Vendredi 30 & Samedi 31 octobre 2020 : 12 performances inédites !
Hôtel Graffalgar Strasbourg
"Essayer de rêver ensemble avec une nouvelle relation au public en ces temps troublés.
Une Ville Strasbourg, un quartier Gare et son Hôtel : Le Graffalgar,
4 étages, 4 chambres, 4 danseuses/rs de passage, "
Julie Barthélémy
, #AbdoulayeKonate, Didier Pozza
..."Ils investissent les chambres, dorment sur place et y créent un univers, un spectacle chorégraphique.
Vous êtes invités à venir les voir, les ressentir, les rencontrer… de 16h à 21h"...
Voilà pour le projet initial de la compagnie de Ali Salmi, en cavale à Strasbourg!
Mais vint le confinement, alors plus de "corps", visiteur, spectateur étranger dans les chambres de l’hôtel: du direct via le net !
Question de "distance" on ne peut faire mieux et l'on se prête au jeu !
Une femme en robe de chambre brune joue avec l'embrasure de la fenêtre : elle nait littéralement de cette matrice pour accéder à la couche qui l'attend, largement ouverte: son corps y est attiré, absorbé, aspiré comme aimanté par un flux étrange. Elle se fraye son espace et dévoile sensualité, érotisme délicat et discret pour épouser ce "décor" incongru: presque confinée dans un espace délimité dont elle sait élargir les frontières, pousser les murs et être irrésistiblement attirée par l'éther qui la pousse et repousse à loisir. Cheveux épars, défaits, chaussure à hauts talons brillants, toute en noir, elle ne parvient au calme et disparait dans la salle de bain pour en jeter des vêtements qui l'encombrent, l'empêchent, la contrarient. Belle gestuelle fluide et fondante qui se cogne, se heurte, refoule ses envies ou tend les bras à ses désirs De fuite, de mort, de délivrance ou d'évasion...Musique de Charlie Chaplin pour "Limelight", de film de Godard, voix suave de Fanny Ardant.
L'atmosphère est glamour et L’hôtel Graffalgar magnifié par ces visites incongrues de femme ou d'homme de "passage". Des voix susurrées pour une très belle séquence érotique, en solitaire, ampoule de lampe allumée lui balayant le corps...L’errance est de mise.Son ombre traverse l'espace, surdimensionnée.Un oreiller pour objet de désir ou de refoulement, jeté à la face des murs.Cambrée, offerte et dévolue à une danse possessive et habitée.Une "chambre à soi" qui serait celle du "Spectre de la Rose" où tel Nijinsky, Julie Barthélémy saute dans le vide pour de vrai ou de faux. L'essentiel restant la part de rêve que laisse au "regardeur" isolé cette manifestation virtuelle d'un corps en émoi, à l'étroit mais "largement" expressif et prégnant. Au final son visage réapparait dans l'interstice de la porte, à peine close, à peine éclose.Fin du film. En apothéose narrative grandiloquente et nostalgique.... Vêtements épars, désordre de la consommation d'une nuit, d'un jour, d'un court séjour en chambre.
Secrets d'alcôve. Dormir debout.
Autre version d'une possession des lieux: chambre douillette, éclairée comme un tableau aux tons pastels. De l'intime, de la solitude partagée avec celui qui semble apprivoiser le lieu, le lit jusqu'à s'en emparer, tel un spectre glissé sous sa couverture, suaire, ou image fantomatique d'un être caché, dissimulé au regard. C'est beau et émouvant, juste dansé sobrement avec des intonations d'énergie qui évoluent sur des musiques glamour, en décalage de cette sobriété .Approche distancée du lit, puis possession de cet espace offert, tendu qui se prête à des évolutions teintées d'ombre qui joue au chat et à la souris avec notre homme, habitant des lieux. En tenue quasi estivale, chemisier fleuri et jean clair...Solitude, perte ou abandon sur "Ne me quitte pas". Émotion et partage d'une destinée isolée. Dans de beaux draps et sur fond de "tram train quotidien" inscrit sur le mur. Musique de film pour épilogue "Main title" de Max Steiner: "tragédie" parfois burlesque et charmante..et on refait son lit pour vivre d'autres rêves....Alors qu'un pinceau trace et signe une calligraphie colorée en direct sur une paroi transparente...Beau travail plastique, beau rendu de cette sensualité bigarrée, joyeuse et partagée à distance!
Chambre d'hôte
Une expérience qui atteste de l’intérêt des danseurs et chorégraphes pour les espaces restreints: on se souvient de Marie Caroline Hominal à l’Hôtel Picard avec sa performance "Corps en œuvre". Ou de la vidéo-danse"Subur 305" d'Angels Margarit et Nouria Font....Des performances intimistes en chambre "claire". Chacune interrogeant notre rapport fantasmé au "lit" , au mobilier d’hôtel, aux accessoires d'un lieu neutre et pourtant chargé d'histoires, de récits intimes et secrets . Pas loin de Sophie Calle et de son livre "L'Hotel" avec ses hôtes fictifs, ses histoires en chambre d’hôtel, ses nuits passées avec des inconnus: couche commune et virginité, anonymat mais jamais voyeurisme: plutôt ob-scène: derrière la scène, ce qui se passe ou se trame derrière le verrou, dans le trou de la serrure...Ses revenants, ses spectres qui hantent les lieux et en font des chambres de mémoire des "chambre de danse mentale" à la façon Denis Pondruel.
photographies de Patrick Lambin / Hotel DANCEROOM Oct2020/ OSMOSIS Cie-Ali SALMI
Dancers : Julie Barthélémy, Abdoulaye Konate
Art Visual : Didier Pozza
Accompagnement Technologie : BleuKernel Informatique
Remerciement à l’Equipe du Graffalgar Hotel
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