Ode à la mère, mémoire vive.
C'est une ode chantée, mouvante, à la mère, à l'Iran, à une culture du deuil, farouche, amère, vibrante qui fait se secouer, trembler , osciller les corps, sourdre des sons tragiques de la voix de la chanteuse, comédienne, éprise de douleur, de sentiments exacerbés. Rituel de mort conduit pudiquement par la danse et la musique qui célèbrent Ishtar, déesse de la vie et de la fertilité. Lamentations en litanies de la Mère, figure prégnante, éperdue dans ce monde de sacrifices et de légendes terrifiantes de la culture des rites funéraires dans le monde arabe. On en frémit, on vibre, on communie avec ce passage obligé dans les enfers et monde des ténèbres.
Au Théâtre Benoit XII jusqu'au 17 Juillet
Enfance superposée: toi émoi à l'abri du monde
Sur les toits, sur des échafaudages périlleux, deux jumelles avalent le dictionnaire, gobent les mots, déglutissent le verbe et s'aiment à tout rompre, à tout vent.Doublées par deux fantômettes masculines, tout droit sorties de la collection "bibliothèque verte", cl^nes ou doubles fantasmés et fantaisistes. Cette pièce utopique-non lieu- de leurs divagations et digressions verbales et physiques. Costume, uniforme scolaire de pensionnaires studieuses en diable, frange et autres atours de rigueur pour une école de vie stricte. Les images vidéo projetées de chaque côté du mur de la chapelle, élargissant le propos: gratte-ciel vertigineux, mère fusionnelle, berceau de poupons jumeaux et autre policier-Denis Lavant- désopilant.
Les images vidéo, fondamentales de cellules qui se séparent, se dédoublent dans le placenta, d'entrée de jeu situent le phénomène et structurent la pensée de ce spectacle tonitruant, bien rythmé, joyeux et grave à la fois où la densité et la gravité font la nique au dogme sur ce bel échafaudage où s'échafaudent les rêves les plus fous: du Larousse au Petit Robert, quel abécédaire construira les corps et les pensées de ces deux funambules de l'utopie?
Tito Gonzales-Garcia et Karelle Prugnaud, créateurs d'images, excellent dans l'évocation de "villes invisibles", de lumières projetées, évoquant des espaces fantasmés. Images vidéographiées, torturées, disséquées comme ces esprits perturbés par des corps non conformes . Le toit du monde où évoluent les deux figures circassiennes, "stégophiles" s'extrait ainsi des turbulences et fonde un lieu, un endroit à l'envers des conventions.Apesanteur et légèreté peuvent s'y nicher à l'abri des appâts et pièges de la différence à assumer. Belle métaphore plastique, toi émoi, deux jumelles et leur double qui volent à leur secours, et les sauvent de leur destinée toute tracée par les adultes: un agent de sécurité en sera tout turlupiné !
A la Chapelle des Pénitents Blancs jusqu'au 23 Juillet
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