Un fascinant travail sur les images et le mouvement cisèle la pièce du chorégraphe Marco da Silva Ferreira. Créée avec le cinéaste Jorge Jácome, Siri est une mystérieuse forêt de sensations. Comme surgie d’un monde post-humain, elle interroge notre réalité et trouble nos repères.
Dans quel monde étrange nous conduit Siri, ce spectacle dit “de danse”, composé de 4 interprètes, 2 écrans vidéo, 2 balles de massage et un grand tapis mauve ? Et comment chorégraphier ce monde futur dans lequel l’humain, la technologie et le numérique se mélangent jusqu’à se confondre ? C’est le défi que se sont donnés le chorégraphe Marco da Silva Ferreira et le cinéaste Jorge Jácome. Du premier, on connaît la danse puissante et profonde, l’inscription des images et des corps dans l’espace du plateau, ainsi que certaines de ses pièces comme Brother ou Bisonte qui questionnent le groupe, l’humain, du côté de la force et de la fragilité. Du second, on a découvert les films fondés sur un processus intuitif et sensoriel entrecroisant dérives narratives, rencontres et relations insolites ou inattendues. Ensemble, les deux artistes portugais interrogent notre rapport au réel. Avec un sens de l’archéologie des gestes et du mouvement qui les rapproche, ils ont imaginé une étrange forêt, sorte de « paysage post-humain où la cadence lumineuse est l’acteur principal, où les corps flirtent avec l’immatériel et où les images de synthèse deviennent le théâtre de nos sensations ». Une remarquable composition plastique et visuelle où chaque geste laisse son empreinte dans l’espace.
Au sol sur le tapis violet douze "engins" non identifiables, comme des projecteurs renversés qui vont s'avérer robots androïdes, et quatre corps allongés à terre. Deux écrans suspendus...Mystère...Comme de petits êtres humains, les machines s'animent, petits bras en couronne, nez en l'air....Un texte défile sur l'écran, positionnant l'intrigue ou le "mobile" de ce spectacle singulier: légende ou pré-texte à ce numéro technologique de démonstration de mobilité mécanique.Ondulations corporelles des quatre danseurs qui lentement se relèvent: découvrant des costumes fluos, chatoyants, très seyants, et originaux Ca leur colle à la peau en contraste avec le gris métallique des atours des robots, fort sympathique d'allure! Petits singes aux bras croisés, tondeuses à gazon ou aspirateurs-renifleurs de poussière autonomes.Le ballet démarre, chacun dans sa qualité de gestes; fluides et ondulatoires pour les humains, raide, cou empêché, membre articulés aux coudes tétanisés, à la nuque cassée pour les robots.. Comme des figures grotesques de corps tronqués, coupés de leur globalité, de leur énergie: une dynamo mécanique, futuriste, quasi BD fantastique aux accents déshumanisés. Les situations n'évoluent cependant pas beaucoup: corps de ballet à l'unisson pour les bestioles robotiques, nuances fluides pour les danseurs, en chainette, en grappe, en petite communauté singulière, à part de ce monde mécanisé à outrance. Sur fond de musique "abstraite", bruits et rythmes métronomiques lancinants dictant la gestuelle des uns et des autres...Comme de bons élèves tous ont entendu le message biblique inscrit sur l'écran...On frémit, se secoue, tremble et bruisse en résonance, à l'unisson mais pas par le même médium. De la chair à la tôle, les oscillations se propagent, fébriles, fiévreuses, , des sons sortent de la bouche des danseurs comme autant de cris de bestioles affolées.Le quatuor, le quadrilles des danseurs en miroir, sur des niveaux de gesticulations contrastées, maitrisées en composition mécanique, se déplace à l'envi parmi le parterre de robots dispersés sur le plateau.Quelques reptations au tempo d'un métronome dictateur, relie hommes et robots.Quelques petits tours exécutés par les machines devenues vedette du show, une pastille de lumière qui se gondole sur un écran...Suivent sur le grand écran des successions d'images, reproduisant les danseurs, toujours en couleur, peu inventives...Les effets d'annonce de la note d'intention du chorégraphe, sur le propos du spectacle, s'avèrent décevantes: on s'attendait à "plus" ou à encore plus décalé dans la vision de la conception du futur des corps ou des broyeuses de sensualité que sont les robots. Toutefois, ces "sylphides" en batterie, aux déplacements organisés et dirigés pourraient être les spectres, elfes de demain, les corps désincarnés des lutins de demain dans les clairières désaffectées des forêts disparues Tout est gris et terne, hormis les splendides costumes à la Beneton, colorés, aux aspects séduisants, rappelant que "la vie" est encore source de fantaisie.Signés Ricardo Andrez.
Quand on songe aux autres travaux de Jean Marc Matos, de Cremona/ Méguin, pionniers des années 1980, on s’aperçoit du peu d'inventivité des propositions et investigations de Marco Da Silva Ferreira....
Alors,courez voir le film d'animation japonais "Junk Head" de Takahide Hori"..... Vous y verrez du neuf, du drôle et des figures modelées sur de l'humain en morphing étrange...
A Pole sud les 17 et 18 MAI dans le cadre du festival extradanse
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