Pas si "blanche comme neige" la dernière et finale version de sa "Blanche Neige" inspirée des textes de
Robert Walser.
Vue à l'époque de sa genèse à Madrid, la longue performance d'Olga Mesa et de ses compères, au musée d'art contemporain, Reine Sofia, la pièce d'Olga Mesa a pris un sacré tournant, épurée, concise et concentrée sur son propos principal, le "corps-opérateur".
Celui qui filme, caméra au corps, ou se laisse capturer et capter par ce soir là deux caméras, plantées dans le décor sur le plateau.
Plateau qui ressemble plus à un studio de tournage, qu'à une "boite noire".
Plutôt, "chambre claire" que cadre sacro-saint du spectacle vivant.
Elles sont deux, en permanence sur scène , frontale traditionnelle, à explorer le sens du rapport scène/spectateur, en habitant les lieux de façon tonitruante et iconoclaste.
Blanche-Neige n'y retrouverait plus ses petits nains....Mais des chasseurs affublés de bonnets en forme de cornes de cerfs,de masques de carnaval vénitien,sauce destroy....Une reine parfaite, une Blanche-neige égarée dans un paysage hostile, fait d'embûches, de fils électriques jonchant le sol.
Tout concourt au chaos parfois burlesque et déjanté comme cette inénarrable scène, où , nues, les deux femmes se jouent de "La mort du cygne" de Saint-Saëns. Désopilant!
Produit en direct par les caméras, un film se façonne et distille en seconde partie, les images "cachées"
de ce qui s'est déroulé auparavant, à l'abri d'un dispositif, paravent qui dissimule les ébats des danseuses.
"Obscène" , ce regard qui dévoile l'envers du décor, le "derrière" de l'histoire, ce qui se cache et de se qui se trame devant et derrière nous, en coulisses.
L'instabilité est au cœur du processus artistique du collectif réuni autour d'Olga, depuis bien longtemps à présent.
Fidélité d'un compagnonnage avec Ruiz de Infante, Marta Rodriguez, , Sara Vaz et...tous ceux qui font partie du voyage sur le navire, dans cette belle galère.
En épilogue du spectacle, Olga Mesa invite chacun d'entre eux à trouver "le mot" qui résumerait pour eux cette expérience singulière: jaillissent "jeu, instabilité, sensation, miroir"...et bien sûr de la part de la protagoniste, le mot "spectateur".
Celui qui fonde sa recherche-laboratoire incessante, de fil conducteur, de contact et connexion nouvelle avec nous, ceux qui font que la performance existe, ici et maintenant et nulle part ailleurs.
Dans le va et vient électrique de la technologie qui nous manipule, autant que dans l'authenticité des corps conducteurs d'énergie en prise directe avec le monde sensible.
Loin de nous, la Blanche Neige de Walt Disney....Quoi que....lui aussi avait modélisé tous les gestes de son héroïne, sur ceux d'une danseuse, Marge Champion!!!
Alors, les frères Grimm se régaleraient des distorsions apportées à leur petit chef-d'oeuvre, conte de fées pas vraiment "catholique" ni orthodoxe
Entre Almodovar et Fellini, mon cœur balance dans ce beau charivari: "e neve va", au delà du miroir, comme Blanche Neige au pays des merveilles rencontrerait la caméra cachée de ses rêves!
Beau prince charmant du XXIème siècle numérique!
Un spectacle produit, entre autre, grâce au soutient de Pôle Sud depuis la résidence d'Olga Mesa en 2004/ 2005
jeudi 21 mars 2013
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire