L’Oreille droite
François Sarhan
mardi 29 septembre 2020 — 18h30
Salle de la Bourse "Le
cinéma impose généralement un pacte : celui de ne pas montrer comment
les choses sont faites. Nul micro, nulle caméra dans le champ de la
représentation. Dans L’Oreille droite, au contraire, tous les artifices
sont dévoilés et le spectateur choisit le point de vue à partir duquel
il souhaite assister au processus. Cette pièce à mi-chemin entre le
théâtre musical et ce que l’on pourrait qualifier de « cinéma manuel »
nous invite à observer de près le dispositif et ceux qui le manipulent,
des décors en forme de maquette disposés sur des tables au bruitage
réalisé en direct. Un anti-blockbuster, satire de la vie moderne teintée
d’humour noir surréaliste, où l’on suit — d’une seule oreille,
distraction obligée — la mécanique absurde d’un personnage pris en
flagrant délit de consumérisme."
"Le
cinéma impose généralement un pacte : celui de ne pas montrer comment
les choses sont faites. Nul micro, nulle caméra dans le champ de la
représentation. Dans L’Oreille droite, au contraire, tous les artifices
sont dévoilés et le spectateur choisit le point de vue à partir duquel
il souhaite assister au processus. Cette pièce à mi-chemin entre le
théâtre musical et ce que l’on pourrait qualifier de « cinéma manuel »
nous invite à observer de près le dispositif et ceux qui le manipulent,
des décors en forme de maquette disposés sur des tables au bruitage
réalisé en direct. Un anti-blockbuster, satire de la vie moderne teintée
d’humour noir surréaliste, où l’on suit — d’une seule oreille,
distraction obligée — la mécanique absurde d’un personnage pris en
flagrant délit de consumérisme."
Et si on se "payait une toile"! Et si un homme "Averty" en valait huit? Six musiciens grimpés sur estrade comme des établis à percussions et bruitages , deux manipulateurs en direct, mini caméra paluche et électronique régie directe d'images filmées sous nos yeux pour animer un studio de cinéma comme à Montreuil au temps de Tati ou à Cinecitta.... En tout petit, miniature d'une maquette géante à nos pieds, décor d'une narration invraisemblable, à l'esthétique voisine de Plonk et Replonk ou Kentdridge.... Des images dignes d'un "Ballet Mécanique" à la Fernand Léger ou "Entr'acte" de René Clair pour un enchantement toujours décalé dans l'espace et le temps. Images expérimentales rehaussées en direct par une "orchestration" savante de bruits et sons, collants au "texte" des clichés, vison de hachoir qui malaxe, triture en tétanie ou pixilatiion énergique, la matière du rythme et de la chorégraphie de l'image! Quel style, quelle audace dans ce renouveau futuriste revisité au profit d'une intrigue, d'une poésie digne des lanternes magiques ou autres décomposition savante du mouvement à la Muybridge ou Marey. On feuillette un livre, des pages qui se froissent, le son déformé, déglingué opère comme un écho, une résonance exacte et précise: du sur mesure de haute couture, de facture savante, en direct; beaucoup de risque, de danger dans cette pièce musicale, architecturale de haute voltige ou le fil d'aplomb, le niveau ne défaillent jamais dans la justesse du ton. Esthétique désuète ou d'un autre siècle pour une iconographie joyeuse et ravissante !La manipulation en direct en fait un théâtre de marionnette à la Kleist ou les objets dociles obéissent et se plient sans se rompre !Pour des plans séquences vertigineux, des sons et bruitages du quotidien, bluffants !On nous indique la bonne direction avec un pictogramme évocateur: une main, le doigt tendu vers on ne sait où ! Des "maitres", des notables dans leurs cabinets thérapeutiques, EAR, où le son, l’ouïe sont sources de soin et de bienveillance.Tout fonctionne en collages à la Max Ernst, surréalistes en diable, digne d'un Bunuel, œil tranché à vif pour mieux revoir le monde d'un "autre œil", d'une autre oreille, la droite ! "On aura tout vu", du jamais vu, des images dédoublées, graphiques, rémanence au poing dans un rythme et découpage très kiné-matographique! De la danse à l'état pur. Les miniatures de maisons de poupées, animées à la main, filmées en direct, comme un jeu de cache cache, de tampon ou de colin-maillard. La fébrile tétanie d'un match de foot de philosophes est désopilante et Zitrone dans cette bataille rangée entre postmodernes et métaphysiciens ferait office d'arbitre démoniaque!Des vêtements s'animent à l'écran pour une "pause érotique, interlude erotico", sur une musique glamour standard,objets animés sans âme, couleurs et formes évanescentes qui se lovent et racontent la chair désincarnée de l'image pixilarisée. Quel cirque savant, quel théâtre: c'est "par ici" la bonne direction, doigt tendu vers des destinations inconnues, des entrées en gare dignes des Frères Lumières: théâtralisation et dramaturgie au poing quasi à la Mélies avant l'heure. Musique et sons animant la matière visuelle, le riche matériau. Puis place dans un second souffle à la création musicale: dadaïste hypnotique en diable, anamorphoses et collages sonores, futurisme mécanique adhérant aux images: c'est toute l'histoire du cinéma qui défile dans une joyeuse sarabande, un déploiement virtuose de techniques, entre archaïsme et hyper sophistication: sur l'établi de nos rêves! Une utopie réalisée en petit format pour grands et petits émerveillés ! L'ensemble "Garage" sur la bonne voie !
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concept, video, décor et musique
- François Sarhan
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régie vidéo et direction technique
- Yann Philippe
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alto et voix
- Annegret Mayer-Lindenberg
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bruitage
- Akiko Ahrendt
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guitare
- Timm Roller
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claviers et voix
- Malgorzata Walentynowicz
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percussion
- Yuka Ohta
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saxophones et voix
- Frank Riedel
http://genevieve-charras.blogspot.com/2019/09/francois-sarhan-musica-impromptus-je-te.html
http://genevieve-charras.blogspot.com/2019/10/composer-limage-projection-commentee.html
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