Assembler les trois œuvres, en faire une entité, un bloc opératoire où se dissèque sa danse est une entreprise lumineuse, bénéfique
On porte ainsi un regard sur l'ampleur du processus chorégraphique à l'oeuvre au noir, qui se distille comme un élixir à boire lentement afin de connaitre l'ivresse.
La performance enregistrée de John Cage en 1977 sur la "Désobéissance civile" est transformée en phonèmes et en sons voisins de ceux d'un match de foot: les réactions d'un public non formé à l'écoute des sons brutes et vivants du quotidien, de la vie, du frisson.
Deux heures durant, Cage lit et récite, imperturbable lecteur alors que gronde et enfle la vindicte du public, outré par tant d'audaces et de culot!
Les danseurs, deux hommes, deux femmes simplement vêtus, arpentent le plateau nu, sobre, dépouillé à souhait.
Il n'y a que la danse, médium multiple à partager et l'on repère ou songe au grand Merce Cunningham qui veille au grain dans l'ombre et sourit à tant d'audaces!
Fascination sur l'endurance et la performance des danseurs qui ne délaissent pas une seconde le plateau et vont crescendo vers un épilogue , épuisé, tendus puis relâchés par l'épuisement: la perte, la dépense au zhénit et le rapt-ravissement font de cette oeuvre, une phase majeure de l'oeuvre du chorégraphe en pleine forme intellectuelle, physique et spirituelle.
En empathie totale, sans concession, le public ne se rend pas, ne plie pas mais penche et vibre comme les danseurs dans une e motion chère à la danse pulsatile d'Angelin.
Raffinement, sobriété, pulsations, pulsions, on ne sait comme écrire ou décrire l'abécédaire de cette danse sans fin et dont la finalité ne saurait être que l'existence éphémère du mouvement qui se tricote comme un vêtement porté par des corps à l'unisson de la performance vécue de par et d'autre du plateau.
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