L’intérêt
de Penn pour la danse aurait pu se limiter à son seul aspect classique,
de loin le plus spectaculaire. Il n’en fut rien. Nous le savons
désormais, il suivit les tentatives, très choquantes pour l’époque, des
jeunes compagnies américaines. Aucun voyeurisme chez le voleur d’images.
Il se borne à capter le travail des corps en mouvement, il observe la
grâce mélancolique de couples juvéniles et nus, leurs gestes tendres,
leurs regards timides tandis qu’il s’adonnent ensemble au plaisir du
bain. Isadora n’est pas loin qui prônait le retour des pieds nus. Comme
elle, mais avec d’autres moyens et avec sa furieuse vitalité, sa joie de
vivre en moins, des jeunes chorégraphes en 1967, choquaient les tenants
du classicisme en rêvant de rendre aux corps leur liberté, de
débarrasser la danse du carcan de l’apparat, de l’entrave des
justaucorps et de l’étroite prison des chaussons.
Est-ce par goût des contrastes que Penn a voulu que ses photos du
Workshop de San Francisco soient placées non point sous le signe de
Matisse et de sa Ronde mais sous le signe de Cézanne et de ses robustes
Baigneuses qui, dans la glorieuse lumière de la campagne d’Aix, se
livrent avec bonheur aux joies du soleil et de l’eau ? Soudain les
audaces de Penn et celles de Cézanne se rejoignent.
Sont ce des monstres qui dansent, des corps glorieux, grotesques, difformes, callipiges?
Dansent-ils?
En tout cas pas des corps canoniques, mais irrévérencieux à souhait, nus comme la danse l'a rarement osé!!!
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