latchoumia |
Ce mercredi 1 Juillet, de nouveau plus de 80 personnes pour ce deuxième concert à Sainte Aurélie !
Les Rencontres d’été sont un véritable succès d'audience!
Au programme, une première partie dédiée à Prokofiev et Cowell, interprétée au piano solo par le brillant Wilhem Latchoumia et en seconde partie l'intégrale de "Des Knaben Wunderhorn" de Malher.
Solide répertoire pour des interprètes aguerris et riches d'expériences musicales insolites !
En avant donc pour la "1 ère légende irlandaise" de l'américain Cowell: une sombre marche, lente, qui se déroule, pas à pas, puis qui s'élève lentement: le pianiste jouant de son corps sur le clavier dissonant, tel un crabe évoluant de traverse, solennel et puissant: des résonances graves et étranges sourdent de l'instrument. Une ambiance singulière pour introduire ce programme.
En contraste succède "Gavotte op. 95 N° 2 de Prokofiev, une danse alerte, relevée, pas de danse, syncopes, saccades et petits battements, fouettés tourbillonnants, légers, aériens. Sur quel pied danser pour le pianiste, rivé au clavier, la grâce entre les doigts, inspiré, habité naturellement par ces rythmes soutenus, alertes, verticaux en diable ! Toujours aussi félin dans sa "démarche" pianistique.
"Eolian Harp" de Cowell est un véritable leurre: les yeux fermés, on entend vibrer les cordes d'une harpe: que l'on ne s'y méprenne pas, ouvrez les yeux et vérifiez: le pianiste, corps immergé dans l'instrument, pince simplement les cordes des marteaux... Imitée, jamais égalée se dirait la harpe devant une telle "contrefaçon", un tel simulacre, si réussi, d'imitation, de substitution!
Cordes pincées, hors norme, le jeu de Latchoumia rivalise de dextérité et ses doigts habiles parcourent les cordes vocales du piano dans des gestes précieux et des envolées caressant à peine les fils tendus à l'intérieur de la carcasse de l'instrument à percussion: le clavier muet est de reste devant ces frottements, grattages et autres touchés incongrus sur les cordes raides du "hors norme".
Une harpe couchée, alanguie, paresseuse qui se laisse chatouiller sur le ventre: tout l'inverse du noble instrument vertical, dressant son corps baroque à peine incliné sous les doigts de l'interprète...
Fluide, aquatique, minimal, le son parait et se fluidifie, vaporeux, léger et trompeur! Faussaire de grand talent, le compositeur se tient de mèche avec l'interprète pour nous faire croire au miracle!
Accroche-pieds.
Quant à la "Valse de Cendrillon et du prince" op. 102 N°1 de Prokofiev, c'est un régal chaloupé qui s'initie au clavier cette fois: lente et progressive montée, forte et douce, valse pulsante et bien ancrée pour virevolter, s'emparer de façon possessive des corps dansants suggérés. Un ballet se dessine, des images de tourbillon et de vertige, tel le ravissement, le rapt, l'enlèvement de Cendrilllon, portée au firmament du désir , de l'inconnu!
Enrobante, spiralée, la valse entrainante nous absorbe dans un flux musical enivrant.Reprise, attaque, levées au chapitre pour mieux tourner les pages d'une danse évoquant toutes les chorégraphies antécédentes sur ce morceau de choix!
(Voir la version "pantin" de Maguy Marin)
Calme et apaisement au final pour se poser et respirer la fatigue de l'empathie de l'écoute vivante et investie de l'auditeur!
Une fantaisie amoureuse pour clore la prestation remarquable de Wilhem Latchoumia :"Amoroso op. 102 N° 6" de Profofiev.
Un flux romantique planant qui s'écoule et verse lentement ses notes mélodiques...Et égrène aisément la musique crescendo, sous les doigts agiles et virtuose de l'interprète, habité, présent dans la musique qu''il fait naitre offrant en partage quelques nobles sentiments qui s'affirment, altiers, fiers et dévots Ca gronde aussi et ça mugit de passion débordante.
L'un et l'autre se jouant des difficultés ou autres embûches stylistiques de la partition, pour exprimer douceur, passion, révolte dans un jeu subtil et contrasté, fait de ruptures et de modulations
Les capacité vocales au rendez-vous pour une virtuosité non dissimulée.
Un voyage hypnotique dans l'univers de Malher, "rouge" passion comme la robe fourreau et traîne de la cantatrice, gris-blanc comme le boléro du baryton, voix large et profonde, rivée, ancrée dans un corps léger et filtrant les résonances et mélodies de la partition, haute voltige!
Quelques "monologues" en alternance, deux duos qui se répondent et s'interrogent, un solo de Françoise Kubler pour souligner la complexité des sentiments de ces personnages imaginaires qui conversent , radieux et possédés. Enflammés aussi, dansant: la chanteuse mimant, vivant, pleine d'énergie, des instants secrets et intimes confiés à nos oreilles complices d'un stratagème caché.
Une ovation pour les artistes, le courage au corps, celui de livrer leur travail acharné de restitution d’œuvres patrimoniales pour en rendre des parfums et fragrances d'aujourd'hui !
A Sainte Aurélie, mercredi 1 Juillet
2 commentaires:
Programmation un peu plus "classique" hier soir, autour du pianiste Wilhem Latchoumia, eh oui, pas de clarinette. J'étais placé de côté, zut alors pour la sonorité, encore moins bien, dommage pour les voix, des fois trop couvertes par le piano, et puis cette résonance,... Rien à voir avec le Bouclier. Le son au Bouclier est quasi parfait. Il magnifie tous les instrument et particulièrement la voix de Françoise.
Ce soir, 3ème et dernière rencontre, et j'y serai.
Le programme me passionne particulièrement, MAGNUS LINDBERG (!), CLAUDE DEBUSSY, FRANCO DONATONI (!), MANUEL DE FALLA, ESCENA, PASCAL DUSAPIN (!) le lorrain préféré, et BLAISE UBALDINI.
En plus Françoise est belle elle nous a montré son dos à Ste Aurélie mais avant tout elle a une voix vraiment splendide ...
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