En 1983, Anne Teresa De Keersmaeker s’imposait sur la scène internationale avec Rosas danst Rosas, un spectacle devenu depuis lors une véritable référence dans l’histoire de la danse postmoderne. Rosas danst Rosas approfondit la veine minimaliste ouverte avec Fase, Four Movements to the Music of Steve Reich
(1982) : des mouvements abstraits constituent la base d’un riche
contrepoint chorégraphique dominé par la répétition.
La véhémence
expressive de ces mouvements est contredite par la trivialité des petits
gestes quotidiens. Quatre danseuses « se dansent elles-mêmes » sans un
seul instant de relâche. Leur obstination — jusqu’à l’épuisement — entre
en contraste avec l’impeccable structure formelle de la chorégraphie.
Les boucles rythmiques de Thierry De Mey et Peter Vermeersch (une
musique répétitive qu’ils désignaient comme maximaliste) ont été
composées durant le processus chorégraphique. Au Centre Pompidou Metz,
le deuxième mouvement de Rosas danst Rosas sera interprété par quatre danseuses qui faisaient partie de la dernière reprise de cette œuvre emblématique en 2017.
Le grand hall du centre Pompidou Metz est devenu nef de la danse et la tectonique de son architecture rejoint celle de la danse d'Anne Teresa de Keersmaeker dans une audace vertigineuse et tonique. La musique de Thierry de Mey épousant de ces pulsions fiévreuses et obsessionnelles dans une joie et effervescence diabolique. Les quatre danseuses, "assises" sur des chaises alignées font se révolter l'espace, le font grandir et magnifient un univers hypnotique, irréel. Les corps sont autant souples, alanguis, nonchalants, que rigides, toniques et mus par une énergie féroce, maitrisée, calculée à la croche près. La rythmique est infernale et coupe le souffle de celui qui regarde, actif participant en extrême proximité de cette messe pour un temps présent effréné.On ne les quitte plus des yeux, elles fascinent, toutes complices de regard et de possession. Ce quatuor légendaire, signature de la démiurge chorégraphe fonctionne à fond et ne se perd pas dans ce vaste espace dévolu à l'art contemporain. Une plate forme idéale pour cette pièce qui ne cesse de secouer, d'ébranler l'écriture chorégraphique "minimaliste" mais jamais abstraite. Les corps vêtus de tuniques dévoilant épaules et nuques, les cheveux comme des prolongations de mouvement, les leggings et soquettes comme costumes de peau à danser comme des folles créatures échevelées pourtant très "policées". Un moment de grâce époustouflant qui n'a pas perdu une ride de tonicité et de magnétisme.
Au Centre Pompidou Metz les 5 et 6 octobre dans le cadre du festival MUSICA METZ
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