mercredi 30 septembre 2020

"Miles et Juliette" dansent !

 


Miles et Juliette

Paru le  16 octobre 2019
En 1949 à Paris, Miles Davis rencontre Juliette Gréco. Sa vie et sa musique ne seront alors plus les mêmes. Le dessin virtuose de Sagar rend toute la mesure de leur trop brève histoire d'amour...
Au sortir de la guerre, Miles Davis est un jeune trompettiste remarquable (il a joué aux côtés de Gillespie ou Parker), marié, père, et pétri de doutes. Après avoir reçu une invitation pour Paris, il plonge dans la vie bouillonnante de Saint- Germain-des-Prés, et tombe fou amoureux de Juliette Gréco... Cette grande histoire d'amour ne durera que quelques jours mais les habitera leur vie durant...
scénariste
Illustrateur
coloriste

"Danse et dionysiaque"

 


L’ouvrage Danse et Dionysiaque est issu de la collaboration de chercheurs d’horizons variés (littératures étrangères, anciennes et comparées, histoire du théâtre, arts de la scène, musicologie, danse et études de genre). La perspective interdisciplinaire adoptée est au service d’une vision englobante de la danse (de l’Antiquité à nos jours en passant par l’époque moderne). Le dionysiaque renvoie aux notions de délire, d’enthousiasme, mais aussi à la notion d’inspiration recherchée à la fois dans l’universalité du mythe grec et dans la représentation de la violence. Il interroge aussi le sacré, le primal, le rituel – en privilégiant les problématiques de la libération et de la rupture. Il constitue le fondement philosophique toujours en devenir d’une danse envisagée dans ses dimensions esthétique et spirituelle comme dans son universalité.
L’ouvrage questionne les valeurs projetées sur le dionysiaque et leur potentialité créatrice de l’Antiquité à nos jours, à travers l’étude d’œuvres chorégraphiques, théâtrales, musicales, opératiques et cinématographiques, tout en réévaluant la place des héritages dionysiaques dans l’histoire de la danse et des arts scéniques. Danse et dionysiaque sont ici le ferment d’interrogations portant, d’une manière générale, sur l’art et sur la capacité de ce dernier à représenter la société qui l’engendre et à nourrir en retour son imaginaire.

Renaud BRET-VITOZ est Professeur de littérature française à Sorbonne Université. Il est spécialiste du théâtre du XVIIIe siècle.

Elise VAN HAESEBROECK est Maître de conférences en Études théâtrales et membre du laboratoire Lettres, Langages et Arts (LLA CREATIS) à l'Université Toulouse II-Le Mirail.

Nathalie VINCENT-ARNAUD est Professeur d’études anglophones à l’université de Toulouse-Jean Jaurès. Elle est spécialiste des rapports entre danse, musique et littérature.

"Nouvelle histoire de la danse en Occident"

 


Nouvelle Histoire de la danse en Occident
De la Préhistoire à nos jours

La danse représente un réel défi pour les historiens. Art de l’éphémère, elle ne laisse dans son sillage que des traces très partielles une fois évanouie, et continue souvent à être oubliée dans les récits de l’histoire de l’art. Afin de combler ce manque, Laura Cappelle a réuni vingt-sept des meilleurs spécialistes internationaux de la danse occidentale, dont les travaux mettent en avant sur la longue durée, depuis la Préhistoire jusqu’à nos jours, une multiplicité de techniques et de pratiques.

Des premiers indices de transes dansées à la libération moderne du corps, des ballets de la Renaissance à la création chorégraphique actuelle, cet ouvrage décrypte le mouvement à la lumière des dynamiques sociales, culturelles et artistiques qui l’ont façonné en Occident. La danse y est contemporaine, classique, apollinienne, dionysiaque, politique, esthétique, populaire ; de la ville à la scène, elle brouille les frontières et revendique aussi bien l’élévation que l’ancrage au sol, la virtuosité que le dépouillement.

Projet essentiel pour que les fruits de la recherche nourrissent la culture générale de la danse ainsi que la compréhension des œuvres et des pratiques aujourd’hui, cette traversée de l’histoire s’adresse à tous les publics.

Laura Cappelle est sociologue et journaliste. Ancienne élève de l’École normale supérieure de Lyon, elle est aujourd’hui chercheuse associée au Centre de recherche sur les liens sociaux (CERLIS ) et travaille comme critique de danse et de théâtre pour le New York Times, le Financial Times ou encore Dancing Times.


"Basilio petit rat de l'opéra"

 


Basilio connaît le rôle du roi des Souris sur le bout des pattes. Il tente sa chance, y met tout son coeur et réussit ! Mais jusqu'au soir de la représentation, tout est encore en jeu. Solor, son remplaçant si sûr de lui, essaie de le décourager et les entraînements sont si durs, si exigeants !
Un soir, alors que Basilio s'échappe pour danser seul sur la scène, le fantôme de l'Opéra apparaît !
Il lui redonne courage. Le grand soir, Basilio endossera bien la cape du roi et deviendra danseur étoile.

"Tanz" de Maurane Mazars

 

Tanz ! 

Graphic novel
Ed. Le Lombard, 2020

Allemagne, 1957. Uli est un jeune homme de 19 ans, élève d'une prestigieuse école de danse moderne. Sa fougue contraste avec la mélancolie de l’Europe d’après-guerre. Il est passionné de comédies musicales mais cette passion est moquée par ses camarades qui jugent cette discipline trop commerciale. Lors d’un voyage à Berlin, il rencontre Anthony, un jeune danseur afro-américain. Ce dernier suggère à Uli de venir tenter sa chance à Broadway… PARUTION AOUT 2020 !




"Road movie" : un palimpseste chorégraphique ! Sur la route, sur le "sentier de l'âne" ! Route" 66": on the road again !

 


Artiste familier de POLE-SUD, Dominique Boivin propose un Road Movie à sa façon. L’occasion de fêter plus de trente ans de danse et des années de complicité entre un public, un lieu et ses artistes.

"Sorte de Buster Keaton de la danse contemporaine, Dominique Boivin a beaucoup œuvré à la populariser. Il a créé nombre de spectacles développant un certain art du « beau geste », le nom de sa compagnie fondée en 1981. Son style profond et légèrement décalé a enchanté de multiples publics. Parmi ses pièces marquantes, son solo Une Histoire de la danse à ma façon et son fameux Carmen qui revisite le ballet classique. Ainsi que bien d’autres projets singuliers dont certains ont fait le tour du monde et plusieurs haltes à Strasbourg comme Transports exceptionnels. Union improbable entre un danseur et une pelleteuse, le temps d’un pas de deux ineffable. Dans son solo Road Movie, récit fleuve aux multiples épisodes, le chorégraphe amorce de premiers adieux à la scène. Quelque part entre postures et impostures, sur le fil d’une mémoire aux méandres fantaisistes, il convie selon ses propres mots : « les disparus, les inconnus, les reconnus, tous ceux qui ont bouleversé ma vie », et renoue avec le plaisir de conter. Images, danse et artistes invités sont au rendez-vous."


 C'est Mark Tompkins qui se colle le lever de rideau, seul, avec sa voix de bronze: une mélodie, nostalgique, "Haeven" du chanteur David Byrne des Talking Heads, mélancolique dans un anglais rauque et profond..


.Apparition de bonne augure face à tout ce qu'il va être évoqué, deux heures durant par le farfadet, soliste de haute voltige, funambule des pas, Pégase aux pieds légers, bouffon-poète...Zarathoustra lui va si bien, Nietzsche l'accompagne tout au long de son périple de danseur qu'il évoque par le vecteur du corps, par l'intermédiaire d'une voix off, chaleureux conteur, narrateur de toute une vie de danse. Je serai danseur, point barre! Malgré les obstacles les plus comiques, les handicaps qu'il franchit haut les mains, il va son chemin, sur le sentier de l'âne, broutant; humant les fragrances inconnues de tout ce qui l'entoure: les cours de danse classique de province lui font l'aplomb, fil à tordre et retordre le corps, gracile de cette "créature" qui se fraye un chemin dans le monde cruel de la différence, du "genre" homosexuel pas encore accepté. Sa mère, il la revoit comme une Carmen qu'il incarne tout en vert velours, ou dans sa "petite robre noire" que Guerlain aurait pu lui signer, lui tailler sur mesure comme un Lacroix, une Sylvie Zkinazi ou autre star du spectacle. Ses maitres, Cunningham, Nikolais sont imprimés joliment dans ses gestes, quasi langage des signes à la Harold Loyd. "Je me voyais déjà" d' Aznavour, lui inspire un solo perché sur une table, digne des plus belles pages du cinéma muet...Plein de grâce, de délicatesse, de velouté,de déliés, de clins d’œil malicieux, mutin, Boivin séduit, enchante, ravit. 


Et les "66 balais"..... ballet  que son compère Daniel Larrieu fêta aussi un beau jour (60 ans, 60 balais) et qui fait irruption dans ce cabinet de curiosités, ce livret de danse contemporaine que l'on relirait à l'envi, tant le texte est beau, tout simplement: des mots justes qui sont les siens, bordés de poésie de sensibilité, de verve."Vous dansez" écrirait Marie Minier, à quoi pensez-vous alors ? A beaucoup de choses, fertiles, drôles, comiques et burlesques en diable, quasi baroques tant la précision rythmique, les mimiques sont bijoux, enluminures, traces et signes fugaces. Dans l'air, toujours comme un elfe, un lutin,une sylphide égarée dans le monde contemporain, descendue de ses cintres pour mieux incarner la danse. Des archives, il en a, la fée clochette: inclassables, trop nombreuses mais jamais encombrantes: comme une éponge, il en presse le suc et nous l'offre en élixir de jouvence. Son étagère qui oscille, barre improbable partenaire de sa "carrière" se fait docile et maintient, soutient, sa passion. Son "manège" lui sied à ravir, Purcell lui inspire la glaciation du geste froid et baroque, Fred Astaire le traverse avec ses clins d’œils malins et sa pseudo maladresse, Wagner l'enchante et il y puise inspiration et décalage avec brio et modestie.Un cygne noir, Odette pour rencontrer Barbara, une douce utopie, qui se déplace, lieu unique de tous les possibles pour cet électron libre et pourtant docile. Jamais rebelle, mais sachant se soulever, s'envoler, se transporter sur d'autres territoires incongrus. On rembobine ici le magnétophone, on passe les images sidérantes d'un autre compagnon de route, Louis Ziegler dans un solo inédit à la Valeska Gert ,d'une cantatrice déchue: bouleversante évocation des filiations, de la passation et de l'identité de tous ces chorégraphes, danseurs, rencontrés sur son parcours.Lucinda Childs et son geste haché, parcouru par la musique de Phil Glass, lui colle à la peau...


Trop beau ! Et pourtant son intégrité artistique est sauve, fraiche, juvénile, sensuelle, inspirée ! Rita, la chienne, en fond d'écran-diapo de la mémoire pour illustrer son amour des "bêtes", ces anges qui peuplent son petit monde macroscopique.Un roseau qui penche, se plie mais ne rompt pas ! Illustrateur de griffonnages, de gestes plastiques harmonieux aussi sur sa table renversée, officiante, tableau d'écolier de la vie: quel "beau geste" retrouvé !Et pourquoi pas "pape", évêque ou religieux, tant son allure, ses déplacements sont semblables à ceux d'une petite cérémonie intime où il livre et lève son calice en ostensoir mystique... Du bel ouvrage que vient troubler l'apparition d'une créature à la Leigh Bowery ou Matthew Barney, chaussée de talons hauts, fragile apparition dégenrée d'un être de couleurs, de tissus rougeoyants satinés, pourpres,brodés, parés de lumière...Une rose blanche comme feuille de figuier. Boivin-Boileau, sans soif.... Pierre Boileau, deux cornes gonflées d'air comme un lapin sorti de chez  Alice au pays des merveilles, surdimentionnées, graciles, ondoyantes dans sa démarche noble de défilé de l'impossible identité. Royale apparition, où la nudité d'un corps sculpté par la lumière, vaut tous les tableaux de nus du monde dans cette galerie de musée des beaux arts, des beaux gestes!


 


Rien ne manque ici sauf la suite de ces "adieux à la scène" qui on le souhaite ne finiront jamais de nous hanter, de nous animer de leur candeur et de leur puissance. Un verre de champagne levé pour cette fratrie, orchestrée de main de maitresse des lieux, hôtesse de persévérance et de fidélité, la "capitaine, femme cheffe au long cours", Joelle Smadja! Santé et longue vie ! 

pour résumer....

  • De-ci de-là, cahin-caha, va trottine, va chemine, va petit âne, va de-ci de-là cahin-caha, le picotin te récompensera. — (André Messager, Duo de l’âne, extrait de l’opérette Véronique, fin du XIXe siècle)

!


France / Solo + invités / CRÉATION

POLE-SUD, CDCN Strasbourg, le mercredi 25 mars 2020 à 20:30


"L'oreille droite"n' a pas de paupières ! "Ouïe d'EAR ! Tire l'ire !

 


lundi 28 septembre 2020

"Four For" : coma sonore....


Avec les oeuvres suivantes:Morton Feldman Palais de Mari (1986) John Cage Imaginary Landscape 1 (1939)Cornelius Cardew Unintended Piano Music (1969)Eliane RadigueJetsun Mila (1986)



 


dimanche 27 septembre 2020

"Femenine" : du genre "virile" : plein de vie !

Julius Eastman
Feminine (1974) 
« Ce que j’essaie d’atteindre, c’est être moi-même à fond. Noir à fond, musicien à fond, homosexuel à fond. » Vivre la musique au sens fort du terme, en affrontant l’establishment de la culture, ses tabous raciaux et sexuels, telle fut la lutte de Julius Eastman. Selon la légende, lors de la création de ce chef d’œuvre de la musique minimaliste à New York en 1974, tandis que Femenine était jouée dans une salle, une autre œuvre du compositeur dont on a perdu toute trace, sinon son titre, était jouée simultanément dans une salle adjacente : Masculine. Une manière à la fois simple et radicale pour le compositeur de confronter l’auditoire à la binarité des identités de genre, dont il nous reste toujours aujourd’hui à explorer les assignations et les reliefs.
"Virile": étymologie: plein de vie ! Rien à voir avec l'acceptation galvaudée d'homme fort, masculin, genré, macho ! Etre "soi": infusion de bien naitre, de bien hêtre au monde. Ca démarre dans un duo étrange entre un "wildermann" bardé de clochette et une interprète au vibraphone qui entame une mélodie, sempiternelle qui ira son chemin, durant toute la durée de la pièce: on s'y installe assez confortablement, goutant a la répétition minimaliste proche d'une Meredith Monk et d'un Steve Reich: plus joyeuse, plus discrète, plus sereine. La voute sonore s'emplit peu à peu et résonne , dense, à chaque nouvelle intervention instrumentale dans ce choeur, choral, vibrant, ascendant.Tout se densifie  autour du leitmotiv du xylophone, repère, phrare: puis en apparence les autres protagonistes semblent prendre le dessus, submergeant les sonorités métalliques par couches successives. Une chaleur joyeuse emane de cet ensemble, la voix unique d'une femme se glissant entre les lignes, claire, présente. Une cheffe, cordonne le rythme, et le piano lui répond d'emblée, intrusion rythmique sourde et profonde.Une oeuvre qui unit les genres, enthousiaste qui transporte, hypnotise et berce nos rêves de jouvence et de parfums de recueillement. "Masculine" a disparu, que revive "Femenine"  longtemps
 
 
 

ensemble 0 AUM grand ensemble

 

samedi 26 septembre 2020

"Superposition" : symphonie pour un homme de "bonne composition" ! Le quantique des cantiques.

 

Superposition

© © Kazuo Fukunaga

Dans le cadre du festival Musica

L’Opéra national du Rhin et le festival Musica cultivent une relation ancienne et fructueuse. Depuis 2019 et dans les années à venir, ce partenariat est amené à se renouveler et à se resserrer. La preuve en actes à la rentrée 2020, où les deux institutions s’unissent pour présenter une forme de théâtre musical recomposant le Peer Gynt d’Ibsen et Grieg, ainsi que l’expérience participative Fake qui lui fait écho, et Superposition de Ryoji Ikeda, fascinante expérience multi-sensorielle.

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Ryoji Ikeda signe sa « symphonie », une œuvre multidimensionnelle dans laquelle il mixe les éléments d’une riche palette sonore et visuelle. Cette écriture performative et électronique met en scène deux performers dont les actions alimentent une monumentale fresque numérique, projetée sur 22 écrans.

Décomptes lumineux sur deux rangées d'écran, un grand écran en fond de scène, une console: voici "l'instrumentarium" de Ikeda le démiurge de la data-musique: designer, graphiste, programmateur de sons savamment inventés, surgis de l'informatique, de l'électronique et de l'électroacoustique, mais surtout des mathématiques , source de la composition musicale, le son, lui, provenant de la propriété physique.Le résultat, ce sont des impacts sonores et lumineux à foison, en noir et blanc, en grillage fébrile, volatile fugace et futile. Des électrons libres sillonnent les écrans, de l'écriture aussi, qui balise les sources d'inspirations de l'auteur de ce voyage sidéral, au cœur des moniteurs alignés en rang serrés, batterie sonre et visuelle hallucinante. Comme un immense feu d'artifices, comme celui de Stravinsky et Lucio Balla en 1917 qui occultait les corps des interprètes pour ne donner à voir que sons et lumières....Révolution de palais, tirs de salves, mitraillage intense de vibrations comme des montées d'images en ascenseur: vitesse, mouvement, lumière, très "kiné-matographique", ce spectacle  est diagrammes écrits et joués par deux artistes, artisans des consoles, établi musical sophistiqué, paillasse médicalisée, clinique aux rythmes déterminés, métronome et vecteur d'informations. La robotique du dispositif opérant comme dans une salle d'opération, lisse, inodore et incolore, aseptisée, clinique.Musique froide et intouchable distancée qui cependant avec quatre "vrais" diapasons est capable d'émouvoir, de déplacer l'auditeur, de le transporter ailleurs dans des sphères où laisser faire et laisser passer sont de bon aloi.En cliquetis réguliers, en signaux sonores répétitifs: à l'image, le focus sur les mains des protagonistes sur leur surface tactile opérante, laisse deviner le champ d'action des artistes. Leur "instrument", leur marge de manœuvre.L'infographie visuelle se colore soudain, fait taches et masse comme dans le traité des couleurs de Goethe.Une esthétique fameuse, des polices de caractères comme sur des écrans d'horaires d'aéroport: on voyage, on divague à l'envi, suivant une narration sonore suggestive, des zébrures tectoniques sur le grand écran, des éclaboussures de lumières qui se dissolvent dans l'espace virtuel...C'est magique en diable, source d'une intense circulation et diffraction d'électrons magnétiques. Humour d'un défilé constant de signaux comme des petits trains électriques qui se dépassent ! Cadence et train d'enfer, de lignes, points, traits, traces et signes: Kandinsky pas loin de là pour ces "compositions" picturales éphémères..... L'apparition de la couleur dépassant l'entendement de monsieur lambda qui regarde, écoute, fasciné, emporté, ravi par le mouvement de toute cette mise en scène. Visualisation des fréquences en bandes parallèles de sons, bandes à part pour conduite atypique et hors norme.Du chromatique magique comme des lanternes, ancêtres du cinéma La mesure de toute chose ici l'emporte: on quantifie, évalue, programme, construit échafaude comme pour élaborer un tissu, trame et chaine mécanique à la Jacquard. Révolution ingénieuse opérée par des ingénieurs au diapason, à l'unisson du chant des muses convoquées ici pour cette occasion de célébration symphonique du son. Des effets spectaculaires de formes, torsions, torsades, spirales créent tension, détente dans une chorégraphie proche des esthétiques post-modernes de la danse d'une Martha Graham ou d'un Cunningham. Des images projetées à partir de microfilms sur feuilles ou pellicules archaïques font contrastes. Des constellations célestes s'allument, une cartographie, géographie sonre se dessine, des images médicales ou poétiques de ces plans quadrillés à la mode des cahiers Clairefontaine, séduisent et enchantent. Dans cette foret de paysages, lunaires, minéraux, à facettes, vus du dessus, des drones ou avions survolant notre imagination fertile, sollicitée à partir d'une force de propositions étrangères et lointaines, on se perd et s'égare, ivre de désorientation.La tête dans les étoiles, au final, un bouquet survolté de sons et de fureurs plastiques font de cette pièce expérimentale une œuvre branchée, à mille volts, sur une planète promise à bien des bouleversements.Les artistes saluent, tout en noir et blanc vêtus : partie intégrante de ce jeu d'équilibre, de funambule de la musique d'aujourd'hui. Ikeda, mixeur d'exception, de l'extrême , du palimpseste musical, de la "superposition" !  Polymorphe en diable, officiant d'un guichet de banque de données fort apprécié et convoité! .

présenté avec le Maillon Théâtre de Strasbourg – Scène européenne
et l’Opéra national du Rhin

vendredi 25 septembre 2020

"Suite n° 4" : une langue bien suspendue !


Suite n°4 (2020)
création mondiale 


"Nos paroles reflètent le monde, et à l’ère de l’explosion des flux de communication, elles s’envolent en d’incommensurables nuages, vaporeux, immaîtrisables. Y chercher l’ordre absolu, tâche sisyphéenne. Abdiquer devant une page noircie à outrance, défaite de la pensée. Prêter l’oreille aux choses, se laisser fasciner par l’hétérogène, ou encore ausculter plutôt que juger et détruire, comme le préconisait Nietzsche — telle est l’issue expérimentée par Joris Lacoste et les contributeurs de l’Encyclopédie de la parole depuis 2007. La Suite no 4 en est le dernier opus.
Sur scène, les acteurs ont disparu. Seuls demeurent les documents sonores, d’étranges personnages témoins de l’oralité contemporaine, et les musiciens de l’ensemble Ictus. Projetées dans l’espace théâtral, les paroles prononcées dans plus d’une vingtaine de langues entrent en gravitation pour révéler leur musicalité. Ainsi orchestrées, des situations d’apparence ordinaire et volontairement disparates convergent pour délivrer leurs inflexions profondes. Des voix lointaines, absentes, reconnues ou anonymes, parfois réprimées, mais aussi des fantômes, un rêve éveillé, l’exil et ses chemins, le tableau d’une jouissance… sont quelques-unes des figures de ce theatrum mundi polyphonique dont Pierre-Yves Macé et Sébastien Roux signent respectivement la composition instrumentale et électroacoustique. Une dramaturgie de l’écoute inédite qui marque le retour de Musica au Théâtre National de Strasbourg."

 C'est à une suspension de mots défilants, que l'on assiste,comme venus d'ailleurs, figures fantomatiques révélant  l'absence de corps, la perte, le passé qui s'écrit, qui s'efface sur le tableau désincarné du théâtre. Paroles doublées de son, de musicalité du verbe. L'exercice est périlleux et réussi, dans une lumière bleutée, fragile, en fumeroles dispersées.C'est plastiquement très réussi et convoque au voyage, au pays de la collecte de ce qui devient archive, encyclopédie, conservatoire. Enquêtes multiples pour recollecter, trier et mettre à jour le fruit d'une étude quasi scientifique, ethnographique. Les lettres apparaissent drapées de linceuls, nimbées d'inexistence, inconsistance. Actes après acte, la musique s'impose et les sept protagonistes de ce théâtre de la parole enregistrée, lointaine, font corps et occupent le terrain.Les enregistrements opèrent comme des filtres, les mots disparaissent peu à peu au profit des récits, de témoignages. On part pour une découverte de continents inconnus et inouïs avec curiosité et intérêt.
Sept musiciens en quête d'auteurs, de mémoire se cherchent une place sur le plateau qu'ils prennent au pied de la lettre. Nous offrant en bord de scène le privilège de la rencontre et de l'écoute.
    lumières, scénographie et régie générale
  • Florian Leduc
Encyclopédie de la parole Ictus



"Chewing gum silence": Musica is Small et beautyfull ! La mélodie du bonheur !


concerts et ateliers jeune public

"C’est l’histoire d’une jeune femme à la recherche de sa mélodie perdue, celle qui lui sert à s’endormir et animer ses rêves. Elle atterrit dans un drôle d’endroit où deux archivistes conservent et réparent toutes les mélodies du monde. Commence alors un fabuleux jeu de cache-cache musical et de poupées russes sonores, joyeusement orchestré par Antonin Tri Hoang et Samuel Achache. Un réjouissant spectacle de théâtre musical, avec à la clé un remède efficace pour vous débarrasser de ces airs entêtants qui peuvent vous trotter dans la tête toute la journée."

C'est Musica baby, "S" taillé sur mesure pour les petits et les grands XXL qui ont su garder leur âme d'enfant ! C'est un accueil chaleureux et débonnaire de l'équipe de Django qui vous attend pour cette matinée scolaire animée ! La salle est pleine et joyeuse quand apparait, derrière un mur de cartons empilés, un "homme tronc", présentateur "muet" parlant une langue inconnue, doublé par une musique naissante de derrière les fagots...Il croque un navet qu'il explique gouter avec l'oreille, le nez.Sens dessous-dessus , parti pour une leçon sur la"note", la "hauteur", les "timbres" et la "mélodie": sujet qui va parcourir toute la substantielle moelle du spectacle. Fredonner l'absence, de quelque chose, de quelqu'un pour mieux lui redonner corps avec tous ces ingrédients ! En tracer les contours musicaux.Image corporelle, organique de la musique, suggérée à toute allure par le conteur-narrateur qui s'adresse déjà aux mystérieux cartons comme à des êtres vivants.Dans cet étrange entrepôt, boutique fantasque, deux magasiniers vont opérer d'étranges expériences sonores.Une jeune femme bariolée débarque et découvre que de cet amoncellement de boites, sortent des "mélodies". Belle idée, fil conducteur du spectacle qui va entrainer nos trois personnages dans les plus drôles divagations sonores.Par maladresse, cet éléphant dans un magasin de porcelaine va coller au plafond un "ré" qui n'aura de cesse de regagner le "sol", le "ré" de chaussée ! Sol si ré la mi la (sol ciré l'a mis là ,dirait-on d'un homme qui chute)...Ici c'est la remise des archives du son, la boite à musique, la boite à malice, à rythmes,berceau de toutes les intrigues et rebondissements à "portée" d'enseignement pour trouver les clefs de fa ou de sol de la composition musicale. Malins et pédagogues, nos trois protagonistes musiciens,dans un univers à la Prévert, avec fracas et dans un grand fatras,  brodent une histoire à dormir debout pour notre jeune héroïne qui ne trouve pas le sommeil par manque de "mélodie"pour fermer l'oeil de la nuit. Des fragments de "standards" s'enchainent pour mieux faire découvrir les sources sonores de nos "tubes": Marseillaise ou "Joyeux Anniversaire" recomposés en direct, en improvisation: tout devient accessible et ludique dans ces secrets de fabrication révélés sans démagogie, avec humour et malice. Il y a un "dehors", hors de ce huis-clos de conservatoire de bocaux de formol de musique. En rayons bien achalandés, cette Samaritaine, grand magasin de la Mélodie, dévoile ses secrets et les agents de service s'avèrent de bien agiles musiciens, clowns burlesques et comiques de répétition, pleins de fantaisie et d'inventivité: une "école de musique" fabuleuse que ce "chewing gum" au gout de navet salé et pas "piqué des vers" du fruit de l'oreille d'Irène qui ne mâche pas ses mots! Un grand jeu fragile de baguettes géantes de mikado au final fait vibrer percussions et architectures sonores inédites. Voir les sources des sons à la recherche de la mélodie perdue et retrouvée! Mais chercher n'est pas toujours trouver, alors on peut donner du gout à un "navet" un nanar et se coltiner la création pour de bon.Une boite silencieuse, ça existe aussi, qui renferme de "bonne" ou "fausse" note pour mieux "libérer les mélodies" de leur carcan ou complexité!  Mélody, un prénom pour la vie, celle que l'on fredonne en repartant, celle de Michel Polnareff, une "simple mélodie" libre et pleine des percussions des fauteuils de la salle habilement orchestrés par les enfants au plus grand plaisir d'un John Cage, expérimentateur de tous les possibles comme savent le faire les artistes de ce trio magnétique.


 

    composition piano préparé, percussions, voix
  • Jeanne Susin

 


Sonic Temple vol. 2" : pas "fréquent" mais tout à fait "fréquentable" !

 

Sonic Temple vol.2

« L’étrange est la forme que prend le beau quand le beau est sans espérance. » Antoine Volodine, Des Anges mineurs

"Ce qui réunit les artistes de cette soirée organisée avec l'INA GRM est l’attention critique qu’ils portent aux ruines spirituelles et sonores que la modernité, les logiques de production/consommation et le système capitaliste ont laissé derrière eux et laissent encore devant nous. Comment faire advenir des communautés sensibles dans les décombres du présent ? Quelle attention pour quel lendemain ? Que peut bien encore vouloir dire le mot « génération » lorsque l’histoire se retourne contre elle-même ?"

Ce sont les grandes orgues de St Paul qui inaugure ce concert hors-norme, énorme machinerie électro-acoustique: le public, en rond autour de l'estrade qui accueille artistes et consoles. De longues tenues répétitives s'enchainent, solennelles dans une belle ambiance "stimmung", recueillie, le public encore dirigé frontal, assis sur ces adorables tabourets en carton recyclable d'une année sur l'autre,  face à cette machine soufflante et respirante, vents en poupe. Brise, pulsations régulières de cette bête, fourmilière ou pulsante. termitière

Kali Malone à l'honneur avec "Glory Canon 3":des reprises, répétitions scandent le rythme soutenu des notes, en boucle: éternel retour, le son tourne, emplit l'espace, les volumes de la nef éclairée pour l'occasion en ciel d'ogives convergentes. Décor et espace de choix pour une pièce où le son se réverbère, en vibrations et fréquences, pas fréquentes, mais bien fréquentables pour l’Ouïe. 

Suit "Numen" de Annabelle Playe , sorte de cataclysme sonore de guerre, tonnerre, ravages, destructions au poing. L'électro-acoustique à son zénith, volume surdimensionné, amplification du son à l'envi.Pièce angoissante, envahissante, submergeante à l'ambiance de catastrophe aérienne: l'horizon s'ouvre en contraste soudain, silence étiré, déroutante fausse piste de calme: passages de salves, de bruits de percussions étranges, de choc underground, de vibrations de coulées d'avalanches...Qui ruissellent, roulent, se déversent, chaotiques Des impacts sonores fulgurants, légers, furtifs à l'appui, éphémères lignes horizontales de sonorités brèves: qui se soulèvent, épaississent, envahissantes venant densifier la matière sonore conséquente. 

"How to Avoid Arts" de Lasse Marhaug prend la relève: les éclairages de la voute céleste gothique varient pour accueillir cette musique, composition répétitive semée de bruits de pluie, comme une plongée dans les abysses, les abimes aquatiques, subway tétanisant, chutes d'eau, atmosphère "glauque" verte sournoise, ou ventilation ténue de sons indistincts. Des souffles divers sont projetés, postillons, écume et contrastent avec les masses sonores qui montent, submergent, se gonflent, déferlent et étouffent savamment l'auditeur, transporté en commun avec l'assemblée de spectateurs transits.Eruption volcanique, torrents de masse liquide, lave incandescente... Infiltrations karstiques du son dans lesfailles béantes des avens tectoniques...Minérale planète, cosmos sidéra, sidérant!

"Living Torch" de Kali Malone poursuit la recherche sonore, acoustique inédite, ce soir là en création nationale ou mondiale, toutes les pièces datant fraichement de 2020.En lentes vagues de son soutenu qui déferle, magistrales, grandiloquentes en puissantes vibrantions envoutantes, le voyage continue sans embuche: on est dans le ton de la soirée: tectonique, inquiétante, survol planétaire de la création acoustique, voie de tous les possibles, de toutes les écoutes. Voute et couverture acoustiques idéales pour une production inédite si bien maniée par l'ensemble GRM.

Enfin, morceau de choix et pièce maitresse de la soirée: "Four Rays" quatre faiszeaux d'anti division de François J.Bonnet et Sptephen O'Malley: une immersion totale lente, dans l'atmosphère vibratoire caverneuse et grondante, tunnel résonnant, couches et stratosphère vivante, organique, sourdant des deux guitares live, manipulées par les musiciens connectés. Apocalypse sidérale à l'entenne, quand le jeu s'emballe, ivre de sons déferlants, jeu de consoles égarées, affolées, réverbération intense des fréquences timbrées, disharmoniques: soutenable ou insoutenable décibels, puissants qui dérangent de confort d'une audition, écoute saturée. Longue et lente alarme en épilogue, au final de cette soirée sans quiétude aux confins de nos cauchemards ou rêves éveillés!

Relire aussi "le chant des muses" de Lacoue-Labarthe où il est question de l'amplification, de la "caisse de résonance" : les cavernes préhistoriques qui avaient des propriétés acoustiques particulières de résonance....Comme st Paul et l'électroacoustique sophistiquée !

"L’Américaine Kali Malone se produit pour la première fois à Strasbourg et fait résonner ses monolithes acoustiques dans l’espace de l’église Saint-Paul. Son écriture minimaliste, volontairement dépouillée pour mieux surinvestir le « sujet », est une recherche croisant l’harmonie, les simples relations entre intervalles et la psychoacoustique, en faisant notamment résonner l’orgue, son instrument de prédilection. Cette volonté d’inclure l’écoute elle-même à la composition, tout en jouant sur l’altération de la perception, est également au cœur des préoccupations du duo que forment François J. Bonnet et Stephen O’Malley. Après Cylene (2019), ils dévoilent leur dernier projet en date : entre rituel sacré et expérience du chaos, phénomènes sensibles et divination séculaire — un romantisme pour le XXIIe siècle ? Enfin, les variations infinitésimales comme les éruptions tonitruantes délimitent l’aire de contraste d’Annabelle Playe, qui place l’écoute en état d’urgence, dans une attention quasi-animale."


Kali Malone création française
Annabelle Playe
NUMEN (2020)
création mondiale
Lasse Marhaug création mondiale
Kali Malone création française



mercredi 23 septembre 2020

"Hommage à Klaus Nomi" : eclipse totale....en fanfare. "En corps" !

 


"Lorsque David Bowie le repère à New York à la fin des années 1970, Klaus Nomi élabore son personnage et un genre inédit de cabaret expérimental, à mi-chemin entre l’opéra baroque et le courant électro naissant. Il disparaît en 1983, deux ans après la sortie de son premier album, en marquant la scène pop de son anticonformisme. Olga Neuwirth voit en lui un modèle de synthèse des codes musicaux réalisée depuis les marges. Elle lui rend un hommage en forme de relecture : des neuf titres dont elle s’empare, elle conserve les parties vocales, puis leur applique un arrangement musical qui révèle les facettes de l’icône new wave tout en alimentant les espaces nostalgiques de notre écoute. Ce regard optimiste sur le mariage des cultures savantes et populaires est ici partagé et introduit par Carola Bauckholt et Simon Steen-Andersen." 

Ensemble intercontemporain


Simon Steen-Andersen
Amid (2004) 
 Ça rappe, frotte, glisse: on scie le son, en écorché, dépecé, évidé sur des carcasses éraflées des instruments, griffés, comme par un rabot d'ébéniste sur son établi musical. De petites vibrations, minutieuses, à peine audibles, en palpitations acoustiques avec beaucoup de douceur: une pièce singulière au regard des élucubrations de Andersen !

Carola Bauckholt
Laufwerk (2011) 
Les cordes grattées en mouvement de train en route, on scie du bois en tracés, piqués fugaces, en palpitations et tremblements: on vacille, on frémit, vrombit, sous les chatouillis: on frôle, glisse en ricochet comme cette musique pertinent, intrigante !Des miaulements de haute contre, petites plaintes de chouette effrayée, des sirènes menaçantes, des mouettes en émoi: toute une histoire qui se raconte en sonorités inouïes. 


Olga Neuwirth
 Le clou du spectacle, le morceau phare tant attendu: "encore" et "encore" pour affronter la vie, le personnage de Klaus Nomi en habit de lumières."Simple man"  sur fond de scène rougeoyant, pourpre comme l'artiste maudit, "incarné" ce soir par Jake Arditti, haute contre bien rodée à ce cabaret expressionniste en diable, à ce rock, à cette musique baroque dont Nomi a su s'emparer avec brio et sensibilité !En diable, Lucifer démoniaque le voici aux prises avec un "répertoire"varié, fanfare, twist, comédie musicale, cabaret....Tout se bouscule, s'effondre alors que le chanteur, espiègle et malin sous son maquillage de Nosferatu ou Dracula  se plait à séduire. Il nargue, caricature, fait son show, canaille, chipie de luxe dégenrée Tout boite ou s’emboite à l'envi..Des grondements menaçants enveloppent "Cold Song" morceau de bravoure interprété avec sobriété, fermeté et belle maitrise vocale.Maléfique, envoutant, vampirique, le chanteur sidère et ravit le public, reprend "wasting my time" pour enjôler et clore le spectacle, entouré de l'Ensemble Intercontemporain, ivre de ce style débridé, décalé aux atours d’apparat déjanté.




"Staged Night" : Simon Steen Andersen, trublion indiscipliné ! Mises à jour !

 


Johann Sebastian Bach

(tiré de Ich habe genug BWV 82)


Robert Schumann

(tiré de Kinderszenen, op.15)


Wolfgang Amadeus Mozart

(tiré de Die Zauberflöte K620)


Maurice Ravel
Scarbo (1908)

(tiré de Gaspard de la nuit)


ensemble ascolta

"Intermezzi": Aperghis : entremets, entr'acte ! Fracas sans perte ! !

 



Intermezzi nouvelle version (2019-2020)
création française 
"Georges Aperghis fait son retour à Musica et sur les planches du TNS avec une pièce pleine de surprises. Plus qu’un concert, Intermezzi est une suite d’actions instrumentales, doublée d’un portrait de l’ensemble Musikfabrik. Les musiciens ont « posé » devant le compositeur, qui a ainsi croqué leurs visions, centres d’intérêt et comportements. Il en résulte une collection de situations hétérogènes, façonnées par les idiomes de chacun — mise en scène des corps, des voix et des instruments. Pourquoi le genre de l’« intermezzo », pièce musicale de transition souvent marginale dans les grands ouvrages ? Réponse de l’intéressé, que l’aspect chaotique des choses a toujours fasciné : « Parce qu’il n’y a pas de propos. Que de l’entre-deux, que des parenthèses. » 
 

Un percussionniste, deux pianistes, huit instruments à vent pour cinq "cordes"....Une joyeuse bataille rangée va s'en suite à armes inégales, combat singulier dont l'issue sera fatale à la convention, à l'ordre, au maintien, à la rigueur de la composition rigide de certaines oeuvres contemporaines...Aperghis en diable, auteur, metteur en scène de bien des pièces théâtralisée refait surface ici et laisse place aux instruments personnalisés où les corps des interprètes ne font plus qu'un avec leur instrument, ou le "choeur" de chambre résonne à l'unisson d'un projet "collectif" concentré sur l'unicité de chacun. Rare démarche où la contrebasse se fait rageuse, colérique en prolongation de l'étoffe du musicien. Ou le trombone, le clairon oeuvrent , embouchures bavardes faisant sourdre le son-voix-souffle comme des entités sonores inédites, vivantes, charnelles, organiques.Une épinette délicate, une guitare aussi, des soupirs embouchés pour se faire une renommée dans ce chaos où chacun lève la tête pour mieux respirer le bonheur de "jouer". Jouer à la complicité, la concurrence des timbres, des volumes, créant capharnaüm, fatras et autre grand bazar salvateur. Les cordes s'emballent, survivent, les vents se déchainent dans des sur-aigus de timbres, alors que le rythme d'ensemble, très contrasté, oscille entre ténu et rocambolesques volutes sonores. Joyeux tintamarre collectif, sens-dessus-dessous à la Raymond Devos ou Jacques Prévert, le "verbe", le vers musical d'Aperghis fait mouche et la pêche est miraculeuse. Rien au hasard alors que les apparences de ce bon désordre sont trompeuses. Un solo de piano, alerte, met le feu aux poudres, des sifflets, des sirènes suggèrent un fil narrateur à s'inventer. Kung-fu de la contrebasse en combat avec les percussions tirées par des ficelles par l'interprète ganté à l'établi de ce clocher de pacotille. Un vrai spectacle, théâtralisé finement par le jeu des artistes sur le plateau, en position frontale puis divaguant de pupitre en pupitre histoire de semer la zizanie, de prendre la place de l'autre!. En assemblée bruissante qui cause, bavarde, foisonnante. Une expérience de sons, visuels dans la composition, cor et trombone, contrebasse et percussions, magnifiées par une écriture frisant le burlesque, le comique léger d'un Tati de la musique d'aujourd'hui: un "trafic" dense, chatoyant, bigarré, ludique où la signature de l'auteur surprend, varie, s'invente à chaque saynète créée devant nous. Bonheur assuré, joie et verve où chacun sort de ses gonds, "dégenré", déboussolé par ce trublion iconoclaste de la poésie sonore.

"Georges Aperghis fait son retour à Musica et sur les planches du TNS avec une pièce pleine de surprises. Plus qu’un concert, Intermezzi est une suite d’actions instrumentales, doublée d’un portrait de l’ensemble Musikfabrik. Les musiciens ont « posé » devant le compositeur, qui a ainsi croqué leurs visions, centres d’intérêt et comportements. Il en résulte une collection de situations hétérogènes, façonnées par les idiomes de chacun — mise en scène des corps, des voix et des instruments. Pourquoi le genre de l’« intermezzo », pièce musicale de transition souvent marginale dans les grands ouvrages ? Réponse de l’intéressé, que l’aspect chaotique des choses a toujours fasciné : « Parce qu’il n’y a pas de propos. Que de l’entre-deux, que des parenthèses. »