Avec "J'habite une blessure sacrée" de Max Diakok, compagnie Boukousou, c'est à un solo plein d'inspiration en hommage aux massacres de civils perpétrés en Guadeloupe par les forces de l'ordre, en "souvenir" de Thomas Sankara chef d'état burkinabé tué en 1987...Une danse furieuse, révoltée, agitée de soubresauts, de mouvements douloureux et sous-tendus par l'angoisse et l'oppression. De belles volutes, du sentiment dans cette distance aussi qui touche et émeut: le danseur s'y perd corps et âme et communique son aversion pour la cruauté du monde.Des projections d'images vidéo en contrepoint, paysages de couleurs ou effigie du danseur viennent répondre en dialogue à la danse live. Beau tableau mouvant de traces et signes magnétiques!
"Vendetta" de Link Berthomieux, dansé par Link Le Neil est aussi un solo plein de tendresse pour "la famille", évoquée comme une plante maléfique et toxique, mais qu'il a su fuir pour se construire. Une façon de danser sa liberté conquise, bel hommage au corps affranchi de la dépendance, danse illuminée par une réconciliation possible entre blessures et réparations.
"L'ambition d'être tendre" de Christophe Garcia , compagnie La Parenthèse,est un moment de pur bonheur, la danse en trio, encadrée par deux musiciens, Benjamin Melia et Guillaume Rigaud au fifre, au tambourin et oh, merveille, à la cornemuse! Les souffles des danseurs croisent ceux des interprètes musiciens pour façonner une danse, vivante, percutante et emprunte de joie et de simplicité.Sur un sol en terre de Sienne rougeoyante, les corps glissent, se croisent et se rencontre à l'envie. Un moment de félicité, douce et tranquille que rien ne vient déranger, encadré par la complicité de la musique vivante patrimoniale de la Méditerranée !
"Rodéo" de la compagnie Apart, Yannick Siméon et Jérémy Silvetti est un bijou du "genre": genre traité dans tous ces états amoureux, entre deux hommes malins, complices, charmants et touchants dans l'évocation de leur tendresse, affection et passion masculine. Un duo plein de rebondissements amoureux où les corps se chahutent, s'écartent pour mieux se rejoindre, se disputer la scène, le succès ou la discrétion. Le charme foudroyant des deux danseurs nous fait pénétrer dans leur univers désopilant ou l'empathie fonctionne à fond. Une réussite de mise en scène et d'interprétation où s'envoyer en l'air est un délice partagé!
"Forward-Into outside" de la Beaver Dam Compagny de Edouard Hue, est la pièce maitresse de la programmation chez Golovine.
Un solo solaire, félin, interprété par Edouard Hue lui-même donne le ton:gracieux phénomène, danseur évoluant sous des effets stroboscopiques ou dans un halo de lumière unique, il chemine corps baissé, scrutant le sol, leste, agile dans des sauts d'envergure, des glissades, des fractures étonnantes.
Pour la seconde pièce, cinq danseurs s’attellent à tisser enchevêtrements, contacts, mouvements à l'unisson ou solos pour tisser une mouvance singulière et forte.Du flegme, de la lassitude, des pulsations de dépense ou de rage, une qualité gestuelle inouïe, des tremblements font vibrer les corps dansants à l'envi.Du beau travail sur les pieds, orteils en éventail saisissants, jeu de jambes et talons électrisants, pas de bourrée et pieds flex, rythmes et percussions corporelles au chapitre. Danse alanguie, étirée, très contrastée en contrepoint.Un beau solo entouré par les quatre autres complices, la contagion de la fluidité fait mouche, en déploiement de lianes dansantes.Une danse binaire, mécanique en quintette, extatique encouragée par les autres. Une chaine qui se meut et se déploie tournant sur elle-même évoque le collectif qui tourne rond et fonctionne à l'unisson.
Du bel ouvrage très convaincant!
"One More?" de Odile Gheysens, compagnie in SENSO
Et pour la fin du voyage, un petit tour par le tango contemporain, simple et belle évocation d'une gestuelle sensuelle interprétée par quatre danseurs bien vitaminés, inspirés par les musiques si évocatrices de proximité corporelle, de sensibilité à fleur de peau, hors des cadres, des codes et des normes de cette danse si souvent frelatée !
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