètement.
Sauvage, une pièce qui parle de nous dans notre rapport aux éléments, au climat. 
Une pièce qui parle de la difficulté d’aimer, de la difficulté à dire, à exprimer. 
Une pièce où l’on rit, on pleure, on se déchire, on boit ,on chante, on meurt, on vit.
Sauvage, c'est Tchekhov, notre contemporain !
Sauvage s'est imposé à nous comme une évidence, celui de bâtir autour d’un rêve artistique, une aventure humaine. 
Réinventer une fabrication plutôt qu’une production.  Cela veut dire, penser le projet dans sa globalité, et à qui nous souhaitons le partager et l'adresser.  Penser au public, lui donner le plaisir de voyager dans l’intimité du processus créatif. Pour cela, nous souhaitons proposer des journées de théâtre lors de la création. Le public sera invité à participer à une journée complète  au théâtre avec la possibilité de pratiquer (atelier de jeu, de lecture dans la forêt, sensibilisation à l’univers de l’auteur, rencontre avec l’équipe artistique…) 




"Le spectacle naitra au coeur de la forêt. Il poursuivra sa route en extérieur mais une version en salle sera aussi disponible . Elle sera donnée dans une configuration scénique particulière. Nous jouerons au plus proche des spect-acteurs, en partageant repas et boissons."

samedi 22 juin 2019

"Histoire silencieuse des sourds": chut !!!! pas un geste !

En partenariat avec l’Institut national des jeunes Sourds, l’International Visual Theatre et les Amis de l’abbé de l’Epée, le Panthéon présente l’exposition « Histoire silencieuse des Sourds », sous le commissariat scientifique de Yann Cantin, docteur en Histoire à l’EHESS, et maître de conférences à l’Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis.
   
L’exposition vous emmènera à la découverte de l’histoire des Sourds avec ses périodes de progrès pour l’instruction et l’intégration, ses grandes figures de sourds-muets instruits et engagés comme Jeanne Stuart ou l’architecte Etienne de Fay, la création de la première association sourde à Paris en 1836 par Ferdinand Berthier… mais aussi ses périodes de régression, avec la montée de l’eugénisme à la fin du XIXe et au XXe siècle, des figures comme Graham Bell qui militèrent pour l’interdiction du mariage sourd, les stérilisations forcées et l’interdiction de la langue des signes au profit d’une médicalisation de la surdité avec « l’instruction orale » obligatoire. C’est seulement dans la foulée des années 1960-1970, que l’on parle d’un « Réveil Sourd », avec une reconnaissance des langues des signes internationales, nées dans le sillage de la langue des signes française.
   
Documents témoignant de cette histoire, portraits d’hommes et de femmes ayant apporté une contribution déterminante à la reconnaissance de la personne sourde comme citoyenne, l'exposition vous fera découvrir les différentes facettes de la culture sourde.
   
La participation d’IVT, à la fois théâtre, centre de formation, et maison d’édition  œuvrant au rayonnement de la langue des signes, fondé en 1977 à Paris, et aujourd’hui dirigé par l’artiste Emmanuelle Laborit et Jennifer Lesage-David , permettra d’apporter une approche sensible. 
   


vendredi 21 juin 2019

jeudi 20 juin 2019

"Les petits maitres du grand hotel": un film de Jacques Deschamps : en un "tournedos Rossini" !


Un film documentaire de fiction où la comédie musicale est au "service" de l’hôtellerie et de son école d'application à Grenoble.

Des scènes tournées avec les élèves, amateurs, les professeurs et autres membres de cette "institution" rigoureuse où rien d'échappe à l’œil bienveillant de l'équipe pédagogique: sauf ces instants de grace chorégraphique où tout se meut en gestes, musiques et figures de style gracieux ou équilibriste.

Jeux de mots, humour dans les dialogues puisés au sein de jargon hotelier, justesse et pertinence des mouvements du quotidien qui se transforment en scènes de danse: le dressage des nappes des tables qui devient caresse, les vagues déferlantes des draps qui se plient...Ca danse et sa chante à intervalle régulier, laissant place aussi à la dure réalité de l'apprentissage: ça déchante ou ça espère, ça désespère ou ça enchante comme dans un conte de fée chez Lesdiguière, chez les détenteurs de l'excellence, de la tradition et du savoir faire ancestral en matière de perfection!
Très bien orchestré par un montage plein de distance et de drôlerie!
Au "piano" aux fourneaux,  les apprentis-chefs sont au court bouillon et à la nage, on "tache" de ne pas s'en faire et ça opère dans une bonne humeur et bonhomie digne d'une école de danse style opéra de paris où tout se mérite! Fille de militaire ou jeune en questionnement, ils sont tous attachants, simples et spontanés et les scènes des examens sont truculentes et pleines de vérité Rossini, en tournedos, ne saurait si tromper et chante les louanges d'un "Grand Restaurant" à la De Funès, plein de charme et verve§
Tourné chez Lesdiguière à Grenoble ce documentaire de création ne manque ni de sel, ni de poivre et ce festin de bonne humeur dans la rigueur est un régal !
Les chorégraphies sont réglées par Marie Fonte et Marie Lise Naud, complice de Yohann Bourgeois du CCN de Grenoble, simples et magnifiant les corps malhabiles ou timorés des jeunes élèves, jeunes pousses de la restauration, en couveuse ou incubation !




http://www.allocine.fr/film/fichefilm-272585/photos/detail/?cmediafile=21602578