vendredi 11 octobre 2024

Nemanja Radulović: l' "émotion musicale" au sein de l'Orchestre Philarmonique de Strasbourg

 


Originaire du bourg de Galánta, Kodály magnifie ses souvenirs musicaux dans des danses aux nombreux motifs tsiganes. L’inspiration populaire est aussi perceptible dans la Symphonie n°8 de Dvořák, changeante, sereine autant que nostalgique.

Folklore encore avec le Concerto de l’Arménien Khatchatourian. Au violon, Nemanja Radulović, en résidence à l’Orchestre, se joue de tous les défis techniques pour recréer une musique séduisante où s’entremêlent mélodies orientales et formidable vitalité rythmique.

Zoltán Kodály Danses de Galánta

Flux et reflux qui s'amplifient, alors que la clarinette borde les cordes. Des vagues de musique inaugurent ce concert où l'on se régale à la vue du chef d'orchestre, Jaime Martin:il creuse, sculpte l'espace, multidirectionnelle baguette en main. La musique est légère, dansante, valse aux accents de folklore. Colorée, entrainante aux mouvements contrastés. Des pas de danse, échappées belles s'y inscrivent dans une partition, écriture riche de rythmes, de contrastes. Bucolique, pastorale, vaste et fleurie à souhait. Ornementée de clochettes, les masses et le volume sonores grandissent, se déploient, rapides dans une vitesse endiablée. Comme une petite cavalcade légère, procession, redoute très rythmée, virevoltante, puissante. Un solo de clarinette, de flûte pour ornementer le reste.

Aram Khatchatourian Concerto pour violon en ré mineur

Un violon enragé fait irruption, c'est l'artiste démiurge Nemanja Radulovic qui apparait, longue chevelure noire déployée, les sourcils écarquillés, le regard affuté d'un interprète aux aguets. Il tangue, danse, genoux fléchis, inspiré, attentif à l'orchestre, le sourire affiché sur tout le visage. Complice du chef et de tout l'orchestre qu'il côtoie avec bonheur, respect dans une symbiose et écoute remarquables. On sent une très forte empathie entre les musiciens galvanisés par leurs deux chefs. Violon et clarinette se bordent, se répondent, s'accompagnent en tuilage. Reliés, prolongeant les sonorités en ricochet. Sur le devant de la scène le violoniste se concentre, offrant sa musique, doigté, glissé infime sur l'instrument d'un archet virtuose à peine frôlant les cordes.  Un son, ultime en résonance dans tout son corps engagé tel un danseur de cordes. Sur le fil des sons extraordinaires qu'il puise infiniment. Le duo chef-musicien est extrême, beau et de toute sympathie. En bonne compagnie, "cum panis" musical de toute grandeur et spiritualité. Les cordes très inspirées bordent ce duo et magnifient cet artiste de haute volée, extra-ordinaire partenaire. Presque un chant d'opéra s'en dégage. L'osmose entre orchestre et violon solo est exemplaire, en synergie, menée de main de maitre. L'émotion de ce temps suspendu est forte, inspirée, grandissante. Le chef embrasse l'orchestre généreusement avec fougue et passion, une gestuelle très personnelle comme signaux, signes et repères dans l'espace-temps. Tornade, corrida finale pour mieux nous emporter, ailleurs: brillant final percutant, alors que le visage de Nemanja Radulovic rayonne de clins d'oeils, de hausse de sourcils émerveillés. Voir et regarder la musique est bien le rôle et l'endroit pour mieux la comprendre en train de se faire devant nos yeux ébahis par tant de grâce. Naturelle et jamais appuyée. En rappel, un duo de charme entre la première violoniste et l'artiste invité est un bijou de charme et de quiétude. Un moment d'émotion musicale unique.

Antonín Dvořák Symphonie n°8 en sol majeur

Pour clore cette soirée mémorable, la symphonie fait office de monument colossal en trois mouvements "mouvementés", bouillonnants, versatiles ou le calme et la sérénité d'un solo de flûte émerge d'un tsunami de cordes, alors que ce beau leitmotiv de référence auditive rejoint et cisèle le morceau. Morceau de bravoure, saisissant, enivrant, emballant l'auditoire dans une danse tournoyante, affolée. Chatoyante en diable.

Ce programme "virtuose" est un cadeau musical que chacun aura su apprécier, tant les ovations ne cessent dans le public conquis ce soir là par une prestation d'exception.

 Jaime Martín, direction, Nemanja Radulović violon 

Palais de la Musique et des Congrès Le 10 et 11 Octobre

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