"Le programme est composé d'un triptyque constitué de "No maps for these territories", "Oil rainbow" et "Dead frequency sky", toutes composées récemment. Même s'il s'agit de formations différentes, il y a un fil commun entre elles : les formations sont amplifiées et raréfiées grâce à l'utilisation de différents dispositifs de transduction. Le temps est considéré comme une illusion où répétition et variation se confondent pour créer un rituel électrique dans lequel les musiciens se plongent pour nous offrir une expérience que je ne peux que recommander. Le travail réalisé par chacun d'entre eux est vraiment admirable."Actuellement, Nicolás Medero Larrosa réalise une recherche basée sur le travail et le développement des techniques pour instruments acoustiques qui ressemblent à différents types de morphologies de sons électriques, surtout des distorsions. Son objectif est de construire un univers sonore qui utilise des sons avec une référence très claire à un espace temporel diffèrent. L’écoute, l’expérience physique des instruments et la mise en relation avec l’espace sont des sujets toujours présents dans ses intérêts musicaux.
Jean-Philippe Wurtz, direction
Julie Michael, alto
Keiko Murakami, flûte
Salomé Saurel, violon
Marie Ythier, violoncelle
Carolina Santiago Martínez, piano
Thibaut Tupinier, clarinette
Hugo Degorre, accordéon
Marin Lambert, percussion
Sa trajectoire académique consiste en une recherche d'une intégration entre l'activité de composition et la réflexion sur la création artistique. Pendant son master, il a présenté une réflexion sur la création musicale fondée sur la philosophie de Gilles Deleuze, sur la production pédagogique de Paul Cézanne et Paul Klee et il a abordé son propre processus de création en dialogue avec ces auteurs.
"Cobra arco-íris", pour piano seul (2023 – création)
Un opus intimiste où le piano en solo perle les notes dans une virtuosité sidérante : c'est un exercice remarquable d'interprétation méticuleuse pour engendrer une ambiance singulière.
"Cosmogrammes", pour flûte basse seule (2023 – création). Cette oeuvre est remarquable pour ce qu'elle délivre de tension, de recueillement et de concentration: il faut dire que le souffle de l'artiste très engagée, Keiko Murakami, est du "jamais entendu", inouïe performance de 25 min. L'interprète aux aguets, à l'affut, en préfigurant, anticipant chaque instant musical.Sons de clapets en écho, petit métronome constant du bout des doigts et jeu corporel engagé à l'appui. Un rythme haletant, audacieux et surprenant sourd de l'instrument comme un mugissement, un râcle: animalité de cette musique très charnelle, puissante et sensuelle. La cadence, la frappe aux abois pour un opus remarquable. Une performance qui maintient le publique en alerte, en haleine. Un miracle sonore des plus convaincant.
"Cavacar", pour flûte, saxophone et piano (2023 – création). 35 min.
"En tant que compositeur j’adopte une posture de « cavacar » les instruments pour lesquels j’écris en cherchant de nouvelles approches et techniques, en concevant chaque instrument comme un médium propice à la circulation de processus cinétiques et articulatoires spécifiques en accord avec cette conception rythmique. Le jeu du cavaquinho relève d’un champ sémantique qui exprime le geste même qui implique son exécution : cavacar signifie creuser, remuer, tourner, tordre. C‘est sur le cavaquinho que j’ai commencé, tout jeune, à improviser, ou « cavacar » mes premières compositions. Musicalement, cavacar signifie activer et agiter la matière sonore par des gestes et des techniques spécifiques. C’est sa nature-même (celle d’un instrument à court temps de résonance) qui favorise un type de geste qui cherche une réactivation sonore permanente. C’est donc le rythme lui-même qui naît d’une condition fragile, d’une sorte de résonance minimale qui appelle un engagement corporel spécifique. Un aspect fondamental de mon approche de la composition réside exactement dans cette image qui entrelace le corps sonore et le corps humain"
. C'est comme une averse, une pluie de notes par temps gris. Des hallebardes en continu de notes et sons nous propulsent à bras le corps dans une atmosphère particulière: le trio comme une partition commune qui chaloupe, danse, se meut à travers les corps médium des interprètes. Des frappes sur les cordes du piano, des frottements sonores pour les vents: saccades, éclats et spirales du souffle, tectonique puissante du son. Un déchainement cacophonique sème le désordre, l'accalmie alterne pour une sorte de mélodie fluide: flux et reflux, remous, vagues déferlantes en alternance. Tempête et assauts de musique pour couronner ce combat sonore. Cette lutte en proie aux éléments fondateurs: rythme, hauteur, cadence et polyphonie de sons incongrus. En cercle autour du piano, le trio concocte une potion magique hallucinante qui conduit au ravissement: magie et hypnose se détachent de cette oeuvre passionnante, inédite, inouïe.
Sérgio Rodrigo a étudié la composition à l’Université Fédérale de Minas Gerais (au Brésil), à l’Accademia Nazionale di Santa Cecilia, à Rome, et au Conservatoire de Strasbourg. Son travail de recherche en doctorat, mené sous la direction de Grazia Giacco, porte sur la relation entre l'expérience du rythme musical et l'immersion dans la matière sonore à partir des pratiques musicales de matrices afro-brésiliennes.
Keiko Murakami, flûte Olivier Duverger, saxophone Carolina Santiago Martínez, piano
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