Noémie Cordier Cie Watt Fance1 danseuse + 1 batteur + 1 DJ beatmaker
GUEST
Breakeuse talentueuse, Noémie Cordier signe une ode à l’univers du clubbing. Sur un sol recouvert de poudre blanche, les pas de la jeune Strasbourgeoise tracent une cartographie intime des cultures undergrounds qui la constituent. Formée aux danses Hip-Hop, elle s’est nourrie de capoeira, de house et de contemporain. Cet héritage se cristallise dans un groove témoignant de ses états d’âme, transcrits en pas iconiques (chase, plié, bounce, roll…). L’enjeu étant de conserver l’intuitif de ses gestes, de porter haut un langage corporel métissé témoignant d’une histoire des marges, s’exprimant face à l’oppression, qui s’écoule comme un sablier. Ce « patrimoine vivant et inobjectivable », porte en creux une liberté émancipatrice, une expression existentielle et identitaire. Dans un second temps, elle est rejointe par le batteur Joël Osafo-Brown et un DJ Beatmaker dans une invitation au partage de l’espace pour re-créer du commun avec les spectateurs.
Bienvenue au Clubbing !
Elle prend le plateau dans un beau rituel: se revêtir de talc comme ses coreligionnaires et tracer sur le sol des empreintes de pas en autant de cercles et circonvolution. La danse de Noémie tangue, chaloupe, se tord et ondule à foison avec grâce comme envoutée par une gestuelle qui lui colle au corps, à la peau.Le corps cambré, allongé, flexible, souple comme figure et attitude réitérée.
En training, sobre, tunique à l'indienne, cheveux couronnant sa tête qui ne cesse de dodeliner, elle est rivée au sol et cependant son corps oscille sans cesse comme happé par un aimant invisible. La musique et elle, ne font qu'un qui la galvanise et la propulse peu à peu dans l'espace. Des gestes évoquant l'étroitesse autant que l'embrassement du monde, voilà qui ouvre des perspectives de lectures généreuses et partageuses. Ce solo diffuse émotions et palpitations, éléments naturels et fondateur d'une danse très organique et contagieuse.Le corps de cette jeune femme s'embrase peu à peu et irradie des petits riens en volutes, tournoiements, spirales et autres circonvolutions rares et virtuoses. Sans cesse dans le mouvement qui l'anime, la rend vivante et abordable. C'est le chapitre Un de ce spectacle qui fait place après un petit entracte où l'on peut découvrir son parcours sur la planète avec ses complices de jeu internationaux , à une seconde partie.
Place à la musique, la batterie et la console pour succéder à tant de plasticité physique incarnée par Noémie Cordier. Batterie affolée de Joel Osafo-Brown qui s'en donne à corps joie puis rejoint la piste de danse pour un solo griffé, prêt à porter à la taille de cet athlète jouissant d'une gestuelle sur mesure. Se joint à lui le beatmaker Micharel Rossi qui n'a de cesse de quitter sa console pour y revenir dans une mouvante ondoyante qui lui sied à merveille Quand danse et source musicale ne font qu'un, c'est à un ravissement que l'on assiste , qui vous étripe et séduit. Rapt et capture, pour rester captivé tout le long de ce show-clubbing de toute beauté. Alors qu'un trio se forme entre les protagonistes à l'unisson de leurs pas électriques et hypnotiques, la petite assemblée réunie autour d'eux se met à bouger en empathie totale avec ce trio d'artistes. Chacun y va de son talent, de sa mouvance en osmose avec le style de danse ici convoquée. C'est le clubbing qui l'emporte, très habité par des interprètes façonnés par cette mouvance ample, sensuelle, ondoyante.Tous très à l'écoute de ces propositions rythmiques engageantes, innovantes , déstabilisantes où équilibre-déséquilibre tissent des relations de déplacements, divagations et autre déambulations hallucinatoires. Communauté, petit groupe qui pulse, respire et tangue à l'envi et ne se détache pas de cette masse en mouvement. Bel échange et partage avec la salle qui n'est pas de reste dans cette communion fraternelle, dansée, en bonne compagnie.
A Pole Sud jusqu'au 12 Mars
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